Sustainable

Solutions Investissements

  • Jon Duncan
  • Chief Impact Officer
  • Reyl Intesa Sanpaolo

“Le greenwashing, un signe de maturation du marché “

2023 a été marquée par une forte augmentation d’allégations de greenwashing, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la finance. Dans de nombreux cas, ces allégations ont donné lieu à des procédures judiciaires formelles et, dans certains cas, à des amendes. Pour Jon Duncan, lutter contre le greenwashing de cette manière est un signe encourageant d’un marché qui fonctionne bien.

Francesco Mandalà

Notre compréhension globale actuelle des questions de durabilité bénéficie de l’appui d’un ensemble diversifié d’institutions universitaires internationales qui se concentrent sur une science des systèmes complexes. La croissance rapide de la surveillance géospatiale en temps réel des indicateurs d’eau, d’air, des sols, de la pollution et de la biodiversité ainsi que les avancées phénoménales en termes de puissance de calcul et de traitement, contribuent au développement de cette compréhension collective. Cet essor rapide des technologies de surveillance en temps réel par satellite fournit une perspective solide et pragmatique des risques émergents auxquels la planète est confrontée. Bien qu’il existe un consensus croissant parmi les organismes scientifiques mondiaux sur l’importance des risques de durabilité, les solutions donnent lieu à un différend politique grandissant.

Aux États-Unis, plusieurs hommes politiques ont adopté un discours « anti-ESG » et, dans l’Union européenne, nous assistons à une « marche arrière » politique sur l’économie verte et les plans de décarbonisation. La politisation de plus en plus forte du thème global de la durabilité fait apparaître plus clairement que le greenwashing est simplement une « preuve » de la tendance persistante du marché à vendre les produits à mauvais escient. Sur ce point, la « finance verte » ne fait pas exception.

Gestion des attentes : impact « direct » contre impact « indirect » 

Une autre preuve de la maturation du monde de la finance durable est la prise de conscience croissante de la différence entre impact direct et impact indirect. En d’autres termes, les titres liquides cotés en bourse ont pour la plupart un impact direct, obtenu grâce à une exposition à des entreprises présentant des niveaux de risques ESG opérationnels plus faibles et/ou une exposition accrue à des « revenus verts ». En revanche, il est possible d’optimiser l’impact direct par le biais d’une exposition à des actifs sur les marchés privés, par exemple au moyen d’un investissement direct dans le capital privé d’une entreprise de protéines alternatives ou par le biais d’une allocation de dette privée à des infrastructures renouvelables ou à des logements abordables. À l’heure actuelle, seules les « obligations vertes/durables » et certaines stratégies actions de niche permettent d’avoir un impact direct via les marchés publics liquides.

La taille des tickets d’entrées et les problèmes de liquidité se traduisent généralement par une sous-représentation des marchés privés dans les portefeuilles de gestion privée. L’exposition moyenne des portefeuilles sur les différents marchés mondiaux varie de 8 % à 12 %, l’immobilier étant l’alternative privilégiée des marchés privés. À titre de comparaison, l’étude 2023 BlackRock Global Private Markets Survey indique que les investisseurs institutionnels mondiaux ont une allocation moyenne de 24 % aux marchés privés. Le fonds de dotation de l’Université de Harvard (Harvard Endowment) est connu pour avoir été l’un des premiers à attribuer une allocation à grande échelle et à long terme aux marchés privés, avec une allocation actuelle de 39 % exclusivement dédiée au capital investissement. Au sein de la communauté des family offices et des investisseurs fortunés, il existe désormais un intérêt croissant pour les actifs des marchés privés, qui s’explique par les avantages qu’ils offrent en termes de diversification, ainsi que par la reconnaissance grandissante du fait que cette classe d’actifs offre un accès direct aux opportunités de l’économie verte émergente.

