Diversification

Solutions d’investissement

    • Interview Marwan Haddad
    • Directeur général et responsable de la stratégie actions MENA
    • Azimut Group

MENA : le potentiel dévoilé d’un marché en pleine mutation

Le Moyen-Orient, notamment les pays du Conseil de coopération du Golfe, se démarque par sa résilience et ses efforts soutenus de diversification. Marwan Haddad en analyse les dynamiques économiques et explore les enjeux clés pour l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, en s’attardant sur les réformes déployées pour attirer talents et investissements.

Par Géraldine Monchau

Comment décririez-vous la situation économique du Moyen-Orient par rapport aux autres économies mondiales, à la lumière des récentes baisses de taux et des fluctuations des prix du pétrole ?

Les pays du GCC à hauts revenus comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite représentent actuellement 95 % de l’indice S&P Pan Arab. Ils utilisent leur richesse pétrolière pour diversifier leur économie et réduire leur dépendance à l’égard de cette industrie. Dubaï, qui se positionne comme une plaque tournante mondiale du commerce et du tourisme, illustre parfaitement cette réussite.

La région est aujourd’hui à l’aube de nouvelles transformations. L’Arabie saoudite, son fer de lance de la région, investit massivement dans des secteurs tels que le transport maritime, la logistique, le divertissement, ainsi que dans des mégaprojets d’infrastructure. Elle dispose pour cela d’importantes réserves fiscales, des actifs étrangers d’une valeur de 467 milliards de dollars, près de la moitié de son PIB) et elle présente par ailleurs un faible ratio dette/PIB de 28 %. Elle dispose donc de la solidité financière nécessaire pour mener à bien ces projets. Le financement peut provenir de sources diverses comme la privatisation d’actifs – l’introduction en bourse d’Aramco a permis de lever 42 milliards de dollars ! -, ou l’augmentation de la dette publique qui reste relativement faible.

La plupart des pays du GCC ayant leur monnaie arrimée ou étroitement liée à au dollar ont dû s’aligner sur les politiques monétaires américaines, ce qui s’est traduit par des taux d’intérêt plus élevés en dépit d’une faible inflation. Néanmoins, les secteurs bancaires de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis ont enregistré une croissance des prêts, de plus de 10 % et 7 %, respectivement.

En ce qui concerne les fluctuations des prix du pétrole, la région s’en est bien sortie en constituant des réserves budgétaires substantielles pendant les périodes où les prix du pétrole étaient élevés. Aux Émirats, le pétrole ne représente plus que 30 % du PIB. Depuis le choc pétrolier de 2014, l’Arabie saoudite comme les EAU ont considérablement réduit les subventions et introduit de nouvelles taxes, pour diversifier davantage leurs sources de revenus et garantir des budgets plus équilibrés.

Quelles mesures importantes les autorités ont-elles prises pour stimuler l’économie ?

Les Émirats arabes unis, avec leur « Golden Visa » de dix ans pour les professionnels et les investisseurs, ont su attirer de nouveaux talents. Parallèlement, l’Arabie saoudite, via des réformes sociales audacieuses – notamment l’octroi de visas touristiques et l’autorisation de la conduite pour les femmes – s’est créé un plus large réservoir de capital humain.

L’Arabie saoudite a progressé aussi dans les domaines du divertissement, du tourisme intérieur et du développement technique. Autrefois absente de l’indice MSCI Emerging Markets, elle en représente aujourd’hui environ 3,7 % de l’indice, sur les 7% que compte l’ensemble du Moyen-Orient. Il s’en est suivi de solides apports de capitaux, passifs et actifs, sur le marché boursier.

Au cours de la prochaine décennie, la région devrait allouer plus de 1’000 milliards de dollars à la diversification de ses économies

Quel est le principal défi auquel la région est confrontée aujourd’hui, en particulier pour l’Arabie saoudite ?

Le gouvernement doit rester engagé dans ses réformes. Contrairement aux Émirats arabes unis, le pays reste fortement tributaire des dépenses publiques pour construire ses infrastructures dans divers secteurs, au moins pour les dix prochaines années.

