Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
Yoann Ignatiew et Emmanuel Petit, associés-gérants chez Rothschild & Co Asset Management, sont à Genève le jeudi 28 novembre pour présenter leurs perspectives 2025 sur les marchés actions et fixed income. L’opportunité, en avant-première, de revenir avec Emmanuel Petit sur l’évolution du segment obligataire en 2024, alors que l’année touche à sa fin.
Par Jérôme Sicard
Que faut-il retenir de l’année qui s’achève en matière de gestion obligataire?
J’ai trouvé que c’était une année intéressante, notamment dans la façon dont les gens perçoivent l’environnement. Le sentiment général est que les taux ont baissé, mais il ne s’agit en réalité que des taux courts. Les taux longs sont eux en hausse. La forte baisse a eu lieu en fin d’année dernière. Mais en 2024, nous avons surtout assisté à une pentification des courbes, par une hausse des taux longs, ce que l’on appelle dans notre jargon un bear steepening. A ce stade du cycle, ce mouvement de pentification des courbes est assez normal. Cependant, cette baisse des taux est un boost que les banques centrales remettent dans l’économie avant que les chiffres d’inflation structurelle ne soient retournés à la cible des 2%. C’est donc un vrai pari qu’elles prennent et l’année 2024 peut se résumer dans cette volatilité des anticipations de marché sur le rythme de baisse des taux directeurs.
Il faut retenir aussi la désynchronisation du cycle monétaire japonais qui a amorcé son cycle de resserrement monétaire, alors que son inflation retrouvait de la vigueur, bien après le mouvement que l’on a connu dans les pays occidentaux.Je pense d’ailleurs que nous allons voir ce même phénomène de désynchronisation prendre forme entre les Etats-Unis et le reste du monde, suite à l’élection de Donald Trump.
Je terminerais par le crédit où se produit un véritable changement de paradigme avec l’écrasement des spreads entre dette corporate et dette souveraine. Ce spread a énormément baissé, redéfinissant du même coup la qualité relative de ces deux segments. Si l’on analyse la convergence des taux souverains et des taux de swaps, ca peut s’interpréter comme une dégradation de la qualité de crédit de la dette souveraine, et non comme une appréciation de la qualité de crédit des émetteurs corporates. Mais aussi, alors que nous sommes dans un cycle de Quantitative tightening, une réduction de la liquidité capable d’absorber la dette souveraine émise.
Quelles en sont pour vous les implications à terme ?
Pour l’instant, ca reste une observation qui nous alerte cependant sur la hausse du risque sur la dette souveraine. Est-ce un point de bascule? C’est difficile de se prononcer.
Au cours des cinq dernières années, marquées par des bouleversements significatifs – covid, taux zéro, répression financière, lnflation galopante et tensions géopolitiques – dans quelle mesure avez-vous adapté vos stratégies d’investissement ?
Notre ADN de gérants actifs, flexibles, veut que nous puissions nous adapter à des conditions de marché très variées quitte à changer de logiciel assez régulièrement. Je prends deux exemples. En 2021, nous avions vraiment une vue fondamentale sur les taux, anticipant les possibles poussées inflationnistes qui suivraient le passage aux taux négatifs. Cette année, nous avons privilégié une approche plus tactique, et nous avons géré la pente en fonction des anticipations de marché par rapport aux baisses de la BCE. Nous avons donc pris un horizon court-termiste, en ligne finalement avec des données macro capables de fluctuer d’un mois sur l’autre, rendant les banques « data dependent », façon élégante de dire qu’elles naviguent sans beaucoup de visibilité.
Et j’ai un troisième exemple. Au moment du covid, il fallait être opportuniste. Et, au vu de la violence du choc, pouvoir se mettre en face du marché avec une rapidité une rapidité impressionnante. C’était d’une telle violence. La fenêtre s’est vite refermée avec l’intervention des banques centrales sont arrivées mais il y avait quand même des opportunités à saisir en se montrant très, très réactif. Pour cela, il faut que le pôle en charge de la gestion soit parfaitement organisé et c’est là en fait la caractéristique des gérants flexibles.
