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  • Jean-Sylvain Perrig
  • Fondateur & CEO
  • Premyss

Les indices Performance Watcher sur trois mois et trois ans

Avant que Donald Trump ne cadenasse les États-Unis à double tour – et que les marchés n’en accusent le coup – le premier trimestre 2025 s’est révélé plutôt favorable pour les portefeuilles en euros et en francs suisses, moins exposés à la tech américaine. Jean-Sylvain Perrig décrypte ce début d’année, tout en dressant le bilan des performances de la gestion privée sur trois ans.

Le premier trimestre 2025 a marqué un changement de tendance. L’enthousiasme qui a suivi l’élection de Donald Trump en novembre 24 a fini par s’évaporer. Les Etats-Unis qui, jusqu’alors étaient une source de stabilité, sont devenus une source d’instabilité. La panique financière liée à l’annonce de tarifs douaniers tous azimuts par le président Trump n’a pas impacté les performances du premier trimestre puisque le « Liberation Day » est tombé le 2 avril. Depuis, les marchés ont bel et bien dévissé, ce qui se verra dans les performances semestrielles.

Cependant, les marchés avaient déjà anticipé un changement de régime durant le premier trimestre. Les premiers contours de la politique mercantiliste de l’administration Trump sont apparus en mars.  Les Américains se sont engagés dans un processus de démontage de l’ordre international qu’ils avaient eux-mêmes mis en place. Le manque d’égard du président américain pour l’Etat de droit impacte la confiance des investisseurs et augmente les primes de risque. Dans le même temps l’administration veut réduire la dépense gouvernementale. Celle-ci avait permis à la consommation privée de se maintenir à un niveau élevé. La croissance américaine devrait donc fortement ralentir, ce qui va impacter la croissance mondiale. il ne fait aucun doute que les anticipations bénéficiaires devront être revues significativement à la baisse pour 2025 et 2026.

Les performances du 1er trimestre 2025 ainsi que celles des trois dernières années sont analysées ci-dessous à travers l’indice PWI+ de Performance Watcher, un indice net de frais spécialement conçu pour refléter le marché de la gestion privée. Le défi de tout gérant de portefeuille consiste à optimiser le couple rendement-risque. Dans le contexte de turbulences actuelles, ceux qui auront bâti des portefeuilles robustes et bien diversifiés devraient parvenir à limiter les pertes, puis à participer de manière satisfaisante à la reprise lorsqu’elle surviendra. Une analyse de la volatilité sera présentée au prochain trimestre.

Analyse 1er trimestre 2025

Comptes en Euro 

Les marchés actions européens ont fini le Q1 dans le vert, avec l’Euro Stoxx 600 à +5.8%. Le marché obligataire a souffert de la remontée des taux longs, à la suite du virage budgétaire allemand (BB Euro Agg -0.3%). De manière étonnante, ce sont les comptes les plus risqués – l’indice PWI+ high risk – qui ont le plus souffert, en perdant 1.9% sur les trois premiers mois de l’année. Cela s’explique probablement par une exposition importante aux actions américaines et au billet vert. Les profils PWI+ low et mid risk ont marginalement perdu : -0.3% et -0.4% respectivement.

Comptes dollar 

Le 1er trimestre fut difficile. La situation est inversée par rapport aux portefeuilles en Euro. Le marché obligataire Américain était positif, avec le BB US Aggregate à +2.92%, mais le SP500 marquait déjà une baisse de -5.27% à fin mars, avant le crash qui a suivi le « Liberation Day ». Ainsi seuls les profils PWI+ Low Risk terminent en positif à +0.7%, alors que les profils PWI+ Mid et High Risk ont cédé -1.3% et -2.5%.

Comptes CHF

Une fois n’est pas coutume, il était plus aisé d’obtenir des rendements positifs en CHF au 1er trimestre 2025, même si les obligations suisses ont souffert : le Swiss Bond Index termine à -1.30%. Le marché suisse des actions s’est particulièrement bien comporté avec une hausse de +8.26% pour le SPI. On aurait pu s’attendre à un grand écart entre les profils PWI+ Low et High Risk, mais il n’en est rien, puisque les performances sont de +0.3% et +0.1%. Les comptes Low Risk ont probablement une plus forte pondération en CHF, moins de dollars et surtout moins d’actions américaines dans les allocations. Ce sont les comptes PWI+ Mid Risk qui dégagent marginalement les meilleures performances, puisque l’indice finit le trimestre à +0.7%.

