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Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
Mercury Metrics propose aux banques privées et aux sociétés de gestion des solutions analytiques pour mieux évaluer les performances et les compétences de leurs relationship managers. Un exercice complexe, devenu essentiel dans le développement d’une stratégie commerciale.
Par Jérôme Sicard
Comment définiriez-vous aujourd’hui le poste ou la fonction de relationship manager?
Le relationship manager d’aujourd’hui est bien plus qu’un simple banquier: il est l’épine dorsale de la stratégie client et un acteur clé de la réussite commerciale pour les banques privées et les sociétés de gestion. Aujourd’hui, il évolue dans un cadre rigoureusement structuré. Sa mission principale n’est plus de sélectionner des produits financiers ou de suivre les marchés, mais d’intervenir comme pivot central de la relation client. Il doit coordonner des solutions complexes, traduire des besoins parfois implicites en opportunités concrètes, et maximiser la valeur ajoutée pour chaque client.
Comment ce rôle a-t-il évolué au fil du temps?
Autrefois, les relationship managers étaient avant tout des experts des marchés financiers. Ils passaient une grande partie de leur temps à analyser des opportunités d’investissement et à convaincre leurs clients de suivre leurs recommandations. Cette époque a laissé place à une réalité beaucoup plus complexe. En raison des changements réglementaires introduits dans le sillage de la crise financière de 2008, les relationship managers doivent composer avec une charge administrative croissante et des processus standardisés. Leur capacité à personnaliser leurs approches et à se consacrer pleinement à la relation client s’en trouve restreinte.
Quels sont les grands défis auxquels les RM sont confrontés aujourd’hui?
Les relationship managers jouent un rôle stratégique pour les banques et les sociétés de gestion, mais ils évoluent dans un environnement de plus en plus exigeant. Trois défis majeurs compliquent leur quotidien.
Le premier défi, probablement le plus frustrant, porte sur la gestion du temps. Entre les obligations administratives, les exigences réglementaires et les processus de conformité, une part significative de leur journée est consacrée à des tâches à faible valeur ajoutée pour les clients. Cette situation les empêche souvent de se concentrer pleinement sur la relation client, qui devrait pourtant rester au cœur de leur mission.
Ensuite, la pression concurrentielle et la saturation du marché compliquent leur capacité à se différencier. Les clients sont aujourd’hui sur-sollicités par une multitude d’acteurs offrant des solutions proches les unes des autres. Pour convaincre, un RM doit non seulement comprendre parfaitement les besoins spécifiques de ses clients, mais aussi être capable de démontrer une valeur tangible et différenciée.
Enfin, il y a l’érosion de la rentabilité, un problème particulièrement aigu en Suisse. Les marges diminuent sous l’effet combiné des taux d’intérêt bas et des contraintes réglementaires croissantes. Dans ce contexte, chaque interaction client doit être optimisée non seulement pour maintenir la performance actuelle, mais aussi pour préserver la pérennité des relations à long terme.
Sur quels critères les RM devraient-ils être évalués aujourd’hui?
Les critères traditionnels comme les revenus générés ou le volume des actifs sous gestion ne suffisent plus pour mesurer la véritable valeur d’un relationship manager. Ces indicateurs, bien qu’utiles, ne capturent pas la complexité et l’impact stratégique de leur rôle.
Aujourd’hui, il est crucial d’évaluer les RMs en se concentrant sur leur capacité à établir des relations solides et durables avec leurs clients. Il faut aller au-delà des chiffres pour comprendre la qualité de ces relations et la profondeur de la confiance qu’ils parviennent à créer.
Un autre aspect essentiel est la satisfaction et la fidélité des clients. La fidélité, en particulier, est un indicateur clé, car elle reflète la capacité du RM à transformer une interaction commerciale en un partenariat de long terme.
Enfin, leur aptitude à travailler en équipe ou à collaborer avec d’autres spécialistes est déterminante. Dans un monde où les solutions sont de plus en plus complexes, un relationship manager doit être capable de mobiliser des ressources variées pour offrir un service intégré et cohérent.
Quelle est l’approche de Mercury Metrics pour évaluer l’efficacité des relationship managers?