Pourriez-vous revenir sur la désynchronisation des Etats-Unis avec le reste du monde que vous avez évoqué tout à l’heure.
Un petit séisme vient de se produire avec l’élection de Trump qui s’est engagé à remettre du boost sur une économie déjà en pleine croissance. Le risque inflationniste ne peut plus être négligé. Les mesures protectionnistes qu’il veut appliquer vont pénaliser reste du monde. La Chine va souffrir en premier lieu, tout comme l’Europe à cette nuance près que l’Europe n’a pas les ressources de la Chine pour redresser son économie. Il y a de quoi s’inquiéter pour elle.
Cette désynchronisation des économies à l’échelle mondiale va s’accompagner d’une désynchronisation des cycles monétaires et des politiques de taux. Nous allons modifier notre axe d’analyse où, jusqu’à présent, toutes les banques centrales étaient plus ou moins alignées sur la locomotive américaine. Demain, cette corrélation risque de disparaitre. Les politiques monétaires peuvent se différencier en fonction des impacts macro-économiques de ces éventuels bouleversements.
Voilà sur le court terme. Sur le long terme, d’autres dangers apparaissent. La situation tient tant qu’il n’y a pas de craintes sur la soutenabilité de la dette US, sur son service. La règle est la suivante: pour qu’une dette soit soutenable, il faut que son coût soit inférieure au taux de croissance nominal du PIB. Mais si, Trump met en œuvre une relance budgétaire trop massive, les taux longs peuvent s’envoler et créer de facto un choc de marché.
A quoi vous attendez-vous aujourd’hui de la part des banques centrales ?
Suite à l’élection, les anticipations de mouvements de taux ont divergé entre les Etats-Unis et l’Europe. On a retiré ½ baisse de taux aux US et on en a ajouté ½ en Europe.
Dans le scénario évoqué précédemment, la Fed pourrait potentiellement maintenir son biais restrictif ; et même si c’est prématuré, et il faut l’avouer très contrariant, on ne peut pas exclure des hausses de taux l’an prochain.
En Europe au contraire, la BCE pourrait devoir adopter un biais accommodant plus rapidement si les impacts sur la croissance se matérialisent sur une économie déjà fragilisée.
En cela, l’élection de Donald Trump modifie nos repères.
Dans cet environnement compliqué, quelles options privilégiez-vous pour 2025 ?
Dans un contexte de taux aussi incertain, il devient difficile d’acheter de la duration. La visibilité n’est pas vraiment géniale. Il va falloir observer la corrélation des taux européens avec les taux américains et agir en fonction.
A cela, s’ajoute un risque macro qui pousse un peu plus à la prudence. Le crédit, qui se situe entre actions et dette souveraine, s’accommode assez bien de ces situations floues, de ces zones grises qui manquent singulièrement de dynamisme. En revanche, si la situation économique conduit à une hausse significative des taux de défaut, le crédit ne résistera pas.
Au regard des niveaux de valorisation, le coût d’opportunité à réduire son risque a de toute façon baissé. Nous privilégions donc les émetteurs de meilleure qualité, et peu cyclique.
Nous allons également nous concentrer sur les non cycliques car, en cas de récession, les cycliques vont traverser pas mal de turbulences.
Emmanuel Petit
Rothschild & Co Asset Management
Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).
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Pour les gérants indépendants, le private equity présente l’avantage de s’inscrire naturellement dans des stratégies d’investissement axées sur le long terme. Et, comme le remarque Alain Gallati, il s’agit d’une classe d’actifs qui reste complexe mais qui se veut de plus en plus accessible.
Par Jérôme Sicard
Ces dernières années, comment avez-vous vu évoluer les stratégies d’allocation chez les gérants avec lesquels vous travaillez?
