Risk management

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    • Farhad Khalilnia
    • Fondateur et président-directeur général
    • Penta

La juridiction : le nouveau risque infrastructurel

Autrefois une préoccupation de niche, presque anecdotique, la juridiction s’avère désormais un facteur déterminant dans la stratégie d’infrastructure — et, dans ce domaine, certains pays ont bel et bien pris une longueur d’avance.

Nous l’admettons volontiers : avoir raison dans nos prédictions est habituellement gratifiant. Mais dans ce cas, nous aurions préféré nous tromper.

Lorsque nous évoquions, dès 2023, les défis que posaient les questions de confidentialité au gouvernement suisse, ce n’était pas un sujet de première page. Pourtant, cela aurait dû l’être, car nous mettions en lumière pourquoi les entreprises ne peuvent plus se permettre d’ignorer le rôle que joue la juridiction dans les infrastructures numériques.

Aujourd’hui, avec le retour en force des tensions commerciales entre les États-Unis et l’Europe, la question de la souveraineté — économique, technologique et juridique — revient avec une acuité douloureuse.

Dans les milieux technologiques, une idée fausse persiste : celle selon laquelle le stockage des données serait essentiellement une affaire technique. En réalité, chaque décision en matière d’infrastructure a des implications juridiques. Les câbles et les serveurs comptent, certes, mais les lois qui les régissent aussi.

Le CLOUD Act donne aux forces de l’ordre américaines un large accès aux données détenues par des entreprises américaines, peu importe où ces données sont physiquement stockées. Autrement dit, un fournisseur basé aux États-Unis peut être contraint de transmettre des informations clients hébergées sur des serveurs à Zurich, Genève ou ailleurs.

Sur le plan juridique, la souveraineté du lieu d’hébergement offre peu de protection si le fournisseur de services relève d’une juridiction étrangère. Cette tension entre frontières physiques et frontières juridiques est au cœur du débat actuel — un débat auquel bien des organisations ne se sont toujours pas pleinement confrontées.

2025 – Quand l’Abstrait Devient Urgent

Autrefois, dans un contexte plus prévisible, les entreprises pouvaient traiter l’exposition juridictionnelle comme un problème théorique. Mais les dernières années ont rendu cette posture intenable. Conflits commerciaux, évolutions réglementaires et instabilité géopolitique ont révélé la fragilité de nos systèmes mondiaux.

Aujourd’hui, ces risques ne sont plus théoriques. L’administration Trump a déclaré une urgence nationale et imposé un tarif douanier généralisé de 10 % sur toutes les importations. Des tarifs supplémentaires, ciblant les pays à fort excédent commercial, incluent une hausse de 20 % sur les importations européennes.

Pour les entreprises européennes, les implications dépassent largement la sphère économique. Pressions politiques, incertitudes juridiques et complexités réglementaires réapparaissent dans les discussions de direction. Et dans ce contexte, s’appuyer sur des fournisseurs cloud américains devient un point de vulnérabilité, même si cela paraissait autrefois un atout.

Le chiffrement n’est pas une immunité

Certaines entreprises tentent de répondre à ces risques par le chiffrement, ou via l’hébergement régional de données au sein des réseaux de fournisseurs globaux. Ce sont des mesures utiles, mais elles ne règlent pas le problème fondamental : la juridiction suit la propriété.

Microsoft, par exemple, propose des fonctionnalités de chiffrement avancées qui limitent l’accès aux données, même en interne. Mais même un géant comme Microsoft reste soumis à un cadre juridique qui l’oblige à respecter la loi américaine. Le chiffrement peut ralentir ou compliquer les demandes d’accès, mais il ne peut les annuler — et ne le pourra jamais.

La seule vraie protection contre l’exposition juridique étrangère réside donc dans une indépendance structurelle : choisir une infrastructure non seulement hébergée localement, mais également détenue et exploitée sous juridiction locale.

La stabilité et l’autodétermination suisses

L’approche suisse repose sur un alignement délibéré entre valeurs, lois et stratégie à long terme. Une quête de clarté juridique, de neutralité politique et de prévoyance réglementaire — non pas seulement en période de crise, mais de façon structurelle.

L’identité suisse de Penta reflète cet alignement avec les principes nationaux — clarté légale, anticipation réglementaire, et neutralité. Ces valeurs sont inscrites dans notre fonctionnement, influençant la conception, la livraison et la défense de nos infrastructures. Nos systèmes, nos collaborateurs et nos contrats de service évoluent tous dans le cadre juridique suisse. Résultat : une prévisibilité précieuse dans un monde de plus en plus incertain.

La Suisse n’est pas à l’abri des pressions mondiales — aucun pays ne l’est — mais son environnement réglementaire protège la vie privée, maintient la neutralité et résiste aux pressions extraterritoriales dans un esprit aligné avec les intérêts de nos clients.

