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Dorothée Borca Dumortier
IG Bank
« Les banques doivent faire évoluer leur état d'esprit pour Raisonner Client. »
Lorsque l’on parle de numérisation, de cybersécurité ou d’intelligence artificielle, on ne peut pas faire l’impasse sur l’infrastructure IT. C’est en effet à ce niveau que se joue la capacité d’innover ou, au contraire, le risque de faillir en raison de fondations technologiques dépassées. Pour les gérants indépendants, l’IT est devenue bien plus qu’un simple soutien technique.
Aujourd’hui, une infrastructure IT moderne ne se résume plus à des serveurs fonctionnels ou à une connexion Internet stable. Elle soutient l’ensemble des fonctions clés : efficacité opérationnelle, sécurité des systèmes et capacité à innover. C’est elle qui permet à de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle d’être déployées de manière pertinente, maîtrisée et sécurisée. Cela suppose une infrastructure souple, souvent basée sur le cloud, qui permette de travailler de manière sécurisée depuis n’importe quel endroit, sans avoir à gérer ses propres serveurs. Les postes de travail doivent pouvoir être gérés de façon centralisée, avec des mises à jour automatiques, une gestion homogène des accès et des politiques de sécurité cohérentes. En arrière-plan, les mécanismes de sécurité doivent fonctionner de manière proactive : surveillance des connexions, authentification à plusieurs facteurs, communications chiffrées, etc.
Dans un secteur aussi sensible que la finance, il est crucial que les données confidentielles ne quittent pas l’organisation de façon incontrôlée, notamment dans le cadre de l’usage croissant donné à l’intelligence artificielle. Des solutions cloud, des centres de données privés ou des modèles hybrides peuvent apporter une réponse adaptée, à condition que les normes de sécurité et de conformité soient strictement respectées. Une infrastructure moderne ne doit pas être vue comme une fin en soi, mais comme la condition même pour exploiter des innovations à forte valeur ajoutée.
Le progrès technologique s’accompagne toutefois de risques nouveaux. Les cybermenaces sont en constante augmentation, et les gérants indépendants, en raison de leur exposition dans le système financier, constituent des cibles de choix. Attaques de type phishing, ransomwares ou vols ciblés de données client : se protéger contre ces menaces n’est plus seulement une affaire de spécialistes techniques, mais une mission relevant directement de la responsabilité managériale.
Au sein des structures EAM, le top management doit comprendre les risques opérationnels liés à la cybersécurité, mettre en œuvre les mesures de protection nécessaires, sensibiliser les collaborateurs et se doter de plans d’urgence. De son côté, le conseil d’administration doit considérer la cybersécurité comme un risque d’entreprise à part entière, au même titre que les risques réglementaires ou de réputation. Trop souvent, cependant, les conseils d’administration et les directions générales manquent de compétences techniques, ce qui peut conduire à sous-estimer les cyberrisques ou à en déléguer entièrement la responsabilité à des prestataires externes. C’est une erreur : ce genre de responsabilité ne s’externalise pas.
Un autre écueil souvent rencontré réside dans la communication entre les équipes métiers et les prestataires IT. Ces deux univers ne parlent toujours pas le même langage. Tandis que le gérant de fortune raisonne en besoins clients, en exigences réglementaires et en expérience utilisateur, le fournisseur IT pense en spécifications techniques, en capacité serveur et en architecture réseau. Ce décalage entraîne malentendus et incompréhensions, et conduit parfois à des solutions inadaptées, trop complexes ou présentant des failles de sécurité. Pour éviter cela, les entreprises doivent renforcer leur compétence technologique au niveau décisionnel, tandis que les prestataires IT doivent mieux comprendre les réalités opérationnelles et les enjeux du métier de gestionnaire de fortune. C’est à cette condition qu’une véritable collaboration peut émerger, dans un esprit de partenariat.
