Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
L’apprentissage automatique (AA) métamorphose le secteur de la gestion de patrimoine, offrant des outils puissants pour analyser les tendances, prédire les mouvements et faciliter les prise de décision. Il n’est donc pas surprenant que le marché mondial de l’apprentissage automatique en finance dépasse désormais les 12 milliards de dollars.
Aussi appelé machine learning en anglais, l’AA est une pierre angulaire de la technologie moderne, façonnant de nombreux secteurs, dont la finance. Mais qu’est-ce que l’AA exactement ? C’est un sous-ensemble de l’intelligence artificielle (IA). Il s’appuie sur des algorithmes qui s’améliorent grâce à l’expérience, apprenant des données pour faire des prédictions ou prendre des décisions.
« En finance, les modèles d’apprentissage automatique sont davantage des assistants fournissant des informations pertinentes et précises pour soutenir la prise de décision humaine », explique Sylvestre Rousseau, expert en AA et développeur de recherche chez Croesus Lab.
Les applications de l’AA en finance vont au-delà de la simple automatisation. Lorsqu’ils sont alimentés par des données suffisantes, les modèles d’apprentissage automatique peuvent fournir des informations qui étaient auparavant inaccessibles. Ils peuvent analyser de vastes quantités de données et identifier des schémas et des tendances que les humains pourraient ne pas voir. Cela peut conduire à des prédictions plus précises, une meilleure prise de décision et une efficacité accrue.
L’AA remodèle les contours des marchés et des services financiers. Son intégration améliore l’efficacité, renforce la précision et consolide la gestion des risques. Grâce à une combinaison harmonieuse de technologie et de finance, l’AA offre une précision remarquable. M. Rousseau note toutefois que certains grands modèles linguistiques (LLM) concurrencent désormais les modèles d’AA traditionnels.
L’une des applications de l’AA est la modélisation prédictive, qui joue un rôle crucial dans la gestion des risques. En évaluant des facteurs tels que le risque de crédit ou la volatilité des taux d’intérêt, elle aide les firmes à allouer leurs actifs plus efficacement, réduisant ainsi les pertes potentielles.
L’AA excelle aussi dans la détection de la fraude grâce à sa vigilance exceptionnelle. Les algorithmes d’apprentissage automatique peuvent analyser les données de transaction à la recherche d’anomalies, signalant rapidement les activités suspectes, permettant ainsi aux institutions de prendre des mesures rapides et de minimiser les pertes dues aux tentatives frauduleuses.
« Dans ce contexte, ces multiples facteurs contiennent de nombreuses variables. L’AA peut aider à minimiser les faux négatifs dans l’analyse des risques financiers en assistant les experts humains, tandis qu’un humain peut toujours examiner et corriger un faux positif. Mieux vaut prévenir que guérir », soutient M. Rousseau.
La capacité de l’AA à traiter de grands volumes de données garantit des évaluations complètes des risques. En fournissant des informations en temps réel, ces modèles permettent aux entreprises financières de réagir avec agilité et confiance. Il en résulte des opérations financières plus sûres et plus résilientes.
Par conséquent, l’AA fait considérablement progresser la gestion des risques au sein des institutions financières. Ceci est particulièrement important dans des pays comme la Suisse, où la fraude numérique est en hausse. En analysant les schémas, ces modèles peuvent anticiper les risques potentiels très rapidement, parfois même avant qu’ils ne se manifestent. Selon M. Rousseau, cette approche proactive aide à minimiser les impacts et à protéger les institutions. En plus, elle contribue à préserver la stabilité financière.
Le courtage algorithmique (ou trading algorithmique) fonctionne avec une rapidité et une précision remarquables. Ces algorithmes analysent les données de marché, identifiant les opportunités d’investissements lucratifs. Par conséquent, cela permet aux courtiers d’exécuter des transactions plus rapidement et plus efficacement que jamais.
Les modèles d’apprentissage automatique offrent un avantage distinct en s’adaptant continuellement à la dynamique du marché. Ils apprennent des données historiques et ajustent leurs stratégies, atténuant les risques et maximisant les rendements. Cette adaptabilité est cruciale sur les marchés volatils.
