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Thomas Tietz
Corum
« Nous participons activement à la vague de consolidation dans le secteur des GFI »
Les velléités du nouveau président américain et la morosité européenne tendent à créer de fortes divergences dans les perspectives macroéconomiques de part et d’autre de l’Atlantique. Dans cet environnement, appréhender les marchés de taux avec flexibilité et réactivité sera clé pour bénéficier d’opportunités pouvant émerger de décisions aux effets contradictoires selon les zones.
La décorrélation des cycles macroéconomiques entre l’Europe et les États-Unis s’annonce comme un élément clé des marchés de taux en 2025. Ce phénomène, amorcé dès la fin 2024 avec l’élection américaine, se reflète déjà dans les anticipations de taux pour 2025 : inchangées en Europe avec toujours 4,5 baisses prévues, elles se sont effondrées outre-Atlantique, passant de près de 8 baisses anticipées en septembre dernier à seulement une aujourd’hui. Les taux longs suivent la même dynamique, restant stables en Europe tandis qu’ils progressent de plus de 90 points de base aux États-Unis depuis la première baisse de la Fed en septembre.
D’un point de vue macroéconomique, cette divergence s’explique par des prévisions d’inflation et de croissance revues à la hausse après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Ses déclarations laissent craindre un risque inflationniste, mais les mesures de sa future administration pourraient n’avoir qu’un impact transitoire sur l’inflation et un effet plus durable sur la croissance.
Par ailleurs, le refinancement des dettes souveraines s’impose comme un autre enjeu majeur. Avec un déficit qui reste important, les États-Unis devront refinancer 2 000 milliards de dollars en 2025, autant qu’en 2024. En Europe, ce besoin atteint 800 milliards d’euros, dans un contexte de réduction des bilans des banques centrales.
L’ensemble de ces incertitudes tire la prime de terme à la hausse et risque de pentifier les courbes. Entre la divergence des cycles et la question du refinancement, la volatilité s’annonce inévitable, générant des opportunités de part et d’autre de l’Atlantique.
Sur le marché du crédit, les spreads se sont nettement resserrés depuis 2022. Aux États-Unis et dans les pays émergents, les valorisations atteignent des sommets rarement vus en 20 ans, rendant ces marchés peu attractifs. À l’inverse, l’Investment Grade européen conserve une prime intéressante, notamment sur les obligations des secteurs non cycliques, plus résilients en cas de choc macroéconomique. De même, les financières affichent toujours une prime attractive, soutenues par des ratios de solvabilité et de rentabilité robustes.
Dans le segment High Yield, une approche sélective s’impose. Le marché primaire des notations B et BB est dynamique, porté par une forte appétence des investisseurs. De nombreuses entreprises anticipent le refinancement de leurs obligations de maturités 2026-2027, et allongent leur horizon d’échéance.
Dans cet environnement, la stratégie de gestion de R-co Valor Bond Opportunities se révèle particulièrement pertinente. Ce fonds obligataire flexible capte les opportunités sur l’ensemble des marchés de taux et de crédit internationaux, via des obligations classiques mais aussi des dérivés (futures, swaps de taux, CDS). Son approche active vise une volatilité inférieure à 5 %, combinant analyse macroéconomique, crédit et screening quantitatif pour sélectionner des stratégies directionnelles et de valeur relative.
Les stratégies de valeur relative, fondées sur l’identification d’anomalies historiques via un screening quantitatif, sont particulièrement efficaces. Nous comparons ainsi les niveaux de taux en absolu et en relatif sur toutes les maturités des principaux pays développés, et analysons la forme des courbes de crédit et les écarts entre obligations et CDS.
Actuellement, le portefeuille est positionné pour tirer parti de la baisse des taux en Europe, notamment via des obligations indexées sur l’inflation, et aux États-Unis en privilégiant des maturités courtes (2 à 5 ans). Parmi nos convictions, nous misons sur la convergence des taux en Europe, notamment entre le Royaume-Uni et la Zone euro. De plus, nous estimons que la volatilité des taux américains est surévaluée et cherchons à en profiter via la vente d’options.
