Fondations

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    • Andrew Ye
    • Stratège en investissements
    • Global X ETFs

Les infrastructures européennes : un pilier stratégique pour l’avenir

L’Europe engage une stratégie à long terme pour bâtir une économie durable, numérique et compétitive, en misant sur des investissements massifs dans les infrastructures essentielles. Soutenus par des financements publics et privés via des initiatives comme NextGenerationEU, ces projets visent à répondre aux défis économiques, climatiques et sécuritaires. Le rôle croissant des dépenses de défense et la création de fonds nationaux, comme en Allemagne, renforcent encore la place des infrastructures comme levier économique et nécessité géopolitique.

Transition numérique
L’UE déploie un plan d’action ambitieux pour l’intelligence artificielle et le cloud, mobilisant 200 milliards € pour créer des « gigafactories » et tripler la capacité des centres de données d’ici 2030, avec un objectif de 100 % d’énergie sans carbone. Le plan prévoit également la création d’au moins 13 usines d’IA pour soutenir startups, industrie et recherche. L’infrastructure numérique est également considérée comme stratégique pour la défense, notamment en cybersécurité et en communications robustes. La Commission européenne envisage d’intégrer les réseaux de télécommunications dans la taxonomie des activités durables afin de faciliter l’accès à des financements verts, tout en simplifiant les procédures d’octroi de licences pour accélérer le déploiement de la 5G et des futures technologies.

Énergie et climat
L’UE vise une réduction de 90 % des émissions d’ici 2040 et la neutralité carbone en 2050. Elle investit plus de 100 milliards € dans l’industrie propre et renforce le rôle des obligations vertes, déjà émises à hauteur de 68 milliards €. Le Fonds pour la reprise et la résilience consacre 42 % de ses dépenses aux objectifs climatiques, permettant de réduire chaque année 55 millions de tonnes de CO₂. Les collectivités locales contribuent à cette dynamique en augmentant leurs investissements dans l’adaptation climatique. Plus de la moitié des municipalités prévoient de renforcer leurs projets liés au climat dans les trois prochaines années, signe d’un alignement croissant entre politiques européennes et initiatives locales.

Transports et mobilité
Le réseau transeuropéen de transport (RTE-T) doit être complété d’ici 2030 pour son noyau central. L’UE identifie également 500 projets à double usage civil et militaire pour renforcer la mobilité et la préparation stratégique. Le coût total de finalisation du réseau central et étendu est estimé à 866 milliards €, illustrant l’ampleur des besoins d’investissement. Des pays comme l’Allemagne allouent des budgets record – 500 milliards € – pour moderniser routes, rails et infrastructures critiques. Le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE) a reçu pour ses appels 2024 près de quatre fois plus de demandes de financement que le budget disponible, montrant la forte pression sur les ressources.

Opportunités d’investissement
Dans ce contexte, le Global X European Infrastructure Development UCITS ETF (BRIJ LN) offre une exposition ciblée à 30-40 entreprises actives dans les infrastructures traditionnelles, numériques, énergétiques et de réseaux, positionnées pour bénéficier de la montée en puissance du secteur en Europe. Ces sociétés couvrent des segments clés tels que l’énergie propre, la logistique, les télécommunications et les technologies de défense, offrant ainsi une diversification face aux enjeux économiques et géopolitiques actuels.

Conclusion : un cycle porteur ?
La réorientation stratégique américaine pousse l’Europe à renforcer son autonomie militaire, créant un environnement propice au développement des chaînes de valeur intégrant logiciels, composants, drones et capteurs. Dans ce contexte, pour les investisseurs, une approche diversifiée intégrant la tech défense et les infrastructures stratégiques pourrait offrir des perspectives de croissance durables.

Andrew Ye

Global X ETFs

Andrew a rejoint Global X en 2024 en tant que stratégiste en investissement. Il est responsable de la couverture des thèmes Disruptive Technology et People & Demographics.Titulaire d’un double diplôme en commerce et en droit (Université de Nouvelle-Galles du Sud, Australie), il est également détenteur de la charte CFA.