Au cours des dernières années, la personnalisation des services financiers a connu une croissance exponentielle grâce à l’AA. Les institutions financières exploitent désormais les données pour comprendre en profondeur les comportements et les préférences des clients. Cela leur permet de créer des produits et services personnalisés.
« En analysant les données et les préférences des clients, nous pouvons identifier les similitudes, créer des groupes ciblés et adapter les offres de produits pour une meilleure expérience client », explique M. Rousseau.
La personnalisation améliore l’engagement et la satisfaction des clients, favorisant une expérience bancaire plus personnalisée qui s’aligne sur les objectifs financiers individuels. En répondant à des besoins spécifiques, les institutions financières peuvent établir des relations durables avec leurs clients.
« La personnalisation nécessite toutefois une gestion prudente des données des investisseurs, insiste M. Rousseau. L’anonymisation des données ou le consentement explicite est donc crucial pour des considérations éthiques. Cela limite souvent les initiatives de personnalisation. »
À terme, l’impact de l’AA sur les marchés et les services financiers est profond. En améliorant l’efficacité, la précision et la personnalisation, cette approche établit une nouvelle norme pour la finance moderne. Elle assure une innovation et une croissance continue.
Bien que prometteur, l’utilisation de l’AA en finance fait face à de nombreux défis. Premièrement, la confidentialité des données est primordiale, nécessitant une gestion responsable et sécurisée des données. Des données pertinentes et de grande qualité sont aussi cruciales, nécessitant des techniques d’apprentissage automatique comme l’apprentissage par transfert pour lutter contre les informations obsolètes ou biaisées.
L’intelligence artificielle (IA) explicable est également vitale pour la transparence et la vérifiabilité, tandis que l’adaptation des modèles aux variations du marché régional est essentielle dans une économie mondialisée.
L’avenir de l’AA dans les stratégies d’investissement est prometteur. L’AA et l’analyse prédictive transforment la façon dont les gestionnaires de portefeuille opèrent, leur permettant de baser leurs décisions sur des données, facilitant la détection des tendances et la gestion des risques.
À mesure que ces technologies évolueront, elles joueront un rôle de plus en plus important dans la formation des stratégies d’investissement mondiales, en particulier grâce au traitement des données non structurées et à la réalisation de prédictions en temps réel. L’avenir recèle un immense potentiel d’innovation et d’efficacité dans tous les domaines financiers.
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Bien qu’il existe une multitude d’instruments obligataires plus complexes, proposant des rendements plus élevés, les bons du Trésor américain constituent toujours un élément clé dans portefeuille obligataire. Pour des raisons structurelles, ainsi que l’explique Connor Fitzgerald.
En raison de leur stabilité par rapport à d’autres instruments de revenu fixe, les bons du Trésor américain peuvent servir à la fois de couverture contre l’exposition au risque de crédit et de source de liquidité efficace. Cela est particulièrement utile en période de volatilité, lorsqu’ils sont plus facilement négociables que les instruments de crédit.
Dans ces moments-là, les investisseurs ont tendance à se tourner vers des actifs refuges, ce qui entraîne une hausse de la demande pour les Treasuries. Cela étant dit, il est préférable de les intégrer à un portefeuille avant que la volatilité ne frappe. Si un portefeuille obligataire détient déjà ces titres lors d’un choc de marché, les investisseurs peuvent ajuster leurs allocations de manière dynamique. Ils évitent ainsi la ruée vers les obligations d’État et se retrouvent en mesure de réaliser des transactions à des niveaux potentiellement plus attractifs des deux côtés du marché.
Plusieurs facteurs laissent penser que 2025 pourrait être une année marquée par la volatilité, ce qui en fait un moment opportun pour considérer le rôle des bons du Trésor américain dans un portefeuille obligataire. Ces bons forment la catégorie d’actifs la plus abondante sur les marchés obligataires mondiaux, avec plus de 19’000 milliards de dollars en circulation à fin 2024.
