« La volonté de proposer aux GFI une offre one-stop-shop très aboutie »

  • Interview Marc Briol
  • CEO
  • Pictet Asset Services

« La volonté de proposer aux GFI une offre one-stop-shop très aboutie »

Les gérants indépendants occupent toujours une place primordiale dans le dispositif de Pictet Asset Services qui a su étendre son offre à leur intention ces dernières années. En leur permettant par exemple de profiter des synergies qu’il est possible d’activer au sein du groupe.

En matière de PMS, Pictet Asset Services se veut agnostique. Pourquoi avez-vous choisi de travailler en architecture ouverte dans ce domaine ?

C’est une décision stratégique que nous avons prise voilà maintenant un peu plus de trois ans. Les gérants avec lesquels nous travaillons ont tous des hedges très différents. Certains se concentrent par exemple sur du bottom up Small caps Europe. D’autres sont plus à l’aise dans l’univers fixed income. Bref, leurs besoins en termes de PMS peuvent être très différents les uns des autres. Nous avons donc pensé que nous risquerions de perdre du temps en nous attelant à la conception d’un PMS qui couvrirait tous les besoins. Nous avons notre propre PMS qui assure les fonctions de base même si nous préférons intégrer les principaux PMS disponibles sur le marché – d’ailleurs assez fragmenté – et faire profiter les GFI de l’expérience que nous avons sur le plan opérationnel.

Qu’est-ce qui caractérise un bon PMS aujourd’hui?

La qualité de l’intégration des data est un point qui me semble vraiment très important. Ce qui est central dans un PMS, c’est sa capacité à gérer des flux multiples. Il faut en plus qu’il soit suffisamment large pour couvrir le plus grand nombre de classes d’actifs. Voilà les critères qui me paraissent essentiels.

Avec combien de PMS travaillez-vous plus précisément ?

Nous sommes interfacés aujourd’hui en bilatéral, pour le chargement et retour d’ordres via FIX, avec une quinzaine de PMS. De même, nous alimentons en chargement près de 80 PMS et/ou plateformes de reporting comme Advent par exemple.

Et que proposez-vous aujourd’hui aux gérants indépendants au travers de Pictet Connect ?

Sur un plan plus large, nous avons vraiment la volonté de proposer aux gérants indépendants une offre one-stop-shop très aboutie. Avec Pictet Connect, nous leur proposons tous les outils requis pour le reporting et les échanges sécurisés de documents. Une messagerie est également intégrée à la plateforme, de même que le passage d’ordres, dans lequel nous avons inclus le Forex.

L’intérêt de Pictet Connect est qu’il en existe aussi une version pour les clients finaux de nos gérants indépendants.

En quoi pensez-vous que l’offre GFI de Pictet Asset Services se différencie ?

Nous avons bien sûr la gamme habituelle que proposent toutes les grandes banques dépositaires sur la place, mais nous avons aussi quelques étages supplémentaires. Nous sommes en mesure par exemple d’aider les gérants à pooler leur gestion, ce qui peut s’avérer particulièrement appréciable pour ceux qui ont des comptes moins importants, ou qui n’ont pas forcément envie de les déplacer d’un établissement à l’autre. Nous pouvons alors leur construire un fonds en white label, pour lequel nous sommes la ManCo et nous chargeons du custody, du wrapper et de la direction de fonds. En revanche, la gestion est déléguée au gérant puisque le fonds porte son nom. Beaucoup de gérants utilisent cette formule au Royaume-Uni et ils sont de plus en plus nombreux en Suisse à y avoir recours pour optimiser leur gestion dans un cadre très régulé. D’autant que ce même système permet aussi de pooler les stratégies de hedging. Il vous est possible de répliquer de manière plus fine les stratégies à l’intérieur des différents portefeuilles. Il est clair que le métier de gérant se professionnalise énormément et que ce type de solutions permet au gérant de créer une réelle valeur en retour.

Pouvez-vous également accompagner les gérants dans l’optimisation de leur allocation ?

Oui, nous leur facilitons l’accès à certaines classes d’actifs qui demandent aujourd’hui un niveau d’expertise de plus en plus élevé. Je pense par exemple à la gestion alternative où certaines stratégies sont devenues très complexes. Il n’appartient pas obligatoirement aux gestionnaires de fortune d’en maîtriser tous les tenants et les aboutissants. Ils ont plutôt intérêt à se tourner vers des spécialistes. C’est ce que nous leur proposons, avec le concours de Pictet Alternative Advisors, notre ligne de métier spécialisée dans les investissements alternatifs. Nous mettons alors en place un fonds en white label dont la gestion est déléguée à cette division. Les gérants indépendants s’appuient ainsi sur les compétences de Pictet Alternative Advisors pour améliorer sensiblement leur exposition à cette classe en y intégrant un produit d’excellente facture, établi qui plus est sous leur propre marque. C’est avec ce genre de schémas que nous pouvons vraiment aider nos gérants à créer de la valeur pour leurs clients sur le long terme.

Marc Briol

 Pictet Asset Services

Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels.