Côté crédit, nous privilégions le portage tout en limitant le risque directionnel. Nous investissons dans des obligations Investment Grade bien notées (A et BBB+), bénéficiant d’une sous-valorisation de ce segment en relatif, et les couvrons via des CDS pour contenir la volatilité des primes de risque. Notre exposition au marché High Yield s’appuie sur des titres susceptibles de faire l’objet de refinancements anticipés ainsi que sur des subordonnées financières européennes avec une date de rappel inférieure à 3 ans.
Emmanuel Petit
Rothschild & Co Asset Management
Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).
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Avec l’accord du deuxième associé et celui d’Aquila, société partenaire, Andres Lakatos a repris la participation de Beat Studer dans Aquila Chommie Finance. Tout au long du parcours, il a été essentiel pour eux de prendre les bonnes décisions stratégiques et de choisir le moment adéquat pour opérer les changements nécessaires. Rencontre avec les deux gestionnaires qui reviennent sur les étapes clés de cette transmission, ses défis et ses opportunités.
Par Jérôme Sicard
Andres Lakatos, vous étiez associé dans une grande société de gestion de fortune indépendante. Pourquoi avoir voulu reprendre une structure plus petite comme Aquila Chommie Finance ?
Ma décision a surtout été motivée par l’envie d’avoir une plus grande liberté de décision et une structure d’entreprise plus légère. J’ai reçu une excellente formation dans un grand multi family office. J’y ai appris tous les tenants et les aboutissants de la gestion de fortune et j’y ai approfondi mes connaissances en permanence. En revanche, je me suis retrouvé dans une situation où j’assumais l’intégralité des risques financiers sans pouvoir influencer activement les décisions de l’entreprise. Par ailleurs, les tâches administratives étaient de plus en plus contraignantes et le partage des bénéfices, qui semblait intéressant au départ, le devenait de moins en moins pour moi. J’ai vu le potentiel de travailler plus efficacement avec une structure plus flexible et des frais fixes moins élevés. Chez Aquila Chommie Finance, je peux diriger une entreprise déjà établie et contribuer à sa croissance avec de nouvelles idées.
________________________________________
Quelles ont été les plus grandes difficultés à surmonter dans cette reprise ?
Nous avons dû négocier pendant trois ans avant que le changement ne soit effectif. Dès le départ, j’ai vu le potentiel d’Aquila Chommie Finance et l’intérêt qu’il y avait à reprendre l’entreprise et à la diriger. J’ai particulièrement apprécié le fait que les deux fondateurs couvraient les mêmes marchés et qu’ils avaient en plus une excellente réputation.
Ce qui me plaisait par-dessus tout, c’était de pouvoir donner un nouveau souffle à l’entreprise et de piloter sa croissance avec de nouvelles idées et un peu de créativité. En parallèle, j’avais reçu une offre d’emploi comme simple collaborateur et j’avais même envisagé de créer ma propre société.
Les longs délais d’attente pour l’obtention d’une licence FINMA m’ont inquiété et je ne voulais pas non plus me lancer complètement seul dans l’aventure, car je préfère privilégier le travail d’équipe. J’ai donc passé une première année à soupeser soigneusement les trois options. Il était important pour moi de trouver une solution qui convienne à la fois à mes clients et à moi-même sur long terme. Au cours de la deuxième année, les discussions sont devenues plus concrètes. La première offre est arrivée au milieu de l’année 2023, et nous avons négocié les détails jusqu’à la fin de l’année. J’ai quitté mon multi family office en de bons termes, comme friendly leaver, et j’ai rejoint Aquila Chommie Finance en juin 2024. L’une des principales difficultés rencontrées a été de trouver un accord sur le prix d’achat des actions. Beat Studer et moi n’avions ni l’expérience, ni les connaissances nécessaires en la matière.