Chez Mercury Metrics, nous avons totalement repensé la manière de mesurer la performance des relationship managers, grâce à une méthode fondée sur les données. Notre démarche repose sur plus de 50 indicateurs clés, qui offrent une vue à 360° des forces et des axes d’amélioration des relationship managers. Ces indicateurs couvrent aussi bien des dimensions quantitatives, comme la rentabilité, que qualitatives, telles que la profondeur et la qualité des relations clients.
Notre méthode ne se limite pas à une évaluation statique. Elle intègre des outils prédictifs qui aident les banques et les sociétés de gestion à anticiper les trajectoires futures des RMs, qu’il s’agisse de l’évolution de leurs portefeuilles ou de leurs contributions à la stratégie globale. En traduisant ces analyses en business plans et en plans d’action personnalisés, nous apportons aux institutions la clarté nécessaire pour prendre des décisions concernant le recrutement, la gestion et le développement de leurs RMs.
Qu’espérez-vous accomplir avec Mercury Metrics?
Nous voulons aider les banques et les gérants indépendants à mieux comprendre et gérer leurs relationship managers. Grâce à des business plans étayés par des données précises, nous leur permettons de de mieux anticiper les besoins futurs et de structurer des stratégies claires pour maximiser les contributions de leurs RMs.
En complément, nous élaborons des plans d’action concrets, directement alignés sur les priorités stratégiques de chaque institution. Ces plans traduisent les objectifs des business plans en mesures pratiques et applicables, aidant les relationship managers à renforcer leurs relations clients, et à développer de nouvelles opportunités pour maximiser leur impact.
Au final, nous fournissons une méthode structurée, pragmatique, pour aider les institutions à gérer efficacement leurs talents et à prospérer dans un environnement de plus en plus compétitif.
Iavor Tzolov
Mercury Metrics
Iavor Tzolov est le fondateur de Mercury Metrics, une solution analytique permettant aux banques privées et aux sociétés de gestion d’évaluer et de comparer les compétences de leurs relationship managers en matière de gestion des relations. Après avoir occupé le poste de responsable de la stratégie et du développement chez Piguet Galland à Genève, il a créé Ortogon, une structure dédiée à l’accompagnement de décideurs et d’entrepreneurs face à des défis stratégiques et opérationnels complexes. Iavor est également cofondateur de Venture Mills, une initiative soutenant des startups dans la fintech et la transformation numérique.
Iavor Tzolov
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Swissquote arrive en bonne place, au quatrième rang, dans la récente étude de Colombus Consulting sur la digitalisation de l’expérience client. Des clients, du reste, de plus en plus jeunes, de plus en plus riches et de plus en plus institutionnels, comme le constate Simon Morgenthaler depuis Zurich.
Par Levi-Sergio Mutemba
Comment la clientèle individuelle a-t-elle évolué au cours des dernières années, et plus particulièrement depuis le covid?
La première évolution à relever, plus structurelle, est de nature démographique. Les investisseurs de plus en plus jeunes forment une clientèle de plus en plus importante, bien que les senior ou les clients retail de plus de cinquante ans prédominent. Cette clientèle émergente est la raison du partenariat noué en 2021 avec PostFinance, via la plateforme YUH, qui s’adresse à de jeunes investisseurs, très mobiles et qui n’ont probablement jamais investi auparavant. La pandémie a, pour ainsi dire, accéléré cet afflux de clients privés n’ayant jamais investi. Les actifs numériques et les cryptomonnaies en ont été les principaux bénéficiaires.
Et qu’en est-il de la clientèle fortunée?
En 2003, lorsque j’ai rejoint Swissquote, notre réputation n’était pas suffisamment développée pour attirer cette clientèle. Aujourd’hui, elle a largement accepté et intégré les banques numériques. Rappelons également que la fortune moyenne de nos clients est supérieure à 100’000 francs, mais que ce chiffre est peu révélateur de la multiplicité des profils. Nous avons des clients riches en dizaines de millions de francs et d’autres qui détiennent moins de 5’000 francs.
La clientèle institutionnelle semble également avoir beaucoup évolué. Que représente-t-elle aujourd’hui pour Swissquote?
Nous avons constaté une évolution significative de cette clientèle, qui représente actuellement 30% environ des revenus. Il peut s’agir d’une relation institutionnelle, d’une relation B2B classique ou d’une relation B2B2C par laquelle nos clients institutionnels combinent leurs solutions aux nôtres, pour leurs propres clients. Il peut être utile de rappeler que notre bureau basé à Singapour s’adresse exclusivement à une clientèle institutionnelle, tandis que notre représentation à Malte se concentre sur les fonds de placement et les placements collectifs.
