Transparence
Patrick Müller
Zwei Wealth
« Élargir le cadre, aller bien au-delà de l’habituel portefeuille Balanced »
Depuis cette année, les gérants de fortune indépendants en Suisse doivent exercer leurs activités sous le couvert de la licence délivrée par la FINMA. Les questions stratégiques et opérationnelles sont revenues ainsi au premier plan. Elles déterminent d’ailleurs le rôle que doit jouer désormais la technologie dans l’arsenal des GFI, comme l’explique Dimitri Petruschenko.
Dans quelle mesure les exigences technologiques pèsent-elles sur les prestataires de services financiers ?
En principe, je considère la technologie comme un outil qui permet d’encourager l’innovation, d’agir plus rapidement sur le marché, de gagner des clients, de les fidéliser, d’améliorer la qualité et de gérer efficacement les risques. Le secteur des gérants indépendants n’échappera donc pas à la transformation numérique de la société. Les grandes banques, les petites banques, les grandes entreprises et les PME investissent toutes dans la technologie pour se transformer. Dans ce contexte, il est important d’avoir une perspective et une stratégie à long terme.
Quelles sont les questions prioritaires ?
Chaque gestionnaire de fortune indépendant devra, à son propre rythme, se livrer aux réflexions fondamentales suivantes : quelles sont les fonctions différenciantes qui doivent être prises en charge en interne par des collaborateurs dédiés afin de garantir le positionnement et la fidélité des clients ? Quels processus faut-il standardiser et automatiser afin de diminuer les tâches répétitives, réduire les risques et améliorer l’efficacité ainsi que la qualité des données ?
Quelles sont les exigences en matière de technologie que la nouvelle génération de clients impose aux gestionnaires de fortune ?
La nouvelle génération de clients attend une intégration transparente de la technologie dans le processus de conseil, ce qui inclut des plateformes et des applications numériques qui permettent d’accéder facilement aux informations et aux services réclamés. Ils souhaitent obtenir à tout moment et sur différents terminaux à un reporting complet afin de mieux suivre leurs placements et l’évolution de leur portefeuille. Et ils attendent des offres et des services personnalisés, basés sur leurs besoins et préférences individuels…
Quand vous regardez les prestataires IT, comment voyez-vous le marché évoluer?
Il présente à la fois un côté stable et un côté dynamique. Dans le domaine des applications de base telles que les systèmes de gestion de portefeuille, les leaders du marché ont une position forte et devraient rester en tête, ce qui garantit une certaine stabilité. Pour ces éditeurs de PMS, l’accent est plutôt mis sur le développement et l’ouverture de leurs solutions établies. Les gestionnaires de fortune exigent à juste titre de leurs fournisseurs une expérience client individuelle et la possibilité de connecter d’autres outils figurant dans l’écosystème. En revanche, le marché des outils offrant des fonctionnalités complémentaires spécifiques telles que KYC, CRM, reporting, messagerie, facturation & gestion des frais, gestion des dépenses, se développe en ce moment de manière plus dynamique.
Quels processus peuvent être numérisés et éventuellement même externalisés dans le domaine de la gestion de fortune ?
De nombreux processus peuvent être de plus en plus numérisés, voire externalisés. Il existe un grand potentiel de numérisation dans le domaine de la gestion des données bancaires et des justificatifs ainsi que dans celui de la productivité des bureaux, où de nombreuses tâches répétitives sont encore effectuées manuellement. Mais il n’y a pas d’approche « one-size-fits-all ». Un GFI devrait donc évaluer ce qui correspond le mieux à sa stratégie et à sa culture d’entreprise. La décision dépend également de l’ADN propre à chaque société de gestion.
Dimitri Petruschenko
EAM.Technology
Dimitri Petruschenko est co-fondateur et associé gérant de EAM.Technology. Il a 15 ans d’expérience dans l’environnement technologique du secteur financier, en particulier dans les domaines des banques privées, des gestionnaires de fortune indépendants et des family offices. Avant de fonder EAM.Technology, il a occupé des postes de direction chez des fournisseurs suisses de solutions logicielles destinées aux secteurs du wealth management et de l’asset management.
