Low carbon

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  • Rodolphe Brumm
  • Responsable Infrastructure Private Equity
  • BNP Paribas Asset Management

« Soutenir les midcaps leaders dans la transition vers le bas carbone »

Rodolphe Brumm, responsable Infrastructure Private Equity chez BNP Paribas Asset Management et invité à PODIUM, explore les changements essentiels nécessaires pour que le secteur énergétique européen réussisse ses ambitions en matière de réduction des émissions de carbone. Il met en avant les leviers clés — innovation technologique, développement industriel et cadres réglementaires — qui traceront la voie à suivre. Avec l’ampleur prise par la souveraineté énergétique, au niveau des états, et l’autonomie énergétique, au niveau des entreprise, les acteurs de taille moyenne sont à l’avant-garde de cette transformation, concentrant leurs investissements sur des segments qui promettent à la fois impact et croissance.

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Sébastien Berthoud
Mirante Fund Management
« Nous sommes à la fois un asset manager et un wealth manager »

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

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Leaders

  • Aline Fournier
  • Associée & COO
  • Geneva Compliance Group

« Nous intervenons à cette interface : entre complexité juridique et réalité opérationnelle ».

Aline Fournier vient d’être nommée associée de Geneva Compliance Group, où elle occupe déjà le poste de COO. En se concentrant exclusivement sur le secteur financier, GCG assume un positionnement clair : comprendre les règles, tout autant que les enjeux métiers de ceux qui doivent les appliquer.

Par Jérôme Sicard

Quel est désormais votre rôle au sein de Geneva Compliance Group ?
Mon statut d’actionnaire vient naturellement consolider mon engagement à long terme au sein de Geneva Compliance Group, sans pour autant modifier mes responsabilités opérationnelles au quotidien. J’occupe la fonction de Chief Operating Officer depuis juillet 2023, après avoir dirigé l’équipe Conseil depuis 2020. J’ai également élargi mon périmètre en assumant la supervision de l’équipe Risk Management depuis 2024. En parallèle, je siège au conseil d’administration et j’assure la représentation légale de la société aux côtés de mon associé Guillaume de Boccard. Ce rôle global me permet de contribuer activement à la stratégie et à la gouvernance de l’entreprise, tout en restant profondément impliquée dans la gestion opérationnelle et le développement de nos services.

Sur quelles activités Geneva Compliance Group concentre-t-il ses services aujourd’hui ?
Geneva Compliance Group déploie son expertise autour de deux pôles complémentaires, pensés pour répondre aux besoins stratégiques des établissements financiers que nous accompagnons.

Le premier, notre pôle Conseil, accompagne nos clients dans la gestion des exigences réglementaires complexes, notamment en matière de règlementations fiscales comme FATCA et CRS, le droit de la surveillance financière suisse, ainsi que dans l’optimisation de leur gouvernance en matière de compliance au sens large.

Le second, notre pôle Externalisation, propose des solutions sur mesure allant du reporting et du sponsoring fiscal jusqu’à la prise en charge externalisée des fonctions de compliance et de risk management. Cette approche intégrée permet à nos clients de se concentrer sur leur cœur de métier, tout en s’appuyant sur un partenaire de confiance pour assurer la conformité et la maîtrise des risques.

Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser aussi fortement dans le secteur financier ?
Ce positionnement est le fruit d’un choix stratégique assumé dès la création de Geneva Compliance Group. Le secteur financier est l’un des plus réglementés et les enjeux de conformité y sont à la fois complexes, évolutifs et cruciaux. Plutôt que de disperser notre expertise, nous avons choisi de nous concentrer exclusivement sur cet univers afin d’en maîtriser tous les codes, les normes et les dynamiques.

Cette spécialisation nous permet d’offrir à nos clients une réelle valeur ajoutée : des conseils sur mesure, une lecture proactive de la réglementation et des solutions opérationnelles alignées sur les meilleures pratiques du marché.

À qui s’adressent vos services ?
Nos services s’adressent principalement aux acteurs du secteur financier suisse. Nous accompagnons des gestionnaires de fortune indépendants, des gestionnaires de fortune collective, des trustees, des family offices ainsi que plusieurs établissements bancaires. Occasionnellement, nous travaillons également avec des acteurs étrangers lorsque ceux-ci souhaitent s’implanter sur le territoire helvétique ou s’ils ont des questions spécifiques en lien avec nos domaines d’expertise. En nous concentrant sur ce segment, nous offrons à nos clients une expertise ciblée, une réelle proximité métier et un accompagnement à haute valeur ajoutée.

