Horizons
Géraldine Monchau
SPHERE
Le boom des family offices dans la région Asie-Pacifique
Avec la création de richesse qui a cours depuis maintenant plusieurs années dans la région Asie-Pacifique, ce sont désormais plusieurs milliers de single family offices qui officient entre Hong Kong et Singapour. Une opportunité pour les prestataires qui sauront comprendre leurs spécificités.
Dans son récent rapport, le cabinet international de conseil McKinsey souligne qu’entre 2023 et 2030, la région Asie-Pacifique devrait connaître un transfert de richesse intergénérationnel massif, estimé à environ 5’800 milliards de dollars. Les Ultra High-Net-Worth Individuals devraient représenter environ 60 % de ce montant. Cette dynamique a conduit à une augmentation spectaculaire du nombre de single-family offices à Hong Kong et à Singapour. Leur chiffre a quadruplé depuis 2020, et il se recense désormais près de 4’000 structures. Pour tous ces prestataires de services, positionnée sur le très haut de gamme, de nombreux enjeux ou défis accompagnent cette transition générationnelle, et ils trouvent bien évidemment des échos en Suisse.
Une opportunité de marché pour les prestataires de services
Cette croissance fulgurante offre aux banques, assureurs, multi-family offices, gestionnaires d’actifs et autres wealthtechs de nombreuses opportunités d’offrir des services spécialisés. Les family offices, qui gèrent des aspects variés du patrimoine familial – planification successorale, investissements, philanthropie et fiscalité – varient considérablement en termes de taille et de complexité. Si les banques et MFO ont historiquement dominé ce secteur, les assureurs et acteurs de la wealthtech s’y intègrent de plus en plus, avec des solutions innovantes avec l’avantage d’être parfois plus axés sur la technologie.
Hong Kong et Singapour : pôles majeurs des family offices
Hong Kong et Singapour, malgré leur petite taille, se sont imposés comme des centres névralgiques pour les family offices en Asie-Pacifique. Ensemble, ces deux villes abritent environ 15 % des single family offices qui officient à l’échelle globale. Ils bénéficient entre autres de régimes fiscaux attractifs, d’une réglementation claire et d’écosystèmes financiers bien développés. En 2023, chacune de ces structures gérait en moyenne environ 1,3 milliard de dollars d’actifs offshore, confirmant ainsi leur rôle clé dans le paysage financier mondial.
Flux de richesses et adaptation des prestataires
L’afflux de capitaux vers Hong Kong et Singapour provient principalement de la Chine continentale, de l’Inde et de l’Indonésie, mais on observe aussi une montée des flux en provenance d’Europe et d’Amérique du Nord, les investisseurs cherchant en effet à diversifier leurs actifs. Cela impose aux gestionnaires de patrimoine de revoir leurs stratégies et de s’adapter à cette tendance mondiale.
Comprendre les spécificités des family offices en Asie-Pacifique
Les family offices de la région peuvent être classés en quatre grands types :
A chaque défi, une solution !
Répondre aux besoins spécifiques des family offices avec des solutions sur mesure face aux défis qu’ils rencontrent peut se révéler très fructueux. De nombreux family offices souffrent par exemple de structures de gouvernance inadéquates, ce qui nuit à la transparence et à la prise de décision. Proposer des services de conseil en gouvernance et mettre en place des processus de médiation pour équilibrer les intérêts familiaux est essentiel.
Un autre défi est la gestion des coûts opérationnels, notamment les frais élevés liés au recrutement. L’externalisation, les stratégies d’embauche optimisées et le soutien au recrutement sont des solutions recherchées. En matière d’investissement, les family offices manquent parfois d’accès à des opportunités d’investissement alternatives sur mesure. Faciliter l’accès à des transactions, proposer des services de due diligence et encourager les co-investissements peuvent faire la différence.
Enfin, côté technologie, une infrastructure souvent obsolète affecte la gestion des données et l’efficacité opérationnelle des family offices. Les entreprises de WealthTech proposant des solutions de gestion avancée des données et des outils de reporting devraient répondre aux attentes de ces structures.
Les prestataires capables de répondre à ces défis avec des solutions sur mesure captureront une part significative du marché en pleine expansion des family offices à Hong Kong et Singapour, assurant ainsi leur succès à long terme.
Géraldine Monchau
SPHERE
Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
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Les stablecoins ont su s’imposer malgré des cadres réglementaires souvent flous. En offrant une passerelle entre le monde traditionnel et l’univers décentralisé des crypto-actifs, les stablecoins ont bouleversé les pratiques financières. Pourtant, leur développement rapide soulève une question cruciale : ces innovations se déploient-elles plus vite que la capacité des gouvernements à les réguler ?