Concernant ces titres, la duration est un facteur clé. Par rapport à l’an passé, les conditions de marché se sont améliorées pour les bons du Trésor de cinq à dix ans. Ces obligations offrent une opportunité intéressante en termes de rendement total ajusté au risque par rapport aux durations plus courtes ou plus longues. Une duration plus courte expose les investisseurs au risque de sous-estimer la volatilité des prix, tandis qu’une duration plus longue est plus sensible aux variations des taux d’intérêt et aux attentes en matière d’inflation.
Fin 2023, les taux directeurs étaient plus élevés et la courbe des taux était plus plate. Il était donc difficile d’intégrer des Treasuries à un portefeuille obligataire, car l’extension au-delà des courtes durations n’apportait que peu d’avantages aux investisseurs.
A présent, les taux directeurs ont baissé, et les obligations de maturité intermédiaire (cinq à dix ans), auparavant moins attractives, le sont devenues. Comme ces titres offrent un équilibre optimal entre rendement et duration, et que les conditions de marché actuelles ainsi que nos perspectives à court et moyen terme sont favorables, il n’y a pas besoin d’en augmenter encore la duration.
Les bons du Trésor américain sont essentiels dans un portefeuille obligataire. Ils sont plus liquides que d’autres types d’obligations et permettent de couvrir le risque de crédit. Actuellement, les conditions de marché leur sont favorables. Il existe un argument solide en faveur de cette classe d’actifs, qui peut être exploitée plus efficacement via une gestion active plutôt que passive. En s’émancipant d’un simple suivi d’indice, les investisseurs pourraient mieux positionner leurs allocations de manière dynamique, en alternant entre bons du Trésor et autres obligations selon les opportunités, afin de tirer parti des inefficiences du marché et de générer du revenu.
Connor Fitzgerald
Wellington Management
Connor Fitzgerald est gestionnaire de portefeuille pour les stratégies Intermediate Credit et Credit Total Return chez Wellington Management. Il gère également les stratégies Long Credit, Core Bond et Core Bond Plus. Basé à Boston, il est membre de l’équipe US Investment Grade Credit et du Corporate Strategy Group. Avant de rejoindre Wellington Management en 2015, il était gestionnaire de portefeuille chez BlackRock. Connor Fitzgerald a commencé sa carrière chez Lehman Brothers en 2006, avant de rejoindre R3 Capital Management en 2008. Il est diplômé de Bowdoin College et détient également la certification CFA.
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Géant américain de la gestion d’actifs, PGIM poursuit son expansion sur le marché suisse, où son responsable, Rochus Appert, souhaite lui donner une assise locale à la hauteur de son envergure mondiale. Un développement mené avec la volonté d’apporter des solutions autant que des produits à ses investisseurs.
Par Jérôme Sicard
Que souhaitez-vous accomplir avec PGIM en Suisse ?
PGIM est un leader mondial dans la gestion d’actifs. Cependant, en Suisse, notre notoriété ne reflète pas encore l’envergure que nous avons prise à l’échelle mondiale. PGIM gère plus de 850 milliards de dollars en titres à revenu fixe, dont 100 milliards en obligations high yield et en prêts levier, 50 milliards en dette émergente, et 240 milliards en multi-secteur. Nous sommes par ailleurs le quatrième émetteur mondial de CLO.
Nous supervisons aussi plus de 100 milliards de dette privée, pour des entreprises dont l’EBITDA va de 8 à 80 millions de dollars. Nous sommes le troisième plus grand gestionnaire de biens immobiliers au monde, avec plus de 200 milliards d’actifs, et Jennison Investments, notre gérant Actions, compte lui aussi plus de 200 milliards de dollars en AUM.
Nous sommes évidemment un acteur majeur, mais en Suisse, notre marque reste en deça de son potentiel. Notre objectif est donc simple : positionner PGIM parmi les principaux asset managers sur ce marché grâce à nos compétences dans les investissements liquides et alternatifs.
Où en êtes-vous de vos développements en Suisse ?
Nous gérons un portefeuille qui devient significatif, principalement dans le fixed income et l’immobilier. Au niveau de PGIM, notre marché se divise en deux segments : les grands acteurs institutionnels — banques, fonds de pension et certains family offices — qui peuvent allouer de gros montants, et les gérants indépendants qui investissent des montants plus petits mais répétés. Aujourd’hui, les banques et les fonds de pension sont nos plus grands clients.