Comment avez-vous résolu ce problème ?
Aquila, et Markus Angst en particulier, nous a accompagnés dans ce cheminement. Markus a joué un rôle déterminant dans la conclusion de l’accord. Il a été pour Beat comme pour moi un mentor neutre et expérimenté. Il est incroyablement important de placer un sparring-partner entre l’acheteur et le vendeur. Sans lui, nous serions probablement encore en train de négocier.
Beat Studer, comment en êtes-vous venu à la conclusion que vous deviez trouver une solution pour la succession de votre entreprise ?
Dans la vie, il y a un moment où l’on réalise qu’il est temps de passer la main. Il est important de saisir cette opportunité tant qu’on est encore en mesure d’organiser soi-même le processus de transmission. Comme mes enfants ont choisi d’autres voies professionnelles, il m’a semblé évident que je devais prendre l’initiative de chercher un nouveau partenaire externe.
Quelles options avez-vous alors envisagées ?
L’option la plus évidente était de trouver un repreneur potentiel qui soit déjà en relation avec Aquila et puisse également apporter de nouveaux clients à l’entreprise. C’est ainsi que Markus Angst, chez Aquila, m’a mis en contact avec Andres Lakatos.
Andres Lakatos, en quoi votre travail quotidien a-t-il changé depuis votre arrivée chez Aquila Chommie Finance ?
Le changement a été énorme. Après la pandémie, j’avais pris l’habitude de travailler à la maison. Maintenant, je me rends au bureau tous les jours. Cela a stimulé ma créativité et nourri la communication interpersonnelle. Dans le même temps, la charge de travail a sensiblement augmenté. En l’espace de cinq mois, nous avons déjà beaucoup accompli. Nous avons ouvert un nouveau bureau, centralisé toutes les fonctions administratives et optimisé le service à la clientèle. Nous avons lancé de nouveaux produits et nous nous sommes ouvert l’accès au marché américain grâce au partenariat conclu avec un multi family office enregistré auprès de la SEC.
Quelles sont les prochaines étapes pour Aquila Chommie Finance ?
Andres Lakatos. Au premier trimestre 2025, Beat prendra une retraite bien méritée. Nous allons ensuite repositionner et relancer la société et rebrancherons l’entreprise. Nous tenons à mettre en place un modèle multi-partenaires, notamment pour la région LATAM. Dans cette même région, nous sommes également ouverts à des partenariats locaux en Amérique latine, capables de produire des avantages supplémentaires pour nos clients. J’observe une tendance croissante chez les gestionnaires de fortune expérimentés à quitter les multi family offices pour des sociétés de type boutique, où ils jouissent d’une plus grande liberté de décision et d’action. C’est pourquoi nous recherchons de nouveaux partenaires qui, comme moi, sont actifs dans la gestion de fortune, disposent déjà d’un portefeuille de clients établi et souhaitent franchir une nouvelle étape dans leur carrière. Dans les années à venir, l’une de nos priorités sera de gagner la confiance de la prochaine génération de clients et de la maintenir sur le long terme.
Beat Studer
Aquila Chommie Finance
Beat Studer est un financier chevronné, dont la carrière s’est déroulée en grande partie à l’international. Après sa formation à Zoug et à Zurich, il a commencé à travailler pour le Credit Suisse dans le domaine des fonds d’investissement. En 1977, pour Credit Suisse, il s’est installé en Amérique du Sud, à Caracas, où il a fini par occuper des fonctions de mandataire. Il a par la suite tenu des postes de direction à la Société Financière du Château et chez P. Schmid & Associés. Depuis 2011, il est associé-gérant et délégué du conseil d’administration d’Aquila Chommie Finance.
Andres Lakatos
Aquila Chommie Finance
Andres Lakatos est un professionnel de la finance qui dispose d’une longue expérience.