La demande accrue stimule l’innovation pour l’accès aux marchés privés

En réponse à cette demande croissante émanant de la gestion de patrimoine, plusieurs plateformes, telles que Moonfare et I-Capital, ont vu le jour et offrent un accès digitalisé aux actifs des marchés privés. Du point de vue de l’impact, il est encourageant de constater que ces plateformes digitales reflètent naturellement les opportunités commerciales émergentes associées à différentes initiatives. Il en va ainsi de la réduction des émissions de carbone, de l’utilisation efficiente des ressources et de la promotion de l’inclusion sociale, à savoir la génération automatisée de rapport sur le bilan carbone des sols, le recyclage des déchets plastiques et les micro-entreprises d’énergie hors réseaux. Cet alignement technologique entre les capitaux privés à long terme, les actifs des marchés privés et les opportunités de croissance économique verte est une tendance positive pour le monde de la finance durable en général et pour les investisseurs fortunés en particulier.

Jon Duncan

Reyl Intesa Sanpaolo

Avant de rejoindre Reyl Intesa Sanpaolo, Jon Duncan a dirigé le pôle Investissement responsable de la compagnie d’assurance internationale Old Mutual, basée en Afrique du Sud. Il a été pendant onze ans responsable de de la conception et du déploiement d’un programme d’investissement responsable à l’échelle mondiale. Auparavant, il a été associé chez Environmental Resource Management, où il a participé à la mise en place de pratiques respectueuses envers le climat et le développement durable. Jon est titulaire d’un bachelor en génie civil de l’Université du Cap et d’un master en sciences de l’environnement de l’Université de Natal.

 

Véhicule

Solutions Investissements

  • Interview Roman Przibylla
  • Partner
  • CAT Financial Products

“Grâce aux AMC, les clients pourront tester la stratégie d’un gestionnaire de fortune”

La popularité des AMC augmente en Suisse. D’une part, ils n’ont plus à prouver leur utilité et, d’autre part, pour les émetteurs, ils sont plus facile à mettre en place qu’un fonds traditionnel. Pour Roman Przibylla, il est clair que ces véhicules financiers intéressent les gestionnaires de fortune au premier chef. Ils peuvent y “empaqueter” leur propre stratégie, et convaincre ainsi de nouveaux clients. 

Francesco Mandalà

Les Actively Managed Certificates sont devenus très populaires ces dernières années, en particulier chez les gestionnaires de fortune. Quelles en sont les raisons ? 

Roman Przibylla. D’abord leur efficacité. Un gestionnaire de fortune a en effet la possibilité de gérer les fonds de ses clients de manière très efficace grâce aux AMC. Il peut « empaqueter » sa stratégie de placement dans ces véhicules, qu’il a ensuite la possibilité de gérer et d’adapter de la manière identique pour tous les clients. Il n’aura plus à modifier plusieurs fois la même stratégie pour différents clients et à multiplier l’exécution des ordres. Avec un AMC, il lui suffit d’adapter sa stratégie une seule fois. Cela rend la gestion des actifs très simple et peu coûteuse, aussi bien pour une stratégie de base que pour des thématiques très ciblées. Il y a plusieurs années, il était déjà clair pour moi que ces véhicules avaient un grand potentiel de croissance et qu’ils allaient jouir d’une grande popularité en Suisse. C’est effectivement ce qui s’est passé. 

Pourquoi cette classe d’actifs se développe-t-elle aussi vite en Suisse ?

Regardez autour de vous. La place financière suisse est un “melting-pot” de talents avec un fort potentiel d’innovation. Elle reste par ailleurs une place d’importance mondiale en ce qui concerne la gestion de fortune. Ces deux atouts donnent à la Suisse un caractère unique, différenciant. Les gestionnaires de fortune et les asset managers ont développé une multitude de stratégies d’investissement allant de l’intelligence artificielle aux options en passant par les nouvelles sources d’énergie comme l’hydrogène. Ils disposent de connaissances de pointe et d’une véritable expertise dans des marchés de niche et des pays comme l’Inde, Taïwan ou le Japon, pour n’en citer que quelques-uns. Il s’agit ensuite de rendre ces stratégies investissables et pour cela, les AMC sont les moyens le plus efficace, le moins cher et le plus simple. Ils n’ont plus rien à envier à un fonds classique. Au contraire, ils présentent même plusieurs avantages, comme une mise en œuvre rapide et un volume minimal moins élevé. 