Les directions générales ont aujourd’hui la responsabilité d’investir dans leurs propres compétences IT ou d’intégrer des expertises techniques au sein de leur équipe dirigeante, avec le concours par exemple d’un conseiller externe. Elles doivent régulièrement évaluer les cyberrisques, suivre l’évolution des menaces et identifier les besoins d’action. La formation continue des collaborateurs est également essentielle : la cybersécurité commence par la sensibilisation de chacun, via des sessions de formation régulières et des tests de phishing simulés. Il est aussi crucial de disposer de plans de gestion de crise, testés à intervalles réguliers, afin de pouvoir réagir de manière rapide et coordonnée en cas d’incident.
Le conseil d’administration, lui, doit régulièrement inscrire la cybersécurité à son ordre du jour au même titre que les risques financiers. Il est recommandé de faire auditer régulièrement la stratégie IT et la résilience de l’entreprise par des experts, d’exiger des rapports sur l’état des plans de continuité et de tester leur efficacité à travers des scénarios concrets. Enfin, il convient de clarifier les rôles et responsabilités, notamment en distinguant clairement les missions de surveillance stratégique et les tâches opérationnelles. Un conseil d’administration efficace ne prend pas les décisions techniques, mais sait les questions à poser.
En conclusion, l’IT n’est plus un sujet secondaire : elle est devenue un facteur clé de succès, à la fois stratégique et opérationnel, pour les gérants de fortune indépendants. L’adoption de technologies comme l’intelligence artificielle n’est envisageable que si le socle digital est solide. Considérer encore l’IT comme un simple centre de coûts serait une faute de jugement. Il s’agit de protéger les données, de préserver la compétitivité sur le marché et d’assurer l’attractivité de l’entreprise.
Cette responsabilité repose sur deux niveaux : le conseil d’administration doit intégrer les cyberrisques à sa gouvernance globale, tandis que la direction générale doit agir concrètement, investir dans l’infrastructure et ancrer la sécurité dans les processus de l’entreprise. Les décisions doivent être prises maintenant. Attendre, c’est courir le risque de perdre en compétitivité, en confiance – et en sécurité.
Dimitri Petruschenko
Petruschenko Consulting
Ancien fondateur et associé gérant de EAM.Technology, une société spécialisée dans le conseil et les services opérationnels externalisés, Dimitri Petruschenko a plus de quinze ans d’expérience dans l’environnement technologique propre au secteur financier. Durant son parcours, il a été amené à travailler plus particulièrement pour des banques privées, des gestionnaires de fortune indépendants et des family offices. Avant de lancer EAM.Technology, il a occupé différents postes de direction chez des fournisseurs suisses de solutions logicielles destinées aux secteurs du wealth management et de l’asset management.
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Alors que la BCE arrive au terme de son cycle d’assouplissement monétaire, la désynchronisation avec la Fed s’accentue. Emmanuel Petit en détaille ici les implications.
Comme prévu, la BCE a abaissé ses taux pour la quatrième fois cette année lors de sa réunion du 5 juin dernier. L’inflation attendue sous la cible des 2 % en Zone euro à fin 2025 semble annoncer la fin du cycle de baisses entamé en juin 2024. Les taux européens à 2 ans devraient donc être amenés à se stabiliser. Toutefois, si le conseil des gouverneurs reste divisé sur la question, les investisseurs s’attendent encore à une cinquième et dernière baisse d’ici la fin de l’année.
Cette position d’attente de la BCE s’explique par des effets contradictoires sur la croissance et l’inflation poussés, dans un sens, par la guerre commerciale avec les États-Unis et, dans l’autre, par les effets positifs du plan budgétaire allemand qui devraient se faire ressentir à partir de l’année prochaine. Les taux longs, de leur côté, restent sous pression, le financement de la dette demeurant un sujet d’inquiétude pour les investisseurs. Ce mouvement de défiance s’observe d’ailleurs dès que des inquiétudes émergent sur la trajectoire budgétaire d’un État.