Il a commencé sa carrière au Credit Suisse en 2002 et a gravi les échelons jusqu’à devenir vice-président du Private Banking pour l’Amérique latine. Après avoir travaillé en Suisse, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, il a rejoint Marcuard Heritage à Zurich en 2016 en tant que managing director. Depuis juin 2024, il est partenaire chez Aquila Chommie Finance. Andres Lakatos est titulaire d’un Executive MBA de l’IE Business School et d’un Bachelor in Business Administration de la ZHAW.
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Ces dernières années, Tareno, le gérant bâlois, s’est beaucoup développé, au point de dépasser aujourd’hui les trois milliards de francs d’encours sous gestion. Il s’est également beaucoup transformé, en rajeunissant ses équipes, étape essentielle pour bien préparer l’avenir et conforter sa croissance comme le souligne son président, Ueli Bollag.
Par Jérôme Sicard
Quels sont les outils ou les ressources dont les gérants indépendants doivent absolument se doter aujourd’hui pour construire sur le long terme ?
Les ressources humaines, en priorité ! Sur le long terme, la réussite d’un gérant se construit sur des structures claires, d’excellents collaborateurs et un leadership fort. Pour gérer de manière optimale les actifs des clients, les collaborateurs doivent ensuite avoir à leur disposition les bons terminaux d’informations pour la collecte des données financières et les bons PMS. A cela, il faut ajouter une gestion rigoureuse des risques et une conformité constante pour tendre à une sécurité maximale. J’ai parlé plus tôt de leadership fort car la direction générale et le conseil d’administration sont tenus de déployer une stratégie cohérente qui privilégie en tout temps un service client pérenne.
Avez-vous intégré ces dernières années des applications fintechs à votre dispositif ?
Non. D’ailleurs, s’il a beaucoup été question de fintechs ou de wealthtechs voilà cinq ou six ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Elles ont un peu disparu des radars. En revanche, il en va tout autrement pour l’intelligence artificielle qui va beaucoup nous apporter sachant qu’au final les interactions personnelles resteront primordiales.
Comment Tareno s’est le plus transformé ces dernières années ?
Nous nous sommes d’abord beaucoup développés. Nous sommes une quarantaine d’employés et nous gérons désormais plus de trois milliards de francs. Nous veillons surtout à encourager l’innovation en permanence, dans nos processus et nos méthodes de travail afin de rester agiles, de bien anticiper et de mieux nous projeter vers l’avenir.
Nous avons fait en sorte par exemple que la nouvelle génération d’employés soit parfaitement intégrée à la structure, y compris au sein de la direction, pour nous assurer un regard neuf et pérenniser plus facilement nos activités. Nous avons l’environnement de travail plus moderne, plus attrayant pour nos conseillers à la clientèle. Nous avons également mis en place une approche structurée de la durabilité pour nos solutions d’investissement et étendu notre offre à des services de planification financière, entre autres.
Qu’en est-il plus exactememt de ces changements à la direction de Tareno ?
Tareno a été fondée en 2000. Aujourd’hui, plus aucun de ses fondateurs ne siège au comité exécutif. Sibylle Wiss, notre CEO, a quarante ans. Nicole Husman, Chief Risk & Compliance Officer, a tout juste 50 ans. Doron Bollag, notre CFO, a 37 ans, David Nordmann, notre responsable du développement commercial, a 42 ans et Ronny Bachenheimer 59 ans. Nous disposons donc d’une équipe de direction jeune et bien équilibrée. Et nous avons cette volonté de rajeunir les cadres à tous les niveaux de l’entreprise. C’est la politique de Tareno. Nous aidons nos jeunes collaborateurs, quand ils sont motivés et ambitieux, à s’épanouir dans le service à la clientèle et le conseil patrimonial. Nous soutenons également de jeunes conseillers à la clientèle. Nous leur donnons le temps nécessaire pour se développer. Au cours de cette phase, ils sont étroitement accompagnés et continuellement soutenus, que ce soit par le biais d’un mentorat, d’une formation ou d’un accès à des outils et à des processus éprouvés. Ils ont également la possibilité de travailler sur des leads pour acquérir de nouveaux clients.
