All around

Solutions EAM

  • Gzim Hasani
  • Fondateur & CEO
  • smzh

 « Trop d’acteurs raisonnent en segments ou en transactions. Nous, nous pensons en trajectoires. »

Avec smzh, Gzim Hasani a voulu rendre le modèle family office accessible à une clientèle plus large. Sa plateforme hybride couvre donc toutes les dimensions du patrimoine : prévoyance, fiscalité, immobilier, assurances, structuration. Une approche cohérente, indépendante, conçue pour accompagner des clients aux parcours trop complexes pour les approches standards de la gestion traditionnelle.

Par Jérôme Sicard

Pourquoi avez-vous décidé qu’il était temps d’ouvrir les services de type family office à une clientèle plus large?

J’ai longtemps conseillé des clients ultra-fortunés. Je sais donc à quoi ressemble un service de très haut niveau qui soit à la fois personnalisé, réac­tif, et multidimensionnel. Mais j’ai aussi vu l’envers du décor. J’ai rencontré des clients avec trois millions d’actifs, autant en hypo­thèques, et une solide enveloppe de pré­voyance, qui se retrouvaient dirigés vers des centres d’appels. Cela m’a toujours paru aberrant.

Ces personnes ne sont pourtant pas des exceptions. Leur vie financière est com­plexe, elles sont prêtes à payer pour un service haut de gamme, mais elles restent en dessous des seuils arbitraires fixés par les banques. Pour moi, l’accès à un conseil de qualité devrait dépendre de la com­plexité des besoins, pas uniquement du montant de la fortune. Et ce segment est largement sous-servi.

Comment définissez-vous votre modèle « Family Office Light »?

Il repose sur quatre piliers qui sont la pla­nification financière, le conseil en investis­sement, l’assurance, et le bloc immobilier/hypothèques. Vivre en Suisse implique d’entrée de jeu une relative complexité financière – questions fiscales dès 18 ans, 3e pilier, assurances, hypothèque –sans forcément disposer d’une grande fortune.

Nous avons construit une plateforme uni­que qui permet de tout piloter de façon intégrée. Habituellement, un client doit jon­gler avec cinq conseillers, chacun sur sa spécialité. Cela crée de la friction, des angles morts. Nous offrons à l’inverse une interface unique, un seul point de contact, une logique d’ensemble cohérente. Tout fonctionne en synergie.

S’agit-il juste de la version allégée de services réservés aux UHNWI?

Pas vraiment. Les besoins de fond sont très proches. Tout le monde veut être entendu, compris de manière à pouvoir prendre ses décisions plus sereinement. Que vous gériez 3 ou 300 millions, vous vous souciez tout autant de vos retraites, de vos impôts, de vos placements, de vos assurances. Ce qui change, c’est l’échelle, pas l’intention.

Nous avons simplement effacé la ligne arbitraire qui disait : « Ce niveau de service est réservé aux fortunes supérieures à 20 millions. »

La technologie est-elle au coeur de votre modèle?

On pense souvent que c’est avant tout une histoire de tech. Ce n’est pas le cas — du moins pas au départ. Tout a commencé avec la confiance. Nous venons du monde des Ultra High Net Worth Individuals. Les clients nous connaissaient déjà, ce qui nous a permis d’obtenir un accès privilégié aux banques et aux assureurs. Et nous avons bien évidemment délivré. En parallèle, le marché a évolué. La fidélité aux banques traditionnelles s’érode au fil des années. Les clients attendent aujourd’hui de la réciprocité. Ils veulent être vus, compris, consi­dérés. C’est ce glissement qui a ouvert la voie à des acteurs comme nous.

Comment monétisez-vous vos services au-delà de la gestion de portefeuille?

Avec discernement. Nous ne sommes pas dans une logique business de transac­tions. La clé, c’est la profondeur et la durée de la relation. Notre modèle repose sur des marges récurrentes faibles mais diversi­fiées : assurance, hypothèques, pré­voyance, conseil. Et nous grandissons en même temps que nos clients.

VZ est une bonne référence : ils ont montré que ce type de modèle, axé multi-services, peut se déployer à grande échelle. Notre version est juste plus moderne, plus dyna­mique, mais le principe reste le même : nous cherchons à générer une valeur récurrente, fondée sur la confiance.

Qu’est-ce qui est possible chez smzh qui ne l’était pas chez Credit Suisse ou Julius Baer?