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Le rapport de transparence assemblée par Zwei Wealth met en évidence les tendances qui se dégagent aujourd’hui dans la gestion de fortune. Il en ressort que les clients fortunés sont de plus en plus enclins à se tourner vers des gérants indépendants ou des family offices. Patrick Müller en donne les raisons et revient par ailleurs sur le label de qualité qu’il souhaite introduire dans le monde du wealth management.
Quelles tendances voyez-vous se dessiner en ce moment dans le wealth management ?
Nous assistons clairement à un déplacement des modèles. Celui du private banking domine encore. Mais pour les moyennes et très grandes fortunes, celui de la banque privée perd en importance. On assiste en fait à un glissement du modèle de banquier privée vers celui de gestionnaires de fortune indépendants et de family/wealth offices.
Quelles en sont les raisons ?
Elles sont multiples. Tout d’abord, nous remarquons que le client veut disposer davantage d’éléments de comparaison dans ses choix de prestataires. Nous le soutenons en ce sens. Ensuite, les exigences des clients évoluent forcément et nécessitent des solutions fortement individualisées. Il suffit de penser aux structures des entreprises et à la taille des familles qui se cachent derrière les fortunes concernées. Enfin, nous constatons aussi que de nombreux clients sont de plus en plus insatisfaits de l’encadrement. J’appelle un chat un chat : La situation dans les banques privées est souvent décrite comme chaotique. Je pense par exemple aux changements fréquents de conseillers et à la surabondance de formulaires.
Qu’en est-il dans le domaine des placements ?
Nous venons d’un environnement de taux bas qui a permis pendant des années de très bons rendements dans le domaine des actions. Le retournement des taux d’intérêt a d’abord provoqué une certaine incertitude. Dans les modèles, la répartition classique entre les classes d’actifs cash, obligations et actions prédomine. On remarque par ailleurs qu’il est possible d’obtenir des rendements satisfaisants sans avoir à investir dans des sous-classes alternatives, ou plus exotiques.
Vous lancez un nouveau label, le Provider Rating. Pour quelles raisons ?
Il n’existe aujourd’hui aucun label de qualité indépendant pour la gestion de portefeuille, qu’il s’agisse de banques ou de gestionnaires de fortune. Avec le Provider Rating, nous introduisons cette dimension. Ce label est également un critère d’admission pour que nous puissions intégrer un gestionnaire de fortune dans notre base de données. Le rating se base sur une méthodologie développée au cours des huit dernières années. Nous évaluons, entre autres, la qualité du service, le nombre de collaborateurs, la taille, mais aussi des questions clés telles que les stratégies de placement.
Parlons encore des coûts. Voyez-vous là-aussi se dégager une évolution marquante vers la transparence?
Il semble que ce soit le cas à première vue. De nombreux prestataires utilisent effectivement ce que l’on appelle des « all-in fees » ou des « flat fees ». Mais on constate aussi, assez régulièrement, que de nombreux modèles comportent des frais cachés presque aussi élevés que les « flat fees ». Il peut s’agir de frais liés aux produits. Les clients ont donc tout intérêt à vouloir faire des comparaisons.
Patrick Müller
Zwei Wealth
Patrick Müller est directeur et membre du conseil d’administration de Zwei Wealth, une entreprise fondée en 2014 avec Klaus Wellershoff. Aujourd’hui, Zwei Wealth se présente comme un écosystème dédié à la gestion de fortune, qui agit de manière indépendante par rapport aux banques et aux gérants. Patrick Müller a occupé auparavant différentes fonctions dirigeantes dans le secteur financier, notamment chez Credit Suisse et UBS. Il est titulaire d’un master de l’université de Saint-Gall.