À ce titre, la France est perçue en ce moment comme le mauvais élève de la Zone euro. Si un pic sur le spread1 OAT-Bund a été observé au moment des élections législatives l’année passée, il s’est progressivement resserré depuis pour se stabiliser autour de 70 points de base 2. Les investisseurs semblent donc continuer à accorder un certain crédit à son gouvernement, estimant qu’il dispose de nombreux leviers pour parvenir au redressement des finances publiques. Le taux d’emprunt français n’en reste pas moins l’un des plus élevés parmi les 20 pays membres. Plus globalement, la Zone euro reste engluée dans un scénario de croissance molle. Les défauts sont en légère hausse mais restent géographiquement très concentrés et aucune détérioration significative n’est encore à signaler.
Aux États-Unis, la situation est plus délicate. Depuis le début de l’année, les investisseurs se détournent des actifs américains. Les questionnements légitimes sur l’évolution des déficit jumeaux3, les atermoiements de Donald Trump et les doutes sur la pérennité de l’exceptionnalisme américain ont engendré un mouvement de défiance et une chute de plus de 10 % du dollar contre toutes devises 2. L’écart de taux d’intérêt à l’avantage des obligations américaines ne suffit plus à renforcer la monnaie. Pour autant, une accélération de la dépréciation du billet vert dans les mois à venir semble difficile à envisager, dans un contexte présentant peu d’alternatives à la devise américaine.
Le risque inflationniste et les interrogations sur la soutenabilité de la dette restent également prégnants en raison de la politique menée par l’actuel locataire de la Maison Blanche. À ce titre, la « One Big Beautiful Bill Act 4» promulguée début juillet accentue les craintes sur le creusement du déficit, mais tempère néanmoins les scénario les plus pessimistes. L’évolution des négociations sur les droits de douane demeure la principale préoccupation des investisseurs. Les annonces fracassantes et intempestives, ainsi que les différents reports ne font qu’ajouter de l’incertitude à un environnement géopolitique déjà tendu. Dans ce contexte, depuis le début de l’année, la Fed maintient le statu quo.
En effet, avec une inflation attendue en hausse jusqu’au mois de septembre en raison des effets de base, de l’incertitude causée par les tarifs douaniers et d’un marché de l’emploi qui ralentit sans pour autant craquer, il paraît logique que la Fed reste prudente. Au regard des niveaux actuels des taux directeurs, le marché est conscient que la banque centrale dispose d’une marge de manoeuvre conséquente avant d’atteindre le taux neutre qu’elle estime entre 3 % et 3,25 %. Cinq baisses sont anticipées d’ici à fin 2026. Ce scénario reste plausible si l’inflation revient à la cible et que le marché de l’emploi se maintient. Au-delà de la dimension économique, d’autres facteurs, comme la nomination du prochain président de la Fed ou les élections de mi-mandat pourraient amener à revoir ces perspectives.
Face à cette situation, le crédit est en ce moment la classe d’actifs la moins volatile. Ses niveaux de rendement absolu et de spread vis-à-vis des emprunts d’État lui permettent de supporter la volatilité des taux. L’environnement actuel lui est particulièrement favorable: les taux sont peu élevés et l’économie se maintient. Les spreads sont, certes, serrés mais les investisseurs continuent de lui porter un fort intérêt car les fondamentaux des entreprises sont solides et la classe d’actifs offre du portage.
Dans ce contexte, il convient d’être particulièrement réactifs et chaque épisode de volatilité doit être considéré comme une occasion à saisir. Il faut également se montrer sélectifs car, s’il y a peu de dispersion sectorielle, au sein de chaque secteur, l’acteur le plus fragile est rapidement sanctionné par le marché. Nous ajustons donc progressivement nos portefeuilles. Nous augmentons, à la marge, la sensibilité tout en restant sous-pondérés dans l’attente d’une pentification plus importante des courbes. Nous favorisons les obligations corporates les mieux notées de maturité 5 à 10 ans pour bénéficier du rendement excédentaire qu’elles permettent de capter. Les financières restent également un segment de marché privilégié au regard de ses niveaux de valorisation et des fondamentaux des acteurs du secteur. Enfin, nous maintenons la couverture de nos portefeuilles via des CDS5 afin d’amortir de potentiels pics de volatilité.
Emmanuel Petit
Rothschild & Co Asset Management
Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).