L’indépendance. C’est la différence la plus notable. En banque, j’avais envie de conseiller mes clients globalement, mais je n’en étais pas capable. Je ne pouvais pas leur proposer de conseil fiscal, les aider à structurer leur retraite, ou leur apporter de perspective sur l’immobilier. Nous n’étions pas toujours en mesure de recommander ce qu’il y avait de plus pertinent car nous nous heurtions à certaines restrictions.

Aujourd’hui, avec une architecture réelle­ment ouverte, ces contraintes n’existent plus. Je peux recommander UBS pour tel besoin, Allianz ou Lombard Odier pour tel autre, sans conflit d’intérêts. Nous nous occupons de la due diligence et le client décide. Cette liberté est au bénéfice du client — et pour nous, elle redonne tout son sens à notre rôle de conseiller.

Quels sont les services les plus demandés actuellement?

Aujourd’hui, ce sont clairement l’assu­rance, les hypothèques et le conseil immobilier. Ce sont des domaines dans lesquels notre expertise est solidement établie et notre crédibilité largement reconnue. Nous accompagnons par exemple des familles qui gèrent plusieurs centaines de millions en biens immobi­liers — du financement à la structuration en passant par la gestion du risque.

Mais l’avenir est à l’intégration. Notre « CIO Office » se développe rapidement. Avec notre nouvelle solution – smzh Invest – nous proposons des portefeuilles individualisés avec un montant minimum de 1’000 francs, accessibles aussi bien dans le cadre d’un investissement classique que dans celui du troisième pilier. Nous avons mis en place également des services d’allocation d’ac­tifs pour les clients qui détiennent dans une large mesure des actifs non cotés ou non liquides. Pour beaucoup d’entrepreneurs, l’entreprise représente en effet l’essentiel de leur patrimoine, et c’est là un angle mort dans les modèles traditionnels. Nous, nous intégrons cette réalité au coeur de notre stratégie.

Quelles sont les principales attentes de vos clients aujourd’hui?

Clarté et simplicité. Entre taux d’intérêt, immobilier, politique mondiale et réforme des retraites, ils se sentent submergés. Leurs questions sont très concrètes. Est-ce que je peux me le permettre? Et si je vis jusqu’à 100 ans? Dois-je mettre mon bien en garantie?

Nous recevons aussi de plus en plus de demandes pour des « deuxièmes opi­nions ». Les clients ne veulent pas forcément quitter leur banque — mais ils veulent un regard indépendant, extérieur et objectif C’est exactement là que nous intervenons.

À qui s’adresse smzh concrètement?

À tous. Du jeune de 19 ans qui prend son assurance ménage, jusqu’à la famille qui gère 14 milliards. Ce n’est pas un slogan, c’est la réalité. Nous croyons à l’accompa­gnement sur tout le cycle de vie.

Trop d’acteurs raisonnent en segments ou en transactions. Nous, nous pensons en tra­jectoires. L’étudiant d’aujourd’hui peut être le grand entrepreneur de demain. Et ce jour-là, nous connaîtrons déjà son histoire. Ce lien ne s’invente pas.

Quelle est votre ambition à l’horizon 2030?

Nos objectifs sont clairs. Nous visons plus de 400 collaborateurs, environ 60’000 clients, et une place de leader sur le mar­ché suisse — non seulement comme société de conseil financier, mais comme plateforme intégrée.

Nous avons l’infrastructure : bureaux physi­ques, système digital, équipes dimension­nables. Et nous ne fonctionnons encore qu’à une fraction de notre capacité. Pour l’instant, nous concentrons nos efforts sur la Suisse alémanique, où nous constatons une forte demande.

Nous investissons résolument dans la tech­nologie — non pour suivre une tendance, mais pour en décupler la portée. Prisma, notre plateforme, incarne cette vision. C’est un véritable family office que nous mettons dans votre poche. Prisma offre une transpa­rence totale sur l’ensemble de votre uni­vers patrimonial — investissements, assu­rances, fiscalité, prévoyance. Vous gardez la main quand vous le souhaitez, et vous bénéficiez d’un accompagnement expert lorsque vous en avez besoin. Ce modèle hybride, alliant le meilleur du digital et de l’humain, n’est plus une promesse : c’est notre réalité.

Quel type de partenariats privilégiez-vous?