Les stablecoins sont un type de cryptomonnaie qui cherche à maintenir une valeur stable en adossant leur valeur marchande à une référence externe, tels que le dollar américain ou des matières premières comme l’or. En s’arrimant ainsi, elles visent à offrir le meilleur des deux mondes : la liquidité et l’accessibilité des crypto-monnaies avec la stabilité des monnaies traditionnelles.
En 2014, des sociétés comme Tether et Circle ont commencé à émettre des stablecoins adossés à des actifs réels tels que dépôts bancaires et billets à court terme. Ces pièces ont contribué à instaurer la confiance dans un marché numérique émergent. Cependant, toutes les stablecoins ne sont pas égales Certaines sont entièrement adossées à des actifs tangibles, tandis que d’autres, comme les stablecoins algorithmiques, s’appuient sur le code et la dynamique du marché pour maintenir leur peg.
L’importance du maintien de la parité
La véritable valeur d’un stablecoin réside dans sa capacité à maintenir sa paritié même pendant les périodes de volatilité du marché. L’effondrement tristement célèbre de Luna et de TerraUSD en 2022, est un exemple édifiant de ce qui se passe lorsque cette stabilité est compromise. Lorsque TerraUSD a perdu son peg , la panique générale déclenchée sur le marché a entraîné des milliards de dollars de pertes et l’effondrement du marché crytpo.
Lily Liu, une éminente entrepreneuse du secteur des crypto-monnaies, décrit avec justesse le rôle des stablecoins dans la finance décentralisée : « Les stablecoins sont absolument essentiels pour la finance” on-chain”. Ils vous donnent une souveraineté digitale et économique grâce au “self-custody” ». Ce point souligne la façon dont les stablecoins permettent aux individus de gérer leurs propres actifs financiers sans dépendre d’intermédiaires.
La croissance des stablecoins en 2024
Les stablecoins ont continué à se développer, malgré l’incertitude réglementaire et les corrections du marché. Selon le rapport 2024 de CoinGecko, les stablecoins adossés à des fiats ont bondi pour atteindre une capitalisation boursière de 161,2 milliards de dollars en 2024, même si elle reste inférieure au pic de 181,7 milliards de dollars atteint en 2021. Tether), le leader du marché, en représente 70,3 %.
Les stablecoins adossés à des matières premières ont également connu une croissance significative, augmentant de 18,1 % pour atteindre 1,3 milliard de dollars en 2024. Ils ne représentent cependant que 0,8 % du marché des stablecoins adossés à des fiats.
Dans l’ensemble, les stablecoins représentent aujourd’hui 8,2 % de la capitalisation du marché mondial des crypto-monnaies et leur domination augmentent pendant les périodes d’instabilité du marché.
Ces chiffres indiquent cependant que les stablecoins constituent une infrastructure financière parallèle sérieuse, ayant démarré à un niveau proche de zéro il y a seulement cinq ans.
Tether et l’approbation implicite
Tether, le plus grand stablecoin du monde, est sur le point de fêter son 10e anniversaire. Avec des actifs sous gestion atteignant un niveau record de 119 milliards de dollars et un bénéfice d’exploitation de 1,3 milliard de dollars pour le deuxième trimestre 2024, Tether a de nombreuses raisons de se réjouir. Ses avoirs en dette américaine s’élèvent à eux seuls à 97,6 milliards de dollars, ce qui la placerait au 18e rang des pays détenteurs, dépassant la dette détenue par l’Allemagne, les Émirats arabes unis et l’Australie.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que Tether semble avoir obtenu l’approbation implicite des régulateurs américains. En se conformant aux demandes de mise sur liste noire des adresses signalées par les forces de l’ordre, Tether semble avoir acquis une position d’acceptation tacite au sein du système financier américain.
L’adoption grâce à une utilité croissante
L’utilité des stablecoins continue de s’étendre à mesure que les entreprises et les institutions financières internationales les intègrent à leurs services. BBVA a intégré l’USDC dans ses services de crypto-actifs en Suisse. Comme le souligne la banque: “Les clients institutionnels et privés de BBVA en Suisse, ainsi que ceux qui possèdent un compte NewGen, peuvent désormais gérer leurs fonds USDC sur la même plateforme que celle où ils gèrent leurs investissements traditionnels”.
Au Japon, Sony Bank s’apprête à lancer un stablecoin indexé sur le yen, tandis que les trois plus grandes banques du pays – MUFG, SMBC et Mizuho- étudient des systèmes basés sur des stablecoins pour les paiements transfrontaliers.