Sur le plan stratégique, nous n’avons pas constaté de changement majeur. C’est d’autant plus compréhensible que les gérants construisent pour leurs clients des stratégies sur le long terme. En revanche, nous voyons les allocations private equity monter doucement mais sûrement dans les portefeuilles. Il y a là une tendance de fonds qui se dessine. Voilà encore quelques années, le private equity n’intéressait que les grands investisseurs institutionnels. Aujourd’hui, il prend de plus en plus d’importance dans les segments HNWI et UHNWI. D’autant plus de sens que ce sont des investissements axés eux aussi sur le long terme. En termes d’allocation, nous n’en sommes pas encore aux 5 à 10% des portefeuilles institutionnels, mais ça vient.
Comment expliquez-vous cet engouement pour les produits private equity ?
C’est d’abord un marché qui s’inscrit dans une dynamique très positive. Il a connu une forte croissance ces dix dernières années, si bien qu’il approche aujourd’hui les 6’000 milliards de dollars en volume. Certains cabinets spécialisés le voient même doubler encore d’ici à 2030. Il profite en effet d’importants changements structurels. Les entreprises privées, de mieux en mieux financées, restent privées plus longtemps et nous voyons en parallèle se réduire le nombre de sociétés cotées sur les marchés. La montée en puissance du private equity reflète bien évidemment cette tendance de fond.
Il est clair que les investissements en private equity sont moins flexibles. Les capitaux sont immobilisés sur plusieurs années, mais la classe dans son ensemble devient plus facile d’accès, année après année, et l’émergence d’un marché secondaire en améliore aussi la liquidité.
Quelles difficultés les gérants indépendants rencontrent -ils dans la construction et la gestion de leur poche private equity ?
La première difficulté consiste à disposer de toutes les informations nécessaires pour identifier les meilleurs gestionnaires. C’est un exercice délicat. Comme dans l’univers des hedge funds, il peut y avoir d’importants écarts de performance d’un gérant à l’autre, pour des stratégies comparables. La deuxième difficulté est d’avoir un réseau suffisamment étendu pour avoir accès à ces gestionnaires, souvent peu enclins à intégrer de nouveaux investisseurs, leur carnet étant déjà bien fourni. Troisième difficulté: pouvoir libérer assez de capitaux pour franchir des minima parfois très élevés. Enfin, il est essentiel de maintenir une veille constante sur le marché pour en suivre l’évolution et repérer les talents qui émergent, porteurs d’idées fraîches et innovantes, qui pourraient représenter de précieuses opportunités. Un book private equity, il faut aussi savoir le faire vivre.
Vous-même, comment accompagnez-vous les gérants indépendants dans le domaine du private equity ?
Nous les faisons d’abord bénéficier de l’immense expérience acquise par le groupe en plus de 30 ans. Le premier investissement en private equity réalisé par Pictet remonte à 1989. Depuis, pour ne prendre que cet exemple, nous avons participé à plus de 400 investissements et plus de 90 relations actives avec des gestionnaires de fonds privés externes. Nous avons des équipes exclusivement dédiées à cette classe. Pictet gère actuellement plus de 25 milliards de dollars d’actifs dans le segment du private equity. Nous avons par ailleurs su développer une solide expertise sur différentes thématiques.
Les gérants avec lesquels nous travaillons ont bien sûr accès à nos fonds – nous en avons huit aujourd’hui ouverts à la souscription, dans les domaines du private debt, du private equity et du private real estate – mais ce que nos clients apprécient le plus, ce sont notre expertise et notre partenariat.
Dans l’offre Pictet, quels éléments peuvent leur sembler les plus attrayants ?
Notre maîtrise du private equity sous toutes les formes qu’il peut prendre : fonds buy-out, fonds de fonds, fonds thématiques, co-investissements au travers des millésimes multigestionnaires, fonds « elevators » où les capitaux sont investis par étapes. Nous couvrons tout ce spectre.
Nos seuils minimums sont de 140’000 francs. Ils suffisent aujourd’hui pour investir dans l’un de nos fonds. A l’opposé, nous sommes aussi capables de structurer des solutions personnalisées pour des investissements de grands volumes et des clients stratégiques.