Dans votre offre AMC, où mettez-vous l’accent ?

Nous accompagnons nos clients tout du long, de l’idée initiale jusqu’à sa réalisation. Ensuite, nous en assurons le suivi. Mettre en place un AMC est une chose, mais tout ce qui entoure cette mise en place en est une autre. Les gestionnaires de fortune peuvent gérer eux-mêmes leur AMC sur notre plateforme Cuglos et ils reçoivent un rapport détaillé chaque jour. Si nos clients le souhaitent, nous les soutenons également dans leur distribution.

Nous voyons chez les gestionnaires de fortune un intérêt croissant à présenter leurs stratégies devant un public plus large.

Mais pour cela, l’AMC doit remplir certains critères, comme par exemple l’autorisation de distribution au public. Une cotation en bourse du certificat est également possible. Nous sommes d’ailleurs l’un des rares fournisseurs à permettre à nos clients d’introduire en bourse un AMC en tant qu’ETP coté en bourse. Ce sont précisément ces possibilités que nous discutons en amont avec nos clients, afin de leur présenter toutes les options possibles, et leur impact futur. Ce qui permet, au final, aux gestionnaires de fortune de se concentrer en premier lieu sur leur stratégie et sa mise en œuvre. 

Les AMC sont des véhicules relativement nouveaux, comment anticipez-vous leur évolution ? 

La transparence est un thème important. Dans ce domaine, les AMC présentent un grand avantage pour les investisseurs. Pour de nombreux fonds classiques, on apprend après coup, dans un rapport trimestriel long de plusieurs pages, ce qui a changé dans la stratégie ou dans les positions. En revanche, avec un AMC, on peut savoir chaque jour dans quoi et comment on investit. Nous allons même plus loin, en informant régulièrement les investisseurs sur les ajustements de nos AMC, via différents formats de podcast ou même avec des Live Streams sur YouTube. Les investisseurs peuvent d’ailleurs y poser des questions à un conseiller. À une époque où tout le monde peut trouver immédiatement toutes les informations sur Internet, c’est une évolution nécessaire pour notre secteur. Il est indispensable d’être transparent. C’est ainsi que l’on gagne la confiance des investisseurs. Et de nouveaux clients.

Roman Przibylla

CAT Financial Products 

Roman Przibylla est associé chez CAT Financial Products depuis mars 2022. Diplômé en gestion, il a fondé une startup dans le domaine de la finance après ses études à Cologne et a occupé, après sa vente, différents postes de direction dans le domaine des produits structurés, notamment pour HSBC, la Deutsche Bank et la Commerzbank. Avant de rejoindre CAT, Roman Przibylla a dirigé l’équipe de vente des produits structurés, des AMC et de la plateforme deritrade chez Vontobel à Zurich.

 

Cadrage

Solutions EAM

  • Interview Petra Kordosova
  • Co-fondatrice et Chief Financial Officer
  • Telomere Capital

« Nous voulions disposer d’outils, de systèmes et de processus très rigoureux »

Au lancement de Telomere, en 2015, ses fondateurs ont voulu de suite mettre en place un environnement de travail très performant pour accroitre la qualité de service et gérer leur croissance dans des conditions optimales. Neuf ans plus tard, la structure qu’ils ont mise en place est un modèle du genre.

Lorsque vous avez lancé Telomere en 2015, quelles opportunités aviez-vous alors identifiées ?

A l’époque, nous avions perçu chez nos clients une demande très claire pour une personnalisation plus poussée de la gestion de leur fortune. Nous sentions qu’il y avait là un manque à combler. Nous avons donc voulu combiner l’expertise que vous avions acquise dans le private banking avec la flexibilité et les prestations sur mesure que seuls un gérant indépendant ou un family office peuvent offrir. Ces éléments nous semblaient essentiels pour établir avec chacun de nos clients une relation privilégiée, et fonder ainsi le développement de Telomere.