Au sein de Pictet, Marc Briol a rempli auparavant les fonctions de COO de la division Technology & Operations. Précédemment, il avait occupé pendant quatre ans les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management, à Londres.

Marc a commencé sa carrière au sein du cabinet Arthur Andersen. Diplômé en sciences politiques de l’Université de Genève, il a obtenu un master de l’Institut de hautes études internationales et du développement. Il a en outre suivi le programme de formation pour les cadres proposé par le Swiss Financial Institute.

 

Sphere

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l'un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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“C’est notre ADN : nous sommes une banque pour entrepreneurs”

  • Martin Liebi
  • Chief Executive Officer
  • Oddo BHF Suisse

“C’est notre ADN : nous sommes une banque pour les entrepreneurs”.

Après l’intégration de la banque Landolt il y a trois ans, le groupe franco-allemand Oddo BHF est devenu l’un des grands acteurs du marché suisse, où il enregistre d’ailleurs une forte croissance. Martin Liebi s’en explique.

Par Andreas Schaffner

Les trois principaux marchés d’Oddo BHF sont la Suisse, l’Allemagne et la France. Comment se répartissent les activités entre ces trois filiales ?

Nous sommes en effet présents dans ces trois pays et la Suisse est devenue le troisième pilier du groupe Oddo BHF. C’est aussi ce que visualisent les trois drapeaux placés sur toutes les tables de conférence dans nos bureaux. Cela exprime aussi clairement la façon dont nous nous voyons : une banque internationale bien enracinée dans ses trois marchés avec, dans chacun d’eux, une licence bancaire à part entière. Ce qui est important pour moi, c’est d’avoir accès dans chaque pays aux produits de l’ensemble du groupe, que ce soit dans l’asset management ou le wealth management. Et dans les trois pays, notre ADN, incarné par notre propriétaire, Philippe Oddo, s’exprime clairement : nous sommes une banque pour les entrepreneurs.

Oddo BHF a intégré la banque privée suisse Landolt – rien de moins que la plus ancienne banque privée de Suisse romande – il y a trois ans. Quelles sont depuis vos priorités en Suisse ?

Tout d’abord, nous sommes devenus du jour au lendemain un acteur important sur un centre névralgique. Depuis la suisse, nous pouvons desservir 10 marchés différents. De plus, grâce à notre implantation en Allemagne et en France, nous pouvons également nous positionner très facilement sur ces deux pays. Pour de nombreux investisseurs étrangers, nous représentons actuellement une solide valeur de refuge. A ceux qui veulent sortir de la zone euro, nous offrons différentes options correspondant à leurs souhaits. C’est notre fonction au sein du groupe. Historiquement, nous nous adressons à des ensembles de clients complexes, actifs et orientés vers l’international. C’est en quelque sorte notre héritage historique et en même temps notre force.

Quels changements avez-vous apportés dans l’approche clients et l’orientation de l’ancienne banque Landolt ?

Nous avons clairement resserré nos activités internationales sur dix marchés clés. Cela signifie que nous avons dû dire adieu à des clients et à quelques conseillers. Parallèlement, nous avons fortement développé notre présence dans d’autres domaines.

Après avoir déménagé rue du Rhône à Genève, vous venez de prendre de nouveaux bureaux, plus spacieux, à Zurich. De quel ordre est la croissance de la banque et de son offre ?

Oui, ces développements montrent bien le dynamisme dont nous faisons preuve. Nous sommes une banque typique pour les PME en France, en Allemagne et en Suisse. Nous proposons une gamme complète de services, du conseil en finance d’entreprise à la gestion de patrimoine. Grâce à notre ancrage local très profond et à notre recherche internationale très développée, nous sommes en mesure d’identifier très tôt les opportunités intéressantes. Ce n’est donc pas un hasard si nous avons pu accompagner par exemple l’entrée en bourse de Moderna.

Comment évoluent vos activités avec les gestionnaires de fortune indépendants ?

Là aussi, nous constatons une bonne croissance. Nous servons les GFI avec des équipes basées à Zurich et à Genève. En termes de taille, nous ne sommes pas comparables à une grande banque, mais notre recherche nous distingue clairement des autres. Nous couvrons 750 titres auxquels les GFIont accès gratuitement.

Martin LIEBI

Oddo BHF (Suisse)

Martin Liebi occupe le poste de CEO d’Oddo BHF (Suisse) depuis janvier 2022. Il dispose d’une longue expérience en matière de stratégie et de gestion d’entreprise. Il a toujours été proche de la distribution raison du rôle qu’il a joué en tant que conseiller à la clientèle privée. Après avoir obtenu son diplôme à l’université de Berne, il a été directeur régional Europe pour les activités de banque privée de la Lloyds Bank, avant de devenir directeur de la Schroders & Co Bank puis de la Notenstein Privatbank à Zurich. Il a ensuite été responsable de la banque privée suisse d’Edmond de Rothschild à Genève et en a été le directeur général adjoint de 2017 à 2020.