Alain Gallati
Pictet Asset Services
Basé à Zurich, Alain Gallati est responsable du marché alémanique pour Pictet Asset Services. Il a rejoint le groupe Pictet en 2019 après avoir travaillé pendant 25 ans pour UBS, où il a occupé différentes fonctions dans les domaines de la banque d’investissement et de la banque privée, en Asie et en Suisse. Avant d’intégrer Pictet, il était responsable des intermédiaires financiers pour la Suisse alémanique chez UBS.
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L’élection de Donald Trump, bien décidé à faire des Etats-Unis, une « superpuissance mondiale du Bitcoin, » a cristallisé la demande sur le marché des cryptomonnaies. Sa volonté d’ancrer le bitcoin dans le modèle économique américain pourrait d’ailleurs initier des changements structurels plus profonds.
.La capitalisation boursière du Bitcoin a dépassé les 1’700 milliards de dollars. Les volumes d’échanges pour les ETFs Bitcoin atteignent des niveaux records. Celui de BlackRock, l’IBIT lancé en début d’année, a dépassé en termes d’actifs nets l’ETF Gold, l’IAU, lancé en 2005. Avec un cours du bitcoin avoisinant les 89’000 dollars, les actifs d’IBIT atteigne désormais les 34,3 milliards de dollars, contre 32,4 milliards pour l’IAU. Une telle demande sur le bitcoin et les cryptos mérite quelques explications.
Ce rallye est en partie dû à quelques promesses subtiles mais révolutionnaires formulées par Donald Trump. Ces engagements, couplés aux changements politiques attendus, ont créé un sentiment haussier sur les marchés de la crypto, positionnant le Bitcoin pour un possible rallye de fin d’année. Trump a une vision : élever les États-Unis au rang de « superpuissance mondiale du Bitcoin ». Ses propositions pourraient avoir un impact profond sur la valeur du Bitcoin, avec des analystes qui estiment son potentiel à 150’000 dollars, voire plus, d’ici 2025. Mais est-ce réaliste ?
Une phrase résume les ambitions de Trump : « Crypto Made in America. » Son objectif est de s’assurer que les États-Unis deviennent un leader incontesté dans le domaine de la technologie financière, avec le Bitcoin au centre de toutes les attentions. Il affirme que ce projet pourrait non seulement propulser le bitcoin à de nouveaux sommets, mais aussi ouvrir la voie à des entreprises émergentes basées sur la technologie blockchain et valorisées à des milliards de dollars.
De plus, en créant une “Strategic Bitcoin Reserve”, Trump envisage un système de réserve avec le Bitcoin, offrant une alternative radicale au modèle de réserve basé sur la monnaie fiat. La sénatrice Cynthia Lummis a proposé un projet de loi pour que le gouvernement américain achète 200’000 Bitcoins par an sur une période de cinq ans, soit un million de BTC au total. Bien qu’une telle réserve nécessite une législation particulière et pourrait ne pas voir le jour avant 2025, comme le souligne Gautam Chhugani, analyste senior en actifs numériques chez Bernstein « la direction vers laquelle nous nous dirigeons, avec le bitcoin devenant un actif de trésorerie détenu par des entreprises, des gouvernements et des institutions, nous semble évidente ».
Cette approche introduirait un changement de paradigme dans le système monétaire américain, caractérisé par une dette en perpétuelle hausse et des dépenses publiques toujours plus lourdes.
L’élection présidentielle a bien eu un effectif cristallisateur sur les marchés. En effet, le rallye des cryptomonnaies et des actions associées appartient à ce que l’on nomme maintenant le « Trump Trade » post-élection. Parmi les actions individuelles, Tesla a connu un redressement spectaculaire, en grande partie grâce à l’amitié qui s’est forgée récemment entre Elon Musk et Donald Trump. Tesla a augmenté de plus de 40 % depuis le début de l’année. Le cours de MicroStrategy, étroitement lié aux performances du bitcoin, atteint à nouveau des sommets record.