Tous ceux qui apportent de la valeur à nos clients et s’intègrent à notre écosys­tème — banques, assureurs, caisses mala­die, fiscalistes, fiduciaires, etc.

Nous proposons déjà des solutions en mar­que blanche pour des gérants externes qui se branchent à notre infrastructure de conseil. Les acquisitions ne sont pas exclues — à la seule condition que les cultures s’alignent. Beaucoup veulent monétiser le passé. Nous, nous construi­sons l’avenir. Et nous cherchons des parte­naires qui partagent cet esprit.

Gzim Hasani

smzh

Gzim Hasani dirige smzh, un prestataire de services financiers actif dans les domaines de l’investissement, de la prévoyance, de la fiscalité, de l’immobilier, de l’assurance et de la structuration juridique. Il en est le fondateur. Il est également l’initiateur d’Impegno & Partners, une plateforme dédiée à l’accompagnement patrimonial de clients très fortunés. Son expertise repose sur une solide expérience acquise auprès d’une clientèle UHNWI, notamment chez Credit Suisse et Julius Baer, où il a exercé en tant que senior relationship manager. Gzim Hasani est titulaire d’un MSc délivré par la Kalaidos Banking + Finance School.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Levier

Solutions EAM

  • Interview Stephan Matti
  • CEO
  • LeoVest

«Le client mérite d’être protégé par une réglementation exigeante»

Pour Stefan Matti, son CEO, la forte croissance de LeoVest tient aussi en partie au nouveau cadre réglementaire. Il ne le voit pas comme un frein, mais comme un accélérateur qui confère aux gérants indépendants la légitimité et la crédibilité nécessaires dans un environnement plus exigeant.

Par Levi-Sergio Mutemba

Quel bilan tirez-vous du rebranding de LeoVest entrepris l’an passé?

Bien que nous soyons encore une jeune entreprise, notre développement est impressionnant. Fin 2023, lors de l’acquisition de Green Wealth Partners, nous comptions deux collaborateurs et environ 50 millions de francs d’actifs sous gestion. Moins de deux ans plus tard, nous gérons 1,6 milliard de francs, nous travaillons avec 17 gérants et nous comptons au total 22 employés. De plus, des conseillers seniors expérimentés nous rejoignent régulièrement. La dynamique de l’entreprise les attire, d’autant qu’elle est dotée d’une vision claire et qu’elle se fonde sur des valeurs solides.

Quels sont vos marchés clés?

Actuellement, il s’agit principalement du Royaume-Uni, de la Suisse, du Liechtenstein et de l’Allemagne. En parallèle, nous développons des activités dans les pays nordiques, en Israël et en Afrique du Sud, où nous faisons partie des rares EAM suisses disposant d’une licence en nom propre. Plusieurs de nos clients se trouvent dans des situations familiales complexes, ce qui nous amène à accompagner également leurs proches dans diverses juridictions internationales.

La FINMA est souvent critiquée pour les exigences trop strictes qu’elle impose aux petites structures. Quelle est votre opinion à ce sujet?

Notre vision est différente. Bien sûr, la réglementation devient de plus en plus complexe et lourde. Mais pour nous, il s’agit d’une opportunité et non d’une menace. Le client mérite d’être protégé par une réglementation exigeante, car celle-ci crée de la transparence. Elle permet aux gérants indépendants de démontrer concrètement la qualité et l’intégrité de leurs systèmes de conformité.

Comparée à la Suisse, la réglementation européenne est encore plus complexe et finalement plus coûteuse. Le cadre suisse reste plus flexible, pragmatique et avantageux. Certains gérants semblent ne pas avoir encore pleinement intégré l’évolution du secteur et s’accrochent à des modèles du passé, que ce soit en matière de gouvernance, de structure de propriété ou de compliance, qui ne correspondent plus aux exigences d’une gestion de fortune moderne.

Prévoyez-vous une poursuite de la consolidation?

J’en suis convaincu. Beaucoup de petits acteurs disparaîtront en raison des coûts réglementaires plus élevés. Cela entraînera des fusions ou des acquisitions. D’autres seront contraints de cesser leurs activités. Nous observons déjà cette consolidation au Royaume-Uni et en Allemagne. Elle atteindra également la Suisse.

Pouvez-vous donner un exemple récent de la manière dont LeoVest répond aux exigences réglementaires de la FINMA?