Quelles sont vos perspectives pour les marchés du Moyen-Orient dans les années à venir ? Quels thèmes vous semblent prometteurs?

Nous nous concentrons sur des thèmes séculaires tels que les biens de consommation de base, puisque l’Arabie saoudite veut voir passer sa population de 33 millions aujourd’hui à 40 millions d’ici 2040. Nous nous alignons aussi sur des thèmes liés aux réformes en cours tels que l’éducation de qualité, le logement et les soins de santé, trois piliers qui doivent être améliorés pour attirer des expatriés de haute volée. Le marché va continuer à s’élargir avec l’introduction en bourse de nouvelles sociétés, ce qui permettra aux investisseurs d’être exposés à des thèmes qui n’existaient pas auparavant. Nous nous attendons enfin à ce que la prime de risque globale sur le marché diminue en raison de l’amélioration de la transparence et de la communication des entreprises.

Les marchés MENA offrent-ils un avantage en termes de diversification et dans quelle mesure sont-ils affectés par les prix du pétrole ?

Ces trois dernières années, l’indice S&P Pan Arab affiche une corrélation décroissante avec les marchés émergents Il faut bien sûr attribuer cette diminution au développement majeur des moteurs de croissance intérieure et à la diversification par rapport au pétrole.

Marwan Haddad

Azimut Group

Marwan a rejoint Azimut en 2023 pour diriger les stratégies Actions MENA et l’expansion du groupe en Arabie Saoudite. Marwan était auparavant directeur général des investissements chez Capital Investments. Avant cela, il a travaillé pour Emirates NBD Asset Management où il était responsable des actions de la région MENA, tout en développant l’offre de la banque en matière de dette privée et de stratégies multi-actifs. Il a également géré des stratégies d’actions de la région MENA chez AL MAL Capital et Rasmala Investment Bank. Marwan Haddad est titulaire d’un Executive MBA de la London Business School et d’un Master of Business in Finance de l’Université de Sydney. Il détient également la certification CFA.

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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    Passer au digital et en exploiter tout le potentiel ne s’improvise plus. Vu la complexité des enjeux et des tâches, autant se plier à un plan stratégique concret, capable de produire davantage d’efficacité et de générer une plus forte valeur ajoutée pour les clients.

    Quand on dit transformation digitale, on imagine tout de suite des projets gigantesques, grands consommateurs de temps et de ressources. Beaucoup de GFI ne pensent donc pas avoir accès aux solutions technologiques pourtant nécessaires à leur développement. Ils se brident eux-mêmes en quelque sorte. Car ces solutions sont en réalité disponibles pour la plupart des institutions, quelle que soit leur taille. La transformation digitale n’a rien d’un mirage et sa mise en œuvre génère rapidement des résultats, que ce soit en termes d’efficacité ou d’enrichissement de l’expérience client. Les avantages concurrentiels se créent ainsi.

    Bien évidemment, les gérants indépendants ne s’élancent pas tous de la même case départ.  Ils forment une population assez hétéroclite, en raison des différents segments de clientèle sur lesquels ils se concentrent, des différentes structures qu’ils ont créées, ou des différents outils qu’ils emploient.

    Cependant, ils ont énormément d’objectifs en commun, comme celui par exemple de se faciliter le travail en améliorant aussi bien la qualité de leurs services que leurs marges. Voici alors une roadmap à dérouler pour atteindre ces deux objectifs.

    Poser des bases solides, cibler des projets rentables pour financer les étapes suivantes

    a. Le premier projet consiste en la digitalisation des documents les plus volumineux, ceux qui nécessitent des mises à jour régulières.

    Numériser les formulaires d’onboarding les passages d’ordre, les échanges avec les banques dépositaires produisent des gains immédiats, en temps et en argent. Il en résulte aussi des économies substantielles sur les frais de stockage des documents physiques. Ce projet facilite également les audits en proposant une base documentaire accessible et structurée.