Depuis la victoire électorale de Trump, la capitalisation du marché crypto a retrouvé ses plus hauts. Le Dogecoin se démarque avec un bond impressionnant de 109 % sur la dernière semaine. Sur la même période, l’Ether a augmenté de près de 40 %, même s’il reste loin de ses plus hauts historiques. Pour sa part, Solana, également en hausse de 40 %, se rapproche rapidement de son pic de 2021 et rejoint le club des valorisations à plus de 100 milliards de dollars
Alors que les États-Unis se trouvent dans une situation financière précaire, avec une dette nationale qui gonfle et des paiements d’intérêts annuels dépassant les 1’000 milliards de dollars, Trump voit dans le Bitcoin une issue possible. Il soutient que le Bitcoin pourrait servir de couverture contre l’inflation, d’actif de réserve alternatif, et d’instrument pour redresser la trajectoire de la dette américaine. En cela, il s’accorde avec ces titans de Wall Street que sont Larry Fink CEO de BlackRock, le mythique Stanley Druckenmiller ou le renommé Paul Tudor Jones pour n ‘en citer que quelque-uns. Tous voient dans le Bitcoin comme un substitut moderne à l’or, avec un véritable potentiel pour protéger les portefeuilles contre l’inflation.
Les promesses de Trump, bien qu’audacieuses, traduisent une reconnaissance croissante du potentiel du Bitcoin pour remodeler les dynamiques financières mondiales. Le monde observe. Alors que l’Amérique envisage ses prochaines étapes sur ce chemin, la valeur du Bitcoin pourrait bientôt refléter non seulement le sentiment du marché, mais aussi un changement plus profond dans notre perception de la monnaie, du pouvoir et de la richesse. Si les plans de Trump se réalisent, nous pourrions être à l’aube d’un moment historique où l’ascension du Bitcoin redéfinit non seulement le marché des cryptomonnaies, mais aussi l’avenir de la finance mondiale.
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Les PMS Next Gen promettent des avancées majeures dans les années à venir, notamment grâce à l’IA. Cependant, selon Pierre Dupont, des changements plus profonds sont à prévoir dans la manière dont les gérants indépendants utilisent cet outil, qu’ils exploitent aujourd’hui bien en deçà de son potentiel.
Par Jérôme Sicard
En quoi les PMS de demain vont-ils radicalement changer par rapport à ce qu’ils proposent aujourd’hui ?
Je ne crois pas à un changement radical, mais plutôt à une évolution mesurée. Après bientôt deux ans d’existence, la LSFin a généré plus de coûts que de revenus supplémentaires pour les gérants indépendants. La gestion de ces coûts devient pour eux une priorité et, dans ce contexte, il va leur permettre d’assumer plus facilement un nombre grandissant de tâches et de besoins.
De mon point de vue, le PMS devra couvrir 90% des besoins des gérants. Le changement radical, ce sera plutôt dans la façon dont ils exploitent leur PMS. Aujourd’hui, ils sont souvent loin d’en utiliser la profondeur fonctionnelle.
Qu’est-ce que les gérants pourront faire demain avec un PMS qu’ils ne peuvent pas faire aujourd’hui?
En fait, ils pourraient déjà s’en servir beaucoup plus aujourd’hui. Très souvent, ils se contentent de l’utiliser comme un iPhone, à 10-20% de ses capacités maximales. Les gérants assument encore beaucoup de tâches manuellement, alors qu’ils devraient les déléguer au PMS. Je prends un exemple. Je gère un compte à l’étranger dans une banque qui n’est pas la filiale d’une banque suisse, et je dois facturer le timbre. Aujourd’hui, les gérants le calculent manuellement alors que le PMS s’en charge automatiquement. Des exemples de ce genre, j’en ai malheureusement plein d’autres…
J’insiste également sur cette règle des 90-10. Il est crucial aujourd’hui pour les éditeurs PMS de se positionner en sachant définir ce qui est leur cœur de métier. Ce qui ne l’est pas, les clients devront l’intégrer dans leur PMS de la manière la plus fluide possible sous forme d’API.