Là où d’autres ont choisi la facilité, nous avons opté pour une conception réfléchie — et cela ne changera pas.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Nos clients savent où sont leurs données, qui y a accès et quelles lois s’appliquent. Cette clarté est devenue un atout compétitif majeur en période d’incertitude.

Construire l’avenir

Quel que soit l’avenir, les organisations qui intègrent la résilience juridique dans leurs choix d’infrastructure seront mieux armées pour s’adapter.

Les actualités évolueront, les tarifs douaniers fluctueront — mais les besoins en clarté, en continuité et en contrôle resteront constants.

C’est pour cela que nous avons construit Penta ainsi. C’est la raison pour laquelle, lorsque le monde changera à nouveau (et il le fera), nous n’aurons pas à courir derrière. Et nos clients non plus.

Oui, nous avions dit que cela arriverait. Nous aurions préféré nous tromper. Mais nous avions raison — et cela n’a jamais été aussi important.

Il est temps d’explorer ce que signifie une véritable souveraineté. Parlons-en.

 

Retour en arrière : le CLOUD Act (ou l’affaire de stupéfiants que les États-Unis ne pouvaient pas se permettre de perdre)

  • En 2013, les procureurs américains ont exigé l’accès à des emails Hotmail liés à un vaste réseau de trafic de drogue.
  • Mais ces données ne se trouvaient pas aux États-Unis. Elles étaient stockées dans un centre de données Microsoft en Irlande.
  • Microsoft a refusé, arguant que les lois américaines s’arrêtent aux frontières.
  • L’affaire est montée jusqu’à la Cour suprême, avec une couverture médiatique internationale.
  • Juste avant le verdict, le Congrès américain est intervenu et a adopté le CLOUD Act.
  • Cette nouvelle loi accorde aux autorités américaines un droit d’accès aux données détenues par toute entreprise technologique américaine — même si ces données sont stockées à l’étranger.

Conclusion ? Si votre fournisseur est américain, vos données sont exposées… où qu’elles soient hébergées.

 

Farhad Khalilnia

Penta

Farhad Khalilnia est le fondateur et PDG de Penta, un fournisseur suisse de cloud privé créé en 1996. Avec plus de 30 ans d’expérience dans les services informatiques, il est l’un des pionniers de l’infrastructure informatique sur serveur pour les entreprises financières en Suisse. Farhad Khalilnia est diplômé de Syracuse University.

Plus d’informations : www.penta.ch

 

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    Indices

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    • Eric Bissonnier
    • CEO
    • Performance Watcher

    Indices PWI+ Avril – avis de tempête sur les marchés

    Le mois d’avril a été marqué par une grande incertitude concernant la politique commerciale des États-Unis, ce qui a provoqué une forte volatilité dans toutes les classes d’actifs. Dans les portefeuilles low risk, en CHF le budget risque s’élève à plus de 12% !

    L’annonce inattendue par le président Trump de droits de douane punitifs de grande ampleur a entraîné une forte baisse des actions mondiales et fait grimper le VIX à son niveau le plus élevé depuis la pandémie. Toutefois, des revirements partiels, tels qu’un report de 90 jours de certains droits de douane et un assouplissement du ton de l’administration américaine, en particulier à l’égard de la Chine, ont favorisé une reprise des actifs à risque vers la fin du mois. Quoiqu’il en soi, les perspectives restent assombries par l’imprévisibilité persistante de la politique américaine et le risque de nouvelles tensions commerciales.

    Malgré tous les superlatifs utilisés pendant ce mois, un historien économique du futur se retournant sur les chiffres de performance ne verra pas grand-chose. Pour autant, l’impression de changement de paradigme économique mondial est sur toutes les lèvres, et conditionne discussions et décisions.

    Les marchés actions ont finis en légère baisse en devise locale (entre 0 et -1% sauf pour le Japon + 0.4%), ce qui cache bien sûr une volatilité extrême. De même les indices obligataires finissent en hausse alors que la tension sur les taux fut bien réelle, surtout aux Etats-Unis. C’est aux marchés obligataires qu’on attribue la pause annoncée dans l’application des droits de douanes punitifs, peut-être le contre-pouvoir le plus puissant qui ne sorte pas des urnes…

    Avec des performances en demi-teinte sur les actifs eux-mêmes, l’impact le plus important l’a finalement été sur les devises, avec un dollar en baisse de -5,5 % contre l’euro et -6,5 % contre le franc suisse. Cela explique largement les différences de performance visibles via les indices PWI+ entre devises de référence. Pour les portefeuilles de risque moyen, en avril, l’USD est à +0,5 %, l’EUR à -1,1 % et le CHF à -1,6 %, reflétant l’exposition en devises non couvertes des portefeuilles.

    Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance d’avoir des données journalières pour évaluer correctement le risque réalisé. Alors que la performance du mois ne représente clairement pas le chemin pris par les portefeuilles en avril – le CHF risque moyen était à -6% dans la première semaine- notre mesure de risque PWI+ montre bien ce qu’il s’est passé vraiment. Les volatilités réalisées se situent entre 18% et 20% annualisés (!) pour les portefeuilles risque moyen, profils équilibrés s’il en est. Jusqu’ici ces observations étaient entre 5% et 7%.

    Depuis le début de l’année, les performances sont généralement négatives, à l’exception notable du portefeuille USD risque faible, qui a bénéficié de marchés obligataires finalement peu affectés, et surtout de la baisse généralisée du dollar.

    Eric Bissonnier

    Performance Watcher

    Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis juin 2022. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.

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    Solutions Investissements

    • Samir Kerbage
    • Chief Investment Officer
    • Hashdex

     Bitcoin & stablecoins : le duo qui structure l’adoption institutionnelle

    Avril a été marqué par un retour brutal de la volatilité sur les marchés globaux, et les crypto-actifs n’y ont pas échappé. Le bitcoin est brièvement passé sous les 76 000 dollars à la suite des tensions liées à la nouvelle politique tarifaire annoncée après le “Jour de la Libération”. Mais en l’espace de quelques jours, il a effacé ses pertes, enregistrant un rebond de près de 25 %.

    Francesco Mandalà

    Le sursaut du bitcoin n’est pas un cas isolé. Les actifs numériques montrent, une fois de plus, leur capacité à rebondir rapidement face aux chocs macroéconomiques. L’indice Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), qui reflète la structure du marché crypto, a ainsi surperformé les principales classes d’actifs — actions, or — après plusieurs épisodes de stress : la crise bancaire américaine en 2023, le retournement du yen en 2024, et plus récemment le regain de tensions commerciales.

    Pourquoi cela ? Nous assistons à une convergence croissante entre le comportement des marchés, les avancées réglementaires et des cas d’usage concrets, qui renforcent la thèse d’investissement dans les crypto-actifs. Deux évolutions majeures méritent d’être soulignées. Premièrement, le bitcoin s’impose de plus en plus comme un actif de réserve de valeur, adoptant un comportement similaire à celui de “l’or numérique” dans les portefeuilles institutionnels.

    Deuxièmement, l’adoption rapide des stablecoins à l’échelle mondiale et la montée en puissance de la tokenisation renforcent l’intérêt des plateformes de smart contracts comme Ethereum et Solana, qui s’affirment comme la couche d’infrastructure d’un nouveau système financier. Ensemble, ces dynamiques accélèrent l’intégration des crypto actifs dans l’économie mondiale et ouvrent la voie à des opportunités d’investissement attractives sur le long terme.

    Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur

    La thèse d’investissement principale autour du bitcoin repose depuis longtemps sur sa rareté, sa décentralisation et sa résistance à la censure. Pourtant, pendant une grande partie de son histoire, il a été perçu davantage comme un actif spéculatif que comme une véritable réserve de valeur. Cette perception est en train d’évoluer, comme en témoigne la semaine dernière où le BTC a progressé en parallèle de l’or, tandis que les indices boursiers reculaient et que le dollar américain atteignait son plus bas niveau depuis trois ans.

    Trois évolutions majeures ont été déterminantes dans cette transformation du bitcoin en actif de réserve de valeur :

    1. Alignement avec l’environnement macroéconomique : Le bitcoin est de plus en plus considéré comme une couverture contre la dépréciation monétaire et l’instabilité macroéconomique de long terme. Alors que les économies développées peinent toujours à contenir les pressions inflationnistes et à assurer la soutenabilité de leur dette, les investisseurs réévaluent le rôle des actifs tangibles dans leurs portefeuilles. L’or a historiquement rempli cette fonction — mais le bitcoin, avec sa rareté vérifiable (une offre plafonnée à 21 millions d’unités), sa liquidité mondiale et sa portabilité, est de plus en plus perçu comme une alternative numérique crédible. Les corrélations observées lors de récents épisodes macroéconomiques renforcent cette perception. En 2023 et début 2024, le bitcoin a souvent évolué de concert avec l’or lors de tensions géopolitiques et de pics d’inflation, ce qui montre que les marchés commencent à le considérer comme un actif refuge plutôt que comme un actif purement spéculatif.
    2. Infrastructure institutionnelle et ETFs au comptant : Le lancement des ETFs bitcoin au comptant cotés aux États-Unis début 2024 a constitué un tournant décisif. Cette avancée a permis aux investisseurs d’accéder au bitcoin de manière simple, régulée et peu coûteuse, via les canaux financiers traditionnels. À mesure que les infrastructures de niveau institutionnel — conservation, exécution, conformité — continuent de se déployer, nous anticipons un renforcement de la corrélation du bitcoin avec les actifs refuges traditionnels, ce qui viendra consolider davantage sa position en tant que réserve de valeur.
    3. Indicateurs on-chain et détenteurs de long terme : Le signal peut-être le plus révélateur vient du comportement des détenteurs de bitcoin. Les données on-chain montrent qu’un pourcentage significatif de l’offre est désormais conservé par des investisseurs de long terme — des portefeuilles qui n’ont pas déplacé de fonds depuis plus d’un an. Ces détenteurs font preuve d’une faible sensibilité à la volatilité des prix, ce qui traduit une confiance croissante dans le bitcoin en tant qu’actif de long terme. Ce comportement contribue à stabiliser les prix et à limiter la pression vendeuse lors des phases de correction. Il est également cohérent avec les caractéristiques attendues d’un actif de réserve de valeur arrivé à maturité.