    Il permet enfin d’établir des fondations pour des initiatives plus intéressantes comme la digitalisation et l’automatisation des processus, qu’il s’agisse d’onboarding, de compliance, ou de production documentaire…

    b. La digitalisation des processus et la mise en place d’automatismes.

    Une fois les documents structurés et digitalisés, l’amélioration des processus s’en trouve grandement simplifiée. Il est alors possible de gérer les processus et les workflows qui se déclenchent tout au long du cycle de vie du client. On commencera évidemment avec l’onboarding. Au lieu de s’inquiéter systématiquement des documents à collecter, ou des contrôles à effectuer, toutes ces questions peuvent être intégrées à une gestion « intelligente » des processus. Le système guide les gérants dans le suivi des dossiers, il leur indique les points de contrôles, les alertes ou tout simplement les pièces manquantes. Se faisant, la qualité se renforce alors que les délais se réduisent.

    Au-delà de l’onboarding, on peut imaginer des processus automatisés capables de produire des relevés à la volée, la mise en place de formulaires dynamiques qui s’adaptent en fonction des réponses données ou encore l’envoi automatique des notes d’information et des prospectus au client.

    Pour finir, la digitalisation des processus peut également porter sur la compliance. Elle justifie d’un programme dédié. Les contrôles effectués lors de l’onboarding, ou par périodes, sont chronophages mais ils peuvent désormais être automatisés à minima pour la partie collecte et synthèse documentaire. La gestion des alertes AML pourrait également bénéficier de l’automatisation. En laissant les machines effectuer la recherche et la catégorisation des flux, les analystes pourraient se concentrer sur l’analyse approfondie, ce qui améliorerait considérablement la qualité de l’étude.

    Développer son activité avec des projets à forte valeur ajoutée

    a. Mise en place d’un PMS

    Dans les structures opérées par les GFI, le PMS sert de clé de voute. Que ce soit pour le suivi et le pilotage des portefeuilles, le passage d’ordre ou encore la réconciliation, le PMS est l’outil qui permet au gérant d’optimiser son efficacité opérationnelle. Dès lors, il faut le choisir avec attention en se focalisant sur les besoins de ses utilisateurs, portfolio managers et relationship managers.

    Les capacités des PMS sont en constante évolution. Ils comportent aujourd’hui des fonctionnalités jusqu’alors réservées aux grands gérants. Le rebalancing dynamique prenant en compte les contraintes clients, la création de portefeuille selon les objectifs du client (goal based approach) ou encore l’interfaçage simplifié avec les banques dépositaires sont autant d’éléments qui allègent les GFI. Ils peuvent ainsi étendre leurs relations avec leurs clients, comme avec leurs banques dépositaires, tout en améliorant leur efficacité opérationnelle.

    b. Agrégation de compte et reporting 360°

    L’agrégation de comptes et la vision 360° sont des points qui concernent tous les GFI et peut-être plus particulièrement les family offices. Avec des clients multi-bancarisés, il faut produire un travail considérable pour obtenir une vue globale sur leurs actifs, financiers ou non. Le développement d’outils de consolidation – et plus encore d’outils de visualisation – va prendre une importance considérable. De plus, les gestionnaires seront en mesure de prendre des décisions plus éclairées en ayant accès à l’ensemble des actifs, et en pouvant choisir alors de renforcer certaines positions ou de privilégier la diversification.

    Se projeter sur le long terme

    a. Développer son réseau

    Dans un contexte de captation de nouveaux clients et de “grand transfert de richesse” intergénérationnel, la connaissance clients doit être renforcée et élargie à un cercle plus large. La mise en place d’un outil de CRM incluant la prospection permet aux GFI de se concentrer sur les personnes, et les liens qui les unissent, pour mettre en place de nouveaux relais de développement et de fidéliser les clients historiques dans une relation long terme.