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« Développer un portefeuille de 8 à 10 marques dans le luxe »

  • Interview Philippe Camperio
  • CEO
  • ChimHaeres

« Développer un portefeuille de 8 à 10 marques dans le luxe »

Le genevois Philippe Camperio a finalisé la création de ChimHaeres, une joint-venture réunissant sa société, Haeres Capital, à Chimera, fonds d’investissement basé à Abu Dhabi. Ce véhicule utilisera son capital pour l’acquisition et le développement de marques de luxe et d’art de vivre en Europe.

De combien de fonds disposez-vous aujourd’hui avec ChimHaeres ?

Aujourd’hui, la totalité des investissements que nous avons réalisés se chiffrent aux alentours des 75 millions de dollars pour quatre participations en portefeuille. C’est notre camp de base. Nos ambitions désormais sont de monter à 350 millions d’actifs d’ici 2027. Je rappelle que ChimHaeres n’est pas un fonds d’investissement mais une holding privée de participations.Cela étant, nous réfléchissons à l’éventuelle création d’un fonds de private equity à côté de ChimHaeres pour nous accompagner sur de plus grosses transactions.

Dans cette holding, comment se répartissent les rôles entre Chimera Abu Dhabi et Haeres Capital ?

Nous sommes les deux actionnaires de référence et nous partageons le capital à cinquante-cinquante. Il en va de même pour le conseil d’administration. La gestion des activités opérationelles a été déléguée aux équipes de Haeres Capital et j’officie en tant que Chief Executive Officer.

Quels actifs figurent aujourd’hui dans le portefeuille de ChimHaeres ?

ChimHaeres vient de finaliser l’acquisition d’une participation majoritaire dans Zagato, entreprise italienne spécialisée dans la conception et la réalisation de carrosseries. Zagato, fondée en 1919, est l’un des designers les plus connus dans le monde de l’automobile de prestige. ChimHaeres a repris aussi la totalité des actifs de Vionnet, maison française de haute couture fondée en 1912 par la légendaire couturière Madeleine Vionnet, et a finalisé une augmentation de capital pour une participation majoritaire dans Fogal, la marque suisse de collants, fondée en 1921. Finalement, Haeres a contribué à ChimHaeres sa participation majoritaire dans Borsalino, le célèbre fabricant italien de chapeaux que j’avais repris et relancé voilà quelques années.

La holding est-elle ouverte à de nouveaux partenaires ?

L’objectif de ChimHaeres est de détenir environ une dizaine de participations. Nous travaillons déjà sur trois nouvelles cibles : il est donc prévu d’ouvrir le capital de la holding à de nouveaux investisseurs pour augmenter notre force de frappe. Si nous mettons en place le fonds, il soutiendra de plus grosses acquisitions, dans lesquelles ChimHaeres agira en tant que « Lead ». Les montants visés dans la holding et le fonds sont de $75M et $ 500M respectivement.

Quel type de partenaires voudriez-vous attirer ?

Vu le modèle que nous déployons, je pense que nous allons plutôt nous tourner vers des family offices, single et multi, ainsi que des Ultra High Net Worth Individuals ou des entrepreneurs ayant déjà une certaine voilure. Nous regardons en Suisse,en Europe et au Moyen-Orient.

Du travail que vous avez mené précédemment avec Borsalino et Fogal, quelles leçons avez-vous retenues ?

La première leçon, apprise avec Borsalino, est la difficulté à se fixer des horizons de temps quand on veut évoluer dans le luxe. C’est la raison pour laquelle nous sommes d’abord partis sur le principe de la holding et pas du fonds d’investissement qui implique forcément une maturité. Lorsque vous achetez une marque de luxe, il faut vous assurer avant tout du poids de la marque, ce qu’on appelle le brand equity dans le jargon. Lorsque je m’intéresse à une marque dans le secteur du luxe, je la traite exactement comme un bien immobilier. Sa valeur résiduelle doit être très importante. Comme je l’avais fait avec Borsalino, nous cherchons donc des marques qui conservent un énorme potentiel bien qu’elles soient sous-exploitées.

Quelle stratégie entendez-vous déployer au cours de ces prochaines années ?

D’ici cinq ans, nous voulons développer un portefeuille qui comprendra entre 8 et 10 marques, avec une philosophie centrée sur la détention d’actifs et la création de valeur. Nous avons vraiment envie de construire un groupe et d’aller chercher des liquidités dans un deuxième temps avec une cotation en bourse d’ici 2028.

Sur quels secteurs du luxe vous concentrez-vous plus particulièrement?

La joaillerie, la mode et les arts de la table, pour l’essentiel. Les cibles qui nous intéressent tournent autour des 20 à 30 millions en prise de participations. Dans la plupart des cas, nous regardons des Special Situations. Ce sont des marques qui portent des noms incroyables, mais elles ont l’inconvénient d’être trop petites pour des grands groupes ou pour des fonds de private equity. En revanche, elles se fondent parfaitement dans notre modèle. Pour l’ensemble de nos marques, nous cherchons aussi à mutualiser les fonctions régaliennes.

Quels sont les grands enjeux aujourd’hui dans le monde du luxe ?