Mais qu’attend cette clientèle d’une banque numérique qui doit pourtant son essor aux investisseurs individuels?
Les attentes des institutionnels se concentrent principalement sur l’efficience technologique de notre plateforme dans son ensemble. Ils recherchent une plateforme de trading sophistiquée, comme l’illustre notre interface, ainsi qu’une infrastructure très moderne. C’est une clientèle qui souhaite également avoir accès à pratiquement toute la gamme des classes d’actifs et des produits financiers, réunis en un seul point. Or notre plateforme donne accès à plus de trois millions d’actifs ou de produits financiers. Cet aspect est particulièrement important, dans la mesure où les clients ne veulent pas multiplier les fournisseurs selon les classes d’actifs ou les produits recherchés. Bien sûr, c’est sans parler de la liquidité, qui est fondamentale, pour un pricing aussi compétitif que possible.
S’agissant des nouvelles technologies, comment l’intelligence artificielle s’intègre-t-elle dans vos opérations?
Elle est particulièrement importante pour la prise en charge et le support client. Tout est fait pour que nos employés se concentrent sur les questions ou les problèmes les plus complexes que les clients pourraient soulever. Nos systèmes automatisés, en revanche, sont en mesure de répondre aux requêtes relativement simples. La permanence des services d’appui et de soutien au client est tout aussi cruciale.
Nous nous dirigeons assez rapidement, je pense, vers une société où les entreprises maintiendront le support et la prise en charge client vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Il y a encore moins de dix ans, un client pouvait légitimement s’attendre à devoir patienter plusieurs jours avant de recevoir un retour suite à une question soulevée ou un problème rencontré. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le client s’attend à une réponse immédiate, en temps réel, compte tenu de ce qu’a permis l’IA en termes d’améliorations des processus.
Sachant que votre coeur de métier est le courtage, cela change-t-il quoi que ce soit en termes d’exposition à la réglementation par rapport à une banque traditionnelle?
Le fait que nous ayons une licence FINMA nous expose aux mêmes exigences réglementaires que celles auxquelles sont soumises toutes les autres banques. Pour vous donner une illustration de l’impact de la refonte réglementaire entourant l’industrie des services financiers, rappelons que lorsque je suis arrivé à Swissquote il y a un peu plus de vingt ans, moins de dix personnes étaient en charge des aspects réglementaires et conformité. Aujourd’hui, il s’agit pratiquement d’une armée de spécialistes que Swissquote emploie pour assurer une entière conformité.
De plus, les clients, et pas seulement les clients institutionnels, attendent de nous que nous les maintentions à jour dans les évolutions réglementaires. L’onboarding des nouveaux clients est certainement l’un des aspects les plus importants. Pour nous, il est donc impératif de procéder à de nombreuses vérifications et à d’intenses contrôles. Un exercice rendu toutefois relativement fluide grâce à une infrastructure technologique de pointe, mais qui, j’insiste, reste néanmoins complexe.
Simon Morgenthaler
Swissquote
Simon Morgenthaler a rejoint Swissquote en mars 2003 avec pour mission initiale de créer une offre de services pour les gestionnaires de fortune indépendants. Il a conceptualisé et mené avec succès plusieurs projets d’envergure dans différents domaines d’activité, tels que le traitement OTC de produits dérivés, des partenariats white label et l’offre de crypto-monnaies. Aujourd’hui, en tant que directeur général du bureau de Zurich, il est responsable des ventes pour les clients retail et institutionnels dans la zone Allemagne-Autriche-Suisse. Il supervise également les relations clients et les unités de soutien à la clientèle. Il est également membre du conseil d’administration de Swissquote Financial Services (Malta).
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Kamala Harris, une relative inconnue menant une campagne d’à peine trois mois et demi, n’avait qu’une chance limitée de l’emporter face à un ancien Président bénéficiant d’une aura de star depuis plusieurs décennies. De plus, le message fade de la gauche incapable de reconnaître les erreurs d’une présidence Biden très peu populaire n’aura pas pesé bien lourd face à la rhétorique belliqueuse et conquérante de Donald Trump.