En plus de cela, nous exploitons des outils numériques pour diffuser des contenus qui présentent une forte valeur ajoutée directement à nos investisseurs. Nous disposons d’énormément d’informations sur notre plateforme – que nous voulons rendre accessibles de la manière la plus efficace qui soit. La distribution en mode digital est un axe clé pour nous à l’avenir. Il s’agit pour nous de diffuser le bon contenu à la bonne personne, au bon moment et au bon endroit.
Quels sont les facteurs clés pour étendre votre clientèle en Suisse ?
Je vois trois éléments essentiels : la marque, le produit, et la performance.
La marque doit inspirer confiance, créer matière à discussion et refléter un certain niveau d’innovation. Avec la marque PGIM, nous avons de quoi nous positionner comme un partenaire incontournable pour des investisseurs qualifiés.
En ce qui concerne les produits, nous proposons une large gamme, mais le timing est crucial. Notre stratégie de distribution s’aligne aussi sur le cycle d’investissement — en mettant l’accent sur les bons produits au bon moment, depuis les opportunités qui apparaissent en début de cycle jusqu’aux allocations en fin de cycle.
Quant à la performance, pour réussir, il faut se classer dans le top décile. C’est le critère de référence.
Dans la gamme PGIM, quels produits intéressent plus particulièrement les investisseurs suisses ?
Ils sont plus sensibles aux high yields, américaines et européennes, ainsi qu’aux obligations d’entreprises et à la dette émergente. Ils regardent aussi le crédit multi-sectoriel. Nos stratégies de rendement absolu, comme notre fonds Credit Opportunities, qui a enregistré des rendements à deux chiffres l’année dernière, suscitent de même beaucoup d’intérêt.
Du côté des actions, c’est aussi le cas de notre stratégie Growth. Dans un environnement de faible croissance du PIB, notamment en Europe, les investisseurs recherchent des titres refuges. Mais lorsque la croissance redémarre, ils veulent y participer. Notre approche nous pernet donc d’identifier des entreprises capables de prospérer dans toutes les conditions de marché. Nous voyons un clair regain d’intérêt pour cette stratégie, alors que les investisseurs se positionnent pour le prochain cycle.
Comment PGIM diversifie-t-il sa gamme de produits ?
Nous explorons toujours des opportunités à partir desquelles nous allons pouvoir ajouter de nouvelles dimensions à notre offre, en capitalisant sur nos points forts, là où nous sommes capables de nous différencier. La diversification passe aussi par le timing. Avec une gamme aussi étendue que la nôtre, tous les produits ne sont pas pertinents en même temps. Encore une fois, l’important est de promouvoir la bonne solution au bon moment, ce qui nécessite un dialogue constant avec les investisseurs.
Prenons les stratégies long-short, par exemple. Dans l’environnement de forte croissance économique qui a prévalu entre 2015 et 2020, les fonds spéculatifs ont eu du mal. Mais aujourd’hui, les conditions de marché ayant évolué, ils reprennent du sens. Identifier ces tendances tôt et aligner les produits avec les besoins des investisseurs est en soi un cycle d’innovation en continu.
Comment voyez-vous l’évolution de l’industrie de la gestion d’actifs en Suisse ?
De 2015 à 2020, l’innovation a été portée par l’investissement responsable et thématique. Aujourd’hui, elle se tourne vers les investissements privés, en particulier le prêt direct. L’essor des fonds evergreen, qui permet la démocratisation des actifs alternatifs, rend le crédit privé plus accessible à une base d’investisseurs plus large.
La taille est un autre facteur déterminant. Dans cette industrie, vous êtes soit grand, soit petit — il y a peu de place entre les deux. Les grandes entreprises bénéficient d’économies d’échelle, réussissant à vendre une large gamme de produits tout en optimisant les coûts. En revanche, les asset managers de type boutique auront toujours leur place. Leur haut degré de spécialisation les rend indispensables dans leur niche.