Analyse sur 3 ans

Trois mois, voire une année, sont des périodes trop courtes pour juger de la qualité de la gestion. Il faut au minimum trois ans. Les chiffres ci-dessous se rapportent à la période du 31 mars 2022 au 31 mars 2025. On y trouve deux années où le risque a été rémunéré, 2023 et 2024 et neuf mois, en 2022, où les taux d’intérêt se sont normalisés, faisant plonger les performances des obligations et des actions. De nombreux fonds d’allocation d’actifs, particulièrement pour les profils les moins risqués, demeurent en perte sur la période. Qu’en est-il pour les portefeuilles de clients privés ?

Comptes en Euro

Le Stoxx 600 a progressé de +29.68% sur cette période. Les portefeuilles ont en profité,  l’indice PWI+ Mid Risk affiche une performance à +4.7% soit + 1.54 % annualisé, malgré la piètre performance des obligations, puisque l’indice Europe BB Aggregate EUR a perdu -5.41% ces trois dernières années. Les profils PWI+ High Risk progressent de +5.8% ou +1.9% annualisé. L’indice PWI+ Low Risk a un rendement positif de 2.9%. Les gérants ont su s’adapter et ont probablement évité d’acheter des obligations lorsque les taux étaient à zéro ou négatifs.

Comptes en USD 

Sur la période, le S&P 500 a grimpé de +29,66 % dividendes inclus, tandis que les obligations ont faiblement progressé à l’image du US BB Aggregate Index +1,56 %. Les comptes PWI+ Low et High Risk ont tous deux enregistré une performance de +5,6 %. Le profil PWI+ Mid Risk, affiche un résultat plus élevé, à +6,1 %. À noter qu’à la fin de l’année 2022, les portefeuilles avaient perdu plus de 10 %.. Comme pour les comptes en EUR, la bonne tenue des marchés en 2023 et 2024 a permis d’effacer l’ensemble des pertes.

Comptes en CHF

En CHF, le marché suisse des actions est celui qui a le moins performé sur la période avec une performance de +8.12% seulement (SPI), et le marché obligataire a gagné +4.37% (Swiss Bond Index). Dans ce laps de temps le CHF s’est renforcé contre l’Euro et le Dollar, il ne fait donc pas bon être un investisseur base CHF. Les performances des indices PWI+ Low, Mid et High Risk sont respectivement de -2.2%, -0.8% et +0,4%.

Conclusions

Les trois dernières années ont récompensé l’exposition aux actions. Malgré un début difficile en 2022, la forte reprise en 2023-2024 a permis aux portefeuilles dynamiques (PWI+ High Risk et Mid Risk) de dégager les meilleures performances, tandis que les profils majoritairement obligataires ont sous-performé dans l’ensemble.

À l’inverse, sur le 1er trimestre 2025, ce sont les portefeuilles les plus défensifs qui ont mieux résisté. La correction des marchés actions, amorcée fin mars, a durement touché les profils exposés aux actions, en particulier américaines, tandis que les obligations, du moins aux États-Unis, ont joué un rôle stabilisateur.

Sur le long terme, les actions demeurent la principale source de performance, mais dans un environnement incertain comme celui qui s’ouvre en 2025, la gestion du risque et des allocations devient essentielle.

Jean-Sylvain Perrig

Premyss

Jean-Sylvain Perrig est le londateur et CEO de Premyss, qui accompagne des gestionnaires indépendants et des family offices dans l’allocation d’actifs, la stratégie de portefeuille et l’analyse de marché. Jean-Sylvain a plus de 30 ans d’expérience dans la gestion d’actifs et le conseil stratégique. Il a occupé des fonctions dirigeantes dans des établissements bancaires suisses de premier plan notamment en tant que Chief Investment Officer. Il a également présidé la Swiss Financial Analysts Association (SFAA) dont le but est l’éducation financière des professionnels de l’investissement. Jean-Sylvain est titulaire d’un Master en gestion de l’entreprise de HEC Lausanne ainsi que de la certification fédérale d’analyste financier.

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