Vous avez récemment pris la tête du pôle Risk Management. En quoi consiste cette activité ?
Assumer l’externalisation des fonctions de Risk Management revient à offrir un service stratégique au cœur des exigences réglementaires suisses. À travers cette activité, nous exerçons, pour le compte d’établissements financiers autorisés par la FINMA, les fonctions de gestion des risques définies par la réglementation. Notre approche est à la fois rigoureuse et opérationnelle, articulée autour de plusieurs axes fondamentaux : l’identification, l’évaluation et la surveillance des risques, la conception et l’implémentation de dispositifs de contrôle adaptés via une matrice, la production de rapports réguliers à destination des organes dirigeants, ainsi que le renforcement de la gouvernance interne.

Nous intervenons principalement en deuxième ligne de défense, avec une expertise transversale couvrant aussi bien les risques financiers — tels que ceux liés aux investissements — que les risques non financiers, à l’instar des enjeux cyber, aujourd’hui incontournables. Notre valeur ajoutée réside dans notre capacité à conjuguer exigence réglementaire, connaissance fine des spécificités du secteur financier suisse et agilité opérationnelle. Cela permet à nos clients de se concentrer sur leur cœur de métier, tout en assurant une maîtrise proactive de leurs risques.

Quels sont aujourd’hui les besoins les plus marqués de vos clients dans le domaine Legal & Compliance ?
Les établissements financiers suisses font face à un environnement réglementaire en constante évolution, de plus en plus dense, technique et interconnecté. Dans ce contexte, leurs besoins prioritaires portent sur un accompagnement à la fois structuré, pragmatique et expert. Ils recherchent des partenaires capables de décrypter les évolutions normatives, d’anticiper les impacts et de traduire les exigences réglementaires en dispositifs opérationnels clairs, efficaces et proportionnés à leur organisation.

La veille réglementaire devient ainsi un levier stratégique, indispensable pour maintenir la conformité et renforcer la résilience des modèles d’affaires. De même, l’adaptation continue des cadres de compliance, des politiques internes et des mécanismes de gouvernance est essentielle pour répondre aux attentes des autorités et des parties prenantes. Nous intervenons précisément à cette interface : entre complexité juridique et réalité opérationnelle, avec une approche orientée solution, conçue pour sécuriser l’activité de nos clients tout en favorisant leur agilité. Nous nous efforçons également d’adopter un discours en conformité avec la règlementation applicable et compatible avec les idées de développement d’activité de nos clients. Aider nos clients à déployer leur modèle d’affaire dans un cadre légal exigeant est notre priorité. Comprendre les défis auxquels ils font face en est la clé. 

Aline Fournier

Geneva Compliance Group

Forte de son expérience de consultante au sein du cabinet d’avocats Lenz & Staehelin et d’Ernst & Young, Aline Fournier intervient désormais sur les missions de conseil de Geneva Compliance Group relatives à la mise en œuvre de nouvelles réglementations dans le secteur financier. Avant de rejoindre GCG, elle occupait le poste de Head of Legal and Compliance au sein d’une société fiduciaire suisse du groupe TMF, opérant à l’international. Elle supervisait les activités liées à la LBA, au CRS, au FATCA ainsi que la gestion des risques. Elle assurait également la gestion de la continuité d’activité (Business Continuity Management). Aline Fournier est titulaire d’un diplôme d’avocat et d’un master en école de commerce.

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      • Directeur de la gestion obligataire
      • Rothschild & Co Asset Management

    Pourquoi le marché du crédit reste si attractif

    La résurgence des tensions commerciales a ravivé les pressions inflationnistes et accentué les divergences de politiques monétaires entre États-Unis et Europe. Si l’environnement reste empreint d’incertitudes, les rendements du marché du crédit et les fondamentaux toujours solides des entreprises continuent d’offrir des perspectives attrayantes aux investisseurs.

    La perspective de baisses des taux généralisées a été rattrapée par une réalité géopolitique plus complexe. Les tensions commerciales, liées à la l’introduction de nouveaux droits de douane par les États-Unis, ont notamment ravivé les tensions inflationnistes, engendrant une hausse des taux longs et des craintes sur la dynamique économique américaine. Les anticipations d’inflation à un an dépassent désormais 3,3 % et l’incertitude se renforce au regard de la volatilité des indicateurs économiques.