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Le début d’année 2023 a valu aux gérants de hedge funds des conditions de marché relativement compliquées, après un exercice 2022 qui a remis au goût du jour les stratégies décorrélées. Tout d’abord, bon nombre de stratégies ont sous-performé en raison de leur positions short du fait d’une amélioration soudaine du sentiment des investisseurs. Ensuite, certains événements, notamment les faillites de banques régionales américaines depuis le mois de mars, ont provoqué une nouvelle vague de volatilité et d’incertitude sur certains marchés.
Les hedge funds se positionnent ainsi comme l’une des rares alternatives à pouvoir apporter des rendements décorrélés face aux incertitudes macroéconomiques croissantes. A moyen terme, l’évolution de l’inflation, des tensions dans le secteur bancaire et de la croissance économique mondiale pourraient recréer une pression baissière sur les actifs traditionnels.
RV Arbitrage/Multi-Strategy – Positif
– Ces stratégies maintiennent une exposition directionnelle faible, ce qui leur permet d’être plus résistantes aux retournements de marchés.
-L’accroissement de la dispersion entre les actifs permet aux stratégies relative value d’identifier d’avantage d’opportunités.
-Néanmoins, la volatilité des actions a été étonnement faible en 2023 malgré un certain nombre d’événements macroéconomiques importants.
Commodities – Positif
-Des déséquilibres structurels entre l’offre et la demande continuent d’exister sur plusieurs marchés, permettant également de bénéficier de tendances pluriannuelles favorables soutenues par les initiatives environnementales d’acteurs publics et privées.
-Les prix des matières premières répondent avant tout à des facteurs fondamentaux ce qui offre des opportunités uniques à des spécialistes aguerris. Par ailleurs, leur corrélation aux marchés traditionnels reste plus faible.
-Les stratégies relative value devraient mieux se comporter, minimisant les renversements liés aux changements de perspectives économiques mondiales, surtout en Chine.
Global Macro – Positif
-Une évolution plus claire des politiques monétaires devrait apporter de nouvelles opportunités sur les marchés des taux et de devises.
-Les rotations de marchés successives depuis novembre 2022 ont été couteuses, notamment sur les positions short taux courts et long dollar.
-La divergence croissante de vues entre les marchés et les banques centrales crée un risque binaire à court terme.
Fixed Income/Credit Arbitrage – Neutre
-Une majorité de stratégies crédit reste directionnelle et éprouve des difficultés à naviguer dans des marchés volatils.
-Le risque accru de récession et des conditions financières plus restrictives pourraient mettre à l’épreuve les marchés obligataires à moyen terme. Les stratégies low-net semblent mieux équipés pour ce type d’environnement.
-Les opportunités en distressed devraient augmenter avec la hausse des taux de défaut, mais il encore tôt pour se positionner.
CTA/Managed Futures – Neutre
-Ces stratégies ont souffert de retournements rapides des marchés depuis le quatrième trimestre 2022, elles continuent d’être vulnérables à ce type d’instabilité.
-La normalisation des politiques monétaires pourrait apporter des opportunités lucratives pour les stratégies de trend following.
-Avec la hausse des taux d’intérêts, le carry sur l’excès de cash est susceptible de devenir une composante importante des rendements
Event Driven – Négatif
-Des taux plus élevés et un ralentissement économique mondial devraient réduire l’activité globale de financement (fusion-acquisition, émissions primaires, spin-off, IPO …).
-La hausse des risques réglementaires et géopolitiques constitue un réel obstacle pour les stratégies de merger arbitrage. Cependant, les primes de risque augmentent avec une volatilité plus élevée.
-Le bruit macroéconomique peut avoir une plus grande influence sur l’évolution des prix que les facteurs idiosyncratiques.
Equity Long/Short – Neutre
-Le bêta structurel de ces stratégies pourrait souffrir si les marchés actions venaient à corriger après la forte hausse de ce début d’année.