Jeremy Allaire, PDG de Circle, a récemment laissé entendre que la dernière mise à jour NFC (Near-field communication) d’Apple pourrait ouvrir la voie à des paiements instantanés utilisant l’USDC. Ce type d’adoption par le grand public pourrait faire entrer davantage les stablecoins dans la vie quotidienne des consommateurs et des entreprises.
L’avenir : une voie vers l’acceptation universelle.
Alors que les gouvernements du monde entier se débattent avec les implications liées à l’utilisation des stablecoins, une chose est claire : les stablecoins ont eu suffisamment de temps pour s’ancrer dans l’écosystème financier, de sorte que les gouvernements sont plus enclins à s’en accommoder qu’à les interdire purement et simplement. Dans un monde où les stablecoins ont déjà fait leurs preuves, l’acceptation plutôt que la permission semble donc avoir été la bonne approche!
Géraldine Monchau
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Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
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La 13e édition de l’enquête « Gen Z and Millennial Survey » de Deloitte a sondé près de 23’000 répondants dans 44 pays pour comprendre leurs expériences, leurs attentes au travail et leur rapport au monde de manière générale. Il en ressort que la durabilité environnementale reste l’une des principales préoccupations de la génération Z et des milléniaux.
Malgré les bouleversements majeurs — pandémie mondiale, instabilité géopolitique, inflation historique et transformations technologiques —, la GenZ et les Millenials maintiennent la durabilité environnementale au cœur de leurs priorités. En effet, 62% de la génération Z et 59% des milléniaux se disent inquiets ou anxieux à propos du changement climatique, une hausse de deux points par rapport à l’année dernière. En réponse, ces jeunes générations prennent des mesures concrètes pour réduire leur impact environnemental et appellent les gouvernements à jouer un rôle plus actif en incitant les entreprises à agir.
Le rôle crucial des entreprises
Pour la génération Z et les milléniaux, les entreprises ont une opportunité et une influence considérables pour conduire le changement en matière de durabilité. Près de la moitié des répondants de la génération Z (54%) et des milléniaux (48%) déclarent faire pression sur leurs employeurs pour qu’ils prennent des mesures contre le changement climatique. Cette tendance est en hausse par rapport à 2022. En cas d’inaction de leur entreprise, certains n’hésitent pas à changer d’emploi ou de secteur. Par exemple, 20% de la génération Z et 19% des milléniaux ont déjà changé de travail pour des raisons environnementales, et 26% et 23% respectivement envisagent de le faire à l’avenir.
La recherche d’employeurs engagés
Lorsqu’ils cherchent un nouvel employeur, un quart des jeunes interrogés examine les politiques environnementales de l’organisation avant d’accepter un poste, et un autre tiers prévoit de le faire à l’avenir. Les références et les politiques environnementales sont importantes pour 72% de la génération Z et 71% des milléniaux lorsqu’ils envisagent un emploi. Les domaines dans lesquels ils souhaitent voir leur employeur investir plus de ressources incluent l’éducation et la formation pour adopter des comportements plus durables, des subventions pour des choix durables et la rénovation des bureaux pour les rendre plus écologiques .
Des consommateurs écoconscients
En dehors du cadre professionnel, la génération Z et les milléniaux adoptent des comportements de consommation responsables. Beaucoup évitent la mode rapide, réduisent les voyages en avion, optent pour un régime végétarien ou végétalien, ou achètent des véhicules électriques. De plus, 30% de la génération Z et 29% des milléniaux recherchent l’impact environnemental des entreprises avant d’acheter leurs produits ou services. Environ deux tiers sont prêts à payer plus cher pour des produits écologiques. Un quart d’entre eux ont cessé ou réduit leurs relations avec des entreprises aux pratiques non durables.
Des progrès nécessaires mais reconnus
Bien qu’ils estiment que des progrès restent à faire, une majorité des répondants reconnaissent les efforts de leurs employeurs pour lutter contre le changement climatique (59% de la génération Z et 58% des milléniaux). Un pourcentage similaire note que leurs employeurs proposent des formations pour préparer leur personnel à une économie à faibles émissions de carbone. Cette pression pour une plus grande durabilité se manifeste aussi par leurs choix de consommation, influençant les entreprises à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
En conclusion, la génération Z et les milléniaux considèrent la durabilité environnementale comme une priorité générationnelle. Leur engagement personnel et leur influence sur les entreprises montrent une volonté claire de lutter contre le changement climatique et de promouvoir un avenir plus durable.
Suite au quatrième halving du bitcoin qui s’est récemment opéré, on peut bien sûr se demander comment choisir entre un actif stable qui se déprécie et un actif volatile qui s’apprécie. Eléments de réponse avec Géraldine Monchau.