En créant Telomere, quel type de structure vouliez-vous mettre en place ?

Il fallait pour nous que la structure soit souple et réactive, capable de vite s’adapter aux fluctuations du marché et aux exigences particulières de nos clients. Il nous a paru aussi très important de créer un environnement de travail caractérisé par un fort esprit d’équipe, des objectifs atteignables, de la rigueur sur le plan intellectuel et une vraie place accordée à l’épanouissement personnel. La force de notre équipe prend sa source dans cette culture d’entreprise où la hiérarchie a été posée à plat pour faciliter les échanges et l’engagement.

Quels outils, quels processus vous ont paru indispensables ?

Il était primordial que nous puissions disposer d’outils d’analyse de marché avancés, de systèmes de gestion des risques robustes et de processus de conformité très rigoureux. Nos outils évoluent constamment. Aujourd’hui, nous opérons avec une fonction de gestion de portefeuilles intégrée dans Bloomberg, un PMS, celui de Wize, pour la consolidation des données et des portefeuilles, et nous réalisons nos rapports détaillés via Power BI. Nous utilisons aussi le logiciel ASANA, qui coordonne nos processus, nos échanges, nos délais et nos projets. A cela s’ajoute la partie CRM pour gérer les relations avec nos clients. Elle est essentielle. Mais, encore une fois, les outils technologiques, aussi importants soient-ils, ne suffisent pas.  Pour assurer une maîtrise complète de nos processus, il est essentiel de compter sur des individus hautement qualifiés, dotés d’une excellente capacité d’analyse.

Comment vous y êtes-vous pris pour leur mise en place ?

Nous avons collaboré étroitement avec différents experts pour développer des solutions sur mesure tant sur le plan de la technologie que sur celui de la conformité. En parallèle, nous avons investi dans la formation et le développement de l’équipe afin d’assurer une mise en œuvre efficace et conforme aux normes établies. Dans la pratique, nous avons commencé par mettre en place le strict nécessaire, comme les serveurs et les backups.

Nous avons aussi su gérer notre croissance. Au fur et à mesure que nous avancions, nous avons pu renforcer notre dispositif. Nous nous sommes tournés vers KeyIT, société informatique, pour monter en régime et déployer une plateforme très aboutie. Grâce à eux, nous sommes passés par exemple sur Microsoft 365. Ils ont optimisé la redondance de nos systèmes de même que leur sécurisation. En fait, nous avons audité toutes nos installations, à la suite de quoi nous avons même encrypté tous nos PC. Il ne peut y avoir de compromis dans le traitement des données clients ! Et pour boucler la boucle, nous avons procédé à de nombreux tests de restauration. Nous ne voulons rien laisser au hasard.

Comment vous y prenez-vous pour la partie CRM ?

Nous finalisons en ce moment le paramétrage du logiciel Dynamics de Microsoft, ce qui ouvre pour nous des perspectives très intéressantes dans le domaine de la Relation Clients. Aujourd’hui, compte tenu des nombreuses solutions que nous avons déployées, nous envisageons sérieusement l’embauche d’un CTO pour assurer une maîtrise interne complète de toutes nos infrastructures.

A votre avis, quels encours sont requis au minimum pour mettre en place une plateforme comme la vôtre ?

Je pense que c’est envisageable dès le moment où vous passez les 300 millions d’actifs sous gestion. D’autant que les coûts IT tendent à se réduire, en même temps que la courbe d’apprentissage !

Où concentrez-vous désormais vos priorités sur le plan opérationnel ?

Nous continuons à nous concentrer sur l’innovation que nous pouvons apporter à nos stratégies d’investissement, et sur la manière dont nous pouvons encore renforcement les relations que nous avons avec nos clients. Il est clair que nous restons aussi très attentifs aux évolutions réglementaires et à l’impact qu’elles peuvent avoir sur la structure.