    Pour les GFI au volume d’affaires plus étoffé, il est possible de déployer des programmes relationnels assez sophistiqués. Le « marketing automation » aide par exemple à créer des stratégies personnalisées en fonction de la segmentation des clients, suivies de plans de fidélisation partiellement automatisés qui tiennent compte de la pression commerciale souhaitée et de l’analyse comportementale.

    b. Intelligence artificielle pour la gestion active des portefeuilles, prise en charge des contraintes réglementaires et cross-border

    Pour conclure cet article, il fallait bien sûr évoquer l’apport de l’intelligence artificielle. Les premiers cas d’usages sont déjà connus. Ils vont de la génération de documents préremplis spécifiques à chaque client jusqu’à la personnalisation du contenu transmis. Ils incluent la suggestion au gérant des prochaines actions à entreprendre auprès de ses clients, la transcription dans le CRM des appels et emails clients, ainsi que la surveillance assistée des marchés pour prendre de meilleures décisions.

    Le parcours peut sembler ardu mais en se concentrant sur son modèle d’affaire et en se fixant des priorités ainsi que des objectifs clairs, chaque GFI peut s’engager dans des améliorations à court et moyen termes. Cela lui permettra de se développer, de se préparer à une consolidation du marché et de faire face à un éventuel renforcement réglementaire.

    Cette feuille de route doit être à la fois ambitieuse et réaliste. Pour en voir les effets, elle doit surtout pilotée avec finesse, agilité et pragmatisme sur chacun des sujets.

    Brewen Latimier

    Colombus Consulting

    Brewen Latimier occupe les fonctions de Manager chez Colombus Consulting, où il est en charge du secteur des services financiers pour la Suisse. Il a plus de 15 d’expérience dans ce secteur. Après un début de carrière dans la direction financière d’une banque, il a rejoint le monde du conseil où il participe à de nombreux projets de transformation digitale à travers l’Europe et la Suisse pour des institutions financières. Il a récemment mis en place différentes stratégies digitales et data pour ses clients.

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      Par Jérôme Sicard

       «Il faut qu’il y ait une compréhension réciproque des leviers de motivation»

      Pour soutenir leur dynamique de croissance, les sociétés de gestion cherchent de plus en plus à recruter de nouveaux relationship managers, à débaucher des banquiers privés, voire à récupérer des desks complets. Un exercice plus complexe qu’il n’y parait, où un projet d’entreprise solide, un business plan réaliste et une compréhension claire des attentes de chacun sont essentiels pour réussir.

      A quoi doit ressembler le pitch des sociétés de gestion qui veulent recruter de nouveaux relationship managers, voire intégrer de nouvelles équipes, dans une logique de croissance externe?

      Pour attirer les talents les plus qualifiés, il est essentiel de clarifier précisément la proposition de valeur. Aujourd’hui, avec près de 1’400 autorisa­tions délivrées par la FINMA à des gestion­naires de fortune, autant de propositions de valeur distinctes existent sur le marché. Il est donc crucial de donner du poids au pitch, sans toutefois se méprendre : la rémunération, et éventuellement la possi­bilité d’entrer au capital, resteront des fac­teurs décisifs dans le choix des candidats.

      Qu’entendez-vous par proposition de valeur?

      La société de gestion doit justifier son recrutement en le replaçant dans un plan stratégique. Attirer un relationship manager ou un banquier privé aujourd’hui nécessite avant tout de présenter un projet d’entre­prise solide, soutenu par une vision à long terme. Il est crucial de stimuler son esprit entrepreneurial, de lui donner envie de construire et de grandir ensemble. Valoriser son apport en le plaçant dans un contexte précis, où il pourra s’épanouir et servir ses clients de manière optimale, est primordial.

      La mise en place d’une culture collabora­tive, fondée sur la confiance, l’assurance d’avoir un équilibre entre vie profession­nelle et vie personnelle, notamment par des options telles que le télétravail, sera déter­minante pour convaincre un candidat.

      Il est également essentiel d’insister sur les outils à disposition. À l’ère du digital, disposer de technologies avancées est indispensable pour améliorer l’efficacité des RMs, qu’il s’agisse de la gestion de portefeuilles, de l’analyse de données ou des plateformes de communication avec les clients.

      A quel type de packages s’attendent les relationship managers ou les banquiers éventuellement prêts à bouger?