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Dans le climat actuel d’intégration et de transparence fiscale accrue, la prévalence de l’adéquation fiscale en gestion de portefeuille n’est pas seulement prudente, elle est essentielle pour le bien-être financier des investisseurs. Négliger cet aspect peut éroder leur patrimoine, leur confiance et potentiellement entraîner des pertes financières tant pour le client lui-même que pour son institution financière.
Historiquement, la gestion de fortune suisse a souvent relégué les considérations fiscales au second plan. Cette approche n’est plus tenable. En tant que professionnel de la gestion de fortune profondément impliqué dans la finance suisse, j’ai observé directement les conséquences négatives du manque de considération fiscale. Il est temps de sonner l’alarme.
Cet article expose les raisons fondamentales pour lesquelles les gestionnaires de portefeuille suisses doivent intégrer les aspects fiscaux dans leurs stratégies d’investissement. Nous explorerons les avantages indéniables d’une approche soucieuse de la fiscalité, tant pour les clients cherchant à maximiser leurs rendements après impôt que pour les institutions financières visant à renforcer leur position sur un marché concurrentiel.
S’adapter à la transparence fiscale
Autrefois synonyme de secret bancaire, la Suisse a connu une transformation profonde au cours des dernières années. En adhérant à la coopération fiscale internationale, le pays participe maintenant activement à l’échange automatique d’informations. Ce changement permet une transparence sans précédent, obligeant les institutions financières à adapter leurs pratiques pour répondre aux normes fiscales mondiales.
Dans cette nouvelle ère, négliger les aspects fiscaux de la gestion de portefeuille comporte des risques substantiels tant pour les gestionnaires de fortune que pour leurs clients. Ceux-ci peuvent désormais être confrontés à des charges fiscales inutiles, qui diminuent leurs rendements après impôt. Dans certains cas, ces négligences peuvent dégénérer en litiges impliquant potentiellement l’Ombudsman, voire en procédures judiciaires.
Un cas récent traité par l’Ombudsman des banques suisses illustre bien les conséquences potentielles. Une cliente résidant à l’étranger avait confié la gestion de sa fortune à une banque suisse. À son insu, la banque a liquidé l’intégralité de son portefeuille et a réinvesti les fonds dans un fonds interne, générant d’importantes plus-values. La cliente résidant dans une juridiction où les plus-values étaient imposables, elle a encouru une dette fiscale considérable.
Initialement, la banque a refusé d’indemniser la cliente, arguant qu’elle n’était pas tenue de tenir compte des situations fiscales individuelles. Cependant, suite à une médiation, la banque a accepté de prendre en charge 50 % des impôts dus liés à la restructuration du portefeuille.
Ce cas souligne l’importance cruciale d’intégrer les considérations fiscales dans les stratégies de gestion de fortune. Une approche proactive en matière d’adéquation fiscale améliore les rendements après impôt pour les clients, cultivant une relation de confiance. Cela atténue ainsi les risques juridiques et de réputation pour les institutions financières.
L’avantage concurrentiel : une personnalisation fiscalement adéquate
Les clients internationaux recherchent de plus en plus une gestion de portefeuille fiscalement adéquate. Étonnamment peu de firmes ont fait de ce besoin une priorité. Celles qui agissent maintenant ont donc l’opportunité de saisir ce facteur de différenciation clé. Atteindre une véritable adéquation fiscale pour les clients internationaux implique toutefois un niveau de personnalisation qui va au-delà de la gestion de portefeuille traditionnelle.
La personnalisation fiscalement adéquate implique d’adapter les stratégies d’investissement à la résidence fiscale et à la situation spécifique de chaque client. Cette approche nécessite une compréhension approfondie des réglementations fiscales internationales et la capacité d’intégrer ces connaissances dans la prise de décision en matière d’investissement.
La technologie au service de l’adéquation fiscale
Les avancées technologiques rendent désormais possible la personnalisation fiscalement adéquate à grande échelle.