    Stablecoins, tokenisation et opportunités liées aux smart contracts

    Alors que le bitcoin s’impose progressivement comme l’équivalent numérique de l’or, la demande pour les stablecoins — des actifs numériques adossés à des monnaies fiduciaires, le plus souvent le dollar américain — ne cesse de croître. Depuis le début de 2023, les fonds monétaires tokenisés se développent rapidement, avec des institutions traditionnelles telles que BlackRock et UBS qui investissent déjà ce segment et collectent plusieurs milliards de dollars via leurs propres versions de “dollar tokens” porteurs de rendement. Ethereum, ses solutions de couche 2, ainsi que d’autres plateformes de smart contracts comme Solana et Avalanche, sont les infrastructures utilisées pour tokeniser des actifs du monde réel. Elles permettent d’exécuter des transactions de manière rapide, sécurisée et programmable, tout en offrant une composabilité qui ouvre la voie à de nouveaux cas d’usage.

    Les stablecoins adossés au dollar, notamment l’USDC et l’USDT, traitent désormais près de 3’000 milliards de dollars de volume de transaction par an — un chiffre supérieur aux volumes combinés de PayPal, Venmo et Western Union. Leur utilité est multiple : transferts internationaux, trading on-chain, paiements marchands, etc. La montée en puissance des stablecoins et de la tokenisation ne relève clairement plus du seul écosystème crypto. Les institutions financières et les fintechs les intègrent dans leurs produits, et plusieurs juridictions — de Singapour au Brésil en passant par les États-Unis — développent des cadres réglementaires pour accompagner cette adoption.

    Pourquoi est-ce important pour Ethereum et les autres plateformes de smart contracts ?

    1. Stablecoins et tokenisation alimentent l’activité sur les blockchains : Les stablecoins représentent aujourd’hui les applications les plus utilisées sur les blockchains publiques programmables. Ethereum reste la plateforme dominante pour l’émission et le règlement des transactions en stablecoins, tandis que ses concurrents enregistrent également une croissance soutenue depuis plusieurs années. Cette dynamique génère des frais sur ces réseaux, créant une demande structurelle pour leurs tokens natifs et incitant à la poursuite des investissements dans l’infrastructure. Cette activité économique renforce la thèse d’investissement dans des actifs comme l’ETH ou le SOL, perçus à la fois comme des “actifs générateurs de rendement” (via le staking) et comme le carburant nécessaire au fonctionnement computationnel des réseaux.
    2. Effets de réseau et ancrage des plateformes : Les plateformes de smart contracts bénéficient d’un fort engagement de la part des développeurs, d’outils technologiques matures, et d’un écosystème étendu comprenant portefeuilles, protocoles DeFi et solutions d’accès aux marchés. Les stablecoins et la tokenisation renforcent cet écosystème en rendant les blockchains plus accessibles et plus pertinentes sur le plan financier pour les utilisateurs du quotidien. À mesure qu’ils s’intègrent dans des produits financiers grand public — comptes d’épargne, néobanques, commerce transfrontalier — ils génèrent une demande continue pour les réseaux qui les soutiennent, consolidant ainsi leur rôle au cœur de l’infrastructure financière numérique.
    3. Modèles de monétisation des smart contracts : Le succès des stablecoins et la montée en puissance de la tokenisation donnent un aperçu des modèles économiques de demain. Les blockchains capables de traiter efficacement un volume élevé de transactions — tout en maintenant des frais faibles et une conformité réglementaire — capteront une part importante de la valeur créée. Cette évolution positionne les plateformes les plus performantes comme les futures infrastructures de paiement et de règlement du système financier mondial.

    Implications pour les investisseurs

    Ces deux récits — le bitcoin comme or numérique et les plateformes de smart contracts comme infrastructure financière — ne s’excluent pas mutuellement. Ils se complètent et représentent deux piliers de la thèse d’investissement en actifs numériques en pleine évolution. Pour les investisseurs de long terme, cela offre un cadre plus clair pour la construction de portefeuille :

    • Bitcoin : Une couverture macroéconomique et une réserve de valeur, jouant un rôle de plus en plus similaire à celui de l’or dans les portefeuilles diversifiés. Idéalement positionné pour bénéficier de l’incertitude macroéconomique et de l’adoption institutionnelle.
    • Plateformes de smart contracts : Actifs de croissance liés à l’expansion de l’activité économique on-chain, notamment l’utilisation des stablecoins, la tokenisation et la DeFi. Ces plateformes profiteront de l’utilisation des réseaux, des rendements du staking et de l’adoption de leur infrastructure.