Tout gestionnaire de fortune agréé par la FINMA est tenu de respecter les règles du jeu réglementaires, c’est une évidence. Chez LeoVest, nous mettons en œuvre ces exigences de manière à créer une réelle valeur ajoutée pour nos clients. Notre objectif est de rendre la compliance efficace, digitale et transparente.

Un bon exemple est la gestion des conflits d’intérêts, encore fréquents dans l’industrie financière. Lorsqu’ils apparaissent chez nous, nous les abordons ouvertement et cherchons ensemble des solutions, afin que nos clients bénéficient du meilleur service, toujours dans leur intérêt. Un tel processus demande patience et précision pour répondre aux exigences. Mais il est juste et nécessaire, dans la mesure où l’industrie financière suisse a commis des erreurs par le passé, qui ont nui à sa réputation.

Comment parvenez-vous à attirer autant de conseillers en si peu de temps, au regard de votre taille initiale?

Cela tient principalement à notre modèle de partenariat fondé sur les valeurs. Chaque associé est un actionnaire significatif et participe activement aux décisions stratégiques. Pour beaucoup de conseillers, il est essentiel de pouvoir façonner l’avenir de l’entreprise plutôt que d’être simplement membre d’une organisation.

S’ajoute à cela notre infrastructure technologique, considérablement renforcée, qui soutient nos relationship managers au quotidien et améliore l’efficacité. J’ai la chance d’avoir deux jeunes collègues au sein de l’équipe dirigeante qui nous défient constamment sur le plan technologique. Notre offre innovante est également attractive, en ceci que nous proposons deux philosophies d’investissement distinctes, active et passive.

Et finalement, c’est la culture d’entreprise et la très bonne atmosphère au bureau qui font la différence. Nous apprécions la diversité des gens avec leur personnalité, afin de maintenir un échange collégial et vivant. Nous célébrons nos succès ensemble, lors d’un barbecue sur la terrasse, d’un apéritif, d’une soirée grillades sur l’Uetliberg, d’un week-end de ski ou d’un match de padel. Chacun est invité à contribuer selon sa personnalité et ses préférences.

Et quel est votre modèle de rémunération?

Notre modèle est résolument entrepreneurial. Chaque conseiller participe de manière substantielle au succès de l’entreprise. Concrètement, il perçoit 70% des revenus qu’il génère lui-même, mais aucun salaire fixe. Ce modèle attire des conseillers disciplinés, bien organisés et convaincus de leur propre réussite.

Stephan Matti

LeoVest

Stephan Matti est co-fondateur et CEO de LeoVest, gestionnaire de fortune basé à Zurich avec une présence internationale. Stephan Matti était auparavant membre de l’équipe de direction du groupe Quintet Private Bank, où il dirigeait les activités institutionnelles en Europe. Au cours des 25 années passées au sein de la banque UBS, Stephan Matti a occupé des postes clés, notamment celui de responsable des intermédiaires financiers en Suisse, ainsi que responsable des marchés d’Asie du Sud-Est à Hong Kong et à Singapour. Stephan est titulaire d’un Executive MBA obtenu à l’IMD, Lausanne, et d’un Bachelor en administration des affaires de la Haute école spécialisée de Berne.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Ballottage

PubliSphere

    • Gianluca Lobefalo
    • Analyste senior
    • Varenne Capital

Les marchés entre volatilité et anticipation

Alors que le troisième trimestre s’achève, les marchés restent ballottés par les secousses accumulées depuis janvier et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Parmi les tendances les plus marquantes, la faiblesse du dollar a surpris bon nombre d’observateurs, comme le rappelle Gianluca Lobefalo qui passe ici au crible les indicateurs clés à surveiller.

« Si on regarde depuis le début de l’année, le dollar a perdu 10% par rapport à un panier de devises de référence », souligne Gianluca Lobefalo. « Ce n’est sans doute pas un hasard si, dans le même temps, la Bourse américaine (indice S&P 500) a progressé d’environ 10%. » En d’autres termes, une fois ajustée des taux de change, la performance des actions américaines s’avère quasiment nulle.

Le grand gagnant de la fébrilité du billet vert est ainsi avant tout l’or. « Depuis le début de l’année, le cours de l’or a bondi de 38%, notamment sous l’effet des achats des banques centrales, et les cours des exploitants de mines d’or affichent même un gain de près de 100%. »

Pentification de la courbe

Un autre phénomène marquant des derniers mois est la pentification de la courbe des taux, c’est-à-dire l’élargissement de l’écart entre les taux longs (10 à 30 ans) et les taux courts (jusqu’à quelques années).

