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Solutions Investissements

  • Samir Kerbage
  • Chief Investment Officer
  • Hashdex

 Bitcoin & stablecoins : le duo qui structure l’adoption institutionnelle

Avril a été marqué par un retour brutal de la volatilité sur les marchés globaux, et les crypto-actifs n’y ont pas échappé. Le bitcoin est brièvement passé sous les 76 000 dollars à la suite des tensions liées à la nouvelle politique tarifaire annoncée après le “Jour de la Libération”. Mais en l’espace de quelques jours, il a effacé ses pertes, enregistrant un rebond de près de 25 %.

Francesco Mandalà

Le sursaut du bitcoin n’est pas un cas isolé. Les actifs numériques montrent, une fois de plus, leur capacité à rebondir rapidement face aux chocs macroéconomiques. L’indice Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), qui reflète la structure du marché crypto, a ainsi surperformé les principales classes d’actifs — actions, or — après plusieurs épisodes de stress : la crise bancaire américaine en 2023, le retournement du yen en 2024, et plus récemment le regain de tensions commerciales.

Pourquoi cela ? Nous assistons à une convergence croissante entre le comportement des marchés, les avancées réglementaires et des cas d’usage concrets, qui renforcent la thèse d’investissement dans les crypto-actifs. Deux évolutions majeures méritent d’être soulignées. Premièrement, le bitcoin s’impose de plus en plus comme un actif de réserve de valeur, adoptant un comportement similaire à celui de “l’or numérique” dans les portefeuilles institutionnels.

Deuxièmement, l’adoption rapide des stablecoins à l’échelle mondiale et la montée en puissance de la tokenisation renforcent l’intérêt des plateformes de smart contracts comme Ethereum et Solana, qui s’affirment comme la couche d’infrastructure d’un nouveau système financier. Ensemble, ces dynamiques accélèrent l’intégration des crypto actifs dans l’économie mondiale et ouvrent la voie à des opportunités d’investissement attractives sur le long terme.

Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur

La thèse d’investissement principale autour du bitcoin repose depuis longtemps sur sa rareté, sa décentralisation et sa résistance à la censure. Pourtant, pendant une grande partie de son histoire, il a été perçu davantage comme un actif spéculatif que comme une véritable réserve de valeur. Cette perception est en train d’évoluer, comme en témoigne la semaine dernière où le BTC a progressé en parallèle de l’or, tandis que les indices boursiers reculaient et que le dollar américain atteignait son plus bas niveau depuis trois ans.

Trois évolutions majeures ont été déterminantes dans cette transformation du bitcoin en actif de réserve de valeur :

  1. Alignement avec l’environnement macroéconomique : Le bitcoin est de plus en plus considéré comme une couverture contre la dépréciation monétaire et l’instabilité macroéconomique de long terme. Alors que les économies développées peinent toujours à contenir les pressions inflationnistes et à assurer la soutenabilité de leur dette, les investisseurs réévaluent le rôle des actifs tangibles dans leurs portefeuilles. L’or a historiquement rempli cette fonction — mais le bitcoin, avec sa rareté vérifiable (une offre plafonnée à 21 millions d’unités), sa liquidité mondiale et sa portabilité, est de plus en plus perçu comme une alternative numérique crédible. Les corrélations observées lors de récents épisodes macroéconomiques renforcent cette perception. En 2023 et début 2024, le bitcoin a souvent évolué de concert avec l’or lors de tensions géopolitiques et de pics d’inflation, ce qui montre que les marchés commencent à le considérer comme un actif refuge plutôt que comme un actif purement spéculatif.
  2. Infrastructure institutionnelle et ETFs au comptant : Le lancement des ETFs bitcoin au comptant cotés aux États-Unis début 2024 a constitué un tournant décisif. Cette avancée a permis aux investisseurs d’accéder au bitcoin de manière simple, régulée et peu coûteuse, via les canaux financiers traditionnels. À mesure que les infrastructures de niveau institutionnel — conservation, exécution, conformité — continuent de se déployer, nous anticipons un renforcement de la corrélation du bitcoin avec les actifs refuges traditionnels, ce qui viendra consolider davantage sa position en tant que réserve de valeur.
  3. Indicateurs on-chain et détenteurs de long terme : Le signal peut-être le plus révélateur vient du comportement des détenteurs de bitcoin. Les données on-chain montrent qu’un pourcentage significatif de l’offre est désormais conservé par des investisseurs de long terme — des portefeuilles qui n’ont pas déplacé de fonds depuis plus d’un an. Ces détenteurs font preuve d’une faible sensibilité à la volatilité des prix, ce qui traduit une confiance croissante dans le bitcoin en tant qu’actif de long terme. Ce comportement contribue à stabiliser les prix et à limiter la pression vendeuse lors des phases de correction. Il est également cohérent avec les caractéristiques attendues d’un actif de réserve de valeur arrivé à maturité.