Des solutions sophistiquées de gestion de portefeuille, telles que Croesus Central, ouvrent la voie. Elles fournissent des informations sur les tendances fiscales, en identifiant les passifs fiscaux potentiels et en prévoyant les implications fiscales dans de multiples juridictions. Intégrant les données fiscales de partenaires spécialisés comme Indigita, ces plateformes permettent aux gestionnaires de fortune d’optimiser les portefeuilles tout en tenant compte des implications fiscales pour les clients dans de nombreux pays. Cette approche basée sur les données facilite une prise de décision éclairée, optimise les résultats pour les clients et rationalise les processus de gestion de portefeuille.
Cependant, il est crucial de souligner que si la technologie fournit des données et des informations précieuses, elle ne remplace pas l’élément humain dans la gestion de fortune. Le pouvoir de décision finale appartient au gestionnaire de portefeuille, qui apporte son jugement professionnel et son expérience pour adapter les stratégies d’investissement aux besoins et aux préférences spécifiques de chaque client.
Pour illustrer l’application pratique de ces avancées technologiques, examinons comment Croesus Central permet aux gestionnaires de fortune de bénéficier d’informations basées sur les données. Cette solution utilise un système de notation fiscale, allant de -2 à +2, pour évaluer l’adéquation fiscale de divers produits financiers pour les clients dans différentes juridictions. Ces notations, dérivées de données fiscales complètes, offrent une évaluation claire et concise des implications fiscales associées aux différentes options d’investissement.
La plateforme utilise un système de notation complet afin d’évaluer les implications fiscales des divers investissements. Ce système fournit une indication claire des charges fiscales potentielles, allant des options très inadéquates fiscalement qui pourraient entraîner des passifs importants, aux choix très adéquats fiscalement conçus pour les minimiser. Essentiellement, le système de notation offre un moyen rapide et facile de comprendre l’impact fiscal de tout investissement donné dans le contexte fiscal spécifique du client.
En intégrant ces notations fiscales dans son moteur de rééquilibrage de portefeuille, notre solution permet aux gestionnaires de fortune de prendre des décisions éclairées concernant l’allocation d’actifs et la sélection de titres. La plateforme peut identifier automatiquement les investissements inadéquats fiscalement et suggérer des alternatives fiscalement avantageuses. Elle garantit ainsi que les portefeuilles sont alignés sur la résidence fiscale et la situation individuelle du client. Il est alors facile pour le professionnel d’accepter ou de rejeter les suggestions fournies par le système.
Cette approche permet de combiner efficacement l’utilisation de technologies pour améliorer l’adéquation et la personnalisation, tout en préservant le rôle essentiel du gestionnaire de fortune dans l’entretien des relations de confiance avec les clients et la prestation de conseils personnalisés. En intégrant stratégiquement la puissance des informations basées sur les données à l’expertise humaine, les gestionnaires de fortune suisses peuvent naviguer avec confiance dans la complexité de la fiscalité internationale et obtenir des résultats optimaux pour leurs clients.
Passez à l’action maintenant
Les gestionnaires de fortune suisses devraient agir dès maintenant pour adopter une gestion de portefeuille fiscalement adéquate. Les banques doivent tirer parti des technologies financières de pointe et de l’intelligence fiscale internationale. Elles pourront ainsi garantir la conformité aux réglementations fiscales, maximiser les rendements après impôt et offrir une expérience client personnalisée et transparente. Alors que les politiques fiscales continuent d’évoluer, l’adoption d’une gestion de portefeuille fiscalement adéquate sera une caractéristique déterminante du succès dans l’avenir en gestion de fortune.
Je crois que le secteur suisse de la gestion de fortune se trouve à un carrefour. Pour maintenir sa position estimée dans le paysage financier mondial, il doit adopter une nouvelle approche globale centrée sur le client, incluant une gestion de portefeuille soucieuse de la fiscalité. L’heure d’agir a sonné.
Romain Faraut
Croesus
Basé à Genève, Romain est le fer de lance de l’initiative d’expansion européenne de Croesus. Avant de rejoindre Croesus, il a fortement contribué à la croissance de plusieurs banques privées situées en Suisse. Romain est titulaire de certifications en gestion de fortune (CIWM), en gestion des risques (FRM) et en actifs alternatifs (CAIA).
