Cleantech

Solutions Real Assets

  • Interview Willem van Hasselt & Robin Henri
  • Responsable des relations Investisseurs & responsable des projets Investissements
  • Fondation Solar Impulse

“L’afflux de capitaux dans les cleantechs reste important”

Après des années de recherche et de développement, la Fondation Solar Impulse a présenté au monde financier une sélection de 1’500 innovations labellisées cleantech. Les investisseurs y ont accès au moyen de la plateforme Runway, qui les met en relation avec les innovateurs. Deux fonds d’investissement privés ont été lancés en parallèle, comme l’expliquent Willem van Hasselt et Robin Henri.

Francesco Mandalà

Quelle était l’idée derrière le lancement de la plateforme Runway ?

L’objectif initial de notre fondation était d’identifier tous ceux qui innovent dans le domaine de la cleantech, à l’échelle mondiale. Nous avons alors lancé le label Solar Impulse Efficient Solution, qui se concentre sur les solutions existantes à la fois propres et rentables. Ce label est attribué aux produits, services et processus qui présentent des performances acceptables sur le plan économique tout en dépassant les standards en vigueur sur leur marché en matière de réduction de l’impact environnemental. Nous avons alors réalisé qu’il existait une forte demande de capitaux, car les startups partout dans le monde ont besoin de financements pour développer leurs solutions.

Comment fonctionne la plateforme Runway ?

Elle a donc été créée pour rapprocher innovateurs et investisseurs. Les innovateurs qui proposent des solutions labellisées et recherchent des capitaux pour avancer peuvent trouver, grâce à Runway, des investisseurs qui sont en quête de projets viables dans le domaine du développement durable. La plateforme répond à ce besoin de connexions, avec une approche pragmatique qui facilite la transition vers les technologies propres.

De quelle manière participent les investisseurs ?

Tout d’abord, en s’intéressant aux opportunités qui leur sont proposées. Ce sont plus de 1’500 solutions labellisées qui ont fait l’objet d’une évaluation rigoureuse par la Fondation Solar Impulse. Nous leur recommandons ensuite plusieurs pistes, qui correspondent à leur thèse d’investissement, et ils obtiennent un un accès direct aux dossiers de présentation pour effectuer une évaluation rapide des projets. Différents accès ont été mis en place pour les investisseurs. Les membres de l’Alliance mondiale bénéficient d’un accès privilégié ; les Change-Makers disposent de plus de capacité en termes de génération de leads et d’interaction ;et les Pionniers reçoivent un soutien personnalisé de la part de la Fondation Solar Impulse.

Mais s’agit-il d’un changement de stratégie ?

En partie, oui. Notre objectif initial en tant que fondation était d’identifier et d’évaluer les solutions cleantech existantes. Maintenant que nous y sommes parvenus, nous voulons accélérer l’évolution de ces entreprises et de leurs technologies. Le fait d’avoir réalisé qu’il existe une forte demande de capitaux et un réel intérêt des investisseurs pour les technologies propres a naturellement conduit à nos activités d’intermédiation en matière d’investissement. Même dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et de baisse des volumes d’investissement en capital-risque, nous observons toujours une bonne résilience du secteur cleantech, qui devrait se renforcer au fil du temps.

Comment vous assurez-vous que les investisseurs récupèrent les informations qualifiées dont ils ont besoin ?

Nous avons mis en place un réseau fiable grâce au processus de validation mené par des experts indépendants et à la supervision de tous les investisseurs. Les innovateurs contrôlent ce qu’ils partagent, avec la possibilité de proposer des documents de manière publique et privée. Cette approche garantit une sélection rigoureuse des innovateurs cleantech.

Quel est le lien entre la plateforme Runway et les fonds que vous avez levés ?

Nous n’avons pas seulement développé la plateforme de mise en relation. Avec BNP Paribas et Rothschild, nous avons participé à la création de deux fonds qui peuvent investir dans nos fournisseurs de solutions labellisées. C’est notre label qui fait le lien. Le BNP Paribas Solar Impulse Venture Fund est un fonds d’investissement de 150 millions d’euros qui soutient la transition écologique. Il vise à prendre des participations minoritaires dans des startups labellisées Solar Impulse, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Israël. Avec le fonds Five Arrows Sustainable Investments de Rothschild, nous visons des encours de 250 millions d’euros. Là-aussi, les fonds investissent dans des entreprises labellisées par la Fondation Solar Impulse. 