Stablecoins, tokenisation et opportunités liées aux smart contracts

Alors que le bitcoin s’impose progressivement comme l’équivalent numérique de l’or, la demande pour les stablecoins — des actifs numériques adossés à des monnaies fiduciaires, le plus souvent le dollar américain — ne cesse de croître. Depuis le début de 2023, les fonds monétaires tokenisés se développent rapidement, avec des institutions traditionnelles telles que BlackRock et UBS qui investissent déjà ce segment et collectent plusieurs milliards de dollars via leurs propres versions de “dollar tokens” porteurs de rendement. Ethereum, ses solutions de couche 2, ainsi que d’autres plateformes de smart contracts comme Solana et Avalanche, sont les infrastructures utilisées pour tokeniser des actifs du monde réel. Elles permettent d’exécuter des transactions de manière rapide, sécurisée et programmable, tout en offrant une composabilité qui ouvre la voie à de nouveaux cas d’usage.

Les stablecoins adossés au dollar, notamment l’USDC et l’USDT, traitent désormais près de 3’000 milliards de dollars de volume de transaction par an — un chiffre supérieur aux volumes combinés de PayPal, Venmo et Western Union. Leur utilité est multiple : transferts internationaux, trading on-chain, paiements marchands, etc. La montée en puissance des stablecoins et de la tokenisation ne relève clairement plus du seul écosystème crypto. Les institutions financières et les fintechs les intègrent dans leurs produits, et plusieurs juridictions — de Singapour au Brésil en passant par les États-Unis — développent des cadres réglementaires pour accompagner cette adoption.

Pourquoi est-ce important pour Ethereum et les autres plateformes de smart contracts ?

  1. Stablecoins et tokenisation alimentent l’activité sur les blockchains : Les stablecoins représentent aujourd’hui les applications les plus utilisées sur les blockchains publiques programmables. Ethereum reste la plateforme dominante pour l’émission et le règlement des transactions en stablecoins, tandis que ses concurrents enregistrent également une croissance soutenue depuis plusieurs années. Cette dynamique génère des frais sur ces réseaux, créant une demande structurelle pour leurs tokens natifs et incitant à la poursuite des investissements dans l’infrastructure. Cette activité économique renforce la thèse d’investissement dans des actifs comme l’ETH ou le SOL, perçus à la fois comme des “actifs générateurs de rendement” (via le staking) et comme le carburant nécessaire au fonctionnement computationnel des réseaux.
  2. Effets de réseau et ancrage des plateformes : Les plateformes de smart contracts bénéficient d’un fort engagement de la part des développeurs, d’outils technologiques matures, et d’un écosystème étendu comprenant portefeuilles, protocoles DeFi et solutions d’accès aux marchés. Les stablecoins et la tokenisation renforcent cet écosystème en rendant les blockchains plus accessibles et plus pertinentes sur le plan financier pour les utilisateurs du quotidien. À mesure qu’ils s’intègrent dans des produits financiers grand public — comptes d’épargne, néobanques, commerce transfrontalier — ils génèrent une demande continue pour les réseaux qui les soutiennent, consolidant ainsi leur rôle au cœur de l’infrastructure financière numérique.
  3. Modèles de monétisation des smart contracts : Le succès des stablecoins et la montée en puissance de la tokenisation donnent un aperçu des modèles économiques de demain. Les blockchains capables de traiter efficacement un volume élevé de transactions — tout en maintenant des frais faibles et une conformité réglementaire — capteront une part importante de la valeur créée. Cette évolution positionne les plateformes les plus performantes comme les futures infrastructures de paiement et de règlement du système financier mondial.