-Après une décennie de marchés haussiers, le constat est à une pénurie de véritables compétences de short selling parmi les gérants ELS.
-Les opportunités alpha sont toujours présentes, mais les prix des actions sont plus sensibles aux développements macroéconomiques.
-Une plus grande dispersion des résultats devrait améliorer les perspectives des stratégies à exposition nette faible /neutre.
Marouane Daho
Iteram Capital
Marouane est analyste/gérant chez Iteram Capital et membre du comité d’investissement. Ses principales responsabilités consistent en la recherche de gérants et la gestion de portefeuilles de hedge funds. Avant de rejoindre Iteram, il était en charge des hedge funds et des investissements sur les marchés privés au sein d’un single-family office à Genève. Il a débuté sa carrière chez Lyxor Asset Management à Paris en tant qu’analyste hedge funds. Marouane est diplômé de l’école de commerce NEOMA avec un MSc en finance.
Alors que nous en sommes à « L’An Un » de la réglementation Finma sur les gérants indépendants, la consolidation attendue n’a pas encore eu lieu. Steffen Bauke pense que le mouvement ne commencera réellement que l’année prochaine. Et la réglementation n’en sera pas le seul moteur.
Comment qualifieriez-vous l’état du secteur des gérants indépendants dans cette toute première année placée de l’ère LSFIN/LEFin ?
Je le qualifierais d’état « en suspens ».
Pourquoi ?
Sur environ 2’000 gérants déclarés, près de 1’000 sont encore en cours de procédure d’autorisation ou leur autorisation n’a pas encore été acceptée. Beaucoup auront du mal à se conformer aux normes, en raison des efforts et des coûts plus importants non seulement pendant le processus de réglementation lui-même, mais aussi et surtout dans les années à venir. En tant que secteur, nous sommes confrontés chaque année à des exigences toujours plus fortes. En tant qu’entreprise, nous disposons déjà depuis 2016 d’un agréement LPCC délivré par la FINMA et nous devons pourtant consacrer encore plus de temps au reporting. Il se trouve que de nombreux gérants de fortune ne peuvent ou ne veulent plus faire face à ces exigences.
Selon vous, comment le secteur des GFI va-t-il désormais évoluer ?
Il semble que la taille critique ne cesse d’augmenter. La hausse des coûts et des charges opérationnelles conduira inévitablement à une consolidation du secteur, car les petits auront sans doute du mal à suivre le rythme des nouvelles exigences. Pour faire face, les gérants de fortune indépendants doivent donc mettre en avant leurs spécificités, leurs points forts, et proposer des services à valeur ajoutée afin de se démarquer de la concurrence. Il en résultera une augmentation des fusions et des acquisitions, de même que des cessations d’activité.
Qu’est-ce que la réglementation a changé pour Belvoir en termes d’organisation ?
La charge de travail a plus que triplé pour nous depuis 2016. Une seule personne ne peut plus du tout l’assumer au sein d’une organisation. C’est pourquoi nous avons « externalisé » l’ensemble du domaine Risque et Conformité en 2022.
Comment avez-vous modifié l’éventail de vos offres dans le domaine des placements ?
Après une année 2022 difficile pour tous, la propension au risque de certains clients a diminué. Ce comportement naturel est compréhensible. Pour les clients plus importants, nous construisons des solutions spécifiques qui sont taillées sur mesure pour leurs besoins ; nous proposons également des solutions dans le domaine du « private equity » et des investissements directs. Pour les clients plus modestes, nous avons mis en place une plateforme numérique qui permet à l’investisseur de profiter facilement et de manière autonome de notre savoir-faire et de choisir à moindre coût des solutions de placement globales selon l’approche « Best in Class ». Le tout avec une signature numérique, qu’il est possible d’apposer en restant confortablement installé chez soi. Cela réduit la charge de travail pour nous et pour le client. En fait, nous sommes un fournisseur de « modules » dans lesquels il peut piocher à sa convenance.