« La pentification de la courbe des taux est traditionnellement le signe de perspectives favorables pour la croissance économique et/ou pour l’inflation, surtout lorsqu’elle s’exprime entre les taux à 2 ans et à 10 ans. Mais récemment, la pentification s’est concentrée sur la fin de la courbe, entre les taux à 10 ans et à 30 ans. Ce qui peut aussi signifier que les marchés estiment que la politique fiscale des États n’est pas soutenable. » Un signal à suivre de près, même si, pour l’heure, il s’agit davantage d’une inquiétude diffuse — y compris en France, malgré la récente dégradation de la note souveraine du pays.

Tarifs douaniers

Un autre enjeu majeur dans l’environnement actuel est l’impact des mesures protectionnistes de Donald Trump, qui a multiplié par six les droits de douane moyens applicables aux importations aux États-Unis.

« Actuellement, il est encore trop tôt pour une évaluation complète de l’impact de ces tarifs douaniers », avertit Gianluca Lobefalo. « Les importateurs américains les ont anticipés et ont avancé leurs achats en début d’année. Selon les données disponibles, ce sont surtout ces mêmes importateurs qui ont absorbé le coût des droits de douane, ce qui explique que l’inflation des consommateurs ait peu bougé. Mais il faudra attendre six mois pour tirer des conclusions plus claires. »

Indicateurs à surveiller

Cette répercussion des droits de douane est d’autant plus cruciale que l’inflation américaine est aujourd’hui un des indicateurs les plus surveillés par les marchés. « Selon le Mood Indicator, un modèle développé par le Financial Times, elle devrait légèrement accélérer autour de 3,3% à la fin de l’année. Un niveau qui n’est pas considéré comme dangereux, mais ne justifie pas non plus une politique dynamique de réduction des taux », détaille Gianluca Lobefalo. Toute pression inflationniste supplémentaire pourrait donc contraindre la Réserve fédérale américaine à trancher entre ses deux mandats : le plein emploi (baisser les taux) et la stabilité des prix (relever les taux).

Enfin, « un second thème important pour les prochains mois et même années est la question de la domination du dollar, qui est certainement centrale dans de nombreuses tensions géopolitiques actuelles ».

Un risque extrême, mais bien réel, que Varenne couvre via son modèle de Tail Risk Hedging, permettant de protéger certains de ses portefeuilles contre les chocs extrêmes moyennant un budget annuel de maximum 1,5%.

Gianluca Lobefalo

Varenne Capital

Basé à Londres, Gianluca Lobefalo est conseiller en macroéconomie. Il apporte plus de 20 ans d’expérience. Pendant plus de dix ans, il a renforcé son expertise en tant que gérant de sa propre société spécialisée sur la gestion des risques extrêmes, QW Capital. Gianluca a commencé sa carrière en 1997 en tant qu’analyste FX et Quant chez JP Morgan, puis travaillé deux ans comme analyste Quant et gérant de portefeuille chez Schroders. Il a passé enfin huit ans chez Morgan Stanley en tant que responsable des produits dérivés Fixed Income. Gianluca est titulaire d’un Master en économie de l’Université Bocconi à Milan et d’un Master en économétrie et économie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique. 

Varenne Capital Partners

Varenne Capital Partners est une société de gestion de portefeuille indépendante, détenue par son équipe dirigeante, fondée en 2003. L’objectif de la gestion est de délivrer une performance d’excellence, dans la durée, avec le minimum de prise de risque nécessaire pour l’obtenir. Pour ce faire, Varenne a développé et associé, sur plus de 20 ans, plusieurs moteurs de performance : Long Actions, Short Actions, Situations Spéciales et Couvertures Macroéconomiques. La gestion repose sur une activité de recherche entièrement propriétaire fondée sur un processus d’investissement structuré et formalisé, ayant en son sein un module avant-gardiste d’analyse des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

    Vous aimerez aussi

    Sphere

    The Swiss Financial Arena

    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Masters

    Solutions d’investissement

      • Arnaud Dubois
      • Co-fondateur et directeur des investissements 
      • Matis

    L’art contemporain renforce son statut de valeur refuge

    Dans un contexte mondial toujours marqué par des incertitudes économiques, géopolitiques et financières, le segment haut de gamme du marché de l’art contemporain confirme sa résilience et son rôle moteur. Quant à la Suisse, elle rassure. Avec Art Basel, devenu l’un des rendez-vous les plus influents du calendrier international, elle s’impose comme une place incontournable du marché de l’art.