      Il y a jusqu’à cinq variables, qui rentrent aujourd’hui dans un package. Ça com­mence avec le salaire de base qui se situe la plupart du temps entre 150 et 250’’000 francs. A cette rémunération initiale s’ajou­tent les bonus, qui peuvent représenter jusqu’à 100% du salaire de base. Viennent ensuite les participations aux bénéfices, les avantages sociaux – assez souvent négligés dans les offres – et enfin les primes à l’an­cienneté ou bonus de rétention. Il peut s’agir entre autres de participations aux bénéfices qui augmentent au fil des années.

      Quels points vous semblent décisifs dans un recrutement?

      Des risques sont pris de part et d’autre. Chacun doit en être pleinement conscient. Pour les minimiser, il faut qu’il y ait une compréhension réciproque des leviers de motivations. Dans les dossiers que nous traitons, nous voyons passer beaucoup de banquiers qui saturent de leur environne­ment bancaire. Il ne ressemble plus à celui qu’ils ont connu à leurs débuts. Ils ne se sen­tent plus alignés à la politique d’organisa­tion. Le généraliste disparaît en effet pour laisser la place à des profils nettement plus spécialisés, dans la gestion de portefeuille, la fiscalité ou le wealth planning. Ces seniors ont bien évidemment envie de bouger pour retrouver leurs repères mais ils savent qu’ils prennent des risques en sortant du système et ils s’attendent en retour à une compensation financière ou à une pleine autonomie.

      D’après les retours que vous obtenez, dans quelle mesure chacune des parties doit-elle modérer ses attentes?

      Pour chaque recrutement, il y a toujours un business plan qui sert de base de réflexion. Or, il vaut mieux se montrer pru­dent sur ce qu’il contient et savoir le pon­dérer car la réalité s’écarte assez vite du postulat de départ. La question clé repose bien évidemment sur le temps nécessaire au transfert du portefeuille Clients. Cer­tains gérants se donnent trois à six mois, au grand maximum pour voir le book arriver. D’autres, qui ont les reins un peu plus soli­des, peuvent patienter davantage, de douze à dix-huit mois. Reste à voir égale­ment quelle proportion du book sera récu­pérée au final, autrement dit ce que la ban­que réussira à conserver ou non. Voilà ce en quoi chacun doit modérer ses attentes. Mais je pense que les acteurs concernés sont moins naïfs aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a encore quelques années.

      Quels sont les grands pièges à éviter pour les uns et les autres?

      Il ne faut pas sous-estimer l’adéquation culturelle qui doit s’établir entre les deux parties. En rejoignant un gérant indépen­dant, un banquier privé change d’univers. Il se retrouve du jour au lendemain dans des structures plus légères qui n’ont pas forcé­ment les mêmes ressources, que ce soit en termes de personnel, de prestataires ou d’outils. Beaucoup se voient obligés de sor­tir de leur zone de confort. Côté sociétés de gestion, des relationship managers peuvent avoir de jolis portefeuilles clients mais se trouver dans l’incapacité de les développer, par manque de compétences commercia­les pures. Il est donc indispensable que tous fassent preuve de réalisme en fonction des possibilités et des moyens financiers qu’offre ou non la structure.

      Où-recrutez-vous, pour les banques privées ou les sociétés de gestion qui vous le demandent?

      Essentiellement dans les banques. C’est le vivier le plus important en ce moment, là où nous voyons le plus de mouvements. La disparition de Credit Suisse a eu un certain impact, de même que la reprise en cours de Société Générale Private Banking Suisse par UBP, mais nous constatons aussi un réel mécontentement chez les ban­quiers les plus expérimentés, âgés de plus de cinquante ans. Ce sont donc des cibles prioritaires. Dans une moindre mesure, nous nous intéressons aussi aux candidats au départ chez les gérants indépendants. Aux lendemains de la mise en application de la LSFin/LEfin plusieurs structures mon­trent en effet des signes de vieillissement, ou d’essoufflement. Je comprends que des relationship managers aient alors la volonté de poursuivre leur carrière dans des struc­tures plus pérennes.