Vous parlez de temps nécessaire. Qu’en est-il plus exactement ?
Comme ils n’ont souvent pas de portefeuille de clients au départ, nous pouvons leur donner jusqu’à trois, voire quatre ans, pour qu’ils prennent leurs marques. C’est un investissement important pour Tareno, mais nous voulons être sûrs que ces jeunes colalborateurs puissent s’épanouir pleinement dans leurs fonctions et qu’ils soient vraiment en mesure d’exploiter tout leur potentiel sur le long terme, une notion fondamentale pour nous.
Comment définiriez vous aujourd’hui votre proposition de valeur (USP) ?
Elle se reflète parfaitement dans notre slogan : “toujours innovants”, ou toujours en avance, si vous préférez. Nous proposons à nos clients un service très haut de gamme, avec une stratégie d’investissement complètement tournée vers l’avenir. Nous sommes très clairs sur ce que nous pouvons – ou ne pouvons pas offrir. Nous proposons des solutions différentiantes, parce qu’innovantes, à l’image de notre stratégie sur le climat. Notre capacité à comprendre et à mettre en œuvre les besoins de nos clients se reflète également dans notre intérêt pour le bitcoin, que nous avons intégré dans des solutions individuelles. Nous avons été parmi les premiers en Suisse à nous intéresser aux crypto monnaies. C’était il y a près de 8 ans.
Pour nous l’innovation réside dans la capacité à évoluer en même temps que les exigences des clients et les marchés, à comprendre les nouvelles tendances ou les nouveaux produits et à les adopter s’ils ont vraiment du mérite.
Sur ce marché, dans ce secteur, où voyez-vous les plus grandes opportunités aujourd’hui ?
En Suisse et en Europe, la création de richesse ne suit pas le même rythme qu’en Asie. Pourtant, nous voyons émerger des opportunités significatives de croissance pour notre entreprise sur le marché suisse. Nous pouvons acquérir, de manière ciblée, de nouveaux clients, si nous mettons bien en œuvre notre USP – un service de très grande qualité, une stratégie claire et de la transparence. L’essentiel est de comprendre leurs besoins spécifiques et de créer pour eux des offres véritablement sur mesure.
Dans le même temps, nous devons aussi produire davantage d’efforts en termes de marketing et de communication pour mieux faire connaitre le principe même de gérant indépendant. C’est un exercice difficile mais s’il est bien mené, il peut générer beaucoup de valeur à terme pour l’ensemble du secteur. Nous le voyons avec Tareno. Depuis quelques années, nous travaillons sur la fonction marketing & communication.
Quels sont aujourd’hui vos leviers de croissance ?
Nous activons exactement les mêmes leviers que d’autres sociétés de gestion : des parts de portefeuille plus importante, au travers par exemple de liquidity events dans le cas de la vente d’une entreprise. De nouveaux clients, de nouveaux relationship managers qui disposent déjà d’un book conséquent ou encore l’intégration de structures EAM qui cherchent à se rapprocher de partenaires solides, comme nous pouvons l’être. A ces différents leviers vient s’ajouter notre ligne asset management, un axe de développememt important puisque nous comptons déjà 450 millions d’encours sur cette ligne de métier, grâce par exemple au Tareno Waterfund. Ces prochaines années, nous allons nous renforcer dans ce domaine car nous voyons apparaître là-aussi des opportunités intéressantes.
Ueli Bollag
Tareno
Ueli Bollag est président du conseil d’administration de Tareno depuis 2020, où il est en charge de la stratégie. Il est également l’actionnaire majoritaire de la société. Il l’a rejointe en 2005 en tant qu’associé et il y a lancé le fonds Tareno Global Water Solutions en 2007 qu’il a géré jusqu’en juillet 2021, date à partir de laquelle il en intégré le comité consultatif. Pour Tareno, Ueli a également exercé les fonctions de CEO de 2011 à 2020. Plus tôt dans sa carrière, il a travaillé comme gestionnaire d’actifs à la Schweizerische Kreditanstalt, devenu par la suite Credit Suisse, avant de se lancer comme gérant indépendant.