Quel type d’APIs les gérants indépendants peuvent-ils – ou doivent-ils – justement être amenés à utiliser pour optimiser leur gestion de portefeuille ?
Les API concernent toutes sortes de données, entrantes et sortantes. La qualité de la donnée entrante va énormément s’améliorer. En guise de rappel, sur nos cinquante collaborateurs, nous en avons dix qui travaillent à plein temps sur la réconciliation des données reçues des banques. Etonnamment, c’est encore une réalité en 2024. Dans les APIs qui portent sur les données entrantes, nous allons voir également d’énormes progrès grâce à l’IA sur certains actifs listés et non listés, aujourd’hui encore traités manuellement.
Mais pour moi, les évolutions majeures des APIs seront liées aux données sortantes. La LSFin oblige désormais les gérants à effectuer des pre trade checks, en rentrant leurs ordres dans le PMS pour différents contrôles avant exécution. Or, je doute que le gérant ait envie de rentrer ses ordres une seconde fois dans une autre plateforme.
Enfin, le PMS de demain devra être en mesure d’organiser et de distribuer les données Customer Lifecycle Management. Il faudra qu’il adresse aux banques dans un nombre d’itérations le plus petit possible, les informations nécessaires aux efforts de due diligence sur tout type de compte. Ce sera une nouvelle dimension fondamentale dans les PMS de la prochaine génération.
Comment les PMS doivent-ils être repensés, reconfigurés pour intégrer ces APIs ?
On revient à la question initiale. Le PMS de demain aura forcément une approche all-in pour couvrir 90% des besoins des gérants. Il aura aussi une approche en architecture ouverte pour intégrer toutes les API imaginables qui assureront les 10% restants, comme par exemple des systèmes spécifiques de reporting ou de stress tests.
Sans API, un PMS va vite devenir obsolète car, au final, la vocation d’un PMS est de couvrir 100% des besoins du gérant, d’une manière ou d’une autre, avec beaucoup de flexibilité pour tout ce qui n’est pas propre au cœur de métier du PMS. Les logiciels de name checking illustrent parfaitement ce point. Il n’y a aucun intérêt pour un éditeur PMS à développer ce type d’application alors qu’il est tellement plus facile de se tourner vers des fintechs spécialisées.
Quelle place va prendre l’IA dans les PMS NextGen ?
Elle va d’abord permettre d’optimiser la qualité de la donnée, principalement entrante, de la part des banques dépositaires. Sur un plan plus général, l’IA va venir enrichir un ensemble de données entrantes et sortantes qui, au bout du compte, diminuera le travail manuel associé à la réconciliation de données.
L’IA pourra aussi jouer un rôle très important dans le narratif qui accompagnera le reporting, selon les évènements macroéconomiques qui se sont déroulés lors de la période d’investigation.
Et demain, grâce à l’IA, il sera possible de parler à son PMS comme on parle aujourd’hui à Siri avec son iPhone…
Pierre Dupont
WIZE by Teamwork
Pierre est managing partner chez Wize by TeamWork, une solution « all-in-one » axée Wealth & Asset Management. Son expertise porte autant sur les plateformes IT que sur les opérations bancaires. Avant de rejoindre Wize, il a en effet dirigé le développement commercial des services de Global Custody et Reporting de la banque Lombard Odier et il a occupé pendant 10 ans les fonctions de Private Banking Client Executive chez IBM Genève. Son rôle tout au long de sa carrière a été de comprendre les difficultés opérationnelles des clients, de les traduire aux experts capables de les résoudre et de définir le bon niveau d’attentes des deux côtés.
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La gestion des données – leur collecte et leur exploitation – prend de plus en plus d’importance pour les gérants indépendants, en raison de la complexité croissante des marchés financiers, de l’évolution de la règlementation et de la personnalisation des portefeuilles. Aujourd’hui, au vu des problèmes qu’elle est capable de résoudre, elle requiert une approche de plus en plus ciblée.