Croesus
Croesus fournit des solutions de gestion de patrimoine innovantes, performantes et sécurisées, comprenant une solution de personnalisation de portefeuille fiscalement efficiente. Ces solutions permettent aux professionnels de la gestion de patrimoine d’accroître leur productivité, d’améliorer les relations avec leurs clients, de prendre des décisions éclairées et de simplifier la gestion des actifs sous gestion.
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Les indices Performance Watcher au deuxième trimestre
Du début mars à la fin juin, les marchés financiers ont affiché de solides performances mais il leur a fallu cependant composer avec des épisodes pour le moins agités, à l’image du Liberation Day du 2 avril. Jean-Sylvain Perrig revient ici sur ces trois mois relativement stressant, en dépit des bons résultats obtenus au final.
Imaginez quelqu’un parti en vacances sur la Lune le 31 mars, coupé du monde pendant trois mois, et de retour début juillet. En jetant un œil aux performances trimestrielles, il pourrait croire que rien n’a vraiment changé : les marchés ont tenu bon et les performances sont solides. Mais cette apparente normalité masque une séquence bien plus agitée. Car entre-temps, les marchés ont rejoué – par épisodes – un scénario aux allures de printemps 2020, avec des stress de liquidité et une certaine nervosité systémique…
Cette fois, le choc est venu des tensions commerciales avec les États-Unis. Le « Liberation Day » du 2 avril a ravivé les craintes d’une vague de droits de douane punitifs susceptibles de bloquer les échanges commerciaux à l’échelle mondiale. Il est cependant vite apparu que, pour taxer les importations, il fallait d’abord qu’il y en ait. Dans son infinie sagesse, l’administration américaine a fini par réaliser qu’une guerre commerciale sans commerce ne la mènerait nulle part.
Ce deuxième trimestre 2025 présente toutefois des différences notables avec les crises passées. Les investisseurs ont subi plusieurs semaines de baisse simultanée des marchés actions, des bons du Trésor américain et du dollar face aux devises fortes. Le billet vert a même enregistré sa pire correction semestrielle depuis des décennies. La traditionnelle prime de risque accordée au dollar en période de tensions géopolitiques n’a plus vraiment cours. Le dollar n’est plus perçu comme un actif sans risque et la confiance qu’il inspirait auparavant s’est émoussé.
Dans ce contexte, le dernier budget voté par le Congrès et signé par le président Trump entérine des déficits budgétaires durables, accompagnés d’une hausse structurelle de la dette publique américaine dans les années à venir. L’affaiblissement du dollar pourrait n’en être qu’à ses débuts, annonçant d’importantes réallocations de capitaux à l’échelle mondiale.
Evolution du risque et analyse
Sur la plateforme Performance Watcher, l’impact de ces turbulences se mesure concrètement. L’indicateur de volatilité historique à trois mois – calculé pour la moyenne des portefeuilles CHF et EUR MID RISK a bondi début avril. Cet indicateur réagit vite, car chacun de ses points reflète la volatilité annualisée des trois mois précédents. La brutale remontée du risque s’est accompagnée d’un plongeon des marchés actions, d’un écartement des spreads de crédit et d’une contraction de la liquidité. Il a fallu tout le trimestre pour que le niveau de stress revienne à celui de janvier. Cette dévolution rappelle qu’il est dangereux de figer un profil de risque sur un niveau absolu de volatilité : cette dernière peut tripler en quelques jours
Pour approfondir l’analyse, il est essentiel d’observer comment les gérants ont piloté le stress des marchés. Un portefeuille bien construit voit sa volatilité augmenter pendant les phases agitées, mais dans une proportion contrôlée, comparable ou inférieure à celle de son budget de risque. L’objectif est de bâtir des portefeuilles qui présentent de la convexité, et participent davantage aux phases de hausse qu’aux corrections, même si cela ne garantit pas des performances supérieures à chaque instant. Trop souvent, cet aspect est négligé, surtout après de longues périodes de marchés haussiers où le risque paraît lointain.