Global X ETFs

Fondée en 2008, Global X ETFs propose une large gamme de stratégies ETF et gère environ 99 milliards de dollars d’actifs à l’échelle mondiale. Global X fait partie du groupe Mirae Asset Financial, acteur mondial des services financiers, avec plus de 632 milliards de dollars d’actifs sous gestion.

Prospectus et documents KID disponibles sur www.globalxetfs.eu

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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    Indices PWI+ juillet : pas de volatilité, pas de risque?

    En juillet, ce fut un calme presque irréel sur les marchés financiers, bien loin des agitations des mois précédents. Mais derrière ce répit, la vigueur du franc et la nouvelle taxe américaine sur les exportations suisses rappellent que le prochain grain pourrait vite se profiler à l’horizon.

    Juillet a offert aux portefeuilles multi-actifs en CHF un calme digne du télétexte page 302 en été : des gains allant de +0,4 % pour les profils défensifs à +1,7 % pour les plus dynamiques, avec une volatilité annualisée comprimée entre 1,3 % et 2,1 %. L’apaisement est venu des accords commerciaux conclus par Washington et de l’OBBBA, qui ont écarté le spectre de tarifs punitifs à 50 %. Les marchés ont moins salué le contenu des mesures que la disparition du pire scénario, ramenant la volatilité obligataire à ses plus bas cycliques et offrant aux gérants un mois presque trop tranquille.

    Les actions suisses ont encore traîné, sauf pour les petites et moyennes capitalisations (+2,5 % domestique). Le franc fort a freiné la conversion des gains étrangers, à l’inverse des portefeuilles en EUR et surtout en USD, dopés par la tech américaine et l’Asie émergente. Et désormais, la nouvelle taxe américaine de 39 % sur la plupart des exportations helvétiques menace montres, machines et outils de précision, avec un risque tangible pour les marges et la confiance des investisseurs si elle perdure.

    Les obligations en CHF ont, elles, joué leur rôle d’amortisseur, avec des rendements légèrement en baisse et des spreads IG stables, dans un contexte où les marchés obligataires internationaux sont restés calmes malgré des mouvements plus marqués sur les taux US et européens.

    La faible volatilité tient à des marchés actions en hausse ordonnée, à des taux sages et à une corrélation actions-obligations redevenue favorable, offrant un profil de rendement d’une rare douceur. Si le franc reste un filet de sécurité en période de stress, il demeure aussi un plafond pour les performances lors des phases d’euphorie mondiale. Pour le moment, le Lac est d’huile… ce qui, comme tout navigateur le sait, est précisément le meilleur moment pour vérifier que le bateau est prêt à encaisser le prochain coup de vent.

    Éric Bissonnier

    Performance Watcher

    Éric Bissonnier est COO de Performance Watcher depuis 2025, après avoir dirigé l’entreprise en tant que CEO depuis juin 2022. Il a débuté sa carrière en 1992 au sein de Chase Manhattan Private Bank à Genève et à New York. En 1998, il rejoint la société de multi-gestion alternative EIM, dont il devient CIO en 2002. Il poursuit ses fonctions chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il joue également un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric est titulaire de la certification CFA et d’un mastère en économie de l’Université de Genève.

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    L’infrastructure IT, un levier stratégique essentiel

    Lorsque l’on parle de numérisation, de cybersécurité ou d’intelligence artificielle, on ne peut pas faire l’impasse sur l’infrastructure IT. C’est en effet à ce niveau que se joue la capacité d’innover ou, au contraire, le risque de faillir en raison de fondations technologiques dépassées. Pour les gérants indépendants, l’IT est devenue bien plus qu’un simple soutien technique.