Tout ce qui est über-luxe est appelé à s’affermir. A l’opposé, je pense que le  lux populis et les marques de mode un peu fast fashion sont aussi promis à un bel essor. Les acteurs qui se retrouvent perdus entre ces deux pôles, sans communauté forte, sans positionnement clair, vont certainement souffrir. Le sustainable devient aussi un enjeu. Le luxe doit s’y résoudre, sous la pression de ses consommateurs et de ses parties prenantes, dont ChimHaeres en fait partie dans son portefeuille.

Je m’attends par ailleurs à une certaine forme de consolidation dans l’industrie, mais je vois mal les grandes enseignes, les Kering, LVMH et consorts, perdre leur temps sur de petites marques. Du coup, notre modèle de mutualisation en termes de coûts et de compétences s’avère très attrayant pour des maisons installées sur des niches qui peinent à se développer en raison de leurs ressources limitées. Nous avons là une belle carte à jouer.

 

Philippe Camperio

ChimHaeres

Philippe Camperio est le CEO de ChimHaeres, la joint-venture créé avec Chimera. Il dirige  par ailleurs Haeres Capital, une société d’investissement privé qui possède et gère divers actifs dans les domaines du luxe et de l’immobilier. Philippe est également l’associé fondateur de Quest Partners, une boutique investment banking, créée en 2000, qui se concentre sur le private equity et le real estate.  Philippe Camperio est titulaire d’une licence en droit du King’s College de Londres et d’un master en finance de la Cass Business School, à Londres.

 

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« Proposer aux GFI des modèles de coopération originaux »

  • David Garcia
  • Fondateur et membre du conseil d’administration
  • Fundamenta Group

« Proposer aux GFI des modèles de coopération originaux »

Le groupe Fundamenta a fait forte impression ces derniers mois, avec l’acquisition de Belvédère Asset Management puis avec la nomination de Martin Scholl, ancien CEO de la ZKB, à son conseil d’administration. David Garcia, le fondateur du groupe, revient sur ces développements marquants et sur la façon dont ils impactent la stratégie globale de Fundamenta.

Par Andreas Schaffner

Cet hiver, vous avez plutôt surpris le secteur en annonçant le rachat de Belvédère Asset Management. Quelles raisons ont motivé cette décision ?

David Garcia. Oui, le rachat a certainement surpris le marché. Les innombrables lettres de félicitations et les réactions positives des clients, des partenaires du réseau et des médias nous ont d’autant plus réjouis. L’affaire fait sens pour toutes les parties prenantes dans la mesure où elle crée des plus-values intéressantes. Il s’agit de la première transaction historique sur le marché suisse où un gestionnaire d’actifs immobiliers spécialisé a repris un gestionnaire de fortune classique. Comme les deux sociétés se connaissaient bien grâce à ma longue fonction au sein du conseil d’administration de Belvédère Asset Management, la transaction a pu être structurée de manière très ciblée, amicale et durable.  

En tant que gestionnaire d’actifs spécialisé, nous couvrons depuis 17 ans la classe Real Estate. Avec 16 véhicules d’investissement, nous avons constitué des portefeuilles immobiliers d’une valeur totale de quatre milliards de francs. Nous les gérons pour le compte de propriétaires et d’investisseurs. Le groupe Fundamenta compte désormais parmi ses clients plus de 350 institutions de prévoyance et clients institutionnels, ainsi qu’une centaine de familles fortunées. Avec l’acquisition de Belvédère Asset management, le nombre de familles fortunées a dépassé les 600, ce qui augmente considérablement notre force de frappe sur ce marché. De plus, cette opération nous permet d’étendre nos prestations, de sorte que tous les clients et partenaires du réseau en profiteront.

Avec cette fusion, vous modifiez donc aussi le modèle commercial de Fundamenta.

Oui, nous avons donné à notre stratégie un cadre plus large. D’une part, nous restons fidèles à la classe Real Estate où nous allons continuer à faire ce que nous faisons bien depuis 17 ans. D’autre part, Belvédère apporte au groupe de nouvelles expertises dans d’autres classes d’actifs qui nous permettront de conseiller et de servir nos clients de manière plus globale. Grâce à cette extension de l’offre, les clients Fundamenta bénéficient eux-aussi du savoir-faire de BAM. Inversement, les 500 familles fortunées de BAM bénéficient d’un accès illimité aux compétences immobilières, de premier ordre, du groupe Fundamenta. La grande majorité des clients possèdent parfois des patrimoines immobiliers considérables. Ils peuvent désormais s’attendre à des plus-values directes et ciblées grâce à cette offre de services élargie. Nous sommes vraiment heureux d’avoir franchi ce pas. 

Quelles possibilités de coopération envisagez-vous à terme entre les acteurs de l’immobilier et ceux du wealth management ?