    Comme toujours, des risques subsistent — de la fragmentation réglementaire à la concurrence entre réseaux. Mais contrairement aux cycles précédents, nous assistons désormais à une adoption réelle qui stimule la demande et l’intérêt des investisseurs. Le bitcoin et les plateformes de smart contracts ne sont plus de simples idées. Ce sont des systèmes fonctionnels, avec des cas d’usage éprouvés et une attractivité économique croissante.

    Chez Hashdex, nous pensons que les actifs numériques entrent dans une nouvelle phase — marquée moins par la spéculation que par une intégration mesurable dans l’économie mondiale. Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur, associé à la place centrale des smart contracts dans l’infrastructure des stablecoins et de la tokenisation, illustre clairement cette évolution.

    Nos stratégies d’investissement indicielle sont conçues pour capter cette dynamique. Le Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), suivi par nos produits phares, constitue aujourd’hui une boussole pertinente pour les investisseurs souhaitant s’exposer de manière structurée à l’écosystème crypto. Il s’agit d’un panier dynamique, révisé trimestriellement, qui reflète la structure réelle du marché — avec une pondération dominante pour le bitcoin (environ 78% au 10 avril), tout en intégrant les tokens principales plateformes de smart contracts (Ethereum, Solana, Cardano, Avalanche) et des actifs liés aux paiements comme Ripple, etc.

    Ce positionnement permet à l’indice de capter non seulement la thèse de réserve de valeur portée par le bitcoin, mais aussi les opportunités de croissance générées par l’adoption des stablecoins et la tokenisation. Le NCI™ est conçu pour évoluer avec le marché et pour capter les gagnants de demain, dès aujourd’hui. Il offre ainsi une exposition diversifiée, rigoureuse et représentative à un univers encore jeune, mais déjà structuré.

    En s’appuyant sur des règles transparentes, une méthodologie rigoureuse et une couverture de large de la capitalisation du marché des actifs numériques, le Nasdaq Crypto Index™ constitue une passerelle efficace entre les marchés traditionnels et les nouvelles frontières de la finance. Il s’agit, selon nous, de la meilleure manière d’aborder cette classe d’actifs avec discipline, discernement et vision stratégique.

    Samir Kerbage

    Hashdex

    Samir Kerbage est le Chief Investment Officer de Hashdex. Pendant près de dix ans, il a travaillé à la construction d’infrastructures pour les marchés financiers. Il a contribué par exemple à des projets majeurs tels que l’ATS Brasil chez Americas Trading Group et le lancement d’une entreprise de trading à haute fréquence. Samir Kerbage, est diplômé en génie informatique de l’Instituto Militar de Engenharia, au Brésil.

    Boomerang

    Solutions Investissement

      • Anthony Bailly
      • Responsable de la gestion actions européennes
      • Rothschild & Co Asset Management

    Les marchés européens, premiers bénéficiaires de la politique de Donald Trump

    Au fil du trimestre, les atermoiements de la nouvelle administration Trump ont pesé sur le moral des consommateurs et des entreprises américaines. Les dernières décisions sur les tarifs douaniers ont accentué ces craintes, conduisant les observateurs à s’interroger sur une possible récession aux États-Unis.

    Quel revirement de situation par rapport au consensus de début d’année qui misait tout sur l‘exceptionnalisme américain que rien ne pouvait arrêter ! Si l’annonce d’une suspension de 90 jours de la mise en place des tarifs douaniers par le président Trump a permis de lever les craintes de récession à court terme, les allers-retours et les annonces contradictoires ont créé une forte instabilité qui pèse sur les perspectives de croissance et sur l’évolution de l’inflation. Pour l’instant, si les « hard datas » semblent résister, les indicateurs avancés et les indices de confiance pointent vers un ralentissement de l’activité. Le caractère inflationniste des mesures annoncées ne permet pas à la Fed d’envisager des baisses de taux, alors même que les anticipations d’inflation sont en hausse.