     

    Aujourd’hui, une infrastructure IT moderne ne se résume plus à des serveurs fonctionnels ou à une connexion Internet stable. Elle soutient l’ensemble des fonctions clés : efficacité opérationnelle, sécurité des systèmes et capacité à innover. C’est elle qui permet à de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle d’être déployées de manière pertinente, maîtrisée et sécurisée. Cela suppose une infrastructure souple, souvent basée sur le cloud, qui permette de travailler de manière sécurisée depuis n’importe quel endroit, sans avoir à gérer ses propres serveurs. Les postes de travail doivent pouvoir être gérés de façon centralisée, avec des mises à jour automatiques, une gestion homogène des accès et des politiques de sécurité cohérentes. En arrière-plan, les mécanismes de sécurité doivent fonctionner de manière proactive : surveillance des connexions, authentification à plusieurs facteurs, communications chiffrées, etc.

    Dans un secteur aussi sensible que la finance, il est crucial que les données confidentielles ne quittent pas l’organisation de façon incontrôlée, notamment dans le cadre de l’usage croissant donné à l’intelligence artificielle. Des solutions cloud, des centres de données privés ou des modèles hybrides peuvent apporter une réponse adaptée, à condition que les normes de sécurité et de conformité soient strictement respectées. Une infrastructure moderne ne doit pas être vue comme une fin en soi, mais comme la condition même pour exploiter des innovations à forte valeur ajoutée.

    Le progrès technologique s’accompagne toutefois de risques nouveaux. Les cybermenaces sont en constante augmentation, et les gérants indépendants, en raison de leur exposition dans le système financier, constituent des cibles de choix. Attaques de type phishing, ransomwares ou vols ciblés de données client : se protéger contre ces menaces n’est plus seulement une affaire de spécialistes techniques, mais une mission relevant directement de la responsabilité managériale.

    Au sein des structures EAM, le top management doit comprendre les risques opérationnels liés à la cybersécurité, mettre en œuvre les mesures de protection nécessaires, sensibiliser les collaborateurs et se doter de plans d’urgence. De son côté, le conseil d’administration doit considérer la cybersécurité comme un risque d’entreprise à part entière, au même titre que les risques réglementaires ou de réputation. Trop souvent, cependant, les conseils d’administration et les directions générales manquent de compétences techniques, ce qui peut conduire à sous-estimer les cyberrisques ou à en déléguer entièrement la responsabilité à des prestataires externes. C’est une erreur : ce genre de responsabilité ne s’externalise pas.

    Un autre écueil souvent rencontré réside dans la communication entre les équipes métiers et les prestataires IT. Ces deux univers ne parlent toujours pas le même langage. Tandis que le gérant de fortune raisonne en besoins clients, en exigences réglementaires et en expérience utilisateur, le fournisseur IT pense en spécifications techniques, en capacité serveur et en architecture réseau. Ce décalage entraîne malentendus et incompréhensions, et conduit parfois à des solutions inadaptées, trop complexes ou présentant des failles de sécurité. Pour éviter cela, les entreprises doivent renforcer leur compétence technologique au niveau décisionnel, tandis que les prestataires IT doivent mieux comprendre les réalités opérationnelles et les enjeux du métier de gestionnaire de fortune. C’est à cette condition qu’une véritable collaboration peut émerger, dans un esprit de partenariat.

    Les directions générales ont aujourd’hui la responsabilité d’investir dans leurs propres compétences IT ou d’intégrer des expertises techniques au sein de leur équipe dirigeante, avec le concours par exemple d’un conseiller externe. Elles doivent régulièrement évaluer les cyberrisques, suivre l’évolution des menaces et identifier les besoins d’action. La formation continue des collaborateurs est également essentielle : la cybersécurité commence par la sensibilisation de chacun, via des sessions de formation régulières et des tests de phishing simulés. Il est aussi crucial de disposer de plans de gestion de crise, testés à intervalles réguliers, afin de pouvoir réagir de manière rapide et coordonnée en cas d’incident.

    Le conseil d’administration, lui, doit régulièrement inscrire la cybersécurité à son ordre du jour au même titre que les risques financiers. Il est recommandé de faire auditer régulièrement la stratégie IT et la résilience de l’entreprise par des experts, d’exiger des rapports sur l’état des plans de continuité  et de tester leur efficacité à travers des scénarios concrets. Enfin, il convient de clarifier les rôles et responsabilités, notamment en distinguant clairement les missions de surveillance stratégique et les tâches opérationnelles. Un conseil d’administration efficace ne prend pas les décisions techniques, mais sait les questions à poser.