Prenez un exemple : les gestionnaires de patrimoine classiques souhaitent par exemple pouvoir couvrir et gérer de manière idéale la part des biens immobiliers dans le portefeuille de leurs clients. Elle se situe en moyenne entre 20 et 40 pour cent. Alors que les placements immobiliers indirects sont bien couverts, et de manière efficace, ce sont surtout les biens immobiliers et les parcelles détenus directement par les clients qui leur posent de plus grandes difficultés. De tels investissements ne peuvent être gérés qu’avec des équipes spécialisées. Dans ce cas, nous proposons aux gestionnaires de fortune suisses des modèles de coopération intéressants car ils créent une véritable valeur ajoutée pour leurs clients.

Mais les possibilités de coopération existent aussi si l’on se place de l’autre côté de notre activité. Prenons l’exemple des promoteurs immobiliers, qualifiés, en Suisse et en Allemagne. Ils nous proposent chaque année plus de 3’000 opportunités, sur tous les segments, pour un volume d’environ 30 à 35 milliards d’euros. Ils sont proches des vendeurs de biens immobiliers, Ils traitent chaque année des volumes de transactions de plusieurs milliards et, à partir de maintenant, ils peuvent aussi faire connaître à leurs clients l’offre de prestations de Belvédère. Bien mis en œuvre, nous pouvons tous profiter de ces modèles de coopération !

Martin Scholl, l’ancien CEO de la Banque cantonale de Zurich, vient d’être nommé  au conseil d’administration de BAM. Quel rôle est-il appelé à jouer dans l’évolution de BAM mais aussi de Fundamenta ?

Avec Martin Scholl, je tiens d’abord à signaler que nous obtenons un renfort de poids pour la structure existante. Avec sa personnalité intègre et pragmatique, et l’intransigeance avec laquelle il se concentre sur la qualité, il se fond parfaitement dans notre culture d’entreprise. Je suis fermement convaincu qu’il pourra, grâce à son expérience, contribuer de manière significative au développement stratégique de Belvédère. Nous sommes très heureux et fiers de pouvoir attirer des personnalités et des managers aussi expérimentés. Cela valide notre démarche, axée sur la durabilité et la qualité.

 

David Garcia

Fundamenta Group

David Garcia a fondé Fundamenta Group en 2007, avec son frère Javier Garcia. Après l’acquisition de Belvédère Asset Management l’année dernière, le groupe figure désormais parmi les plus grands gérants indépendants de Suisse. Il rassemble plus de 100 collaborateurs, et gère des actifs pour un montant d’environ 7 milliards de francs. David Garcia s’est retiré des fonctions opérationnelles de Fundamenta en 2022, mais il reste actif au sein du groupe en tant qu’administrateur. Diplômé en gestion d’entreprise BVS et titulaire d’un International Executive MBA de la ZfU Zurich/Boston, il siège entre autres au conseil de la Fondation Laureus et de l’Aide sportive suisse.

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«Nous sommes vraiment montés en puissance cette dernière année»

  • Xavier Ledru
  • Corporate Finance
  • Reyl Intesa San Paolo

Le pôle corporate finance de la banque Reyl a clairement franchi un seuil.

Capable aujourd’hui de se positionner sur des opérations qui se chiffrent en centaines de millions, voire en milliards, il s’est hissé parmi les acteurs réputés du secteur de la banque d’affaires, en Suisse et en Europe. Et son développement montre encore un fort potentiel, ainsi que l’explique Xavier Ledru, son responsable.

La branche Corporate Finance de la banque Reyl a été créée en 2013 voilà bientôt 10 ans ! Combien de transactions a-t-elle réalisées depuis?

Xavier Ledru : En effet, le temps passe vite ! Quand j’ai rejoint la banque, l’équipe comptait 3 personnes. Aujourd’hui nous sommes une quinzaine de collaborateurs, répartis entre Londres, Genève et Zurich, où nous renforçons notre présence. En dix ans, donc, nous avons effectué plus de 50 opérations pour une surface globale d’en­viron huit milliards de francs.

 

Quel est l’intérêt pour une banque comme Reyl Intesa Sanpaolo d’avoir un pôle Corporate Finance? Comment s’intègre votre offre dans la proposition d’ensemble du groupe Reyl?

L’équipe Corporate Finance s’inscrit plei­nement dans la stratégie 360° de Reyl Intesa Sanpaolo. Nous proposons à nos clients des services de banque d’affaires dans le domaine des fusions & acquisitions, du conseil en financement, du private equity et des marchés de capitaux. Un grand nombre de nos clients sont en effet des entrepreneurs qui ont réussi en développant des groupes inter­nationaux. Leur offrir cette palette de com­pétences nous permet de répondre à leurs besoins tout en nous inscrivant dans une relation de partenariat à long terme avec eux-mêmes comme avec leur famille et leur entreprise.

 

En quoi consiste votre stratégie de développement?

A l’origine, nous avons vécu une phase de développement plutôt opportuniste. Aujourd’hui, nous entrons dans un nouveau cycle, plus mature, où nous souhaitons consolider notre présence en Suisse et en Europe dans le secteur du conseil aux entreprises de taille moyenne et large. Il y a un vrai besoin dans ce domaine, et surtout un gros potentiel de développement pour des acteurs de notre taille. Le pôle Corpo­rate Finance de Reyl Intesa Sanpaolo a l’avantage de travailler avec une approche sophistiquée et des services de qualité tout en étant plus agile et flexible que des banques d’affaires plus établies.