Comment pensez-vous pouvoir saisir les opportunités qui se présentent sur le marché suisse?
Nous avons l’intention de nous renforcer localement. Nous allons déménager dans de nouveaux bureaux à Zurich et nous voulons élargir notre présence en Suisse de manière plus générale. D’un point de vue produit, nous souhaitons mettre davantage en avant les actifs alternatifs.
Malgré notre envergure mondiale, nous restons un acteur relativement nouveau sur ce marché et nous l’abordons avec une mentalité « high impact, low ego ». Les investisseurs recherchent de la diversification, des marques alternatives et, par-dessus tout, des solutions. C’est là que nous intervenons.
Prenons notre stratégie de crédit multi-sectoriel, par exemple — elle pourrait bien être considérée comme la perle dans tout ce que nous offrons de liquide. Elle propose une exposition Investment Grade, avec des options allant de zéro à six ans en termes de duration. C’est un outil simple et efficace pour les gérants indépendants qui cherchent à construire des portefeuilles de crédit diversifiés tout en maintenant une certaine flexibilité dans la gestion de la duration.
Rochus Appert
PGIM
Rochus Appert est Country Head de PGIM Investments en Suisse depuis novembre 2023 et il en assure également la direction commerciale. Fort de 30 ans d’expérience dans l’industrie financière suisse, il était dernièrement Head of Discretionary Sales Switzerland chez Columbia Threadneedle. Auparavant, il a occupé divers postes de direction, notamment chez BMO Global Asset Management – avant son acquisition par Columbia Threadneedle – ainsi que chez State Street Global Advisors, Credit Suisse et West LB.
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En trente ans, le gérant genevois Forum Finance s’est profondément transformé. Son offre s’est élargie, le profil de sa clientèle a évolué, mais c’est surtout en interne que le changement est le plus apparent. L’accent a été mis sur le renouvellement des équipes et la transmission aux prochaines générations, pour le bien de la société comme pour celui de ses clients.
Par Jérôme Sicard
Comment avez-vous fait évoluer la proposition de Forum Finance au cours de ces 30 dernières années?
Notre offre a évolué au fil du temps parce que notre clientèle a elle-même profondément changé. Elle est beaucoup plus jeune, plus active, plus ancrée dans le monde réel. Elle recherche par conséquent des produits plus spécifiques, du type private equity, ou des fonds de placement très ciblés qui sortent du plain vanilla habituellement servi par les banques. Nous privilégions donc des idées plus originales, plus exclusives pour éviter cette standardisation.
Sur un plan plus technique, nous avons aussi repensé notre manière de gérer les portefeuilles pour mieux répondre à des marchés plus complexes, plus volatils, plus en mouvement. Sur des mandats équilibrés, nous pouvons passer d’un modèle 60-40 à un modèle 40-60 très rapidement selon les circonstances. Nous donnons bien évidemment un cadre de gestion à chacun de nos clients mais nous voulons aussi leur assurer une certaine mobilité, une certaine flexibilité.
Enfin, nous avons intégré la planification patrimoniale à notre gamme. C’est souvent par ce biais que nous établissons le premier contact avec nos clients, avant qu’ils ne se décident à nous confier une partie de leur fortune. Placé sous la responsabilité d’Alban Janssens de Bisthoven, notre pôle wealth planning nous permet d’intervenir plus en amont dans la chaine de valeur.
Le wealth planning prend-il l’ascendant sur la gestion de portefeuille ?
Non, la gestion de portefeuille reste indiscutablement notre cœur de métier. Cependant, la planification patrimoniale nous permet de mieux anticiper et comprendre les besoins de nos clients. Elle nous aide à les accompagner aussi bien dans la gestion que dans la construction de leur patrimoine. En ce sens, elle apporte une véritable valeur ajoutée, tant pour eux que pour nous.
En quoi le rajeunissement de la clientèle vous conduit à modifier votre offre ?