Implications pour les investisseurs

Ces deux récits — le bitcoin comme or numérique et les plateformes de smart contracts comme infrastructure financière — ne s’excluent pas mutuellement. Ils se complètent et représentent deux piliers de la thèse d’investissement en actifs numériques en pleine évolution. Pour les investisseurs de long terme, cela offre un cadre plus clair pour la construction de portefeuille :

  • Bitcoin : Une couverture macroéconomique et une réserve de valeur, jouant un rôle de plus en plus similaire à celui de l’or dans les portefeuilles diversifiés. Idéalement positionné pour bénéficier de l’incertitude macroéconomique et de l’adoption institutionnelle.
  • Plateformes de smart contracts : Actifs de croissance liés à l’expansion de l’activité économique on-chain, notamment l’utilisation des stablecoins, la tokenisation et la DeFi. Ces plateformes profiteront de l’utilisation des réseaux, des rendements du staking et de l’adoption de leur infrastructure.

Comme toujours, des risques subsistent — de la fragmentation réglementaire à la concurrence entre réseaux. Mais contrairement aux cycles précédents, nous assistons désormais à une adoption réelle qui stimule la demande et l’intérêt des investisseurs. Le bitcoin et les plateformes de smart contracts ne sont plus de simples idées. Ce sont des systèmes fonctionnels, avec des cas d’usage éprouvés et une attractivité économique croissante.

Chez Hashdex, nous pensons que les actifs numériques entrent dans une nouvelle phase — marquée moins par la spéculation que par une intégration mesurable dans l’économie mondiale. Le rôle croissant du bitcoin comme réserve de valeur, associé à la place centrale des smart contracts dans l’infrastructure des stablecoins et de la tokenisation, illustre clairement cette évolution.

Nos stratégies d’investissement indicielle sont conçues pour capter cette dynamique. Le Nasdaq Crypto Index™ (NCI™), suivi par nos produits phares, constitue aujourd’hui une boussole pertinente pour les investisseurs souhaitant s’exposer de manière structurée à l’écosystème crypto. Il s’agit d’un panier dynamique, révisé trimestriellement, qui reflète la structure réelle du marché — avec une pondération dominante pour le bitcoin (environ 78% au 10 avril), tout en intégrant les tokens principales plateformes de smart contracts (Ethereum, Solana, Cardano, Avalanche) et des actifs liés aux paiements comme Ripple, etc.

Ce positionnement permet à l’indice de capter non seulement la thèse de réserve de valeur portée par le bitcoin, mais aussi les opportunités de croissance générées par l’adoption des stablecoins et la tokenisation. Le NCI™ est conçu pour évoluer avec le marché et pour capter les gagnants de demain, dès aujourd’hui. Il offre ainsi une exposition diversifiée, rigoureuse et représentative à un univers encore jeune, mais déjà structuré.

En s’appuyant sur des règles transparentes, une méthodologie rigoureuse et une couverture de large de la capitalisation du marché des actifs numériques, le Nasdaq Crypto Index™ constitue une passerelle efficace entre les marchés traditionnels et les nouvelles frontières de la finance. Il s’agit, selon nous, de la meilleure manière d’aborder cette classe d’actifs avec discipline, discernement et vision stratégique.

Samir Kerbage

Hashdex

Samir Kerbage est le Chief Investment Officer de Hashdex. Pendant près de dix ans, il a travaillé à la construction d’infrastructures pour les marchés financiers. Il a contribué par exemple à des projets majeurs tels que l’ATS Brasil chez Americas Trading Group et le lancement d’une entreprise de trading à haute fréquence. Samir Kerbage, est diplômé en génie informatique de l’Instituto Militar de Engenharia, au Brésil.