Le problème de la fragmentation des données
Les données clients, les détails des portefeuilles, les informations sur le marché et les données opérationnelles sont souvent dispersées dans divers systèmes, feuilles de calcul, voire dans les notes individuelles des conseillers. Cette approche fragmentée rend difficile une vue d’ensemble pour chaque client, limitant ainsi les conseils personnalisés et la prise de décision stratégique.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données unifiée consolide les données provenant de sources disparates en un seul référentiel centralisé. Il n’est plus nécessaire d’effectuer des recherches fastidieuses dans plusieurs systèmes, et les conseillers disposent alors d’une vue complète et précise sur chaque client, en un coup d’oeil. Avec une source unique, ils sont en mesure de prendre de meilleures décisions, d’adapter les stratégies d’investissements aux besoins individuels et d’identifier de manière proactive les opportunités de cross-selling, ou de montée en gamme.
Le problème des processus manuels et chronophages
Il arrive souvent que les gérants passent un temps exagéré sur des tâches manuelles telles que la saisie de données, la génération de rapports et les vérifications de conformité. Cette charge épuise leurs ressources et les empêche de se concentrer sur des activités à forte valeur ajoutée comme la construction des relations clients et le développement de stratégies d’investissements.
Son impact :
Les solutions au problème
Sur la plateforme de gestion, l’automatisation des tâches routinières telles que la saisie de données, la génération de rapports et les vérifications de conformité libère un temps précieux. Ce temps peut alors être mis à profit sur les relations clients, le développement de stratégies d’investissement personnalisées et un conseil plus orienté sur l’anticipation des besoins. L’automatisation réduit également le risque d’erreur humaine, garantissant l’exactitude et la cohérence des données.
Le problème de l’inefficacité opérationnelle
À mesure qu’une entreprise se développe, le volume et la complexité des données augmentent de manière exponentielle. Les systèmes hérités et les processus manuels peinent à suivre, entraînant des goulets d’étranglement, des retards et un risque d’erreurs plus important.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données robuste est conçue pour gérer de grands volumes de données et peut facilement évoluer à mesure que l’entreprise grandit.
Le problème de la cybervulnérabilité
Le secteur financier est une cible de choix pour les cyberattaques en raison des informations financières sensibles qu’il traite. Les systèmes de données fragmentés, les contrôles d’accès faibles et les mesures de sécurité inadéquates augmentent le risque de violations de données, de vols d’informations client et de pertes financières.
Son impact :
Les solutions au problème
Une plateforme de gestion de données unifiée comporte des fonctionnalités de sécurité intégrées telles que le chiffrement, les contrôles d’accès et la détection des menaces pour protéger les informations sensibles des clients.
Dans un secteur où les données procurent un réel avantage concurrentiel, les entreprises ne peuvent se permettre d’être freinées par des systèmes fragmentés et des processus manuels. Une stratégie de gestion des données complète permet non seulement de rationaliser les opérations et de renforcer la sécurité, mais aussi de permettre aux conseillers de fournir le service personnalisé et proactif que les clients attendent. Avec une plateforme de gestion de données unifiée, les sociétés de gestion peuvent accélérer leur croissance et se mouvoir plus facilement dans un marché de plus en plus complexe.
Eric Gagnaux
KeyIT
Spécialiste des technologies de l’information, Eric Gagnaux est directeur des ventes et Business & Data Analytics chez keyIT, société qui se concentre sur la gestion d’infrastructures IT, la gestion des données et les solutions d’intelligence artificielle. Au cours de sa carrière, il a occupé différents postes de direction en Europe et en Asie-Pacifique, où il a développé une solide expertise dans les domaines de la planification stratégique, des solutions technologiques et du développement de canaux de distribution. Eric Gagnaux est diplômé de l’Ecole d’ingénieur de Fribourg.
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