    La situation en Europe est différente. Si la croissance reste molle, les PMI se redressent pour leur composante industrielle, laissant entrevoir que l’on a touché un point bas sans revenir pour autant en territoire d’expansion. L’inflation confirme sa décrue à 2,6 %, et a permis à la BCE de réaliser deux baisses de taux depuis le début de l’année. À noter, il est désormais perceptible que l’instabilité politique et économique a changé de camp. Alors que les élections allemandes et la situation politique française avaient pesé sur les indices européens, les craintes de perte du soutien militaire américain combinées à la guerre commerciale lancée par la nouvelle administration ont conduit l’Europe, comme souvent lorsqu’elle se retrouve dos au mur, à réagir. Les pays du Vieux Continent ont resserré leurs liens et donné une réponse d’unité matérialisée par une volonté de s’affranchir de la tutelle américaine en matière de défense. L’Union européenne s’est lancée dans un vaste plan pour remilitariser la zone, et le nouveau chancelier allemand a proposé d’utiliser ses marges de manœuvre pour faire sauter le verrou budgétaire en engageant un plan de relance des infrastructures allemandes en plus de dépenses militaires significatives.

    Avant les annonces tarifaires américaines, la situation semblait se stabiliser en Chine avec des données d’activité qui se redressaient, à l’image de la production industrielle, affichant en mars une forte croissance de 5,9 % depuis le début de l’année en glissement annuel (y/y) et des ventes au détail en hausse de 4,0 % y/y sur la même période. Le coup porté par l’escalade des droits de douanes réciproques avec les États-Unis va cependant impacter l’objectif de croissance annuel de 5 %. Le gouvernement chinois pourrait toutefois lancer à son tour un vaste programme de relance afin de stimuler la croissance interne et libérer le stock d’épargne accumulé par les ménages chinois afin de limiter les effets négatifs de la guerre commerciale.

    Les marchés actions européens surperforment leurs homologues américains

    Dans ce contexte, les marchés européens affichent malgré tout une performance positive sur le premier trimestre. L’Eurostoxx (dividendes réinvestis) est en hausse de 7,7 % quand le STOXX Europe 600 affiche une progression de 5,9 %, bénéficiant dans une moindre mesure des annonces allemandes. Les secteurs domestiques européens ont principalement tiré les indices, à l’image des banques, de l’assurance et des télécommunications alors que les secteurs cycliques avec une exposition internationale souffraient, comme les loisirs voyages, les médias, la distribution ou les biens de consommation. La technologie en Europe résistait avec un repli limité autour de 3 % malgré les craintes relatives aux impacts de la guerre commerciale et le « Deepseek moment » qui a fortement impacté le secteur aux États-Unis. Autre élément marquant dans l’évolution des indices européens, la surperformance marquée du style Value qui s’élève à 10,7 % par rapport au style Croissance.

    Mais sur ce premier trimestre, c’est essentiellement la surperformance des indices européens sur les indices américains qui retiendra l’attention : le S&P 500 est en repli de 8,4 % sur la période et le Nasdaq de 14,1 % ! Pourtant cette surperformance s’inscrit dans le temps. Peu d’investisseurs ont en tête que sur trois ans, en euro, l’Eurostoxx surperforme le S&P 500, ou que le secteur bancaire en Zone euro affiche une performance trois fois supérieure à celle des « Magnificent 7 » sur la période. Et cette dynamique pourrait se poursuivre, comme en témoigne le retour des flux vers l’Europe qui s’amorce, reflet du rééquilibrage des allocations. En effet, depuis le début de l’année, le billet vert est directement impacté, comme l’ensemble des « Trump trades », et il devient de plus en plus difficile de justifier les niveaux de valorisations, proches des points hauts historiques sur le S&P 500, dans un environnement de plus en plus incertain qui impacte notamment la confiance du consommateur américain. Par ailleurs, la baisse des marchés pèse également sur l’effet richesse, à laquelle s’ajoute l’inquiétude vis-vis du caractère inflationniste des taxes douanières annoncées.

    Il est d’ailleurs intéressant de noter que la surperformance de l’Europe en relatif aux marchés américains depuis le début de l’année demeure, même dans la phase de baisse des marchés qui a fait suite au « Liberation Day ». Les marchés européens n’ont donc pas amplifié la chute des marchés américains. Plusieurs facteurs expliquent cette situation : la perte du statut « refuge » du dollar et la fin de l’exceptionnalisme américain, le stimulus allemand et le plan de remilitarisation qui devraient soutenir la croissance en Europe, la politique de la BCE perçue comme plus accommodante dans un environnement moins inflationniste qu’aux États-Unis et, enfin, des valorisations plus attractives en Europe à 12,2x en P/E (en dessous de leur médiane historique de 13,3x ) contre 18,6x outre-Atlantique (pour une médiane historique à 16x).

    Des espoirs en dépit de la guerre commerciale

    Pour la suite, nous restons convaincus que les annonces du plan de relance allemand d’infrastructure et le plan de remilitarisation européen restent des soutiens à moyen / long terme pour l’économie européenne. L’impact positif de ces mesures, qui avaient porté les secteurs cycliques et domestiques européens, a été totalement effacé par l’annonce des droits de douane. Même s’il est clair que les premiers éléments tangibles de ces dispositifs sur l’économie ne se feront sentir qu’après 2025, ils symbolisent un changement de politique budgétaire en Europe incarné principalement par la décision allemande, à rebours des États-Unis, où l’administration Trump se focalise sur la réduction du déficit.