Les médias de gauche autant que de droite avaient annoncé une bataille serrée et un comptage des votes qui devait prendre plusieurs jours. Pourtant, au lendemain du 5 novembre, les résultats, bien qu’encore provisoires, ne laissaient déjà plus place au doute. Il n’était plus question de savoir qui gagnerait, mais bien de combien de voix Donald Trump allait l’emporter. Très vite, le Sénat passait lui aussi en mains républicaines, puis enfin la Chambre des Représentants.
Alors que l’on pensait que l’ancien Président obtiendrait le soutien d’un électorat avant tout masculin, mûr, blanc et peu éduqué, force est de constater qu’il a su convaincre bien au-delà de ces clichés, en faisant mouche notamment auprès des jeunes de toutes communautés, des hispaniques et asiatiques, et des personnes à faibles revenus.
Des planètes alignées
Le Donald Trump de 2024 est loin d’être aussi conciliant que celui de 2016, ou même de 2020. Admirateur de figures politiques pour le moins autoritaires telles que Vladimir Poutine, Kim Jong-Un ou Viktor Orban, Donald Trump semble déterminé à mener le pays à son idée et à faire taire toute voix discordante. Les premières nominations indiquent d’ores et déjà qu’une loyauté indéfectible sera exigée.
Outre un Sénat offrant une marge confortable de six voix au Président-élu, la Chambre basse est elle aussi passée en mains républicaines. De plus, six des neuf juges de la Cour Suprême sont conservateurs, les trois plus fondamentalistes ayant par ailleurs été choisis par le futur Président lui-même.
À l’échéance de ce nouveau mandat, Donald Trump ne pourra pas se représenter. Il y a donc fort à parier que celui qui avait promis d’être dictateur au premier jour de sa présidence mènera une politique empreinte d’absolutisme durant les quatre prochaines années. Au prix de sérieuses coupes budgétaires, il aura à cœur de tenir ses trois promesses électorales fétiches, à savoir réduire encore l’imposition des entreprises et des particuliers, mettre un frein à l’immigration et imposer des barrières douanières drastiques.
Une cure de minceur
Avec la majorité au Congrès, les républicains auront les coudées franches pour mettre en œuvre les mesures prônées par Donald Trump. La réduction de l’imposition des entreprises de 21% à 15% risque de creuser un trou béant dans les finances du gouvernement, sans apporter de bénéfice aux contribuables. Pour mémoire, en 2017, 81% de ces baisses avaient financé des rachats d’actions et distributions de dividendes, d’après les statistiques du Center on Budget and Policy Priorities.
Comment combler ce déficit ? Elon Musk l’a annoncé : le peuple américain va vivre une période difficile. Nommé à la tête du tout nouveau Département de l’Efficacité Gouvernementale, la diminution du nombre de fonctionnaires est une de ses priorités. Certains programmes sociaux essentiels tels qu’Obamacare, Medicaid et la sécurité sociale, depuis longtemps déjà dans le viseur des républicains, seront nécessairement rabotés pour renflouer les finances fédérales.
‘America First’
La décision d’imposer des droits de douane est en grande partie laissée à la discrétion du Président. Sa promesse de campagne d’appliquer 10% de manière uniforme et jusqu’à 60% sur les importations chinoises pourrait donc devenir réalité très rapidement. Elle devrait aussi en toute logique générer une inflation significative. En effet, si selon le Président-élu ces barrières renfloueront les caisses de l’Etat et dans le même temps créeront des emplois en poussant les entreprises à fabriquer sur sol américain, ce rationnel ne tient pas compte des potentielles mesures de rétorsion ni du manque de main d’œuvre. Omettre ces deux points équivaut à occulter l’inflation des prix et des salaires qui pourraient en découler et donc un envisageable retour de la politique restrictive de la Fed.
Le futur du parti républicain
Le parti républicain actuel n’a plus guère de points communs avec celui de Ronald Reagan, ou encore des George Bush père et fils. Bien plus à droite sur l’échiquier politique et plus adepte du culte de la personnalité que de la défense d’un idéal conservateur, bien des membres du Congrès se définissent comme ‘MAGA-Republican’. La défection durant la campagne de plusieurs personnalités éminentes du parti au profit des démocrates est preuve que le mouvement initié par Donald Trump n’a pas que des sympathisants. Est-ce à dire que les élections présidentielles de 2028 verront l’avènement d’un troisième parti enfin capable de concourir à égalité avec les deux géants ? Si la démocratie aurait tout à y gagner, rien n’est pourtant moins sûr.
