Bottom line

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  • Sybille Wyss
  • CEO
  • Tareno

« Pour le client, seul compte le résultat net, après déduction de tous les frais ».  

Le bâlois Tareno est à nouveau en tête du classement des gestionnaires de fortune du magazine Bilanz. Pour sa CEO, Sybille Wyss, la clé de la performance réside dans la cohérence des investissements, qui ne doivent pas être perturbé par les « bruits » du marché boursier. Sachant que les clients n’aiment pas perdre d’argent, même à court terme, et qu’ils apprécient les cryptos.

Pour les performances courant sur 3 et sur 5ans, Tareno a de nouveau obtenu la première place du classement Bilanz, qui distingue les meilleurs gestionnaires de fortune. Quelle est votre recette ?

La clé de notre performance, et sa pérennité, réside d’abord dans la cohérence de notre processus d’investissement, mais aussi dans notre capacité à ne pas nous laisser déstabiliser par le « bruit » du marché boursier. Nous adoptons une approche disciplinée, basée sur une analyse approfondie et une solide compréhension des marchés dans lesquels nous investissons.

Nous accordons également une grande importance à l’examen permanent et à l’adaptation continue de nos portefeuilles. Avec une volonté de ne pas réagir aux tendances à court terme, mais d’identifier les opportunités à long terme. Sinon, la gestion active des risques et la diversification restent les bases d’une allocation qui permet de générer durablement de la valeur, sans pour autant prendre des risques disproportionnés.

Dans le rating de Bilanz, une importance particulière est accordée au ratio de Sharpe. C’est aussi un critère important pour vous, pour mesurer votre performance ? 

Une comparaison des performances de différents gestionnaires de fortune sur la base du ratio de Sharpe, c’est-à-dire la performance réalisée en tenant compte de la volatilité, est tout à fait judicieuse dans le cadre de ce genre de rating. Quant à nous, tout au long de l’année, nous comparons notre performance, dans chaque classe d’actifs et pour chaque type de risque, avec les résultats des fonds stratégiques des banques et des mandats d’autres gestionnaires de fortune. Nous avons constitué un groupe de pairs et nous nous comparons à eux sur une base mensuelle.

Quel rôle joue la performance des placements par rapport au risque, lors des entretiens avec les clients ? Y a-t-il des différences selon leur âge? Ou leur sexe ? 

En principe, les clients privés recherchent avant tout une performance positive et, par conséquent, toute performance négative leur déplaît. Chacun peut le comprendre sur le plan émotionnel, car personne n’aime perdre de l’argent, même temporairement. Autrement dit, si l’année est négative, il leur importe peu que nous ayons obtenu les meilleurs résultats au sein de notre groupe de pairs. Nous constatons par exemple chez nos clients que les titres à revenu fixe sont, pour eux, synonymes de préservation du capital et qu’ils pestent si cette catégorie de titres encaisse des pertes de cours, même temporaires. C’est pourquoi nous adoptons une position conservatrice en matière d’obligations. Nous avons aussi constaté que les clients privés acceptent généralement mieux une année de rendements négatifs si le marché a été encore pire. En revanche, cela devient problématique lorsque le résultat du placement ne correspond pas aux attentes dans un environnement financier en hausse. Sur ce point, nous ne constatons aucune différence selon l’âge ou le sexe.

Faut-il plus de transparence chez les gestionnaires de fortune quant à la performance et au risque ? 

Nous sommes effectivement favorables à une plus grande transparence en matière de performance des placements. Le facteur coûts nous semble également particulièrement important. Nous expliquons clairement à nos clients qu’ils doivent considérer la performance nette de leur portefeuille et nous insistons pour qu’ils la comparent avec celle d’autres gestionnaires de fortune. Car la performance brute, c’est pour la galerie, ce qui compte, c’est le résultat net pour le client, c’est-à-dire après déduction de tous les frais.

Comment la composition des portefeuilles de vos clients a-t-elle évolué, notamment suite à la volatilité des marchés et des nouvelles possibilités de placement ? 

Nous sommes depuis toujours spécialisés dans les placements liquides et nous complétons désormais notre stratégie par une part maximale de 10% dans des placements alternatifs liquides à semi-liquides. Ceux-ci peuvent inclure le private equity, les matières premières et les cryptos. Ils offrent une diversification supplémentaire ainsi que la possibilité d’obtenir des rendements attrayants en dehors des marchés traditionnels. Les cryptos, en particulier, représentent pour nous, depuis 2020, un nouveau type d’actif intéressant, et de surcroît liquide. Ils se sont d’ailleurs révélés particulièrement intéressants pendant la période des taux d’intérêt négatifs. En outre, ils sont, jusqu’à présent, très bien accueillis par notre clientèle. 