Actions suisses

Solutions Investissements

  • Daniel Steck
  • Senior portfolio manager
  • Banque Piguet Galland

Quand Donald Trump siffle la fin de la récréation

Après un rally appréciable au premier trimestre, les actions suisses ont repiqué du nez en avril, prises sous le feu des taxes douanières exorbitantes envisagées par Donald Trump. A mi avril, le SPI avait perdu 2,6% depuis le début de l’année, et le SMI 3,3%. Rien d’inquiétant cependant au vu des excellents fondamentaux qu’affiche toujours l’économie suisse.

Francesco Mandalà

Après deux années de performances catastrophiques, le vent semblait avoir enfin tourné sur les bourses suisses au premier trimestre. A la fin mars, les indices avaient fortement rebondi, tandis que l’optimisme des investisseurs à l’égard de l’économie mondiale laissait place à un net regain de volatilité.

Au mois de janvier, il était en effet assez choquant de constater que la décote de valorisation des titres helvétiques atteignait un niveau sans précédent. Alors qu’historiquement les valeurs domestiques se traitent avec une prime de 5% par rapport aux indices mondiaux, c’est une décote de près de 15% qui prévalait en début d’année. Cette situation anormale parlait clairement en faveur des actifs risqués suisses. Cet argument reste d’ailleurs valable aujourd’hui, malgré la large surperformance du SPI sur les trois premiers mois de 2025.

Les valeurs suisses ont souvent montré leur capacité à bien se comporter dans un environnement de forte volatilité sur les marchés financiers mondiaux. L’escalade actuelle dans la guerre commerciale menée par les USA contre leurs partenaires commerciaux mène à un régime de volatilité extrême qui aurait dû normalement pousser les investisseurs vers la cote locale. C’était sans compter sur le caractère imprévisible du nouveau Président américain.

Il y a encore quelques semaines, les observateurs estimaient que la Suisse échapperait aux taxes douanières, malgré les menaces brandies par Donald Trump à l’égard du monde entier. Tout du moins, il n’était pas envisageable que des taxes supérieures à celles appliquées aux pays européens soient mises en place. C’est pourtant bien ce qui s’est passé la semaine dernière. A la suite de l’application de formules mathématiques obscures, les biens helvétiques exportés aux Etats-Unis risquent une taxe supérieure à 30%, un niveau jusque-là réservé aux produits chinois. Cette surprise explique la sous performance récente des bourses domestiques, qui n’ont pas résisté au crash boursier en ce début avril.

Dans un tel contexte, les petites et moyennes capitalisations sont à la peine. Sans surprise, ces entreprises ont fortement corrigé, en raison de leur fragilité financière plus élevée et de leur présence dans des secteurs plutôt cycliques comme l’industrie ou la chimie. Pas de répit non plus pour les valeurs défensives du secteur de la santé, qui ne seront pas épargnées par la politique tarifaire de Donald Trump. Dans la récente baisse, les investisseurs n’ont pas fait de distinction entre grosses et petites capitalisations, cycliques ou défensives. L’onde de choc s’est généralisée à l’ensemble du marché. Ou presque…

Car certaines valeurs parmi les « small cap » se sont relativement bien comportées dans ce moment de panique. Les plus petites sociétés, celles qui ne sont actives que sur le marché suisse et, par conséquent, ne sont que peu concernées par les taxes américaines, ont semblé bénéficier d’une carte joker. Une société de services comme Swisscom, qui opère en grande partie sur sol suisse ne se soucie guère des récents développements macroéconomiques. Même constat pour BKW, Allreal, les petits assureurs suisses ou l’ensemble des banques cantonales helvétiques. Ces valeurs sont à privilégier dans l’environnement actuel et sont largement représentées dans nos solutions d’investissement dédiées au segment des petites et moyennes capitalisations. L’accent est donc mis dans ce segment sur les sociétés exposées en premier lieu à la conjoncture domestique.