    La Suisse ne dispose peut-être pas de la même profondeur de marché que les grandes places de l’art, mais elle sait attirer les collectionneurs internationaux en quête d’une plateforme neutre et efficace. Avec Art Basel – au même titre que les grandes ventes aux enchères de mai et novembre – elle contribue même à donner le tempo du marché de l’art mondial.

    L’édition 2025 d’Art Basel, organisée en juin dernier dans un climat d’expectative, a mis en lumière une exigence accrue de cohérence dans les propositions des galeries. Le recentrage sur des valeurs sûres s’est imposé, avec des œuvres de haute qualité proposées à des prix raisonnables, visant un public de collectionneurs plus sélectif, parfois discret ou en retrait. L’attention se tourne désormais vers d’autres rendez-vous, en particulier Art Basel Paris en octobre. Cette évolution reflète une nouvelle logique de marché : moins focalisé sur la hausse continue des prix, davantage orienté vers la qualité – des œuvres comme de l’expérience d’achat.

    Avant le rendez-vous dans la cité rhénane, c’est en mai et à New York que la saison de ventes aux enchères a démarré. Avec un total de 1,19 milliard de dollars de ventes pour les deux maisons leaders, Sotheby’s et Christie’s, le marché reste stable, en léger recul par rapport à 2024, mais bien au-dessus de nombreuses attentes.

    Plutôt qu’un simple repli conjoncturel, cette saison illustre un recentrage net du marché. Les collectionneurs privilégient désormais les œuvres blue chip, reconnues et établies, se montrant plus prudents à l’égard du segment red chip. Dans ce climat sélectif, plus de 90 % des lots présentés par Christie’s et Sotheby’s ont trouvé preneur — un taux nettement supérieur aux moyennes historiques proches de 70 %. Un résultat qui traduit un appétit toujours soutenu pour des œuvres choisies avec discernement.

    Dans ce duel toujours très scruté. c’est Christie’s qui s’impose nettement face à Sotheby’s. Avec 693 millions de dollars de ventes, Christie’s progresse de 8 % sur un an, portée par l’exceptionnelle Riggio Collection, qui a généré à elle seule près de 272 millions. Sotheby’s, en revanche, recule de 21 % et termine juste sous la barre des 500 millions, malgré un nombre supérieur de lots proposés (650 contre 550 chez Christie’s).

    Plusieurs facteurs expliquent l’écart entre les deux maisons. Christie’s a misé sur une sélection plus ciblée, avec des lots emblématiques et des estimations ambitieuses mais crédibles. De son côté, Sotheby’s a bénéficié de l’«effet collection» avec la dispersion des œuvres de Barbara Gladstone, confirmant une fois encore l’importance décisive de ce levier dans la dynamique des ventes.

    L’un des principaux leviers de performance de ces ventes est désormais bien connu : le système des garanties. Devenu pratique courante aux États-Unis, il permet à une maison ou à un tiers de s’engager sur un prix plancher, sécurisant ainsi le vendeur. En mai, près de 70 % des lots des ventes du soir chez Sotheby’s et Christie’s bénéficiaient de ce mécanisme. Il offre une prévisibilité accrue et illustre la financiarisation croissante du marché de l’art : une première étape de sécurisation en amont, suivie d’une compétition en salle pour capter une éventuelle marge. Un équilibre subtil, mais souvent gagnant.

    Le marché devient plus stratégique et extrêmement sélectif. La demande se concentre désormais sur les artistes blue chip, grandes figures du XXᵉ siècle, avec Calder, Lichtenstein ou Hockney toujours au premier plan. On observe toutefois une certaine rationalisation : les prix n’arrachent plus de records spectaculaires, mais s’alignent davantage sur leur valeur de Une toile de Rothko s’est vendue ainsi 37 millions de dollars – une performance solide mais cohérente avec son historique. Une œuvre de Calder a atteint plus de 8 millions, tandis qu’une autre, pourtant de grande qualité, n’a pas dépassé 1,8 million. L’époque de l’emballement et des records systématiques semble révolue. Les acheteurs se montrent plus prudents, et privilégient les pièces dont les estimations sont réalistes. Résultat : les vendeurs qui acceptent de rester dans une fourchette crédible en sortent gagnants. En clair, le marché ne veut plus surpayer.