    Dans ce contexte, la Réserve fédérale américaine demeure prudente, au grand dam de Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche a même décidé d’engager un bras de fer avec le président de la Fed, qu’il a lui-même nommé lors de son précédent mandat. Powell reste, pour l’heure, inflexible et maintient le statu quo, jugeant la situation économique peu propice à un assouplissement monétaire. Le marché du travail américain est robuste, alors que les entreprises continuent de publier des résultats de bonne facture et n’ont pas encore infléchi leurs politiques salariales. En conséquence, une spirale prix-salaires semble s’installer durablement et les investisseurs qui anticipaient quatre baisses de taux en début d’année, n’en n’envisagent désormais plus que deux.

    Parallèlement, le creusement du déficit budgétaire américain et le resserrement quantitatif initié par la Fed depuis 2022 entraînent une explosion de l’offre nette d’obligations d’État. Près de 30 % de la dette américaine devra être refinancée en 2025, un niveau supérieur à la moyenne historique qui se situe autour de 22 %, alors que la notation du pays vient récemment d’être dégradée. Avec un taux directeur actuellement entre 4,25 % et 4,75 %, la soutenabilité de cette dette pose question et les rendements obligataires se tendent. Les investisseurs étrangers, Chine en tête, semblent se détourner de cette classe d’actifs et la pression sur les taux longs s’accentue, alimentant les craintes d’un désengagement plus large des investisseurs internationaux. La confiance dans la devise américaine pourrait elle-même s’éroder.

    La divergence de politiques monétaires s’est renforcée au cours des derniers mois à mesure que la BCE continuait de baisser ses taux, maintenant son rythme de croisière. Après une dernière baisse en juin, une nouvelle est encore attendue d’ici la fin de l’année. De surcroît, les plans de relance allemand et européen ont engendré un sursaut de la Zone. Bien que molle, la dynamique économique européenne se maintient. Les besoins de financement vont croissants et soutiennent les taux longs entrainant une pentification de la courbe.

    Alors que la soutenabilité des dettes souveraines interroge, les entreprises affichent des fondamentaux solides susceptibles de leur permettre d’encaisser de potentiels chocs macroéconomiques. Depuis le début de l’année, les investisseurs ont donc tendance à favoriser le crédit. Les taux encore élevés associés à la prime spécifique leur permettent d’obtenir un niveau de rémunération supérieur à la dette d’État.

    Dans cet environnement, nous maintenons un positionnement prudent et opportuniste. Le marché nous semble peut-être trop optimiste face aux derniers revirements de Donald Trump sur le report de l’application des droits de douane. Ces derniers restent plus élevés qu’avant à son arrivée au pouvoir et nous attendons de voir ce qu’il adviendra une fois la pause de 90 jours arrivée à son terme. Nous restons, en conséquence, vigilants vis-à-vis des secteurs les plus exposés aux tensions commerciales, comme l’automobile. Par ailleurs, nous conservons une exposition importante aux financières que nous avons eu tendance à renforcer suite à la correction du mois d’avril. Nous restons convaincus du potentiel de cette classe d’actifs au regard de la solidité des fondamentaux des acteurs du secteur.

    Nous avons progressivement baissé la sensibilité de nos portefeuilles à mesure que les taux baissaient. Par ailleurs, nous avons allongé les maturités au gré des souscriptions pour éviter de se laisser diluer et profiter de la pentification des courbes. Nous estimons qu’au sein du segment Investment Grade, les obligations les mieux notées de maturité 5 à 10 ans offrent les meilleures opportunités grâce au rendement excédentaire qu’elles permettent de capter. Le portage rend cette classe d’actifs naturellement attractive et la décorrélation entre les spreads et les taux modère sa volatilité car chaque effet se compense.

    Nous considérons donc la situation actuelle comme relativement confortable. Le crédit reste cher, en dépit de l’épisode de volatilité d’avril dernier, mais les rendements demeurent attractifs grâce au niveau des taux. Les fondamentaux des entreprises sont solides, les flux sont présents, notamment sur l’Investment Grade, et des opportunités émergent ponctuellement. L’incertitude ambiante, bien qu’elle nous pousse à rester prudents, en raison notamment des risques d’escalade dans la guerre commerciale, génère des opportunités. Cette situation justifie que nous conservions des poches de liquidité pour nous positionner rapidement lorsque les valorisations deviennent plus attractives. Dans un environnement où les effets d’annonce précèdent souvent les impacts réels, la discipline et la réactivité restent nos meilleurs atouts.

    Emmanuel Petit

    Rothschild & Co Asset Management

    Emmanuel Petit a débuté sa carrière en 1998 chez HSBC Asset Management comme analyste dans le domaine de l’attribution de performances AIMR-GIPS puis il est devenu analyste crédit en 2001. En 2006, il rejoint Rothschild & Co Asset Management en tant que gérant obligataire sur les obligations privées. Il en est responsable de la gestion obligataire depuis 2011. Emmanuel est diplômé d’un mastère spécialisé en Finance d’entreprise et membre de la SFAF (Société Française des Analystes Financiers).