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HCP Asset Management entend se présenter comme une référence en matière d’innovation auprès des investisseurs institutionnels. Son agent IA a en effet été conçu pour identifier les actions les plus performantes et composer un portefeuille à partir de celles-ci. Précisions de Bolko Hohaus, son CEO et fondateur.
Par Levi-Sergio Mutemba
En quoi consiste précisément votre solution IA?
Nous avons construit une solution d’IA verticale. C’est-à-dire que nous avons développé notre propre solution, qui utilise une approche basée sur l’apprentissage automatique pour sélectionner les meilleures actions. Elle peut être appliquée à n’importe quel univers, comme le marché boursier américain ou même un ensemble personnalisé de sociétés cotées en bourse. Pour cela, nous avons combiné des contributions académiques à notre expérience de plusieurs décennies en matière d’investissement dans les actions mondiales. Ayant étudié les statistiques et l’informatique et géré des fonds pendant longtemps, je pense que ce lien entre technologie et finance est clé pour aboutir à un système performant.
Comment cette approche se distingue-t-elle d’autres systèmes IA?
HCP utilise un ensemble de réseaux neuronaux qui fonctionnent sur des PC construits par nos soins. Aux États-Unis, seuls 4% des actions ont généré tous les gains du marché au cours des 100 dernières années. Notre système vise ainsi à identifier les valeurs les plus performantes. Nous nous concentrons également sur des horizons d’investissement plus longs, de l’ordre de trois mois plus particulièrement. Notre espace est moins compétitif car les résultats prennent plus de temps à se cristalliser. Nous ne pensons pas que les approches de type «data lake», c’est-à-dire la collecte de tous les types de données disponibles et le déploiement des machines les plus rapides du marché, puisse conduire à des rendements supérieurs durables à long terme. L’IA a besoin d’une certaine supervision.
Quel niveau de précision pouvez-vous atteindre ?
Dans nos tests hors échantillon, qui s’étendent sur une période de trente ans jusqu’en 2024, nous avons un taux de réussite de 70%. Cela signifie que, historiquement, nos portefeuilles affichent un rendement excédentaire positif dans deux tiers des cas à la fin d’une période de trois mois. Ce qui est un très bon chiffre pour investir sur les marchés financiers. Mieux encore, malgré le nombre très limité de transactions, les tests ont montré une surperformance moyenne de 1% par mois sur le long terme.
Pourquoi avez-vous mis jusqu’à cinq ans pour développer votre agent IA?
J’ai lancé HCP Asset Management, avec la volonté d’apporter de nouvelles solutions innovantes sur le marché. Cela nécessite de rechercher une approche adéquate et de la tester afin que nous nous sentions suffisamment à l’aise pour la proposer aux clients. Nous avons également fait appel à notre réseau d’experts de l’EPFL, du CERN et de certaines entreprises technologiques pour étudier les pistes possibles pour résoudre ce problème spécifique.
Le nettoyage des données est également un sujet important pour les marchés financiers. Enfin, l’environnement réglementaire de plus en plus complexe en Suisse pour les petits gestionnaires d’actifs nous a ralentis, compte tenu des exigences chronophages et financières associées à ce problème. Désormais, notre agent d’IA est prêt à être appliqué à n’importe quel marché. Nous l’avons baptisé du nom du dieu égyptien Horus, car il fait écho à mes études sur les hiéroglyphes.
Quels types de paramètres Horus exploite-t-il?
Nous utilisons une combinaison de données macroéconomiques, de prix et des données spécifiques à l’entreprise. Toutes ces données sont accessibles au public. Cependant, le nombre et la nature exactes des variables demeurent notre recette secrète. La propriété intéressante d’un réseau neuronal est qu’il combine les facteurs d’entrée de façon différente à chaque fois et utilise les connaissances historiques qu’il a recueillies au fil du temps. Il agit comme un gestionnaire de portefeuille qui détecte en plus les relations non linéaires, se comporte de manière entièrement rationnelle et a toujours envie d’apprendre.