      En règle générale, nous ne recrutons que très peu à l’étranger. Que ce soit à Genève ou à Zurich, nous opérons sur un marché très local.

      Quelles mesures doivent prendre les banques pour limiter la fuite des talents?

      De fait d’une sophistication de plus en plus importante des clients et d’un besoin croissant des banques de les retenir, ces dernières n’ont d’autre choix que de forcer une collaboration entre banquiers et experts métiers, notamment pour la partie investissements. C’est une tendance iné­luctable. Il est donc difficile de retenir des banquiers privés qui ont longtemps opéré en solo et qui sont tenus désormais de se fondre dans un collectif.

      Je crois que les banques aujourd’hui ont plutôt intérêt à se concentrer sur les colla­borateurs plus jeunes, à les former, à leur financer des troisièmes cycles et à les engager sur le long terme avec des plans de carrière qu’ils ne trouveront pas forcé­ment chez un gérant indépendant. En soi, les banques ont déjà beaucoup à gagner en s’assurant la fidélité de plus jeunes colla­borateurs, qui présentent un fort potentiel.

      Sur quel type d’opérations travaillez-vous en ce moment?

      Nos clients, principalement des banques ou des sociétés de gestion, nous sollicitent de plus en plus pour acquérir des desks complets, avec relationship managers, hunters, farmers, assistantes et advisors. Pouvoir récupérer des desks complets sécurise le client. Ensuite, à un autre éche­lon ce sont toujours les fonctions risque et compliance qui nous occupent beaucoup, avec des demandes pour des profils très spécialisés selon les zones géographiques ou les typologies de risque.

      Julie Guittard

      Michael Page

      Spécialisée dans le recrutement au sein du secteur bancaire et des services financiers en Suisse romande, Julie Guittard est senior manager chez Michael Page. Elle a plus de 14 ans d’expérience dans la gestion de talents. Au cours de sa carrière, elle a dirigé des équipes et couvert un large éventail de postes dans les domaines du risque, de la conformité, de la finance, des investissements, des opérations et du front office pour des banques privées, des asset managers et des gestionnaires de fortune ainsi que pour des family offices.

       

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        • Senior Institutional Sales
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      Les AMC : un avantage stratégique pour les GFI

      Profitez des AMC : simplifiez vos opérations, réduisez vos coûts et faites évoluer votre entreprise

      Les gestionnaires de fortune indépendants (GFI) en Suisse font face à des défis croissants dans le contexte financier actuel. Les exigences réglementaires, les attentes croissantes des clients et la compétition intense poussent les GFI à optimiser leurs opérations pour se démarquer. L’Actively Managed Certificate (AMC) est une solution efficace à ces défis : il permet aux GFI de gérer leurs stratégies de manière efficace, économique et évolutive.

      Pourquoi les AMC gagnent-ils en popularité ?

      Les AMC permettent aux GFI de consolider les actifs sous un seul dépositaire, éliminant ainsi la nécessité de coordonner avec plusieurs banques. Cela simplifie l’ensemble du processus de gestion de portefeuille et réduit considérablement la charge administrative. Les GFI peuvent aussi réaliser des économies d’échelle en regroupant les opérations des clients, ce qui donne accès à des conditions mieux négociées pour les services de dépôt et de courtage.

      Historique de performance

      Les AMC permettent également un historique de performance transparent et vérifiable des stratégies du GFI. Ces antécédents peuvent attirer de nouveaux clients en mettant en évidence les performances historiques du gestionnaire, améliorant ainsi la crédibilité et la valeur commerciale.

      Accès aux placements institutionnels

      Les AMC ouvrent l’accès à un univers exclusif d’investissements de grade institutionnel, souvent réservé aux grands acteurs. Cet accès permet aux GFI de proposer à leurs clients une gamme plus large et sophistiquée de produits, les aidant à rester compétitifs sur le marché.

      Portefeuilles modèles pour des clients de toutes tailles

      Avec les AMC, les GFI peuvent proposer efficacement des portefeuilles modèles pour des clients de toutes tailles, y compris les petits comptes. Ils peuvent ainsi proposer des stratégies d’investissement sophistiquées à une clientèle plus large, chose difficile à gérer avec des méthodes traditionnelles.