La fortune héritée existe encore, mais elle tend à diminuer. Autrefois, elle représentait environ 80 % de nos portefeuilles. Aujourd’hui, elle est descendue aux alentours des 50 %. L’autre moitié de la clientèle est composée d’entrepreneurs, plus exigeants et autrement proactifs. Ils ont réussi à vendre leur entreprise et se retrouvent avec un capital qui se chiffre en dizaines, voire en centaines de millions de francs, mais ils ne comptent pas rester passifs. Ils veulent réinvestir, financer de nouveaux projets, explorer de nouvelles opportunités. Ils recherchent donc un gestionnaire capable de se montrer agile, et de s’adapter à leur rythme. Notre rôle est d’être réactifs, d’accompagner cette dynamique et de leur offrir des solutions sur mesure.
Comment vous préparez-vous pour ces trente prochaines années?
Nous comptons poursuivre dans une voie qui nous a plutôt bien réussi jusqu’ici. Nous attirons de nouveaux clients, nous réussissons à recruter des gestionnaires de fortune issus de banques ou d’autres sociétés de gestions de fortune, qui recherchent d’autres opportunités et un business model qui leur convient mieux. Les banques privées sont de plus en plus dans le contrôle. Elles subissent les nouvelles réglementations autant que nous, sinon plus. Dans ces banques, il se peut que la gestion des risques commence à prendre le pas sur la gestion des clients. Nous voulons éviter cet écueil et rester fidèles à notre approche : offrir un service personnalisé, agile et centré sur les besoins réels de nos clients.
Au-delà de la planification patrimoniale, envisagez-vous de nouvelles lignes de métier ?
Non, nous restons concentrés sur notre cœur d’activité. L’intelligence artificielle va très certainement transformer notre environnement de travail, mais la dimension humaine, dans les contacts et les prises de décision, restera primordiale
C’est donc sur l’humain que nous voulons investir – et sur lequel nous avons déjà beaucoup investi. La pérennité de Forum Finance passe par le recrutement et la formation des talents qui porteront l’entreprise au cours de ces trente prochaines années. Nous en sommes convaincus depuis longtemps. Trop de gestionnaires échouent car ils n’ont pas su anticiper ce passage de relais. Nous, au contraire, nous préparons l’avenir en intégrant de jeunes collaborateurs à la direction et en leur offrant rapidement l’opportunité d’acquérir des parts de la société, en tant qu’associés.
Comment procédez-vous concrètement ?
Nous sommes aujourd’hui huit associés. Deux ont conservé des parts mais n’ont plus de rôle opérationnel : Etienne Gounod et Philippe Kern. Ils siègent désormais au Conseil d’administration. Par ailleurs, il y a deux partenaires principaux, Egon Vorfeld et moi-même, auxquels viennent s’ajouter quatre associés minoritaires qui forment la relève en quelque sorte. Il s’agit de Jean-François Andrade, d’Alban Janssens de Bisthoven, de Charles-Henri de Marignac et de Tanja von Ahnen. Ils sont déjà complètement impliqués dans la conduite de l’entreprise.
Nous avons établi entre nous un pacte d’actionnaires qui garantit cette continuité. Passé l’âge de 65 ans, un associé doit se retirer progressivement comme le font Etienne et Philippe. Il doit également revendre ses parts, que les jeunes associés peuvent racheter par la suite. A ce jour, trois associés ont vu un rachat de leur participation.
Sur quelles bases ?
C’est un multiple de la moyenne de l’EBITDA réalisé sur les trois dernières années, avant les bonus, hors charges et produits exceptionnels. C’est un schéma très intéressant car il nous permet au final d’assurer la transmission de l’entreprise dans les meilleures conditions.
Combien de temps faut-il aux jeunes associés pour arriver à détenir 10% du capital de Forum Finance ?
Tout dépend de leur situation financière et de leur disposition à s’endetter, mais en général, cela prend entre cinq et dix ans. Je rappelle cependant que l’enjeu ne se limite pas pour nous à la détention de parts. Afin de pérenniser nos activités, nos jeunes associés doivent également assumer un rôle exécutif au sein de la direction. En même temps qu’ils gèrent leurs clients, ils doivent aussi apprendre à gérer l’entreprise et à en piloter la croissance.
Vous parliez de réglementation un peu plus tôt. Si vous aviez une question à poser à la Finma, quelle serait-elle ?