    En conclusion, l’IT n’est plus un sujet secondaire : elle est devenue un facteur clé de succès, à la fois stratégique et opérationnel, pour les gérants de fortune indépendants. L’adoption de technologies comme l’intelligence artificielle n’est envisageable que si le socle digital est solide. Considérer encore l’IT comme un simple centre de coûts serait une faute de jugement. Il s’agit de protéger les données, de préserver la compétitivité sur le marché et d’assurer l’attractivité de l’entreprise.

    Cette responsabilité repose sur deux niveaux : le conseil d’administration doit intégrer les cyberrisques à sa gouvernance globale, tandis que la direction générale doit agir concrètement, investir dans l’infrastructure et ancrer la sécurité dans les processus de l’entreprise. Les décisions doivent être prises maintenant. Attendre, c’est courir le risque de perdre en compétitivité, en confiance – et en sécurité.

    Dimitri Petruschenko

    Petruschenko Consulting

    Ancien fondateur et associé gérant de EAM.Technology, une société spécialisée dans le conseil et les services opérationnels externalisés, Dimitri Petruschenko a plus de quinze ans d’expérience dans l’environnement technologique propre au secteur financier. Durant son parcours, il a été amené à travailler plus particulièrement pour des banques privées, des gestionnaires de fortune indépendants et des family offices. Avant de lancer EAM.Technology, il a occupé différents postes de direction chez des fournisseurs suisses de solutions logicielles destinées aux secteurs du wealth management et de l’asset management.

     

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      Analyse

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        • Emmanuel Petit
        • Directeur de la gestion obligataire
        • Rothschild & Co Asset Management

      Les marchés se tendent mais le crédit reste attractif

      Alors que la BCE arrive au terme de son cycle d’assouplissement monétaire, la désynchronisation avec la Fed s’accentue. Emmanuel Petit en détaille ici les implications.

      Comme prévu, la BCE a abaissé ses taux pour la quatrième fois cette année lors de sa réunion du 5 juin dernier. L’inflation attendue sous la cible des 2 % en Zone euro à fin 2025 semble annoncer la fin du cycle de baisses entamé en juin 2024. Les taux européens à 2 ans devraient donc être amenés à se stabiliser. Toutefois, si le conseil des gouverneurs reste divisé sur la question, les investisseurs s’attendent encore à une cinquième et dernière baisse d’ici la fin de l’année.

      Cette position d’attente de la BCE s’explique par des effets contradictoires sur la croissance et l’inflation poussés, dans un sens, par la guerre commerciale avec les États-Unis et, dans l’autre, par les effets positifs du plan budgétaire allemand qui devraient se faire ressentir à partir de l’année prochaine. Les taux longs, de leur côté, restent sous pression, le financement de la dette demeurant un sujet d’inquiétude pour les investisseurs. Ce mouvement de défiance s’observe d’ailleurs dès que des inquiétudes émergent sur la trajectoire budgétaire d’un État.

      À ce titre, la France est perçue en ce moment comme le mauvais élève de la Zone euro. Si un pic sur le spread1 OAT-Bund a été observé au moment des élections législatives l’année passée, il s’est progressivement resserré depuis pour se stabiliser autour de 70 points de base 2. Les investisseurs semblent donc continuer à accorder un certain crédit à son gouvernement, estimant qu’il dispose de nombreux leviers pour parvenir au redressement des finances publiques. Le taux d’emprunt français n’en reste pas moins l’un des plus élevés parmi les 20 pays membres. Plus globalement, la Zone euro reste engluée dans un scénario de croissance molle. Les défauts sont en légère hausse mais restent géographiquement très concentrés et aucune détérioration significative n’est encore à signaler.