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Plusieurs options s’offrent aujourd’hui aux gérants indépendants qui cherchent un repreneur. Ils sont nombreux dans cette situation aujourd’hui. Vivien Jain examine ici les différents scénarios à envisager, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Quel que soit le schéma retenu, le facteur temps joue un rôle crucial dans le processus.
Par Jérôme Sicard
Pourquoi le thème de la planification de la succession est-il particulièrement pertinent pour vous en ce moment ?
Notre expérience, appuyée par les données du marché, montrent qu’au cours des prochaines années, environ 20 à 30 % des gestionnaires de fortune atteindront l’âge de la retraite fixé à 65 ans. Pour bon nombre d’experts, un processus de succession bien mené peut demander trois à cinq ans. Il est donc crucial, en tant qu’entrepreneur, de se pencher sur le sujet suffisamment tôt et d’avoir un plan directeur en tête. Il ne s’agit pas seulement de l’entreprise elle-même, mais aussi des clients qui souhaitent une solution durable. Sans clients, la société ne vaudrait – en forçant un peu le trait – presque rien. Dans la mesure où nous opérons dans un secteur hautement personnel et difficilement interchangeable, ce processus doit être mené avec le plus grand soin.
Quelles options les gérants indépendants devraient-ils envisager aujourd’hui lorsqu’il s’agit de leur succession ?
Il y a deux questions clés qui se posent : puis-je régler la succession en interne, avec peut-être des partenaires plus jeunes voire avec mes propres enfants, ou dois-je plutôt chercher une solution externe ? Une solution de succession interne peut être préparée par des remplacements anticipés au sein du service clientèle. Pour une solution externe, il faut d’abord trouver le repreneur adéquat, ce qui est souvent plus compliqué et prend plus de temps qu’on ne le pense.
Une autre voie est la consolidation – si l’on ne trouve pas de successeur adéquat, il reste la possibilité de s’associer à une autre société. Toutefois, cela nécessite d’abandonner sa propre entreprise et de s’intégrer dans une autre culture d’entreprise, ce qui ne peut fonctionner que si les valeurs et les méthodes de travail sont les mêmes. En outre, la volonté de lâcher prise est déterminante pour la réussite d’une succession.
Quelle serait, selon vous, la meilleure solution?
Il n’existe pas de « meilleure » solution, ou de solution universelle. Tout dépend toujours de la situation individuelle de l’entreprise : sa structure ? les attentes des propriétaires ? l’état d’esprit et l’appétit pour le risque des personnes concernées ? Et le temps pendant lequel le propriétaire souhaite rester actif ? Dans de nombreux cas, la situation actuelle se résume à une consolidation, ne serait-ce que pour des raisons de réglementation et de coûts. Le combattant solitaire a aujourd’hui la vie plus dure, raison pour laquelle les partenariats avec des entreprises partageant les mêmes idées sont souvent le meilleur choix. À la fin de la journée, la meilleure solution est toujours celle qui satisfait les clients.
Quelles sont les principales différences entre les asset deals et les share deals ?
Pour le vendeur, un share deal est souvent plus intéressant, car il y a des avantages fiscaux et il n’est pas nécessaire de liquider l’entreprise. L’acheteur reprend toutefois l’ensemble de la société, y compris toutes ses obligations, d’où la nécessité d’une due diligence approfondie. Les spécialistes du marché pensent que les coûts d’une bonne due diligence ne sont réellement rentables qu’à partir d’un volume d’actifs d’environ 1 milliard de francs. Pour des actifs plus petits, les dépenses peuvent être disproportionnées.
En revanche, un asset deal implique un nouveau transfert de la relation client. L’avantage pour l’acheteur est de pouvoir reprendre seulement les clients qui lui conviennent. Au sein du groupe Aquila, nous avons déjà expérimenté les deux variantes, ce qui nous donne une certaine flexibilité dans la gestion des solutions de succession.
Quel serait, selon vous, le pire scénario dans un processus de succession ?