Sur Performance Watcher, les portefeuilles sont comparés à des « allocations de référence » constituées de quatre ETF, 50 % actions et 50 % obligations au départ de chaque année. Ils servent d’outil de mesure pour évaluer si la prise de risque reste cohérente pendant les secousses. Les données montrent qu’en avril, l’envolée de la volatilité sur les comptes CHF et EUR MID RISK est restée proportionnelle à celle des allocations de référence.
Autrement dit, les gérants ont globalement laissé passer la tempête et démontré un contrôle du risque satisfaisant. Ce que l’on veut absolument éviter, c’est une flambée du risque dès les premiers jours de baisse : un tel scénario révélerait un portefeuille mal structuré, dont certains actifs se révèlent soudain plus volatils ou moins diversifiants qu’anticipé.
Une évolution moins favorable pour les comptes CHF et EUR LOW RISK
Sur les portefeuilles CHF et EUR LOW RISK, on observe une nette montée du risque relatif dès le 2 avril 2025. Elle a probablement entraîné des baisses de performance plus marquées qu’anticipé, exactement le type de réaction que l’on cherche à éviter lorsque les marchés deviennent nerveux. Heureusement, cette situation s’est normalisée rapidement, le niveau de risque retrouvant sa trajectoire habituelle à la fin juin. La cause précise de cet excès de volatilité sur les portefeuilles LOW RISK est difficile à cerner sans avoir accès à la composition des portefeuilles : Les gérants doivent passer en revue leurs allocations pour identifier l’origine du stress, cela fait partie du job.
Finalement, au cœur de la tourmente, les gérants auraient pu choisir d’augmenter l’exposition aux actifs risqués pour tirer parti d’un contexte où les valorisations étaient déprimées. Ce scénario ne s’est pas matérialisé dans les indices Performance Watcher, car il aurait laissé son empreinte dans l’évolution de la volatilité relative.
Comportement des indices Performance Watcher
Les performances de l’ensemble des indices sur le premier semestre 2025 sont positives dans toutes les stratégies et dans toutes les devises. On aurait pourtant pu craindre le contraire : avec un dollar en recul de plus de 10 % depuis le début de l’année, les portefeuilles en EUR et CHF semblaient voués à clore le semestre dans le rouge, surtout après avoir flirté avec des pertes proches de -10 % début avril pour les profils les plus dynamiques. Qui aurait parié sur un tel rebond ? Cela rappelle que le rôle fondamental d’un gérant n’est pas de prédire les soubresauts à court terme, mais de comprendre le régime d’investissement et de positionner les portefeuilles en conséquence. Une dynamique qui ne change pas d’une année sur l’autre. A court terme, les marchés nous surprendront toujours.
Les indices Performance Watcher au premier semestre 2025
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Jean-Sylvain Perrig est le londateur et CEO de Premyss, qui accompagne des gestionnaires indépendants et des family offices dans l’allocation d’actifs, la stratégie de portefeuille et l’analyse de marché. Jean-Sylvain a plus de 30 ans d’expérience dans la gestion d’actifs et le conseil stratégique. Il a occupé des fonctions dirigeantes dans des établissements bancaires suisses de premier plan notamment en tant que Chief Investment Officer. Il a également présidé la Swiss Financial Analysts Association (SFAA) dont le but est l’éducation financière des professionnels de l’investissement. Jean-Sylvain est titulaire d’un Master en gestion de l’entreprise de HEC Lausanne ainsi que de la certification fédérale d’analyste financier.
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Pour Amir Weitmann, managing partner chez Champel Capital et invité à PODIUM, l’événement organisé par SPHERE, la défense et la sécurité sont devenues des piliers stratégiques de l’investissement à long terme. Dans un monde marqué par des tensions géopolitiques croissantes, cette classe d’actifs se distingue par sa résilience, son potentiel d’innovation et sa pertinence structurelle. Encore faut-il établir des critères clairs, comprendre les logiques d’achat public, et accompagner des entreprises capables de livrer à la fois impact et croissance.
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