      Aux États-Unis, la situation est plus délicate. Depuis le début de l’année, les investisseurs se détournent des actifs américains. Les questionnements légitimes sur l’évolution des déficit jumeaux3, les atermoiements de Donald Trump et les doutes sur la pérennité de l’exceptionnalisme américain ont engendré un mouvement de défiance et une chute de plus de 10 % du dollar contre toutes devises 2. L’écart de taux d’intérêt à l’avantage des obligations américaines ne suffit plus à renforcer la monnaie. Pour autant, une accélération de la dépréciation du billet vert dans les mois à venir semble difficile à envisager, dans un contexte présentant peu d’alternatives à la devise américaine.

      Le risque inflationniste et les interrogations sur la soutenabilité de la dette restent également prégnants en raison de la politique menée par l’actuel locataire de la Maison Blanche. À ce titre, la « One Big Beautiful Bill Act 4» promulguée début juillet accentue les craintes sur le creusement du déficit, mais tempère néanmoins les scénario les plus pessimistes. L’évolution des négociations sur les droits de douane demeure la principale préoccupation des investisseurs. Les annonces fracassantes et intempestives, ainsi que les différents reports ne font qu’ajouter de l’incertitude à un environnement géopolitique déjà tendu. Dans ce contexte, depuis le début de l’année, la Fed maintient le statu quo.

      En effet, avec une inflation attendue en hausse jusqu’au mois de septembre en raison des effets de base, de l’incertitude causée par les tarifs douaniers et d’un marché de l’emploi qui ralentit sans pour autant craquer, il paraît logique que la Fed reste prudente. Au regard des niveaux actuels des taux directeurs, le marché est conscient que la banque centrale dispose d’une marge de manoeuvre conséquente avant d’atteindre le taux neutre qu’elle estime entre 3 % et 3,25 %. Cinq baisses sont anticipées d’ici à fin 2026. Ce scénario reste plausible si l’inflation revient à la cible et que le marché de l’emploi se maintient. Au-delà de la dimension économique, d’autres facteurs, comme la nomination du prochain président de la Fed ou les élections de mi-mandat pourraient amener à revoir ces perspectives.

       Face à cette situation, le crédit est en ce moment la classe d’actifs la moins volatile. Ses niveaux de rendement absolu et de spread vis-à-vis des emprunts d’État lui permettent de supporter la volatilité des taux. L’environnement actuel lui est particulièrement favorable: les taux sont peu élevés et l’économie se maintient. Les spreads sont, certes, serrés mais les investisseurs continuent de lui porter un fort intérêt car les fondamentaux des entreprises sont solides et la classe d’actifs offre du portage.

      Dans ce contexte, il convient d’être particulièrement réactifs et chaque épisode de volatilité doit être considéré comme une occasion à saisir. Il faut également se montrer sélectifs car, s’il y a peu de dispersion sectorielle, au sein de chaque secteur, l’acteur le plus fragile est rapidement sanctionné par le marché. Nous ajustons donc progressivement nos portefeuilles. Nous augmentons, à la marge, la sensibilité tout en restant sous-pondérés dans l’attente d’une pentification plus importante des courbes. Nous favorisons les obligations corporates les mieux notées de maturité 5 à 10 ans pour bénéficier du rendement excédentaire qu’elles permettent de capter. Les financières restent également un segment de marché privilégié au regard de ses niveaux de valorisation et des fondamentaux des acteurs du secteur. Enfin, nous maintenons la couverture de nos portefeuilles via des CDS5 afin d’amortir de potentiels pics de volatilité.

      Emmanuel Petit

      Rothschild & Co Asset Management

      Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).

       

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        Adéquation fiscale : appel aux gestionnaires de fortune suisses

        Dans le climat actuel d’intégration et de transparence fiscale accrue, la prévalence de l’adéquation fiscale en gestion de portefeuille n’est pas seulement prudente, elle est essentielle pour le bien-être financier des investisseurs. Négliger cet aspect peut éroder leur patrimoine, leur confiance et potentiellement entraîner des pertes financières tant pour le client lui-même que pour son institution financière.

        Historiquement, la gestion de fortune suisse a souvent relégué les considérations fiscales au second plan. Cette approche n’est plus tenable. En tant que professionnel de la gestion de fortune profondément impliqué dans la finance suisse, j’ai observé directement les conséquences négatives du manque de considération fiscale. Il est temps de sonner l’alarme.