    Reste, bien sûr, que l’incertitude à court terme, en lien avec les décisions annoncées sur les droits de douane, reste forte. La situation est difficile à anticiper, d’autant qu’elle dépend de la décision d’un seul homme. Donald Trump va-t-il maintenir sa posture, au risque d’entraîner les États-Unis et probablement l’économie mondiale en récession ? L’Eurostoxx a, en tout cas, effacé toutes les nouvelles positives de début d’année et commence à intégrer un ralentissement de l’activité. Les tarifs douaniers impacteront évidemment les partenaires commerciaux des États-Unis, mais l’Union européenne ne semble pas être une priorité pour Washington. Cette situation pourrait permettre à la croissance de la zone de se maintenir jusqu’à la mise en place du stimulus allemand. D’autres catalyseurs pourraient aider les marchés européens à plus court terme : la résolution du conflit Russo-Ukrainien relégué au second plan, ainsi qu’un plan de relance en Chine dont l’Europe serait le principal bénéficiaire indirect.

    Anthony Bailly 

    Rothschild & Co Asset Management

    Anthony Bailly débute sa carrière en audit financier et commissariat aux comptes dans la division moyennes et grandes entreprises dans les secteurs de la télécommunication et des médias chez Arthur Andersen puis chez Ernst & Young (2001 à 2007). Il a intégré Rothschild & Co Asset Management en février 2007 comme analyste financier sur les secteurs de l’automobile, des médias, des technologies et de la communication. En septembre 2016, il devient co-gérant des fonds actions grandes capitalisations pour la zone Euro/Europe. En 2020, il devient Gérant actions et membre du Comité d’Investissement au sein de Rothschild & Co Asset Management. En 2024, il devient Responsable de la Gestion Actions européennes de Rothschild and Co AM. Anthony est diplômé de Kedge Business School Option Finance et d’un DEUG en Sciences économiques de l’université Bordeaux IV.

     

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      Solutions Investissement

        • Hugo Rouast
        • Head of Advisory
        • Matis

        « Nous nous concentrons sur les 100 à 150 artistes les plus importants de l’après-guerre ».

        Matis, qui se lance sur le marché suisse, propose des co-investissements, sous forme d’obligations convertibles, dans des œuvres de majeures de grands artistes contemporains. Ce sont des noms emblématiques, qui ont profondément marqué l’histoire de l’art, avec une cote solide, bien établie, comme le précise ici Hugo Rouast.

        Par Jérôme Sicard

        Comment se positionne aujourd’hui Matis sur le marché de l’art ?

        Nous sommes une société d’investissement spécialisée dans l’art contemporain. Nous proposons à nos investisseurs de co-investir dans des œuvres majeures de grands artistes de l’après-guerre avec un ticket d’entrée à 20 000 euros, environ 19’000 francs.

        Le marché de l’art a cette particularité d’être très peu endetté — moins de 1 % La commercialisation des œuvres se fait essentiellement via les galeries ou les maisons de vente aux enchères. Lorsqu’une galerie choisit d’exposer un artiste, elle achète l’œuvre avec ses fonds propres. Selon les montants en jeu, cela peut représenter un effort de trésorerie très conséquent.

        C’est là qu’intervient Matis. Notre modèle repose sur le co-investissement. L’oeuvre est financée par plusieurs investisseurs et détenue par une société dédiée. Elle est ensuite « consignée », c’est-à-dire confiée à une galerie, non pas pour être stockée mais pour être exposée et mise en vente. L’avantage pour la galerie, c’est qu’elle n’a plus à mobiliser de capitaux pour acheter l’œuvre

        Les investisseurs, eux, souscrivent à des obligations convertibles adossées à une œuvre précise. Ils savent donc exactement dans quoi ils investissent. Notre sélection se concentre sur les 100 à 150 artistes les plus importants de l’après-guerre tels que Andy Warhol, Pablo Picasso, Pierre Soulages, Josef Albers ou Yves Klein.

        Quel est votre track record à ce jour ?

        Matis a été créé en 2023. En avril, nous avons dépassé les 50 millions d’euros de collecte, avec lesquels nous avons procédé à l’acquisition de 52 œuvres dont 10 ont déjà été revendues.

        Comment approchez-vous ce marché de l’art contemporain en tant qu’acheteur ?
        Il y a plusieurs façons d’investir dans l’art. Certains choisissent de se concentrer sur un ou sur des artistes émergents, en espérant trouver la perle rare. C’est une approche tout à fait légitime, mais ce n’est pas notre métier. Et surtout, ce n’est pas un risque que nous souhaitons faire porter à nos clients.