     

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      Interview Chairman

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      • Interview Marc Briol
      • Chief Executive Officer
      • Pictet Asset Services

      « Ce sont aussi les banques qui ont des choses à apprendre des gérants indépendants ».

      Alors que la nouvelle réglementation redéfinit profondément leur métier, les gérants indépendants doivent trouver aujourd’hui leur équilibre entre exigences prudentielles et maîtrise opérationnelle. Cette transformation incite aussi les acteurs bancaires à repenser leurs services et leurs méthodes. Pour Marc Briol, la dynamique en cours appelle très certainement à davantage d’échanges et de complémentarité entre banques et gérants.

      Par Jérôme Sicard

      Dans quel sens souhaitez-vous voir évoluer la réglementation qui encadre désormais le métier de gérant indépendant en Suisse ?
      Nous sommes encore au début d’un cycle. La réglementation est en place, mais nous sommes en train d’en découvrir collectivement les implications. A terme, mon souhait est que le régulateur adopte une approche davantage fondée sur des principes — principle-based — plutôt que sur des règles strictes — rule-based. Il est essentiel de conserver une part de bon sens, de définir un cadre général via des best practices, des codes de conduite, des directions stratégiques, tout en laissant aux acteurs la latitude nécessaire pour s’organiser selon leur réalité. Le dialogue avec le régulateur doit rester possible. C’est ce que nous connaissons par exemple au Luxembourg avec la CSSF, et ce que nous espérons continuer à vivre en Suisse avec la FINMA. Cette ouverture constitue un véritable facteur de différenciation pour une place financière comme la nôtre.

      Quels éléments font encore défaut aujourd’hui à cette réglementation ?
      Il est trop tôt pour avoir ce genre de considérations. Nous commençons tout juste à percevoir les premiers effets pratiques de la LSFIN/LEFin. Les autorisations délivrées l’ont été, dans un premier temps, de manière relativement large. Aujourd’hui, certains gérants en finissent avec leur premier audit et réalisent les exigences opérationnelles qui en découlent très concrètement. On observe d’ailleurs une certaine convergence dans le traitement réglementaire auquel sont soumis aussi bien les banques que les gérants indépendants. C’est un parallèle intéressant car il va permettre d’instaurer plus facilement un dialogue assez structuré entre les gérants, les banques dépositaires et les organes de surveillance. Ensemble, nous devons et nous pouvons mieux définir la manière dont nous répondons aux attentes réglementaires en matière de substance, de documentation, de contrôle et de procédures.

      Avec quels types de gérants préférez-vous collaborer à l’avenir ?
      Avec ceux qui ont une vision claire et une proposition qui comporte de vrais éléments de différentiation. Cela peut se traduire par une spécialisation sur une zone géographique, un segment de clientèle, une classe d’actifs ou une approche exclusive des services proposés. Ce que nous recherchons, ce sont des professionnels qui ont fait des choix stratégiques assumés, et non des approches opportunistes. Un gérant qui nous dit « je fais un peu de tout, partout, selon les opportunités qui se présentent » aura de plus en plus de mal à convaincre. À l’inverse, nous valorisons les maisons qui ont une stratégie affirmée, qui savent où elles veulent aller, et pourquoi.

      Quels critères un gérant indépendant doit-il remplir aujourd’hui pour passer le cut chez Pictet Asset Services ?
      Il y a bien sûr un critère de taille minimale qui se situe autour des 50 millions de francs d’actifs sous gestion. Mais il ne s’agit en fait que d’un seuil d’entrée. Ce que nous regardons, c’est avant tout la qualité de l’organisation, les systèmes en place, la rigueur des procédures internes, la structure de gouvernance, les ressources humaines. Ce sont des éléments auxquels nous sommes beaucoup plus sensibles. Par ailleurs, le nombre de collaborateurs doit être cohérent avec les ambitions affichées. Si un gérant nous annonce vouloir couvrir 40 marchés avec une équipe de cinq personnes, nous risquons forcément de nous montrer perplexes. Nous évaluons aussi la solidité du plan de développement. Il est tout à fait possible pour une structure en phase de lancement d’être éligible, à condition de présenter une vision claire, un projet bien pensé, et des fondations solides.