    Il semble désormais préférer un corpus restreint d’une centaine d’artistes majeurs, impressionnistes et modernes compris. La logique de collection s’impose : les grandes maisons privilégient la sécurité en misant sur des valeurs historiques, validées par les musées et les galeries internationales.

    À l’issue de cette saison entre Bâle et New York, une conclusion s’impose : le marché de l’art ne s’essouffle pas, il se transforme. Plus lisible, plus transparent, mais aussi plus exigeant, il offre aux collectionneurs comme aux professionnels l’opportunité de privilégier le long terme, la qualité et la cohérence. Dans un monde instable, l’art demeure une valeur-refuge — à condition de savoir où porter son regard.

    Arnaud Dubois

    Matis

    Arnaud Dubois est le co-fondateur de matis où il dirige aujourd’hui les investissements. Spécialisé sur le marché de l’art contemporain, Arnaud Dubois accompagne depuis une décennie les collectionneurs et les investisseurs en les assistant dans la gestion de leurs actifs artistiques. Depuis 2014, Arnaud enseigne la gestion des actifs artistiques privés dans le cadre du programme de Master en Droit Privé, spécialisé dans le marché de l’art et la gestion des actifs artistiques, à l’Université d’Assas à Paris.

      Vous aimerez aussi

      Sphere

      The Swiss Financial Arena

      Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

      Tampon

      Solutions EAM

      • Interview Pierre-Alexandre Rousselot
      • Chief Executive Officer
      • Performance Watcher

      « L’idée de cette certification est de créer pour les gérants un gage de qualité »

      À la demande des gérants présents sur sa plateforme, Performance Watcher a lancé un programme de certification qui répond à un double objectif : mettre en valeur la qualité de leur travail et renforcer au final la confiance de leurs clients finaux dans une relation de long terme.

      Par Jérôme Sicard

      Pourquoi avoir lancé ce programme de certification ?
      Nous l’avons lancé tout simplement parce que nos clients nous l’ont demandé. Les gérants utilisent nos rapports comme outil de communication avec leurs propres clients, et Performance Watcher intervient alors comme tiers de confiance. Ces derniers temps, ils nous ont de plus en plus sollicité pour que nous nous engagions davantage dans cette dimension de communication et de marketing. De notre côté, il devenait aussi essentiel de nous assurer que les gérants qui s’appuient sur nos services le fassent de manière correcte et transparente. La certification répond donc à un double objectif : elle apporte de réels avantages au gérant, mais elle les soumet aussi à certaines obligations. Elle est d’ailleurs renouvelée chaque année, ce qui garantit la rigueur et la continuité de l’engagement.

      Comment cette initiative s’inscrit-elle dans la stratégie globale de Performance Watcher ?
      C’est une initiative qui s’inscrit dans une logique win-win. Les gérants avaient besoin d’un label pour se distinguer. Quant à nous, c’est l’occasion de valoriser nos clients et de renforcer notre propre marque. Les gérants certifiés sont désormais mis en avant, non seulement grâce aux outils marketing que nous leur fournissons — certains les utilisent déjà activement — mais aussi parce que nous pouvons communiquer beaucoup plus librement sur eux. En étant certifiés, ils entrent dans une démarche claire de transparence et d’excellence. Cela nous permet d’assumer pleinement notre rôle de vitrine et de relais de confiance pour ces gérants.

      Comment avez-vous conçu le contenu de la certification ?
      L’idée était vraiment de créer un gage de qualité. Nous voulions offrir aux gérants un label qui mette en valeur leur sérieux, leur rigueur et leur transparence, pour donner confiance à leurs clients finaux. Ce label leur apporte une certaine forme de sérénité, dans la mesure où ils signalent clairement leur volonté de faire du mieux possible pour leur clientèle. C’est ce que recherchent les clients aujourd’hui : savoir qu’ils ont en face d’eux un professionnel complètement engagé dans une démarche de qualité.