Petra Kordosova

Telomere Capital

Petra Kordosova est directrice financière et responsable de la gestion des risques chez Telomere Capital, société de gestion indépendante avec une forte dimension family office. Elle en est d’ailleurs la co-fondatrice. La création de Telomere Capital remonte en 2015. Avant de se lancer dans ce projet d’entreprise, Petra a travaillé pendant près de dix ans pour UBS Wealth Management à Genève, dans un rôle de conseillère à la clientèle, dédiée au marché suisse. Elle est diplômée de l’Institut Supérieur de Gestion et de Communication de Genève et a suivi par ailleurs de nombreuses formations dans des domaines comme la compliance, la gestion financière et le management bancaire.

Sphere

The Swiss Financial Arena

Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l'un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Rue Barton 7
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1

P +41 22 566 17 31

© 2023 Sphere Magazine

Site réalisé par Swiss House of Brands

Startups

Solutions Digitales

  • Interview Marc Hauser
  • Managing Partner
  • Tenity

“Les fintechs suisses pour explorer et exploiter de nouvelles opportunités. “

La Suisse dispose de solides atouts pour se positionner à la pointe de l’innovation financière. Elle allie en effet son expérience historique dans les domaines bancaire et financier à une attitude ouverte vis-à-vis de la technologie. Ce mélange des genres en fait un terrain fertile pour le secteur de la fintech, explique Marc Hauser dans cet entretien.

Comment décrire ce qui caractérise l’écosystème des fintechs suisses ? 

Les fintechs suisses réagissent rapidement aux nouvelles exigences du marché, en s’adaptant aux nouvelles technologies. Outre leur capacité d’innovation, c’est la collaboration entre les différents acteurs qui fait la force de cet écosystème. Des acteurs qui sont à la fois les institutions financières traditionnelles, les startups et les autorités de régulation. Cette collaboration permet d’encourager l’innovation tout en garantissant stabilité et sécurité.

Dans ce domaine, l’innovation passe beaucoup par les startups et moins par les acteurs établis. Comment l’expliquez-vous ? 

Le rôle des startups est en effet crucial, car elles développent souvent des solutions inédites qui remettent en question le statu quo. Cela dit, les institutions financières établies intègrent de plus en plus les innovations des fintechs dans leur activité principale. Elles s’efforcent d’améliorer tout à la fois la qualité de leurs services et leur efficacité opérationnelle. En fait, elles sont souvent poussées par les nouveaux acteurs à adopter ces innovations. Chez Tenity, nous constatons d’ailleurs une tendance à la collaboration plutôt qu’à la concurrence entre les entreprises financières traditionnelles et les fintechs, ce qui va entraîner des synergies et conduire à une croissance encore plus importante du secteur. 

La Suisse est pionnière en matière d’actifs numériques et de technologie blockchain. Que se passe-t-il dans ce domaine ? 

Il faut d’abord remarquer que l’adoption des actifs numériques et de la technologie blockchain en Suisse va au-delà des cryptomonnaies. Elle couvre en effet un large éventail d’applications, des titres tokenisés à la vérification de l’identité. Tant les startups que les crypto-banques font avancer les développements technologiques dans ces domaines. Les crypto-banques se concentrent principalement sur les solutions de dépôt ou de négoce des plus grandes cryptomonnaies comme le bitcoin ou l’ether pour les clients institutionnels ou les clients affluents. Les startups, elles, se focalisent davantage sur l’utilisation de la technologie blockchain, pour en faciliter l’accès, en amplifiant sa démocratisation, sa transparence, sa sécurité et son efficacité.

Passons maintenant à la gestion de fortune, un domaine que vous connaissez bien. Quelles sont les possibilités d’optimisation grâce à la technologie ? 

Le rythme effréné de l’innovation technologique contraste avec la nature à long terme de la gestion de fortune, qui s’étend même souvent sur plusieurs générations. Les wealthtechs offrent néanmoins plusieurs axes d’optimisation, comme par exemple dans le domaine de l’onboarding et de la gestion des relations clients. En effet, l’utilisation de plateformes numériques peut améliorer considérablement l’expérience client tout en maintenant les normes élevées de personnalisation et de sécurité qui font la réputation de la Suisse.