Steffen Bauke
Belvoir Capital
Steffen Bauke a commencé sa carrière fin 1999 chez UBS en Allemagne, puis en Suisse, tant dans le domaine du corporate finance que du wealth management. En 2004, il a fondé Belvoir Capital et dirige aujourd’hui la société en tant que CEO. Steffen Bauke a étudié l’économie à l’université Ludwig-Maximilian de Munich.
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En raison d’une consommation très solide à l’échelle mondiale, du risque de reprise de l’inflation et d’une prochaine augmentation des dépenses publiques – après le relèvement du plafond de la dette US – il ne faut pas s’attendre à un revirement rapide de la politique monétaire.
Malgré le ralentissement de la conjoncture, les banques centrales sont contraintes de continuer à retirer des liquidités du système. De plus, une forte baisse de l’octroi de crédits en raison de la crise bancaire qui couve toujours aux États-Unis et de la fuite des dépôts bancaires qui en découle, réduit encore les liquidités. Par ailleurs, les conditions d’octroi de crédit (‘lending standards’) sont nettement plus strictes. En Europe aussi, l’octroi de crédits par les banques est en baisse. Les débiteurs dont la solvabilité est faible, en particulier, ressentent déjà des vents contraires croissants lors du refinancement de leurs dettes.
La faiblesse persistante des marchés immobiliers, tant aux États-Unis qu’en Europe, ainsi que la vente d’obligations d’État par les banques centrales (Fed, BCE) et le Trésor américain, estimée à plus de 900 milliards de dollars dans les mois à venir, renforcent en outre le retrait déjà significatif de liquidités sur les marchés financiers. Tous les facteurs de réduction de la liquidité mentionnés ont été partiellement compensés ces derniers mois par des facteurs spéciaux (liquidités d’urgence, réduction du ‘Treasury General Account’, création monétaire privée). Mais ces effets de compensation disparaissent désormais pour la plupart et il faut s’attendre à ce que l’influence de la politique monétaire restrictive se renforce à nouveau.
Il est en outre frappant de constater que sur les marchés boursiers américains, la largeur du marché diminue dans une mesure rarement observée dans l’histoire. Depuis la mi-mars, le marché élargi, mesuré par l’indice Russel 2000, fait nettement moins bien que le S&P 500. Les investisseurs n’ont plus rien gagné avec la grande majorité des actions depuis mars. Sur les 500 actions du S&P 500, seuls huit ( !) titres ont progressé (Apple, Tesla, Microsoft, Nvidia, Facebook/Meta, Amazon, Netflix et Google/Alphabet). En revanche, les investisseurs ont perdu de l’argent avec tous les autres. Il s’agit là d’un signal indirect d’une liquidité des marchés financiers qui s’écoule rapidement et qui devrait peser sur le moral des investisseurs dans un avenir proche.
Malgré les sommets atteints par certains indices, de nombreux investisseurs sont dans le rouge, même sur une base annuelle, et devraient donc être de plus en plus inquiets. La diminution de la largeur du marché peut être décrite de manière imagée comme une armée en pleine offensive, où seuls quelques généraux avancent encore, mais où les troupes se retirent déjà dans la direction opposée – une entreprise désespérée. Par conséquent, les fluctuations de la largeur du marché ont toujours été de bons signaux de timing à moyen terme. Elles sont l’expression d’une tension croissante entre les forces de hausse et la diminution des liquidités.
Beat Thoma
Fisch Asset Management
Beat Thoma est Chief Investment Officer et, en tant que Head of the Investment Office, il est responsable de la création et de la mise en œuvre de la politique d’investissement. Avant de rejoindre Fisch Asset Management en 2000, il a travaillé pendant 14 ans pour UBS et Security Pacific Bank à Genève, où il était responsable du trading et de la vente d’obligations convertibles. En parallèle, il a publié deux livres, dont « Dynamische Prozesse in der Ökonomie und an den Finanzmärkten ».