Le pire des scénarios serait que la répartition des rôles entre le repreneur et le cédant ne soit pas clairement définie. De gros problèmes peuvent également survenir si les stratégies d’investissement diffèrent trop ou si des problèmes de santé doivent accélérer le processus. Le pire des cas est toutefois celui où le cédant n’arrive pas à lâcher prise. Il est crucial de fixer les règles du jeu suffisamment tôt afin d’éviter ce type de malentendus.
Comment Aquila soutient les sociétés de gestion qui s’engagent dans la phase de succession ?
Nous accompagnons nos partenaires dans toutes les phases de développement de leur entreprise, de la création à la planification de la succession. Notre réseau et notre longue expérience nous permettent de trouver le bon match pour une succession.
Nous avons déjà pu mettre en œuvre avec succès plusieurs solutions de succession, que ce soit par des transferts internes, des fusions ou l’intégration de partenaires externes. Par ailleurs, nous ne travaillons pas uniquement pour les sociétés Aquila, nous proposons notre expertise à l’ensemble du marché.
Quelles étapes préliminaires les gérants indépendants doivent-ils suivre pour réussir leur succession ?
L’étape la plus importante est de développer très tôt un plan directeur et de le revoir régulièrement. La famille ou le partenaire devraient être impliqués dans le processus, tout comme les clients, car leurs attentes jouent un rôle important.
Combien de temps faut-il prévoir pour une succession réussie ?
Si tout se déroule sans problème, le processus dure en général deux à trois ans. Mais si l’on doit encore chercher le successeur adéquat, cela peut prendre jusqu’à cinq ans. Plus on prend le temps de planifier, plus les options se multiplient.
Comment les clients doivent-ils être impliqués dans le processus de succession ?
Les clients devraient être informés à temps et complètement intégrés dans ce processus. En effectuant par exemple des visites en compagnie du successeur afin de renforcer la confiance. Une phase de transition d’environ deux ans me semble idéale pour que client puisse percevoir la continuité et s’en satisfaire.
Qu’est-ce qui est souvent négligé dans le processus de succession ?
Les facteurs humains sont souvent négligés dans la transmission. Beaucoup ne prennent pas le temps de réfléchir suffisamment tôt à la façon dont leur rôle évoluera après la passation, ni à la manière dont ils utiliseront le temps ainsi libéré. L’aspect émotionnel du détachement est fréquemment sous-estimé, tandis que l’attention se porte parfois de façon excessive sur les aspects financiers.
Vivien Jain
Aquila
Vivien Jain dirige la société Aquila en tant que CEO depuis 2021, succédant alors au fondateur de l’entreprise, Max Cotting, qui a pris de son côté la présidence du conseil d’administration. Âgée de 39 ans, elle fait partie de la famille Aquila depuis 2014 et a pris en 2016 la responsabilité des domaines juridiques, de la conformité et des risques. Avec sa double nationalité canadienne et suisse ainsi que ses racines indiennes, elle apporte une perspective aux multiples facettes. Vivien Jain a suivi des études de droit avant d’exercer différents postes dans des cabinets d’avocats en Suisse et à l’étranger, notamment au sein de la société d’audit et de conseil PwC à Zurich.
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BDO Suisse et le Geneva Compliance Group ont joint leur force pour proposer aux gestionnaires de fortune une formation certifiante sur les aspects liés aux autorisations, à la surveillance, à la compliance et à la gestion des risques. Taulant Avdija en présente ici les contours.
Par Levi-Sergio Mutemba
Quels sont les axes principaux de la réglementation entourant la formation des gestionnaires de fortune en Suisse ?
La FINMA met l’accent sur la nécessité pour les établissements financiers d’adapter leurs plans de formation à leurs besoins spécifiques, conformément à l’esprit de la LSFin et de la LEFin. Cependant, elle a également précisé que les organismes de surveillance ne disposent pas de la compétence légale pour fixer des standards de formation obligatoires. Au final, le consensus préexistant entre les OS sur les exigences minimales de formation a été abandonné, ce qui a créé une situation complexe.
Dans l’intervalle, nous avons décidé de continuer à appliquer les standards et pratiques issus de ce consensus initial afin d’éviter toute lacune dans l’approche réglementaire. Toutefois, une clarification de la part de la FINMA serait bienvenue pour uniformiser les attentes. Le phénomène de « OS shopping », où certains acteurs pourraient privilégier des OS aux standards moins exigeants, est problématique, car la loi et son application devraient rester les mêmes pour tous.