Ensuite, il existe des stratégies d’investissement automatisées et axées sur l’analyse des données. Des solutions telles que les robo-advisors ou les plateformes de trading algorithmiques permettent de fournir des conseils d’investissement plus personnalisés, qui s’appuient sur les données, rendant ainsi la gestion de fortune accessible à un public plus large. Les processus analytiques avancés et l’IA peuvent également rationaliser les processus de compliance et améliorer la gestion des risques. 

Marc Hauser

Tenity Group

Marc Hauser est un créateur d’entreprises, un investisseur et plus largement un promoteur de l’innovation qui a plus de 15 ans d’expérience dans la banque, la fintech et l’entrepreneuriat. Il est actuellement Responsable Europe & Associé gérant

chez Tenity, un écosystème axé sur l’innnovation, qui investit dans des startups en phase de démarrage. Dans cette fonction, Marc Hauser participe au développement des startups et favorise leurs relations avec les grandes institutions financières. Avant Tenity, Marc Hauser a occupé différents postes de direction chez UBS. Au début de sa carrière, il a travaillé dans le conseil en stratégie, notamment chez Roland Berger Strategy Consultants.

    Vous aimerez aussi

    Sphere

    The Swiss Financial Arena

    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l'un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Rue Barton 7
    Case postale 1806
    CH-1211 Genève 1

    P +41 22 566 17 31

    © 2023 Sphere Magazine

    Site réalisé par Swiss House of Brands

    Normes

    Solutions Digitales

    • Interview Raphael Bianchi
    • Président
    • OpenWealth Association

    « Nous avons su démontrer les avantages de la norme OpenWealth»

    Au cours des trois dernières années, l’Open Wealth Association a élargi sa base de membres, mais elle a surtout mis en place, dans le domaine de la gestion de fortune, une norme pour l’Open Finance. Son objectif est désormais de convaincre l’ensemble du secteur d’y adhérer.

    Vous vous êtes fixé pour objectif d’aider l’Open Finance à percer dans le domaine de la gestion de fortune. Où en êtes-vous à ce jour? 

    Nous sommes en train d’analyser la manière dont les acteurs du marché, qu’ils soient membres ou non de notre association, mettent en œuvre notre norme, et l’utilisent concrètement. Pour les aider à franchir le pas, nous avons développé un adaptateur standard compatible avec les systèmes bancaires les plus importants. Il fonctionne déjà par exemple avec l’Avaloq Core Banking System. Il permet aux institutions financières qui travaillent sur Avaloq de mettre en place rapidement une interface OpenWealth et de la rendre opérationnelle. Nous poursuivons aussi, au sein de l’association, une feuille de route pour la mise en place des interfaces OpenWealth chez tous nos membres. Après avoir avancé sur le développement des normes, nous entrons donc maintenant dans une nouvelle phase.

    Quelles sont les opportunités offertes par une architecture ouverte ? Pouvez-vous quantifier les gains d’efficacité qui en découlent ?

    Nous en observons déjà les premiers effets positifs. Des processus automatisés et une meilleure qualité des données entraînent une réduction du nombre d’opérations et des coûts. Ce qui se concrétise déjà dans les systèmes actuellement en service. Néanmoins, il est encore trop tôt pour une évaluation globale, qui prendra plus de sens lorsque nous aurons collecté davantage de données. Cela dit, l’architecture ouverte permet aussi d’améliorer les expériences utilisateurs, un point particulièrement important pour les nouvelles générations.

    Comment les fintechs réagissent-elles à ces interfaces ouvertes ? Où se concentrent les plus grands défis dans ce domaine ?

    L’Open Finance offre la possibilité de développer des business models entièrement nouveaux. Et s’il y a une pression de l’État pour l’adoption de tels systèmes, il y a encore une certaine réticence au niveau des acteurs de la finance, surtout lorsqu’il s’agit d’abandonner l’interface directe avec le client. Ou lorsque les avantages de l’Open Finance n’ont pas encore été clairement perçus.