Car il faut souligner l’excellence des fondamentaux dont jouit l’économie suisse. Alors que la croissance du PIB ralentit dans la plupart des économies développées, Etats-Unis et Chine en tête, elle devrait rester stable, voire accélérer dans notre pays durant les deux prochaines années. Certes, des révisions baissières sont attendues au vu des récentes mesures mises en place par les Etats-Unis et de la perte de confiance qui en a suivi chez les entrepreneurs. Mais l’impact devrait rester limité pour le PIB suisse. Idem pour les bénéfices des entreprises suisses, qui s’inscrivent dans une tendance de révisions haussières. Notons que la BNS, en assouplissant fortement sa politique monétaire durant les derniers trimestres, a sans doute contribué à préserver la compétitivité des sociétés exportatrices et à limiter l’appréciation du franc, favorisant ainsi la croissance.

Au vu de ce qui précède, nous considérons comme injustifiée la décote que les actions domestiques continuent d’afficher par rapport à leurs homologues mondiales, même après la surperformance des indices SMI et SPI sur le premier trimestre. Le retour à une prime de valorisation est désormais probable au vu des incertitudes économiques, de la situation géopolitique et de la visibilité réduite qui prévaut quant à l’orientation de la croissance mondiale. Nous recommandons dès lors de conserver une exposition substantielle aux actions helvétiques en privilégiant notamment les petites capitalisations domestiques, qui continueront à tirer leur épingle du jeu sur les prochains mois.

Daniel Steck

Piguet Galland

Daniel Steck cumule près de 25 années d’expérience dans le domaine de la finance. Après une première expérience dans l’analyse financière chez Lombard Odier, notamment sur le secteur de la santé, il a continué sa carrière chez Reyl & Cie, comme analyste et gérant de portefeuille. Il a rejoint Piguet Galland en 2018 comme gestionnaire senior pour prendre en charge de la gestion des différents fonds actions et certificats thématiques sur la Suisse et l’Amérique du Nord.

Plateforme

Solutions EAM

  • Interview Carine Frick-Delaloye
  • Head Corporate & Business Development, Aquila
  • Head Bank Aquila

« La volonté de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible »

Ancienne responsable du pôle EAM Core chez Credit Suisse, Carine Frick-Delaloye a rejoint cette année la direction d’Aquila. Elle a pris sous sa responsabilité le développement de la plateforme et s’est vu confier également la direction de la banque dépositaire. Au cœur de ses priorités : des services plus compétitifs et un accompagnement plus adapté pour les tiers-gérants.

Avec les nouvelles réglementations, la surveillance prudentielle, le digital, comment voyez-vous le métier de gérant se transformer, dans l’offre comme dans les modes opératoires ?

Le marché des tiers gérants va se consolider dans les prochaines années, dû principalement à l’augmentation des coûts et de la réglementation. A l’avenir, les petites entreprises avec une ou deux personnes auront beaucoup de peine à rester profitables. Les nouvelles entreprises qui se créent à l’heure actuelle se composent en général de trois à cinq personnes afin d’avoir une base de clients et de revenus plus importante. De plus, la volonté de se concentrer sur la gestion des clients et de déléguer certaines fonctions devient de plus en plus perceptible.

Les gérants sont également confrontés à un changement de génération de leur clientèle. Outre le fait d’assurer la continuité des clients, ils doivent faire face à de nouvelles attentes, comme plus de transparence en matière de prix et de services. La proximité avec les clients et les bonnes performances ne suffisent plus en tant qu’USP pour la NextGen. Le gérant devra donc étendre sa gamme pour rester attractif.

Quel est le cœur de la proposition que vous formulez aujourd’hui aux gérants indépendants susceptibles de vous rejoindre ?

Aquila déploie pour les tiers gérants une solution complète à partir d’une seule et même source, ce qui nous différencie des autres prestataires. Nous ne nous contentons pas de proposer différentes options en matière d’outsourcing ; nous sommes d’abord des « coéquipiers » pour les gérants indépendants. Nous leur apportons des conseils dans chacune des phases qui rythment le développement de leur société, de la fondation à la succession. Nous y ajoutons une large palette de services qui couvrent différentes fonctions : juridique, fiduciaire, informatique, ressources humaines, administration ou encore gestion d’entreprise.