        Cet article expose les raisons fondamentales pour lesquelles les gestionnaires de portefeuille suisses doivent intégrer les aspects fiscaux dans leurs stratégies d’investissement. Nous explorerons les avantages indéniables d’une approche soucieuse de la fiscalité, tant pour les clients cherchant à maximiser leurs rendements après impôt que pour les institutions financières visant à renforcer leur position sur un marché concurrentiel.

        S’adapter à la transparence fiscale

        Autrefois synonyme de secret bancaire, la Suisse a connu une transformation profonde au cours des dernières années. En adhérant à la coopération fiscale internationale, le pays participe maintenant activement à l’échange automatique d’informations. Ce changement permet une transparence sans précédent, obligeant les institutions financières à adapter leurs pratiques pour répondre aux normes fiscales mondiales.

        Dans cette nouvelle ère, négliger les aspects fiscaux de la gestion de portefeuille comporte des risques substantiels tant pour les gestionnaires de fortune que pour leurs clients. Ceux-ci peuvent désormais être confrontés à des charges fiscales inutiles, qui diminuent leurs rendements après impôt. Dans certains cas, ces négligences peuvent dégénérer en litiges impliquant potentiellement l’Ombudsman, voire en procédures judiciaires.

        Un cas récent traité par l’Ombudsman des banques suisses illustre bien les conséquences potentielles. Une cliente résidant à l’étranger avait confié la gestion de sa fortune à une banque suisse. À son insu, la banque a liquidé l’intégralité de son portefeuille et a réinvesti les fonds dans un fonds interne, générant d’importantes plus-values. La cliente résidant dans une juridiction où les plus-values étaient imposables, elle a encouru une dette fiscale considérable.

        Initialement, la banque a refusé d’indemniser la cliente, arguant qu’elle n’était pas tenue de tenir compte des situations fiscales individuelles. Cependant, suite à une médiation, la banque a accepté de prendre en charge 50 % des impôts dus liés à la restructuration du portefeuille.

        Ce cas souligne l’importance cruciale d’intégrer les considérations fiscales dans les stratégies de gestion de fortune. Une approche proactive en matière d’adéquation fiscale améliore les rendements après impôt pour les clients, cultivant une relation de confiance. Cela atténue ainsi les risques juridiques et de réputation pour les institutions financières.

        L’avantage concurrentiel : une personnalisation fiscalement adéquate

        Les clients internationaux recherchent de plus en plus une gestion de portefeuille fiscalement adéquate. Étonnamment peu de firmes ont fait de ce besoin une priorité. Celles qui agissent maintenant ont donc l’opportunité de saisir ce facteur de différenciation clé. Atteindre une véritable adéquation fiscale pour les clients internationaux implique toutefois un niveau de personnalisation qui va au-delà de la gestion de portefeuille traditionnelle.

        La personnalisation fiscalement adéquate implique d’adapter les stratégies d’investissement à la résidence fiscale et à la situation spécifique de chaque client. Cette approche nécessite une compréhension approfondie des réglementations fiscales internationales et la capacité d’intégrer ces connaissances dans la prise de décision en matière d’investissement.

        La technologie au service de l’adéquation fiscale

        Les avancées technologiques rendent désormais possible la personnalisation fiscalement adéquate à grande échelle.

        Des solutions sophistiquées de gestion de portefeuille, telles que Croesus Central, ouvrent la voie. Elles fournissent des informations sur les tendances fiscales, en identifiant les passifs fiscaux potentiels et en prévoyant les implications fiscales dans de multiples juridictions. Intégrant les données fiscales de partenaires spécialisés comme Indigita, ces plateformes permettent aux gestionnaires de fortune d’optimiser les portefeuilles tout en tenant compte des implications fiscales pour les clients dans de nombreux pays. Cette approche basée sur les données facilite une prise de décision éclairée, optimise les résultats pour les clients et rationalise les processus de gestion de portefeuille.