        Notre approche consiste à travailler sur des artistes qui ont déjà une cote solide — stable, voire en légère progression. L’objectif, c’est de générer de la valeur non pas en spéculant sur leur succès futur, mais en battant le marché à l’acquisition

        Ces opportunités se présentent régulièrement. Il y a un parallèle à établir avec le marché de l’immobilier, où les propriétaires sont parfois obligés de céder un objet rapidement pour des besoins de liquidité. C’est là que Matis intervient. Nous sommes capables de nous positionner très rapidement Cette réactivité nous permet d’accéder à des opportunités que d’autres acteurs ne peuvent pas saisir.

        Comment se passe la sélection des œuvres?

        Nous nous focalisons d’abord sur l’art contemporain, tout simplement parce que c’est le segment le plus dynamique du marché. Il représente aujourd’hui plus de 50 % des transactions, qu’il s’agisse de ventes aux enchères ou de ventes privées.

        Nous avons parfois une image très élitiste du marché de l’art, mais la réalité est différente. Environ 93 % des œuvres échangées se vendent à moins de 50’000 dollars.

        En revanche, le véritable potentiel de valorisation se situe dans une autre tranche : celle des œuvres estimées entre 500’000 et 5 millions de dollars. Ce segment-là — qui ne représente qu’environ 1 % du volume des transactions — concentre plus de la moitié des montants négociés sur le marché. C’est précisément là que nous nous positionnons, sur des œuvres iconiques d’artistes emblématiques, avec une vraie profondeur de marché et un réel potentiel de revente.

        Combien d’artistes suivez-vous sur vos radars ?

        L’indice Artprice 100, qui regroupe les cent artistes les plus échangés sur le marché, est une base assez représentative. Et si on élargit un peu, nous suivons de près une sélection d’environ 150 artistes. Nous nous intéressons surtout à des noms qui ont profondément marqué l’histoire de l’art.

        Un critère clé pour nous est leur présence dans les musées. Elle confère une forme de reconnaissance institutionnelle, qui renforce la stabilité de la cote dans le temps. À l’inverse, nous pouvons prendre l’exemple d’artistes extrêmement populaires, dont certaines œuvres atteignent des montants très élevés. Pourtant, nous ne les intégrons pas à notre univers d’investissement. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas ou peu présents dans les musées. Leur cote pourrait donc être plus vulnérable, notamment en cas de retournement de marché.

        Pourquoi le choix des obligations convertibles pour vos co-investissements ?

        Ce choix repose sur deux critères essentiels qui sont la fiscalité et la sécurité. Le choix des obligations convertibles permet de ne pas alourdir l’investissement avec la charge fiscale de la double imposition au niveau de la société qui détient l’œuvre. Or, notre opération est avant tout financière : elle vise à dégager un rendement substantiel pour l’investisseur, ce qui s’avère plus efficient avec des obligations convertibles.

        Et comme leur nom l’indique, ces obligations peuvent aussi se transformer en actions. Si, au bout de cinq ans, l’œuvre n’a pas été vendue, les investisseurs deviennent automatiquement copropriétaires de l’œuvre, au prorata de leur investissement. Ils ont alors la liberté de décider de la suite : conserver l’œuvre ou la mettre en vente — probablement via une maison d’enchères dans ce scénario. La véritable sécurité pour l’investisseur, c’est l’œuvre elle-même. Elle constitue le collatéral.

        Quels sont les rendements obtenus sur les opérations que vous avez menées jusqu’à présent?

         Nous avons opéré la cession de 10 œuvres sur les 52 acquisitions effectuées. La plus value moyenne s’est  élevée à 16,5 % nette de frais, avec une durée de détention moyenne d’un peu moins de huit mois. Nous arrivons donc à un TRI de 54.4 %. Le chiffre peut sembler impressionnant, mais il n’est pas dû au prix auquel nous avons revendu l’œuvre. C’est la rapidité avec laquelle nous avons trouvé l’acquéreur qui rend ce TRI aussi élevé. Notre force réside précisément là, dans notre vitesse d’exécution.

        Avant même d’acheter une œuvre, nous avons effectué un énorme travail d’anticipation. L’idée, ce n’est vraiment pas d’acheter pour conserver, mais d’acquérir uniquement ce que nous pensons pouvoir revendre dans un délai cible de deux à cinq ans. C’est ce qui nous a permis, par exemple, de revendre récemment une œuvre de Josef Albers en moins de cinq mois.

        Hugo Rouast

        Matis

        Chez Matis, Hugo Rouast occupe les fonctions de Head of Advisory pour le marché suisse, l’un des principaux axes de développement de la société. Hugo possède plus de dix ans d’expérience dans les domaines de la gestion d’actifs et des relations investisseurs. Il a  initié et développé plusieurs opportunités de co-investissement alternatif en Suisse, et il a également renforcé avec succès des équipes de relations investisseurs à Genève et à Zurich, notamment chez Foxstone. Hugo Rouast est diplômé de l’ecole Supérieure de Commerce de Clermont-Ferrand.

         

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