Les gérants ont également la possibilité d’ouvrir des comptes pour leurs clients auprès de notre propre banque dépositaire, la banque Aquila, ouverte en 2012 et destinée aux GFI suisses, qu’ils soient affiliés à Aquila ou non. Notre équipe Investment & Wealth Management assiste les gérants dans tous les aspects relatifs aux placements.  Leurs prestations peuvent inclure de l’advisory, des analyses de marchés ou encore des rapports consolidés en matière de risque et de performance.

Quels leviers de croissance allez-vous activer pour Aquila ces prochaines années ?

Un grand nombre de gérants se trouvent engagés dans une période charnière où se pose la question de leur propre succession. C’est un développement que nous observons d’ailleurs au sein même d’Aquila et nous lui consacrons de plus en plus de temps. A mon avis, il y a un potentiel important sur l’ensemble du marché suisse. Cependant, c’est un sujet qu’il n’est pas toujours facile d’aborder et de traiter. Il demande du tact et de l’expérience. Vu la taille de notre réseau, qui rassemble aujourd’hui 90 partenaires, nous avons cependant acquis au fil des années une expertise appréciable dans ce domaine.

Nous voyons un deuxième levier de croissance chez les nouveaux gérants indépendants, qui manifestent de l’intérêt pour une plateforme de services comme la nôtre au vu de l’augmentation des coûts qui touche l’ensemble du secteur. Juridique, cybersécurité, IT, révision, digitalisation : aucun domaine n’y échappe, et les budgets augmentent continuellement. Dès lors, une plateforme comme celle d’Aquila prend tout son sens. Elle permet de mutualiser les coûts, tout en s’adaptant jour après jour aux nouvelles normes qui régissent le secteur. Les gérants bénéficient donc d’un service complet délivré par un seul et même prestataire, à un prix conforme aux évolutions du marché. Il leur est alors d’autant plus facile de se concentrer sur la gestion de la clientèle. 

Quels développements voulez-vous donner à Aquila sur un marché où vous êtes moins présent, celui de la Suisse romande ?

Il est vrai qu’Aquila est moins visible en Romandie, bien que nous ayons déjà plusieurs partenaires à Genève et à Lausanne. Cependant, je ne pense pas que les besoins des gérants indépendants romands différent beaucoup par rapport à ceux de leurs collègues tessinois ou alémaniques. Etant moi-même Romande, je suis certaine que le modèle d’Aquila peut très bien fonctionner au-delà du « röstigraben ». Je me réjouis donc de développer Aquila en Suisse romande ces prochaines années. Ce sont là des perspectives qui me tiennent personnellement à cœur.

Carine Frick-Delaloye

Aquila

Carine Frick-Delaloye a entamé son parcours professionnel au Credit Suisse en 1995. A partir de juin 2008, elle a occupé différents postes de direction dans les divisions Retail et Private Banking. En 2013, elle a pris la direction de la ligne Personal & Business Banking pour le marché rhénan à Zurich avant de passer au Wealth Management où elle a été nommée responsable du pôle EAM Core. Carine Frick-Delaloye détient un DEA Banque & Finance délivré par le Swiss Finance Institute – Université de Berne, et un CAS Digital Banking de la Kalaidos University of Applied Sciences à Zurich.

Relève

Solutions EAM

  • Interview Alban Janssens de Bisthoven
  • Associé, responsable de l’ingénierie patrimoniale
  • Forum Finance

« Il faut que nous allions vers plus de modernité »

Jeune associé de Forum Finance, Alban Janssens de Bisthoven incarne cette nouvelle génération de gérants appelée à servir une nouvelle génération de clients. Un renfort précieux pour un groupe qui fête cette année ses trente ans et porte une attention toute particulière au renouvellement de ses cadres.

Quel regard portez-vous, en tant que jeune associé de Forum Finance, sur la gestion de fortune et sur les évolutions à lui apporter ?

Elle doit en effet évoluer parce que nous devons, d’une façon ou d’une autre, suivre le rythme que nos clients impriment. Et il a tendance à s’accélérer avec le temps. Nous sommes tenus de nous concentrer encore plus sur la performance, de nous rendre beaucoup plus disponibles et d’utiliser les outils avec lesquels nos clients ont eux-mêmes l’habitude de travailler. Je pense bien évidemment au digital et à toutes ses applications.