 

Quels objectifs vous êtes-vous fixés?

Si je vous faisais part de mes ambitions réelles vous ne me prendriez sans doute pas au sérieux ! Nous restons humbles mais sommes extrêmement déterminés et ambitieux. Nos récents développements et la qualité de nos équipes nous donnent de bonnes raisons d’être optimistes.

 

Quels sont les points forts sur lesquels vous pensez pouvoir axer votre stratégie?

Le secteur de la banque d’affaires est extrêmement concurrentiel en Europe mais notre culture du service, notre vision long terme, la mise en avant de l’humain sont nos plus grands atouts pour cimenter notre croissance. Le fait que nos clients nous sollicitent désormais de manière récurrente est la plus belle des récompen­ses. Nous avons dans nos équipes des pro­fessionnels expérimentés, avec un bagage pluridisciplinaire, qui ont travaillé dans de grandes banques internationales. Mais nous avons aussi des profils plus jeunes que nous avons recrutés très tôt, que nous avons formés et que nous voyons s’épa­nouir avec fierté. Notre capital humain, notre empathie sont, aux côtés de nos compétences techniques, des atouts que nous cultivons et qui nous différencient d’autres banques plus classiques.

 

Sur quel type de transactions vous concentrez-vous aujourd’hui?

Nous venons de clôturer une acquisition transfrontalière de plusieurs centaines de millions pour le groupe Toyota. Nous finali­sons la vente d’une entreprise familiale suisse, dans le secteur des lubrifiants auto­mobiles écoresponsables, à une major de l’énergie, c’est d’ailleurs une opération introduite par notre branche Wealth Management. L’opération se chiffre là-aussi en centaines de millions de francs. Dans le secteur du financement nous avons finalisé cet été une levée de 150 millions d’euros pour le groupe Les Etincelles, l’un des lea­ders de l’hôtellerie de luxe en haute monta­gne. Enfin nous avons eu l’opportunité de conseiller le groupe ACS dans le cadre de la cession de ses activités renouvelables à Vinci pour 4,9 milliards d’euros fin 2021. De manière générale nous sommes vraiment montés en puissance cette dernière année.

Quels sont les secteurs sur lesquels porte plus particulièrement votre expertise?

Nous sommes actifs dans les secteurs de l’industrie traditionnelle, la santé, les pro­duits de grande consommation et le luxe, les technologies, médias et télécommuni­cations, l’immobilier et l’hôtellerie. Sans oublier bien sûr les énergies renouvela­bles, secteur dans lequel nous avons déve­loppé une véritable expertise ces derniè­res années, et qui est pour nous un axe de développement prioritaire.

 

Qu’a pu vous apporter l’entrée d’Intesa Sanpaolo au capital de Reyl & Cie?

Le partenariat stratégique que nous avons formé avec Intesa Sanpaolo, l’un des plus grands groupes bancaires européens, représente un vrai changement de para­digme pour nos activités de banque d’af­faires. Intesa Sanpaolo figure parmi les lea­ders en Europe dans un grand nombre d’activités liés à l’investment banking. Notre partenariat nous permet d’avoir accès à des équipes sectorielles de grande qua­lité, et de mettre en commun nos compé­tences ainsi que nos réseaux respectifs. Agilité, implication du senior management, capacité à intervenir sur des opérations variées en termes de taille et de géogra­phie, accès à l’un des plus gros bilans de la zone euro : ce sont autant d’arguments – assez décisifs – que nous pouvons mettre en avant. C’est extrêmement stimulant de voir se dégager autant de potentiel !

 

Comment fonctionnez-vous d’ailleurs avec les équipes d’Intesa?

Nous échangeons régulièrement et nous apprenons à nous connaître. Les discus­sions sont fluides et nous nous en réjouis­sons. Nous pouvons « pitcher » une capa­cité importante de crédit aux entreprises. Le groupe Intesa Sanpaolo peut à son tour s’appuyer sur nos équipes pour intervenir sur des opérations qui ne rentrent pas dans ses cases habituelles, ou qui présentent des dimensions hybrides avec à la fois des angles banque privée et banque d’affaires.

 

Comment se fait-il que vous soyez à ce jour l’un des rares acteurs en Suisse positionnés sur ce secteur?

C’est en effet surprenant car il y a tellement d’opportunités à saisir ! En ce qui nous concerne, à la différence de beaucoup de nos pairs, nous avons le soutien incondition­nel des associés de la banque qui sont qua­siment tous d’anciens banquiers d’affaires. Ils comprennent notre culture et le potentiel extraordinaire, mais aussi les contraintes propres à nos activités.

 

Comment vous-y prenez-vous pour repérer les opérations susceptibles de vous intéresser?

Nous travaillons d’abord en étroite colla­boration avec les autres pôles de la banque : Entrepreneurs & Family Office Services, Wealth Management, Asset Management et Asset Services. Nous entretenons avec eux d’excellentes relations. Ces liens soli­des nous permettent d’agréger pour la clientèle de la banque des compétences étendues ainsi que de larges réseaux.