Pour la première fois depuis sa création, le taux d’inflation annuel du bitcoin est devenu inférieur à celui de l’or, événement pivot sachant que la rareté est la qualité première pour une réserve de valeur. Le 20 avril dernier, le quatrième halving du bitcoin a eu lieu. La récompense pour l’écriture d’un bloc sur la blockchain bitcoin a été ainsi divisée par deux, passant de 6,25 à 3,125 BTC. L’offre annuelle de bitcoins a de facto été réduite de moitié, et le taux d’inflation est passé du même coup de 1,7 % à 0,85 % sur douze mois. En comparaison, l’or, qui est depuis des siècles un symbole de stabilité et une protection contre l’inflation, voit son stock augmenter d’environ 1 % à 1,5 % chaque année, au gré des extractions minières.
Le bitcoin peut-il remplacer l’or comme réserve de valeur ?
Selon Haumicharts, les ETF sur l’or ont perdu plus de 2,5 milliards de dollars depuis le lancement en janvier des ETF sur le bitcoin en janvier, qui ont enregistré pour leur part des flux nets d’environ 11,3 milliards. Le bitcoin est connu pour sa grande volatilité par rapport aux valeurs refuges traditionnelles comme l’or. Cette volatilité est due à différents facteurs, tels que le sentiment du marché, l’incertitude réglementaire, les développements technologiques et les facteurs macroéconomiques qui n’affectent généralement pas les prix de l’or et du bitcoin de la même manière.
Côté bitcoin, la dynamique du marché diffère également beaucoup de celle de l’or. Initié en 2009, ce marché est relativement jeune. Son prix connaît d’importantes fluctuations en raison de son statut d’industrie naissante et de l’intérêt spéculatif qu’il suscite. L’or, en revanche, est une réserve de valeur reconnue depuis des millénaires et joue qui plus est un rôle de matière première dans divers secteurs.
Son cours a toujours augmenté en période d’incertitude économique ou d’inflation, car il est considéré comme un actif tangible possédant une valeur intrinsèque. Le bitcoin a vu sa valeur augmenter en période de tensions sur les marchés, mais sa réaction à de tels événements est moins prévisible.
Au cours des cinq dernières années, le bitcoin et l’or ont affiché une corrélation plutôt faible. Elle peut devenir légèrement positive, en particulier lorsque les marchés se tendent fortement, mais elle ne le reste pas longtemps. A plus long-terme, il est certaines caractéristiques du bitcoin qui pourraient faire de cet or digital une réserve de valeur plus précieuse que l’or physique. Il dispose d’un volume limité de 21 millions de pièces rendant son offre parfaitement inélastique, il est très difficile de le confisquer mais par contre très facile de le transférer d’un pays à l’autre.
Le bitcoin comme valeur refuge contre le débasement monétaire
Le Fonds monétaire international a récemment lancé un avertissement sévère aux États-Unis: “réduisez votre dette et mettez de l’ordre dans vos dépenses”. En effet, le déficit budgétaire américain s’est creusé pour atteindre 1’700 milliards de dollars en 2023 et pourrait piquer vers 2’600 milliards de dollars d’ici 2034. La dette publique américaine, quant à elle, pourrait atteindre le niveau record de 106 % du PIB en 2028, contre 97 % l’an passé.
La détérioration de la situation fiscale et le spectre de l’endettement aux Etats-Unis, comme dans d’autres pays du G7, a stimulé la demande de bitcoins et d’or, qui sont souvent utilisés pour se prémunir contre l’inflation et le débasement monétaire. Certains gouvernements pourraient même être tentés de considérer le bitcoin comme une devise officielle, prenant ainsi exemple sur le Salvador…
Une initiative pour obliger la BNS à acheter du bitcoin et diversifier ses actifs de réserves
Un groupe réuni autour du crypto-évangéliste romand Yves Bennaïm a lancé une initiative populaire visant à ajouter deux petits mots, mais lourds de sens, à un article constitutionnel. Actuellement, on peut y lire : “la Banque nationale suisse constitue, à partir de ses revenus, des réserves monétaires suffisantes ; une partie de ces réserves est détenue en or”. L’initiative propose d’ajouter simplement “et en bitcoin”. Même si l’intervention est plutôt symbolique, elle ouvre la question de la diversification des devises étrangères de la BNS et l‘emploi du bitcoin comme nouvelle réserve de valeur au côté de l’or.