        Cependant, il est crucial de souligner que si la technologie fournit des données et des informations précieuses, elle ne remplace pas l’élément humain dans la gestion de fortune. Le pouvoir de décision finale appartient au gestionnaire de portefeuille, qui apporte son jugement professionnel et son expérience pour adapter les stratégies d’investissement aux besoins et aux préférences spécifiques de chaque client.

        Pour illustrer l’application pratique de ces avancées technologiques, examinons comment Croesus Central permet aux gestionnaires de fortune de bénéficier d’informations basées sur les données. Cette solution utilise un système de notation fiscale, allant de -2 à +2, pour évaluer l’adéquation fiscale de divers produits financiers pour les clients dans différentes juridictions. Ces notations, dérivées de données fiscales complètes, offrent une évaluation claire et concise des implications fiscales associées aux différentes options d’investissement.

        La plateforme utilise un système de notation complet afin d’évaluer les implications fiscales des divers investissements. Ce système fournit une indication claire des charges fiscales potentielles, allant des options très inadéquates fiscalement qui pourraient entraîner des passifs importants, aux choix très adéquats fiscalement conçus pour les minimiser. Essentiellement, le système de notation offre un moyen rapide et facile de comprendre l’impact fiscal de tout investissement donné dans le contexte fiscal spécifique du client.

        En intégrant ces notations fiscales dans son moteur de rééquilibrage de portefeuille, notre solution permet aux gestionnaires de fortune de prendre des décisions éclairées concernant l’allocation d’actifs et la sélection de titres. La plateforme peut identifier automatiquement les investissements inadéquats fiscalement et suggérer des alternatives fiscalement avantageuses. Elle garantit ainsi que les portefeuilles sont alignés sur la résidence fiscale et la situation individuelle du client. Il est alors facile pour le professionnel d’accepter ou de rejeter les suggestions fournies par le système.

        Cette approche permet de combiner efficacement l’utilisation de technologies pour améliorer l’adéquation et la personnalisation, tout en préservant le rôle essentiel du gestionnaire de fortune dans l’entretien des relations de confiance avec les clients et la prestation de conseils personnalisés. En intégrant stratégiquement la puissance des informations basées sur les données à l’expertise humaine, les gestionnaires de fortune suisses peuvent naviguer avec confiance dans la complexité de la fiscalité internationale et obtenir des résultats optimaux pour leurs clients.

        Passez à l’action maintenant

        Les gestionnaires de fortune suisses devraient agir dès maintenant pour adopter une gestion de portefeuille fiscalement adéquate. Les banques doivent tirer parti des technologies financières de pointe et de l’intelligence fiscale internationale. Elles pourront ainsi garantir la conformité aux réglementations fiscales, maximiser les rendements après impôt et offrir une expérience client personnalisée et transparente. Alors que les politiques fiscales continuent d’évoluer, l’adoption d’une gestion de portefeuille fiscalement adéquate sera une caractéristique déterminante du succès dans l’avenir en gestion de fortune.

        Je crois que le secteur suisse de la gestion de fortune se trouve à un carrefour. Pour maintenir sa position estimée dans le paysage financier mondial, il doit adopter une nouvelle approche globale centrée sur le client, incluant une gestion de portefeuille soucieuse de la fiscalité. L’heure d’agir a sonné.

        Romain Faraut

        Croesus

        Basé à Genève, Romain est le fer de lance de l’initiative d’expansion européenne de Croesus. Avant de rejoindre Croesus, il a fortement contribué à la croissance de plusieurs banques privées situées en Suisse. Romain est titulaire de certifications en gestion de fortune (CIWM), en gestion des risques (FRM) et en actifs alternatifs (CAIA).

        Croesus

        Croesus fournit des solutions de gestion de patrimoine innovantes, performantes et sécurisées, comprenant une solution de personnalisation de portefeuille fiscalement efficiente. Ces solutions permettent aux professionnels de la gestion de patrimoine d’accroître leur productivité, d’améliorer les relations avec leurs clients, de prendre des décisions éclairées et de simplifier la gestion des actifs sous gestion.

         

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