Il faut que nous allions vers plus de modernité, jusque dans les solutions d’investissement où nous devons couvrir davantage de bases, comme par exemple l’impact, l’ESG, mais aussi le private equity et les digital assets. Nous ressentons clairement ces attentes chez les plus jeunes de nos clients, ceux qui ont moins de cinquante ans.

Quels types de profils présentent-ils ?

Certains d’entre eux ont reçu la fortune que leur ont transmis leurs aînés, dans le cadre d’une transmission patrimoniale, que ce soit sous forme de donations, de contrats d’assurance-vie, de trusts ou encore de fondations. Mais nous voyons aussi arriver une nouvelle clientèle d’entrepreneurs qui ont construit eux-mêmes leur fortune, leur patrimoine, en ayant réussi à bien développer puis à bien revendre leur entreprise. Ils représentent une part importante du portefeuille clients de Forum Finance. C’est aussi notre marque de fabrique.

Le renouvellement des associés chez Forum Finance s’accompagne donc du renouvellement de la clientèle ?

Oui, ce renouvellement se produit de manière naturelle. Les jeunes associés attirent assez logiquement de plus jeunes clients. Il y a une certaine jeunesse qui se dégage de Forum Finance. Les clients le sentent et je crois que cela leur plait. Aujourd’hui, toutes les tranches d’âge sont représentées au sein du collège des associés. Vous avez des quadragénaires, des quinquagénaires et bien évidemment des sexagénaires qui sont prêts à passer le relais d’ici quelques années et qui ont su s’organiser en conséquence.

Les jeunes générations consomment-t-elles les services financiers différemment de ses aînés ?

Au-delà des produits type crypto, NFTs, impact, je trouve que les nouvelles générations sont beaucoup plus attentives aux rendements que génèrent leurs portefeuilles. Elles demandent aussi davantage de disponibilité, voire de réactivité, de leur part de leurs gérants, parce qu’elles ont grandi dans l’instantanéité, l’immédiateté. Leur temporalité, c’est le clic de souris.

Quels nouveaux services voulez-vous mettre en place pour ces nouvelles générations?

Nous avons d’abord à leur égard un devoir d’éducation, d’information à remplir. Nous devons les sensibiliser aux métiers de la gestion de fortune et à la valeur qu’ils permettent de générer. Nous devons aussi les préparer à la gestion de leur patrimoine, devenue avec le temps de plus en plus complexe. Nous consacrons beaucoup de temps à ces questions. Nous organisons beaucoup de rencontres avec nos clients pour aborder tous ces points. Nous avons même lancé nos propres NextGen Sessions, qui nous permettent en retour de mieux comprendre les aspirations de nos clients. Nous voulons être le plus possible à leur écoute et les échanges que nous développons avec eux nous semblent indispensables.

Quel est le profil type du nouveau gérant, capable de gérer cette nouvelle clientèle ?

Je pense sincèrement que le bagage technique, qui s’acquiert avec le temps, au contact d’autres professionnels, doit passer au second plan. Pour moi, c’est davantage une affaire d’attitude, de tempérament, de comportement. Il ne sert à rien d’avoir une connaissance encyclopédique des marchés si vous n’êtes pas d’abord dynamique, enthousiaste, curieux. La curiosité, c’est très important. Elle va décider de la qualité de la relation que vous allez établir avec vos clients et de la confiance que vous allez pouvoir leur inspirer. Eprouver de l’empathie pour ses clients permet d’anticiper davantage leurs problèmes et mettre plus facilement en œuvre les solutions adéquates.

Alban Janssens de Bisthoven

Forum Finance

Alban Janssens de Bisthoven est responsable de l’ingénierie patrimoniale chez Forum Finance. Il a rejoint le Groupe en 2018 et il en est devenu associé en 2021. Alban a commencé sa carrière en tant qu’avocat aux Pays-Bas et en Belgique, puis a passé 11 années au sein de l’équipe Wealth Planning chez Julius Baer à Genève.  Alban est titulaire d’un Master en Droit, d’un Master en Droit des Affaires et d’un Master en Droit Fiscal.