Quels sont vos principaux objectifs à partir de maintenant ?
Nous souhaitons étendre notre approche axée sur l’IA au marché suisse au sens large et gagner davantage de clients au fil du temps. Nous avons lancé nos premiers certificats sur le marché américain en 2024 et sommes fiers de dire que Horus AI est utilisé par des clients pour des portefeuilles de plus de 100 millions, et ce moins d’un an après son lancement. C’est comme un ordinateur d’échecs qui aide les gestionnaires de patrimoine à compléter leur travail fondamental. Une fois que notre système aura démontré les retours sur investissement sur des horizons temporels plus longs, nous aurons de nombreuses nouvelles idées pour développer la franchise et apporter davantage d’innovations au sein du secteur. Nous sommes également intéressés par la collaboration avec des partenaires afin d’accélérer notre croissance.
Bolko Hohaus
HCP Asset Management
Au cours de sa carrière, Bolko Hohaus a géré d’importants fonds institutionnels pour des investisseurs tels qu’Allianz Global Investors et Lombard Odier, récompensés par des prix tels que les Lipper Awards. Il a fondé HCP Asset Management à Genève, afin d’intégrer la technologie dans l’offre actuelle, en utilisant des outils d’apprentissage automatique pour développer des solutions d’investissement innovantes. Bolko Hohaus a obtenu un doctorat en économie et une maîtrise en statistique et en informatique de l’Université Ludwig-Maximilian de Munich.
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En 2025, une forte désynchronisation entre les économies et les politiques monétaires semble se profiler entre les Etats-Unis et l’Europe. Selon Emmanuel Petit, la bonne performance du marché du crédit dépendra dès lors du bon alignement des politiques monétaires avec l’environnement macroéconomiques propre à chaque région.
Par Jérôme Sicard
Quels éléments marquants retenez-vous de 2024 ?
Le pivot des banques centrales, avec l’initiation d’un cycle de baisse des taux, reste l’élément majeur de 2024 pour les marchés de taux. Cet ajustement s’est concrétisé dans un contexte où l’inflation, bien qu’en recul, reste encore éloignée de la cible des 2 %. Néanmoins, en dépit de leur décalage, les politiques monétaires de la Fed et de la BCE ont convergé dans la même direction. L’anticipation de ces mouvements par les investisseurs a permis aux marchés de réagir positivement tout au long de l’année. L’incertitude s’est toutefois accentuée au cours du dernier trimestre. L’élection de Donald Trump a engendré une divergence dans les anticipations de part et d’autre de l’Atlantique. Cette situation s’est traduite par une hausse des taux longs aux États-Unis, portée par des promesses de relance économique, quand, en Europe, les taux courts ont baissé sous l’effet de craintes liées à une croissance affaiblie.
Quelles en ont été les conséquences ?
Ce sont deux causes distinctes qui ont pourtant engendré les mêmes effets, une pentification modérée des courbes de taux dans chacune des zones. Dans l’ensemble, les banques centrales ont réussi à maintenir un équilibre relatif en 2024. Cependant, des perspectives de dynamiques économiques très distinctes de part et d’autre de l’Atlantique semblent s’esquisser pour 2025. L’année s’achève sur une forte instabilité politique en Europe et, si les urnes ont d’ores et déjà rendu leur verdict aux États-Unis, l’impact des mesures potentiellement mises en œuvre par l’administration Trump pourrait accentuer ces divergences.
Sur quel scénario central tablez-vous pour 2025 ?