 

Willem van Hasselt

Fondation Solar Impulse

Le parcours professionnel de Willem van Hasselt est lié aux domaines de la communication financière pour les investisseurs institutionnels, de la planification de la communication stratégique, de la connaissance des consommateurs et de l’étude des tendances de marché. Willem est titulaire d’une maîtrise en études chinoises.

Robin Henri

Fondation Solar Impulse

Durant sa carrière, Robin Henri a rempli différents rôles dans les opérations, les relations clients et la gestion de projets, qui l’ont aidé à façonner son approche de la durabilité et de l’impact investing. Robin Henri a obtenu une maîtrise en science et ingénierie des matériaux.

Real Estate

Solutions Real Assets

  • Interview Corinne Dubois
  • Economiste senior
  • Wüest Partner

« La forte demande et le faible risque de vacance indiquent un marché immobilier résidentiel stable pour 2024 »

Après des années avec des coûts de financement au plus bas, et peu d’alternatives de placement pour les investisseurs, le contexte est devenu moins favorable pour l’immobilier. Toutefois, les perspectives d’évolution pour le marché résidentiel restent solides pour 2024. La demande demeure importante et le risque de vacance est faible, ce qui assure des revenus stables aux investisseurs, comme le précise Corinne Dubois, économiste senior chez Wüest Partner.

Francesco Mandalà

Quels facteurs impacteront le marché immobilier suisse en 2024 ?

Cette année, on s’attend à une performance économique robuste, bien qu’inférieure à la moyenne des dernières années, avec une croissance de l’emploi de 1%, contre 2,2% en 2023. L’immigration devrait ainsi diminuer, tandis que la croissance démographique devait progresser de +0,7% l’année prochaine. Et si l’inflation a nettement diminué au cours des derniers mois, quelques facteurs de risque persistent. Les prix de l’électricité augmenteront en 2024, ainsi que les loyers. L’inflation pourrait ainsi atteindre 1,9% en 2024. Au vu des risques d’inflation persistants, il est d’ailleurs peu probable que la Banque Nationale Suisse abaisse à nouveau ses taux avant le deuxième semestre.

Le secteur de la construction, qui a stagné en 2023, va-t-il se reprendre ?

On ne voit pour le moment que peu de signaux positifs dans le secteur de la construction. Les prix restent élevés, les contraintes réglementaires et les oppositions sont nombreuses. Les salaires devraient en outre augmenter, ce qui alourdira les charges des entreprises. Les investissements dans la construction neuve devraient continuer à se replier, avec -0,8% pour les immeubles multifamiliaux et -1,0% pour les commerciaux.

Dans le secteur résidentiel collectif, peut-on s’attendre à une détente par rapport à 2023 ?

Les impulsions du côté de la construction neuve sont faibles, tandis que la population s’accroît. Une détente à court terme sur le marché locatif semble donc improbable. On observe d’ailleurs que le nombre de logements vacants baisse de façon continue depuis 2020. Leur taux est aujourd’hui trop faible, au niveau national, mais aussi dans la majorité des cantons, ce qui laisse présager une hausse continue des loyers. Pour les investisseurs, la forte demande et le faible risque de vacance démontrent la solidité et stabilité du marché immobilier résidentiel.

Quid du secteur de la propriété individuelle ?

Début 2023, les taux hypothécaire fixes à long terme se sont stabilisé et sont actuellement même légèrement en baisse. S’ils restent élevés par rapport à la situation de 2021, le pic a désormais été dépassé. Certes, la demande pour du logement en propriété a clairement diminué suite à la hausse des taux d’intérêt, mais il existe des facteurs positifs : la population s’accroît, les alternatives sur le secteur locatif se font rares, l’emploi est stable et le risque de chômage faible. Pour 2024, on s’attend à ce que les prix des appartements en PPE augmentent de 1,2% et ceux des maisons individuelles de 0,3%.