Compliance

Solutions Digitales

  • RegTech
  • Indigita

Des solutions digitales pour le cross-border et la compliance

Indigita est une regtech qui répond aux besoins de l’industrie financière en matière de conformité et de réglementation. A titre d’exemple, les solutions qu’elle développe depuis déjà plusieurs années simplifient, voire automatisent, les processus de prise de décision en matière de conformité transfrontalière, de traitement fiscal et d’adéquation.

À quoi ça sert ?

Indigita inApp, une application modulaire basée sur le web, accessible sur mobile ou sur desktop, offre des réponses instantanées et contextuelles aux questions de conformité réglementaire transfrontalière. Les utilisateurs sont guidés sur les actions à entrepremdre ou non, sur le placement des produits et sur l’adéquation des produits à la fiscalité, tout cela en entrant simplement un code ISIN.

Indigita inApp Tax, une autre application web, permet aux planificateurs financiers, aux conseillers en investissement et aux gestionnaires de portefeuille d’évaluer l’impact fiscal de l’ensemble d’un portefeuille, en tenant compte des différents marchés géographiques et des régimes fiscaux spéciaux.

Indigita inApp Products fournit des réponses en matière de placement de produits et de marketing transfrontaliers avec une couverture étendu à plus de 120 pays. Les professionnels peuvent ainsi prendre des décisions toujours en conformité avec les évolutions constantes qui animent le paysage international du placement de produits transfrontaliers.

Indigita API intègre de manière transparente des systèmes de contrôles et de vérifications liés au placement de produits transfrontaliers, à l’adéquation fiscale et à l’adéquation des produits dans les core banking systems , les PMS et les CRM

Indigita e-Learning. Les cours en ligne d’Indigita sont des formations digitales sur des sujets de conformité, de risque, de gouvernance d’entreprise et d’ESG, qui visent à atténuer les risques commerciaux.

Qu’est-ce que ça apporte de plus ?

Les solutions d’Indigita permettent aux institutions financières et aux intermédiaires de mener leurs activités avec des clients domiciliés à l’étranger de manière sûre et conforme, dans un environnement réglementaire de plus en plus complexe.

Pour ce faire, Indigita a placé la simplicité au cœur de ses développements, de ses modes opératoires et des services proposés à ses clients. Cette simplicité se retrouve dans la conception et l’utilisation de ses solutions, accessibles en n’importe quel lieu, à n’importe quel moment. Elles ont été élaborées pour produire des réponses claires, instantanées et exploitables, même dans le cas de scénarios très complexes.

Ça s’adresse à qui ?

La clientèle d’Indigita comprend à ce jour 300 banques et 1’200 gestionnaires de fortune, depuis les grands conglomérats bancaires jusqu’aux aux banques privées et aux sociétés de gestion patrimoine. Ses utilisateurs finaux sont principalement les relationship managers, les responsables legal & compliance, les gestionnaires des risques et les responsables RH.

Certains cours d’apprentissage obligatoires – sur la cybersécurité, par exemple – sont utilisés à tous les niveaux de l’organisation.

Qui est derrière ?

Dirigée par Achille Deodato, Indigita appartient au groupe BRP, spécialisé dans les solutions Compliance en matière de réglementation bancaire et financière. BRP couvre plus de 190 juridictions et travaille en collaboration avec plus de 250 cabinets d’avocats internationaux.  

Combien ça coûte ?

Toutes les solutions Indigita sont proposées sous forme d’abonnements annuels d’une durée initiale de 3 ans, renouvelable ensuite sur une base annuelle. Le coût est de l’ordre de plusieurs milliers de francs par an. Elles sont disponibles soit en circuit autonome – elle ne nécessite alors aucun développement informatique ou processus d’implémentation – soit via une intégration directe dans les systèmes des clients.

Une approche « pay-per-click » est également disponible.

Plus d’informations :

 www.indigita.ch

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