    Dans quels autres domaines voyez-vous des opportunités intéressantes grâce à l’Open Finance ?

    L’Open Finance qui se concentre sur le trafic des paiements, n’est qu’un domaine d’application parmi beaucoup d’autres. Nous la considérons comme un concept beaucoup plus large, qui englobe toutes les données financières. On peut d’ailleurs mentionner un exemple concret, une initiative dans le domaine du multibanking, promue par l’Association des banquiers. Il existe également de grandes opportunités dans le secteur de la gestion de fortune, pour proposer par exemple à certains clients des services qui étaient jusqu’à présent réservés aux HNWI, grâce aux réductions de coûts permises par l’Open Finance. 

    Quels sont les moteurs de cette évolution ? Plutôt les petits ou plutôt les grands acteurs du secteur ?

    Ce n’est pas la taille qui fait pencher la balance, mais la stratégie de l’établissement. Les deux premières banques qui ont soutenu et cofondé OpenWealth étaient deux banques retail, de tailles différentes. Plus tard, deux instituts de gestion de fortune et deux grandes banques universelles les ont rejointes. Actuellement, nos membres présentent une grande diversité. Pour répondre à votre question, les principaux moteurs sont tous les établissements qui reconnaissent les avantages des interfaces ouvertes et qui n’ont pas peur du changement. La chaîne de création de valeur dans le secteur financier est de plus en plus fragmentée et s’organise en fonction d’écosystèmes dans lesquels les banques peuvent être à la fois des producteurs et des consommateurs de services et de produits financiers.

    Dans quelle mesure la protection et la sécurité des données constituent-elles un défi dans le cadre de l’Open Finance ? Comment l’Open Wealth Association aborde-t-elle cette question ?

    La protection et la sécurité des données sont des piliers centraux de l’Open Finance. Nous sommes pleinement conscients de l’importance de ces questions et nous veillons à ce que toutes les interfaces OpenWealth répondent aux normes de sécurité les plus élevées. Le respect des lois sur la protection des données est obligatoire, et nous sommes en dialogue constant avec la Confédération et les associations professionnelles concernées pour que toutes les exigences de compliance soient intégrées dans le standard OpenWealth.

    La transformation digitale est une évolution clé dans de nombreux domaines. Néanmoins, il y a encore beaucoup de scepticisme lorsqu’il s’agit d’Open Finance. Que répondez-vous aux critiques ? 

    La transformation digitale est synonyme de changement, ce qui implique une phase d’adaptation. Nous offrons à nos membres un soutien sous forme d’ateliers, de matériel d’information et d’échange de bonnes pratiques. Nous encourageons également les discussions entre nos membres afin que chacun puisse apprendre de l’expérience des autres. Aux sceptiques, je dirais que le changement est souvent synonyme de défis, mais qu’il offre aussi de grandes opportunités. Il est important d’être ouvert à la nouveauté, de ne pas se laisser guider par la peur du changement mais au contraire de prendre conscience du potentiel qu’offre l’ouverture.

    Raphael Bianchi

    OpenWealth Association

    Raphael Bianchi, président de l’OpenWealth Association, est Senior Partner chez Synpulse et Group CEO de Synpulse8. Il est également membre des conseils d’administration de Tenity et de Billte. Chez Synpulse, Raphael Bianchi est responsable de la stratégie en Suisse. Il a fondé le bureau de Singapour en 2008, posant ainsi la première pierre de l’expansion de l’entreprise en Asie. Auparavant, il avait été chargé de la création à Bratislava de son premier centre technologique dans l’Union européenne. Raphael Bianchi est titulaire d’un master en sciences économiques et en informatique de gestion de l’Université de Zurich.

      Vous aimerez aussi

      Sphere

      The Swiss Financial Arena

      Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l'un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

      Rue Barton 7
      Case postale 1806
      CH-1211 Genève 1

      P +41 22 566 17 31

      © 2023 Sphere Magazine

      Site réalisé par Swiss House of Brands