Le problème de la FINMA aujourd’hui, à mon sens, est de compter dans ses rangs trop de jeunes juristes qui ne connaissent pas bien le modèle d’affaires des gérants indépendants. Nous avons l’impression qu’ils ne se concentrent que sur le risque, ce qui peut parfois peser sur notre développement. Si je devais poser une question à la Finma ? Oui, je serais très heureux de pouvoir recevoir un feedback au sujet des rapports que nous leur envoyons.
Hippolyte de Weck
Forum Finance
Hippolyte est devenu le CEO en 2022, il a rejoint Forum Finance en tant qu’associé gérant en 2011 après avoir travaillé chez UBS pendant 17 ans. Il était actif dans divers domaines tels que les revenus fixes, la gestion des risques et la gestion de portefeuille à Genève, Zurich et Francfort. Avant de rejoindre Forum Finance, il était conseiller de clientèle senior.
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Bekim Laski est le nouveau CIO de smzh, le prestataire de services financiers zurichois qui se positionne en « multi family office light » pour les particuliers et les PME. Au sein de smzh, il sera plus particulièrement chargé de structurer le développement des solutions d’investissement.
Par Jérôme Sicard
Comment structurer une stratégie d’allocation d’actifs aujourd’hui ?
Il y a deux aspects essentiels à prendre en considération. Tout d’abord, les principes fondamentaux de l’investissement restent inchangés : la diversification du portefeuille et le profil risque/rendement du client font toujours office de pierre angulaire et restent encore pertinents. Les attentes du client en matière de risque et de rendement déterminent en fin de compte la structure de l’allocation stratégique d’actifs.
Deuxièmement, du point de vue de la répartition des actifs, il est essentiel de pouvoir s’adapter aux conditions actuelles du marché. Les investisseurs suisses, en particulier, sont confrontés à des défis importants. La persistance de taux d’intérêt bas rend les obligations high yield libellées en francs suisses peu attrayantes, car elles n’offrent pas de rendements suffisants, tant en termes réels que nominaux. Il faut donc repenser fondamentalement le modèle traditionnel d’allocation des portefeuilles 60/40, dans lequel les obligations jouaient un rôle crucial.
En réponse, les investisseurs peuvent envisager des actifs alternatifs tels que la dette privée, le capital-investissement, les infrastructures, les hedge funds et l’immobilier s’ils peuvent supporter les risques d’illiquidité. Cela dit, l’immobilier mérite d’être nuancé dans les portefeuilles suisses, car de nombreux investisseurs y sont déjà fortement exposés avec leurs biens, ce qui réduit le besoin d’investissements supplémentaires au niveau local. Dans de tels cas, les actifs alternatifs ou l’immobilier international peuvent constituer une stratégie de diversification plus efficace.
Quel est votre rôle en tant que CIO de smzh ?
Mon mandat consiste à développer et à professionnaliser nos services ainsi que notre offre d’investissement, en veillant à ce que nos clients bénéficient d’une approche structurée et indépendante. Contrairement aux institutions financières traditionnelles, nous ne proposons pas de produits d’investissement propres. Au lieu de cela, nous nous concentrons sur l’établissement d’un cadre d’investissement solide – notre « House View » qui sous-tend toutes nos activités de conseil. Ce cadre est associé à une architecture ouverte de premier ordre qui nous permet de fournir des services personnalisés, centrés sur le client.
Je recherche également des partenariats stratégiques afin d’étendre notre portée sur le marché et de garantir l’accès à un univers d’investissement diversifié, ce qui est essentiel pour offrir aux clients les meilleures solutions possibles.
Enfin, la transparence et la confiance sont au cœur de notre philosophie. Une partie essentielle de ma fonction consiste à communiquer clairement à toutes les parties prenantes nos points de vue et nos services en matière d’investissement.
Pourquoi est-il si important de produire votre propre contenu, en vous basant sur l’expérience que vous avez acquise chez Credit Suisse ou UBS ?