En quoi votre cursus peut combler cette incertitude réglementaire ? Qu’est-ce que les gestionnaires de fortune y apprendront ?
Notre objectif est de proposer une formation pragmatique, orientée sur les résultats, basée sur notre expérience en audit ainsi que sur notre expertise des pratiques de compliance et de contrôle des risques. Grâce à notre couverture du marché, nous disposons d’un benchmark qui nous permet d’identifier les problématiques concrètes rencontrées par les gestionnaires de fortune et les trustees. Nous pouvons donc leur suggérer des solutions directement applicables.
La formation traite des aspects réglementaires essentiels tels que la LBA, la LSFin et la LEFin, tout en mettant l’accent sur des thématiques connexes, qui s’inscrivent dans l’actualité, comme les sanctions ou la protection des données. Nous explorons également des questions clés, telles que le rôle stratégique de la fonction compliance et les meilleures pratiques pour identifier, évaluer et gérer efficacement les risques. Nous répondons de cette façon aux attentes des régulateurs et aux besoins opérationnels des participants. En proposant des sessions en présentiel, nous favorisons des échanges directs et constructifs avec les participants. Cette interaction renforce la pertinence du programme et permet de tirer parti des retours d’expérience de chacun. Il se crée ainsi une dynamique d’apprentissage ancrée dans la pratique.
Comment avez-vous élaboré ce cursus ?
L’élaboration de ce cursus s’appuie directement sur notre expérience et notre pratique quotidienne dans le secteur financier. Proposer une solution totalement maîtrisée, alignée sur notre connaissance approfondie du marché, était un développement naturel pour nous.
Nous avons conçu cette formation comme une initiative de praticiens destinée à des praticiens. Elle se concentre sur des problématiques concrètes et actuelles, avec un contenu qui détaille les points clés à maîtriser pour garantir une conformité effective et une gestion optimale des risques. En collaboration avec Geneva Compliance Group, qui partage cette approche pragmatique, nous avons veillé à offrir une solution orientée vers des besoins spécifiques et directement applicables.
En quoi un auditeur tel que BDO est-il légitime pour dispenser cette formation ?
Nous avons toujours cultivé une proximité forte avec le secteur et ses professionnels, nous sommes actifs au sein des organisations professionnelles, et nous entretenons des relations étroites avec les autorités. Cette double proximité – avec le marché d’un côté, et les autorités de l’autre – nous permet de proposer une formation qui soiot ancrée dans la réalité quotidienne des acteurs du marché, et qui intégre en même temps les attentes des régulateurs.
Comment les OS ont-elles réagi à votre initiative commune avec le Geneva Compliance Group ?
Certains OS se sont montrés préoccupés, craignant que nous n’allions dans le sens d’un nivellement vers le bas en matière de standards de formation. Nous avons clairement réfuté cette approche en maintenant les anciens consensus qui garantissent un niveau de qualité élevé. Nous avons également précisé que notre formation se concentre uniquement sur le respect des exigences réglementaires. Les participants doivent continuer à se former sur les aspects métiers auprès des associations professionnelles ou d’autres organismes spécialisés.
Dès le départ, nous avons été transparents sur nos intentions : notre initiative ne vise pas à concurrencer les associations professionnelles existantes, mais à proposer une solution complémentaire, ancrée dans la pratique. Elle permet aux gestionnaires de fortune et trustees de rester en phase avec les attentes réglementaires tout en se dotant d’outils avec lesquels ils pourront gérer leurs responsabilités de manière efficace.
Taulant Avdija
BDO
Taulant Avdija occupe le poste de Responsable Regulatory & Compliance pour la Suisse chez l’auditeur BDO, à Genève, où il a occupé diverses positions depuis près de neuf ans, dont celui de Manager – Legal Counsel, Regulatory & Compliance entre 2016 et 2019. En 2023, il en est devenu Associé. En possession d’un brevet d’avocat, Taulant Avdija est diplômé de l’Université de Lausanne, où il a obtenu un master en droit des affaires, ainsi que de l’Université de Genève, où il s’est spécialisé dans le droit numérique et la régulation financière.
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