Nous nous attendons à une désynchronisation des économies et des politiques monétaires de part et d’autre de l’Atlantique en 2025. Les banques centrales semblent maintenir le cap et les courbes de taux poursuivent leur pentification avec un accroissement du risque sur les taux longs. En se fiant aux anticipations de marché, avec quatre baisses de taux actuellement envisagées, la tendance européenne s’est alignée à la dynamique américaine. Le taux terminal de la BCE pourrait donc se situer au-delà des 2 %.
Il est toutefois probable que cette dernière soit contrainte d’adopter un rythme plus soutenu. La croissance reste bien évidemment sa principale préoccupation, alors que les incertitudes politiques continuent de peser, au même titre que les velléités protectionnistes du nouveau président américain. Aux États-Unis justement, il paraît difficilement envisageable pour la Fed de procéder à de nouvelles baisses de taux, notamment en raison des risques inflationnistes liés au programme de la future administration américaine. La banque centrale est, jusqu’à présent, parvenue à rapprocher l’inflation de la cible sans engendrer de récession, concrétisant le scénario quasi-idyllique « d’Immaculate Disinflation ». Il semble probable que le taux neutre puisse désormais se situer à un niveau plus élevé qu’elle ne l’envisageait auparavant.
Comment prendre ses marques dans un tel environnement ?
Le marché du travail sera à scruter de près, de même que l’impact des mesures promises par le candidat Trump. On ne peut exclure que la banque centrale américaine soit amenée à remonter ses taux courant 2025. Cette nouvelle année devrait néanmoins s’inscrire dans la continuité de 2024 avec une pentification progressive des courbes de taux. L’agilité sera la clé tant les opportunités pourraient émerger d’événements et décisions aux effets contradictoires selon les zones.
En somme, la bonne tenue du marché du crédit reposera sur le bon alignement des politiques monétaires avec l’environnement macroéconomiques propre à chacune. Dans ce contexte, la flexibilité affichée par la Fed contraste avec l’apparente rigidité du calendrier de la BCE. Toutefois, au regard des fondamentaux actuels, la classe d’actifs continue de bénéficier d’un attrait certain. Nous restons attentifs à la cyclicité de nos positions et à la qualité de crédit en général. Si les valorisations de certains segments peuvent paraître élevées, nous les estimons justifiées au regard des fondamentaux et tant que l’environnement macroéconomique ne se dégrade pas.
Quels vents contraires – ou favorables – avez-vous identifiés ?
Parmi les vents contraires, la donne politique reste la principale source d’inquiétude. Les élections anticipées en Allemagne et un contexte gouvernemental fragile en France pèsent sur la croissance déjà atone des deux principaux moteurs de la zone euro. D’autant que les mesures promises par Donald Trump – baisse de la fiscalité, lutte contre l’immigration et hausse des tarifs douaniers – sont de nature à enfoncer l’Europe afin de dynamiser l’économie américaine. Ces mesures comportent, en outre, un risque inflationniste qui ne doit pas être négligé.
A quoi s’attendre de la part de la Fed ?
La Fed pourrait alors être écartelée entre ses deux principales préoccupations : l’inflation et l’emploi. Le marché du travail commence d’ailleurs à envoyer des signaux contradictoires, alors que la volonté affirmée par Donald Trump de réduire l’immigration pourrait accentuer les tensions et renforcer l’inflation salariale. Un retour de l’inflation contraindrait la Fed à remonter ses taux, engendrant de l’instabilité au sein du marché du crédit. Certains éléments demeurent néanmoins porteurs. L’environnement économique reste favorable à la classe d’actifs. Bien qu’en absolu les rendements soient inférieurs à ceux des années passées, en relatif, ils s’avèrent plus attractifs que ceux des actifs monétaires. Les flux devraient, par conséquent, se maintenir. Par ailleurs, face aux fortes incertitudes de la période, la classe d’actifs fait preuve d’une résilience remarquable. De plus, la capacité des banques centrales à opérer les ajustements nécessaires et à se rapprocher de leur cible d’inflation a permis d’assurer une relative stabilité au sein des marchés. On peut espérer qu’elles poursuivent dans cette voie.
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