      Sur quels critères repose la certification ?
      Les critères sont stricts et les gérants sont tenus de les revalider chaque année. Nous leur envoyons un questionnaire, nous menons une interview avec eux, et nous veillons à ce que tout le processus soit automatisé de manière à ce qu’il ne soit pas falsifiable. Nous exigeons par exemple que 60 % au minimum des portefeuilles discrétionnaires soient intégrés dans notre plateforme. Nous imposons également un envoi quotidien des données, avec 30 jours d’historique, afin de garantir la parfaite correspondance avec le core system du gérant. Les données sont bien sûr anonymisées de bout en bout. Enfin, il faut être utilisateur de Performance Watcher depuis au moins six mois, avec un an d’historique complet, pour que nous puissions certifier en toute sécurité. Ce qu’il faut retenir, c’est que Performance Watcher engage aussi sa propre réputation à travers cette certification. C’est pour cela que nous devons être nous-mêmes très exigeants.

      Quel est l’intérêt concret pour les gérants indépendants ?
      C’est avant tout de pouvoir communiquer différemment avec leurs clients. Ce label leur apporte un outil marketing puissant, mais surtout un élément tangible de crédibilité. Aujourd’hui, les chiffres circulent dans tous les sens et ils peuvent être interprétés de mille façons différentes. Là, le gérant dispose d’un reporting validé par un tiers indépendant, ce qui renforce considérablement la confiance. J’ai encore en tête l’exemple d’un client qui m’a dit : « Dans vos rapports, ajoutez bien un paragraphe sur qui vous êtes, sur votre indépendance ». Pour lui, c’était un argument clé vis-à-vis de ses propres clients. Au-delà de l’image, la certification engage aussi dans une démarche de long terme : transparence, amélioration continue, recherche de la meilleure qualité de service. Pour un client final, cela change la relation avec son gérant. On se dit : « Voilà quelqu’un qui met tout en œuvre pour être irréprochable. »

      Comment intégrez-vous des enjeux spécifiques comme la gestion des risques et la conformité ?
      La conformité est au cœur de notre plateforme, notamment grâce à l’anonymisation totale des données. Mais il y a aussi la dimension du risque. Je dis souvent, en plaisantant, qu’on aurait pu s’appeler « Risk Watcher » ! Nous attachons une importance primordiale au suivi du budget de risque. La force de Performance Watcher, c’est de transformer des indicateurs complexes, parfois très mathématiques, en signaux simples et intuitifs. Les professionnels eux-mêmes apprécient cette clarté, et le client final y trouve une vraie valeur : il peut dialoguer avec son gérant à partir d’outils faciles à comprendre et à manipuler. Cela rend l’échange plus fluide, plus transparent, et surtout plus rassurant.

      De manière plus générale, où les gérants doivent-ils se renforcer aujourd’hui ?
      Chaque gérant est dans une situation particulière, mais il y a des tendances. Nous voyons par exemple que certains n’utilisent pas pleinement leur budget de risque, ou qu’ils restent sur des approches trop prudentes, parfois héritées du passé. Or, il existe aujourd’hui de nouveaux outils, de nouveaux produits, qui permettent d’enrichir et de diversifier la gestion. Mon message est simple : un gérant doit rester acteur de son temps, utiliser les ressources disponibles, et adapter sa gestion au présent et à l’avenir. C’est une condition indispensable pour rester pertinent et compétitif.

      Pierre-Alexandre Rousselot

      Performance Watcher

      Pierre-Alexandre a pris en juin le poste de CEO au sein de la plateforme Performance Watcher. Il dirigeait auparavant KeeSystem qu’il a lui-même créée voilà un peu moins de vingt ans, avec Frédéric Gérault. Après des études en informatique, il s’est en effet spécialisé dans le développement de logiciels appliqués à la gestion d’actifs et il en est venu ainsi à lancer KeeSystem, pour permettre aux gestionnaires de fortune de gérer l’ensemble de leurs fonctions stratégiques. C’est cette expertise qu’il entend aujourd’hui mettre au service de Performance Watcher.

        Vous aimerez aussi

        LEADERS
        Acquisition

        Acquisition

        Isabelle Jacob-Nebout
        Indosuez Wealth Management
        « Nous ne cherchons pas à multiplier les acquisitions, mais à enrichir notre proposition de valeur ».

        LEADERS
        Nordique

        Nordique

        Christoph Salzmann
        DNB Asset Management
        « La Suisse occupe une place centrale dans notre stratégie d’expansion en Europe »

        Sphere

        The Swiss Financial Arena

        Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.