      AMC vs fonds traditionnels

      Bien que les AMC et les fonds d’investissement traditionnels permettent tous deux de grouper des stratégies d’investissement, il existe des différences majeures qui rendent les AMC plus attrayants pour les GFI.

      Flexibilité

      Un AMC peut être lancé rapidement et peut inclure un large éventail de classes d’actifs liquides et illiquides, telles que le Private Equity ou la Crypto. Les AMC ne sont pas aussi strictement réglementés que les fonds, ce qui permet aux gestionnaires de contourner les limitations de concentration de portefeuille et d’effet de levier, facilitant ainsi la mise en œuvre de stratégies thématiques ou spéculatives.

      Une solution économique

      Les fonds traditionnels peuvent être chronophages et coûteux à mettre en place. Les AMC, en revanche, nécessitent beaucoup moins de capital de départ et les coûts de lancement et récurrents sont bien inférieurs.

      Structure hors-bilan

      Les AMC peuvent être émis comme des produits hors-bilan, ce qui signifie qu’ils n’apparaissent pas dans le bilan de la banque émettrice. Cela offre une protection supplémentaire aux clients puisque les actifs au sein de l’AMC sont séparés de la santé financière de la banque émettrice, éliminant ainsi le risque de contrepartie.

      Pourquoi Saxo est le partenaire idéal pour les AMC

      Le choix du bon partenaire est crucial pour réussir la mise en place des AMC, et Saxo est le partenaire idéal pour les GFI suisses souhaitant adopter cette structure pour de nombreuses raisons.

      Technologie avancée

      Saxo propose une suite de plateformes de trading primées adaptées à différents besoins, toutes basées une technologie REST API. Cela rend les plateformes agiles, robustes et faciles à intégrer pour des besoins tels que le trading via API FIX. Les outils de Saxo permettent également aux GFI de gérer facilement divers AMC, comptes clients individuels et fonds, le tout sous une unique structure de compte.

      Accès aux marchés mondiaux

      Saxo donne accès à un vaste éventail d’instruments financiers sur les marchés mondiaux, tels que les actions, ETFs, obligations, FX et produits dérivés. Ce large accès permet aux GFI de proposer des portefeuilles diversifiés et de haute qualité au sein de leurs AMC, ayant ainsi accès à de nombreuses opportunités d’investissement.

      Prix compétitifs et service institutionnel de haute qualité

      L’envergure et la technologie de Saxo Bank permettent aux GFI de bénéficier de prix concurrentiels sans compromettre la qualité du service. Les partenaires ont accès à un chargé de relation dédié, ainsi qu’à des contacts attitrés au service client et au trading.

      Conclusion

      Pour les gestionnaires de fortune externes suisses cherchant à simplifier leurs opérations, réduire leurs coûts et élargir leur gamme de services, les AMC représentent une solution pratique et efficace. En s’associant à Saxo Bank, les GFI peuvent pleinement tirer parti de ces avantages et se positionner pour réussir à long terme dans un environnement de plus en plus compétitif. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez en savoir plus !

      Description SAXO Bank

      Saxo est un leader mondial des solutions de trading électronique et de dépôt. Nous offrons une technologie avancée ainsi qu’une infrastructure robuste qui permet aux banques et aux gestionnaires d’actifs d’externaliser ou d’améliorer leur chaîne de valeur et d’accéder aux marchés mondiaux. Malgré nos prix très compétitifs, nous ne faisons aucun compromis sur un niveau élevé de service personnalisé.

      Le statut de Saxo en tant que SIFI (Systemically Important Financial Institution) et notre très forte capitalisation garantissent la sécurité des actifs de nos clients. Avec plus de 30 ans d’expérience, plus de 1,2 million de clients, 200 banques et 400 intermédiaires financiers nous font confiance avec plus de 110 milliards d’euros d’actifs.

       

      Sebastian Lynar

      Senior Institutional Sales chez Saxo Bank

      sebl@saxobank.com

      +41 78 781 8338

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