Notre département a ensuite développé ses propres relations au sein du monde des affaires, sur une échelle internationale. Nous sommes ainsi proches de groupes suisses et européens de taille moyenne et large, qui nous appellent régulièrement pour les assister sur des problématiques de fusions-acquisitions, de financement ou encore pour des négociations délicates avec leurs partenaires financiers. Nous sommes enfin des interlocuteurs réguliers de fonds de private equity ou de dette pri­vée, de family offices ou de fonds souve­rains qui nous sollicitent car ils sont à la recherche d’opérations intéressantes, off market. Nous retrouver au carrefour de ces différents univers nous vaut un positionne­ment unique.

De manière générale, nous sommes très enthousiastes dans notre approche du métier. Si nous pouvons connecter des personnes ou des sociétés que nous apprécions et qui évoluent dans notre éco­système, alors nous le ferons volontiers. Savoir rendre service sans forcément atten­dre un retour immédiat conduit souvent à ce que l’on se souvienne de nous plus tard. Je pense que cela reflète aussi notre état d’esprit très entrepreneurial.

Biographie

Xavier Ledru

Reyl Intesa Sanpaolo

Xavier Ledru a débuté sa carrière en tant qu’avocat en 2004 chez Orrick, Herrington & Sutcliffe, à Paris, où il a exercé dans le domaine des financements structurés. En 2010, il a rejoint Société Générale Corporate & Investment Banking comme responsable juridique du département Matières Premières et Ressources Naturelles. Son parcours l’a mené ensuite chez Reyl & Cie à partir de 2014. Il a été nommé responsable-adjoint du département Corporate Finance en 2019 et il en a pris la direction en juillet 2020. Xavier est diplômé de l’Université Paul Cézanne, de HEC, dans un cycle de master, et de l’Université Paris-Descartes.

 

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« La culture Fisch est axée sur l’esprit entrepreneurial de tous »

  • Juerg Sturzenegger
  • CEO
  • Fisch Asset Management

« La culture Fisch est axée sur l’esprit entrepreneurial de tous »

CEO depuis six ans, Juerg Sturzenegger marque Fisch Asset Management de son empreinte. En accord avec les deux fondateurs, Kurt et Pius Fisch, il opère en ce moment même un important changement de génération. Grâce à un modèle original, les responsables opérationnels deviennent peu à peu des actionnaires clés de l’entreprise, sans que les fondateurs quittent leur rôle d’actionnaires de référence. Dans cet entretien, Juerg Sturzenegger nous explique ce modèle et esquisse le développement futur de la société.

Vous êtes à la tête de Fisch Asset Management depuis 2016. Vous vous apprêtez aujourd’hui à faire entrer l’entreprise dans une nouvelle phase de son histoire. Qu’est-ce qui vous motive encore?

Cela peut paraître banal, mais je continue à trouver mon travail incroyablement passionnant. La forte focalisation sur les obligations d’entreprises, et en particulier les obligations convertibles, nous rend uniques. Ces outils nous passionnent tous. La culture d’entreprise que nous avons mise en place est également importante à mes yeux. Il s’agit de la préserver et de la développer en harmonie avec les changements économiques et sociaux. Quand on parle de la transformation de notre entreprise, c’est précisément sur ce point que nous voulons agir.

Restons un instant sur le thème des obligations convertibles, qui n’a pas toujours été simple. Tout le monde réclamait des actions. “There is no alternative”, assurait-on. Qu’en pensez-vous aujourd’hui ?

Vous connaissez certainement ma réponse : je suis convaincu que les conditions deviennent idéales pour les obligations convertibles en cette période de hausse générale des taux d’intérêt. Cela dit, tout n’a pas été aussi difficile que vous le dites. Nous avons notamment profité du fait qu’en période de taux bas la demande d’investissements alternatifs était forte. Mais effectivement, aujourd’hui, compte tenu du retournement des taux d’intérêt et de l’augmentation du coût du capital pour les entreprises, les obligations convertibles peuvent à nouveau faire valoir les avantages de leur caractère hybride.

Quels sont vos scénarios concernant l’évolution de la demande ?

Nous sommes inondés chaque jour de nouvelles informations qu’il est très difficile d’interpréter. Cette incertitude ne facilite pas la tâche des investisseurs, ni la nôtre. De notre point de vue de spécialistes Fixed Income, nous ne voyons pas de problème à gérer des taux d’intérêt élevés. Mais tant que nous n’avons pas de certitude sur le niveau auquel ces taux vont se stabiliser, de nombreux clients institutionnels préfèrent attendre. Pour l’instant, ils ne sont pas prêts à prendre des risques trop élevés.

Fisch Asset Management a commencé à se concentrer sur les emprunts convertibles peu après sa création en 1994, sous l’impulsion des frères Kurt et Pius Fisch. Cette spécialisation a-t-elle été la raison de votre succès ?