Sybille Wyss

Tareno

Depuis juin 2020, Sybille Wyss est CEO de Tareno, dont elle est aussi associée depuis 2022. De 2012 à 2023, elle a également été Chief Investment Officer, chargée du développement de la gestion de portefeuille et la gestion d’actifs.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Awards

  • Interview Sybille Wyss
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« Nous avons pu profiter de la rotation sectorielle »

Tareno, avec Eagle Invest, est l’un des lauréats du concours « Performance Watcher Best managers 2022 ». La gestion de fortune, dirigée, par Sybille Wyss s’est également classée première du classement établi par Bilanz firstfive. Ces succès à répétition méritent bien une explication.

Toutes nos félicitations. Vous ne pouvez pas échapper aux récompenses.

Sybille Wyss. Merci beaucoup ! Car l’année 2022 a été une année exigeante pour tous les investisseurs. Il en a été de même pour nous. Dans un environnement marqué par une inflation croissante, des taux d’intérêt en hausse et des tensions géopolitiques extrêmes, tous les portefeuilles ont été sous pression.

Vous avez de toute évidence remarqué relativement tôt que le marché se retournait ?

Eh bien, nous avons remporté les deux distinctions de Performance Watcher dans les secteurs à risque faible et moyen avec nos mandats dividendes et value. En effet, l’accent mis l’année dernière sur les dividendes et les valeurs « value », les secteurs défensifs, les placements en CHF et l’or a porté ses fruits. En revanche, les actions technologiques et les devises étrangères ont joué un rôle plutôt secondaire. Nous avons ainsi pu profiter très tôt de la rotation sectorielle.

Cette forte chute des actions technologiques a sans doute été la grande surprise de l’année dernière. Qui aurait cru que les actions dans le secteur du luxe connaîtraient un tel boom ?

Entre-temps, le vent a tourné. Des rotations sectorielles ont lieu en permanence – cela reflète certainement les incertitudes géopolitiques et les incertitudes économiques. Ici, l’accent reste mis sur la question de l’ampleur de la hausse des taux d’intérêt, tant aux États-Unis qu’en Europe et en particulier en Suisse.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Nous ne restons pas les bras croisés. Notre succès – et pas seulement l’année dernière – nous conforte dans les orientations que nous avons prises. Les titres technologiques ont déjà pris beaucoup de valeur. Pour ceux qui ont misé sur la croissance, il valait la peine de restent fidèles à leur stratégie d’investissement. Et oui, les actions de luxe sont également les plus performantes chez nous cette année, aux côtés de l’or et du bitcoin.

En Suisse, c’est surtout la chute de l’action CS qui a fait parler d’elle. Quel est votre avis à ce sujet ?

De mon point de vue, la disparition d’une grande banque est douloureuse pour l’ensemble de la place financière suisse. Au final, il reste probablement la question de la responsabilité et de la manière dont les choses vont désormais se dérouler. Les incertitudes demeurent tant que l’on ne sait pas comment UBS va s’y prendre avec l’unité suisse du CS. Comme la plupart des gestionnaires de fortune, nous avons également eu des relations d’affaires avec le Credit Suisse.

Comment vos clients ont-ils réagi ?

Il y a eu des demandes isolées. Elles ont concerné aussi leurs autres banques de dépôt. Nous avons toujours communiqué clairement et, si nécessaire, nous avons cherché une nouvelle solution à temps pour les clients.

Vous êtes également en contact étroit avec le secteur – un secteur soumis à des règles plus strictes depuis début 2023. Constatez-vous un changement ?

Nous sommes réglementés par la Finma depuis longtemps, nous connaissons donc très bien ce nouvel environnement. Je trouve bien que nous suivions cette voie. Même si les coûts élevés peuvent devenir un problème pour certains petits prestataires. A l’avenir, je m’attends à ce que certains candidats à la reprise soient confrontés à des exigences administratives trop élevées et trop coûteuses.

Sybille Wyss

Tareno

Sybille Wyss est devenue chief executive officer de Tareno en 2020. Elle figure parmi ses associés depuis 2022. Diplômée en économie d’entreprise, elle est ainsi l’une des rares femmes à la tête d’une grande société de gestion de fortune indépendante. De 2012 à 2020, Sybille Wyss a été Chief Investment Officer et a dirigé la politique d’investissement de Tareno. Auparavant, elle a développé le département Gestion de portefeuille et d’actifs. Elle est également en charge du Tareno Global Water Solutions Fund depuis son lancement en 2007, en tant que co-gérante et, depuis septembre 2018, en tant que gérante principale du fonds. Elle figure depuis 2020 dans le classement Top 100 Women in Business pour la Suisse.

 

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