      Comment les services aux gérants indépendants doivent-ils évoluer pour s’adapter aux transformations du secteur ?
      Nous devons certainement apporter plus de lisibilité aux gérants. Nous n’allons pas accepter tous les dossiers, mais nous devons savoir dire oui ou non rapidement, avec clarté. Il faut donc que nous puissions mieux expliciter nos critères, nos processus internes, nos exigences documentaires. Nous devons partager davantage nos attentes lorsque nous entrons en partenariat avec un gérant, que ce soit en termes de qualité, de risque, ou de transparence.

      Ensuite, je pense que l’enjeu principal porte sur la digitalisation de nos interactions. L’onboarding digital, la signature électronique, la capacité à gérer des flux de données venant de multiples systèmes — voilà où se fera la différence. Les gérants sont par nature multi-bancarisés, nous devons donc être capables d’interpréter des données non structurées, de les normaliser et de les intégrer dans nos propres systèmes. C’est un important levier de compétitivité.

      Comment les accompagner plus efficacement dans la digitalisation et l’automatisation de leurs processus ?
      Avant tout par un dialogue ouvert. Nous encourageons nos équipes de compliance à aller à la rencontre des gérants, à échanger sur les cas clients avant même que l’onboarding formel ne commence. Nous incitons les gérants à nous solliciter en amont via des demandes préalables. Cela nous permet de leur donner des indications précieuses sur ce qui est attendu, sur les points de vigilance, sur la manière la plus efficace de constituer un dossier. Nous ne voulons pas que notre compliance soit perçue comme une boîte noire. Ce sont des personnes accessibles, identifiables, disponibles. Et cette relation humaine crée une bien meilleure dynamique.

      Sur quelles fonctions les gérants doivent-ils se concentrer pour assurer la pérennité de leur activité ?
      Sur le service client, sans aucun doute. La proximité, la disponibilité, l’écoute, ce sont des attributs fondamentaux du modèle du gérant indépendant. Ensuite, il y a deux dimensions essentielles : la relation de confiance et la performance. La performance est évidemment cruciale, mais elle ne suffit pas. C’est la confiance qui fidélise, qui ancre la relation dans le temps. Quand un client sent qu’on le comprend dans sa globalité, qu’on l’accompagne aussi sur le patrimoine, la transmission, les projets de vie, il développe un attachement très fort à son gérant.

      La FINMA a délivré plus de 1’500 autorisations. Ce nombre est-il appelé à diminuer de moitié, comme ce fut le cas pour les banques ?
      Je ne suis pas certain qu’il y ait « trop » de gérants. Certains ont des ambitions de croissance, d’autres visent la stabilité. Les deux approches sont légitimes. Il y aura sans doute un mouvement de consolidation à terme, mais il est encore embryonnaire. En parallèle, de nouvelles structures se créent, portées par des professionnels qui veulent se réinventer. Le lien émotionnel que ces gérants tissent avec leurs clients est très fort. Cette agilité, cette proximité, créent une vraie valeur sur laquelle il est possible de pérenniser une activité.

      Quels sont les principaux pain points auxquels les gérants sont confrontés aujourd’hui ?
      La capacité à croître, d’abord. L’acquisition de nouveaux clients est un défi permanent. Ensuite, la difficulté à recruter les bons profils. Il y a une forte compétition entre gérants pour attirer des relationship managers expérimentés, capables de transférer leurs portefeuilles. Les gérants les mieux établis ne sont pas non plus à l’abri de l’érosion des marges, ni de la pression concurrentielle. D’où l’importance de continuer à investir dans la technologie, dans l’automatisation, dans les compétences pour préserver les seuils de rentabilité.

      Les sociétés de gestion doivent-elles s’inspirer des structures mises en place par banques pour assurer leur développement ?
      Pas forcément. En fait, je dirais que ce sont aussi les banques qui ont des choses à apprendre des gérants indépendants. Leur capacité à opérer sur plusieurs systèmes, à être modulaires, agiles, connectés à différents univers, est très précieuse. Ils ont aussi une lecture en temps réel de la concurrence : ils savent nous dire si nous sommes trop stricts, pas assez, ou dans la moyenne. Ce retour est fondamental. Bien sûr, certaines best practices en vigueur dans les banques peuvent s’avérer utiles. C’est notamment le cas dans la cybersécurité ou la gestion du cloud. Nous proposons par exemple des diagnostics gratuits sur l’exposition cyber de certains gérants. Cela profite à tout l’écosystème — même si cela bénéficie aussi à nos concurrents. Ce n’est pas un problème : ce qui compte, c’est de renforcer la place financière dans son ensemble.

      Marc Briol

       Pictet Asset Services

      Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels.

      Au sein de Pictet, Marc Briol a précédemment occupé le poste de COO de la division Technology & Operations. Avant cela, il a exercé les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management de 1997 à 2008 à Londres.

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