Selon moi, il est fondamental de développer nos propres opinions sur les marchés pour fournir des conseils indépendants, de haute qualité. Cela nous permet d’élaborer des perspectives adaptées aux besoins spécifiques de nos clients. Chez smzh, nous adoptons une approche globale de la structuration du patrimoine, en ne misant pas que sur les actifs liquides Nous incluons également des actifs illiquides afin de garantir pour nos clients la prise en compte de tous les aspects de leur situation financière. Pour ce faire, la concentration est essentielle : nous donnons la priorité à ce qui apporte une réelle valeur ajoutée tout en restant suffisamment flexibles pour identifier les opportunités émergentes.
Quel est le positionnement de smzh sur le marché ?
Nous sommes une société indépendante qui propose des solutions globales, sur mesure, aux particuliers et aux PME. Grâce à notre approche « Family Office light », nous intégrons tous les éléments qui composent l’écosystème financier de nos clients à chaque étape de leur parcours. Cette approche nous permet de fournir des conseils individualisés à une clientèle diversifiée, notamment aux jeunes professionnels et aux entrepreneurs. Nos services s’inscrivent au-delà des conseils traditionnels pour inclure des accompagnements dans les domaines de l’immobilier, des assurances, de la fiscalité et du droit grâce à notre réseau de partenaires.
Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés aujourd’hui à cet égard ?
Naviguer dans notre univers d’investissement semble toujours plus difficile. Cependant, depuis plus de 25 ans que je travaille dans ce secteur, je n’ai jamais connu une seule année « facile ». Les marchés sont en constante évolution et nous devons nous adapter en permanence à de nouvelles circonstances. Il n’existe pas de formule magique : le succès repose sur la rigueur, l’agilité et la vision stratégique.
Du point de vue de la gestion d’entreprise, le conseil financier est devenu de plus en plus complexe. Aujourd’hui, les clients escomptent une approche globale et transparente qui intègre les investissements, l’immobilier, la fiscalité, le financement et la planification des retraites. Cependant, le fait de traiter chaque aspect séparément conduit souvent à des inefficacités. Chez smzh, nous décloisonnons ces aspects grâce au travail d’équipe et à une structure simplifiée, en réunissant des experts pour fournir des solutions intégrées. Notre force réside dans notre agilité et notre capacité à surmonter la complexité, à fournir des services clairs et exploitables sans les obstacles habituels qui ralentissent les processus.
Un autre défi est celui d’une communication et d’un engagement efficaces dans un monde où la typologie des clients est très variée. Nous sommes au service d’investisseurs traditionnels qui apprécient les discussions approfondies et les analyses de marché détaillées, mais nous devons également interagir efficacement avec les « digital natives », qui consomment le contenu différemment et attendent des informations instantanées, claires et interactives. Trouver le bon équilibre entre profondeur et accessibilité reste une priorité essentielle.
Quels développements sont actuellement prévus pour smzh ?
L’une de nos priorités est de systématiser et d’optimiser les tâches récurrentes afin d’améliorer l’efficacité et de rationaliser nos processus. Notre objectif est de parvenir à une plus grande efficacité tout en conservant la touche personnelle qui nous distingue. Dans la mesure où nous n’avons pas de « legacy », nous pouvons adopter plus facilement les nouvelles technologies pour servir au mieux nos clients.
Le développement des talents est essentiel à la réussite et à la croissance de notre entreprise. Nous investissons dans des plans de formation et de développement afin de maintenir des normes élevées.
Nous envisageons notre avenir comme un mélange d’innovation et de tradition, en tirant parti de la technologie là où elle apporte une valeur ajoutée, en maintenant l’aspect humain là où il compte le plus, et en évoluant continuellement pour répondre aux besoins de notre clientèle.
Bekim Laski
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Bekim Laski est un expert chevronné dans le domaine de la gestion de patrimoine et des investissements. Pendant plus de 25 ans, il a effectué sa carrière au sein de grandes banques telles que UBS et Credit Suisse. En décembre 2024, il a rejoint smzh en tant que Chief Investment Officer. Dans ce rôle, il est responsable de la direction du département des investissements et participe activement au développement stratégique de l’entreprise. Bekim Laski est diplômé de l’Université des Sciences appliquées de Berne et il détient également la certification CFA.
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