Géraldine Monchau
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Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
Microstrategy, l’entreprise américaine de logiciels, fait apparaître de plus en plus de bitcoins dans son bilan. Géraldine Monchau en analyse la signification pour les investisseurs et les entreprises, en se demandant également si de pareils développements sont envisageables en Suisse.
En août 2020, MicroStrategy, l’éditeur américain de logiciels d’entreprise, a été la première société cotée en bourse à acquérir et à détenir des bitcoins comme réserve de liquidités. Elle continue à renforcer régulièrement ses positions au point d’être actuellement la plus grande entreprise à détenir des bitcoins. MicroStrategy a de nouveau acheté 9’245 bitcoins à la mi-mars, portant ainsi sa position totale à 214’246 bitcoins. Les achats sont financés entre autres par des obligations convertibles. MicroStrategy en a récemment émis une pour une valeur de 500 millions de dollars US, arrivant à échéance en 2031. L’entreprise avait déjà annoncé le 5 mars une offre privée d’un montant de 600 millions de dollars US.
Le bitcoin comme stratégie de réserve de liquidités
Que dit cette stratégie ? Comment le bitcoin doit-il être comptabilisé dans le bilan d’une entreprise ? Tout d’abord, on peut dire qu’il existe sur le marché une réserve de valeur alternative, le bitcoin, qui est si mature que de grandes entreprises publiques comme MicroStrategy, Tesla et Coinbase lui font confiance.
En fait, en période d’incertitude économique ou d’injections massives de liquidité de la part des banques centrales, les investisseurs se tournent vers des actifs comme l’or, car il sert de réserve de valeur. Au fil du temps, il est donc tout à fait possible que le bitcoin – l’or numérique, comme l’appelle Larry Fink – ne serve pas seulement d’opportunité d’investissement, mais aussi de réserve de valeur pour les entreprises.
A entendre Michael Saylor, ce sont les politiques expansionnistes des banques centrales qui créent de nouveaux risques pour les marchés financiers et qui, à long terme, pourraient entraîner une forte inflation, ce qui aurait un impact sur les rendements réels des investissements financiers. Il a donc décidé d’acheter des bitcoins et de recourir à l’émission d’obligations convertibles pour financer d’autres achats de bitcoins, profitant également d’un environnement de taux d’intérêt plus élevés et d’une hausse des cours des actions. En effet, l’action Microstrategy a enregistré une performance exceptionnelle de 117 % depuis le début de l’année et de plus de 480 % depuis un an, les investisseurs achetant l’action en tant que « proxi bitcoin » après le cours de clôture du 18 mars – certains analystes estiment qu’il y a encore du potentiel : Lebowitz et Roberts de RIA estiment ainsi que l’action se négocie encore à une décote de 40 %.
La comptabilisation du bitcoin en Suisse
Le bitcoin se distingue des actifs traditionnels en raison de sa forte volatilité et de son absence de forme physique. Actuellement, il n’existe pas de normes généralement reconnues pour la comptabilisation des cryptomonnaies, ce qui conduit à des approches différentes dans la pratique. En Suisse, c’est le Code des obligations qui offre un cadre aux entreprises. Le bitcoin y est principalement classé comme actif incorporel ou comme actif à court terme. « L’évaluation se fait au plus bas du coût d’acquisition ou de la valeur de marché à la date de clôture du bilan, afin de refléter la forte volatilité et le risque de marché du bitcoin », soulignent les responsables de Findea. Les directives IFRS, normes comptables internationalement reconnues, traitent également le bitcoin comme un actif incorporel. Elles exigent une publication détaillée des avoirs en bitcoin, ce qui assure la transparence et une meilleure compréhension de la situation financière. Parmi les règles de SWISS GAAP RPC, on trouve une approche pragmatique : les entreprises qui suivent cette norme peuvent développer leurs propres directives pour la classification et l’évaluation des bitcoins, en mettant l’accent sur une présentation réaliste de la situation financière.
Le bitcoin est-il la « stratégie de sortie » ?
Compte tenu de la dette record de nombreux pays et de l’incertitude quant aux décisions concernant l’évolution des taux d’intérêt, les investisseurs agissent avec une certaine méfiance à l’égard des marchés financiers traditionnels. À l’avenir, les investisseurs privés et institutionnels pourraient être plus enclins à utiliser le bitcoin comme valeur refuge et comme moyen de diversification. En marge de sa conférence annuelle à Las Vegas en mai prochain, Microstrategy a organisé le « World 2024 Bitcoin for corporations ». Une occasion pour Michael Saylor d’expliquer pourquoi le bitcoin est techniquement plus performant face à des investissements plus traditionnels comme l’or, l’immobilier et les actions, et de présenter dans la foulée son « exit strategy ».
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