Notre histoire montre que cette spécialisation a été et reste effectivement une des raisons de notre succès. Il n’y avait à l’époque que peu de gestionnaires d’actifs qui s’étaient vraiment penchés sur ces produits. C’était une niche qui n’était, tout au plus, qu’exploitée aux États-Unis. Mais depuis dix ans, nous avons élargi notre offre à d’autres types d’obligations d’entreprises. Chez nous, elles sont aujourd’hui au moins aussi importantes que les obligations convertibles, même si Fisch Asset Management est surtout connu pour ces dernières. Nous travaillons à changer cela. Tous ces types d’instruments ont d’ailleurs un point commun : savoir évaluer le risque de crédit d’un émetteur. Avoir franchi ce pas nous a également permis de proposer des offres combinées, que nous gérons dans la branche Multi Asset Solutions. 

Vous avez récemment annoncé, en accord avec les fondateurs, un changement de génération. En quoi consiste-t-il ?

L’objectif est de conserver le modèle qui nous a valu notre succès, ainsi que la culture de l’entreprise, tout en confiant la responsabilité et la destinée de Fisch Asset Management à de nouvelles personnes. Le rôle de Kurt et Pius Fisch, deux entrepreneurs engagés et visionnaires, sera repris petit a petit par d’autres responsables. Qui resteront étroitement liés aux fondateurs au niveau de l’actionnariat et des accords issus de ce nouveau concept de partenariat.

 

Parlez-nous un peu plus en détail de ce modèle de partenariat.

Tout d’abord, pour comprendre le modèle, nous devons parler de la culture de l’entreprise. Elle est axée sur l’esprit entrepreneurial de tous et sur la réussite collective, qui prime sur la réussite individuelle. Cette philosophie nous a été transmise par les fondateurs. Nous avons prévu que ces fondateurs cèdent la majorité de leurs actions sur une période de 2 à 4 ans et qu’un groupe d’environ 5 partenaires les reprennent progressivement.

Chez vous, de nombreux collaborateurs détiennent déjà des actions. Cette politique va-t-elle se poursuivre ?

Oui, environ un tiers des actions sont déjà détenues par nos collaborateurs et nos collaboratrices. Cela favorise l’esprit d’entreprise et la transparence dans l’ensemble du groupe. Cela va si loin que tous nos documents, tous les chiffres de l’entreprise ainsi que les procès-verbaux des réunions de la direction et du conseil d’administration sont accessibles à tous dans l’entreprise.

Aujourd’hui, qui a encore le courage de devenir partenaire ?

C’est une des questions qui se pose. Tout le monde ne rêve pas d’entrepreneuriat, des opportunités et des risques qui l’accompagnent. Mais il y a heureusement chez nous plusieurs personnes compétentes qui peuvent avoir envie de s’engager dans cette voie. Mais, pour les convaincre, il faut qu’elles puissent réellement décider de l’avenir de l’entreprise et profiter de son succès. Deux choses que notre concept garantit.

 

Quelles seront les futures orientations stratégiques de Fisch Asset Management ?

Nous sommes des spécialistes. Et dans notre domaine, nous sommes l’un des plus grands acteurs indépendants au monde. Nous voulons conserver ce positionnement. Notre principale base de clientèle se trouve en Europe germanophone. Il en sera de même à l’avenir, même si une extension ponctuelle dans d’autres pays européens est envisageable.

Qu’en est-il de la taille de l’entreprise ? Est-ce un point important pour vous ?

Nous continuons à nous considérer comme une boutique. Nous avons bien sûr un socle de charges opérationnelles que nous ne pouvons ni ne voulons externaliser. Tant le traitement des actions que le reporting sont réalisés en interne, pour vous donner un exemple. Par ailleurs, nous sommes et nous resterons une équipe de spécialistes, proches de nos clients, qui propose des solutions sur mesure. Il n’y aura jamais de production de masse chez nous. En outre, notre structure souple nous permet déjà, sans devoir beaucoup l’adapter, de gérer efficacement plusieurs types d’actifs, efficacement et sans perte de qualité. En clair, nous avons besoin d’environ 5 milliards de francs d’actifs sous gestion pour être sainement rentables. Donc, sur ce point, nous pouvons dormir tranquille.

 

Biographie

Juerg Sturzenegger

CEO Fisch Asset Management

Juerg Sturzenegger a rejoint Fisch Asset Management fin 2016. Après avoir occupé le poste de co-CEO jusqu’à fin 2019, il est désormais le seul maître à bord. Il a débuté sa carrière financière dans le Corporate Finance à la Banque Leu. Chez Julius Baer, il a dirigé pendant plusieurs années le secteur Capital Markets, puis le Private Banking Wealth Engineering. Cet économiste a ensuite rejoint la VP Bank, au Liechtenstein, où il a été CEO des activités de la banque en Suisse, puis COO, CIO et, pendant une courte période, co-CEO du groupe. Après une courte période ou il a exercé des mandats de conseil, en indépendant, il a pris ses fonctions chez Fisch qui rassemble aujourd’hui 80 collaborateurs et gère des actifs s’élevant à environ 8 milliards de francs suisses.

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