L’immobilier administratif et commercial verra-t-il la fin du tunnel ?

Le secteur des bureaux subit actuellement des influences contraires. D’une part, les créations d’emploi stimulent la demande : on estime qu’elles ont entraîné des besoins supplémentaires de 210’000 m2 d’espaces de bureaux. D’autre part, le recours de plus en plus fréquent au télétravail et au desk-sharing permet aux entreprises d’économiser de l’espace. De manière générale, la demande dans les meilleurs emplacements, notamment en centre-ville, reste élevée, tandis que les emplacements périphériques souffrent davantage.

Compte tenu de ces évolutions, les fonds immobiliers restent-ils des placements sûrs ?

Si les sociétés anonymes immobilières ont renoué avec des performances positives en 2023, ce n’est pas le cas des fonds immobiliers, dont les rendements continuent d’être négatifs. Les agios ont toutefois beaucoup baissé dernièrement, et se situent en dessous de leur moyenne à long terme. Il est de plus en plus probable que les fonds immobiliers évoluent positivement à l’avenir, mais il n’est pas encore possible de déterminer le moment exact de ce redressement.

 

Corinne Dubois

Wüest Partner

Corinne Dubois a rejoint Wüest Partner en 2022 en tant qu’économiste senior. Elle mène pour le cabinet différentes recherches et contribue aux publications sur l’économie et les marchés immobiliers. Macroéconomiste de formation, Corinne est titulaire d’un doctorat ès Sciences de l’EPFL. Pendant près de dix ans, elle a également enseigné l’économie dans plusieurs universités suisses telles que l’EPFL et l’Université de Fribourg.

Key Player

Solutions Real Assets

  • Interview Peter Beske Nielsen
  • Partner
  • EQT, Client Relations & Capital Raising

“Nous allons beaucoup nous investir en Suisse ces prochaines années »

En trente ans, EQT, dont les encours dépassent les 200 milliards d’euros, s’est imposé parmi les acteurs de référence qui animent les marchés privés. Dans ses plans de développement figurent des stratégies B2B2C comme Nexus destinées à ouvrir la classe d’actifs au segment HNWI et la montée en puissance sur le marché Suisse.

Francesco Mandalà

Quelles tendances animent le marché privé en ce moment ?

Si l’on se place du point de vue du du GP – les objectifs restent les mêmes : identifier de bonnes entreprises qui se négocient à des valorisations très attrayantes. Récemment, les gérants ont étendu leurs recherches aux sociétés cotées en bourse. En raison des difficultés rencontrées sur les marchés, il devient de plus en plus intéressant de délister certaines entreprises et de créer de la valeur après les avoir ramenées dans le privé.

Les gérants ont également tendance en ce moment à porter leur attention sur les secteurs qui restent performants dans des conditions de marché contraignantes. Avec EQT, nous nous concentrons sur le healthcare, traditionnellement non cyclique, où il il y a toujours de belles opportunités à exploiter pour stimuler la performance dans notre portefeuille.

Si vous vous placez maintenant du point de vue de l’investisseur – du LP – l’environnement a clairement changé. Il y a trois ans, les exits étaient très faciles. Aujourd’hui ce n’est plus le cas. Dans des marchés devenus chahutés, comme ceux  des 6 à 12 derniers mois, les investisseurs veulent se concentrer beaucoup plus sur la performance et s’assurer que les GP sont en mesure de la générer.

Comment expliquez-vous la croissance impressionnante des marchés privés au cours de la dernière décennie ?

Pendant ces dix dernières années, beaucoup de clients se sont rendus compte qu’ils n’étaient pas suffisamment alloués en marchés privés dans leur portefeuille. Beaucoup ont alors entrepris de remonter leur allocation aux alentours des 20%. Ce travail leur a été facilité par un environnement macro-économique très favorable. C’est la combinaison de ces deux facteurs qui, selon moi, a permis aux marchés privés de croître autant.

Depuis 18 mois, la situation a quand même changé. Les marchés privés restent toujours attractifs mais les investisseurs se montrent beaucoup plus sélectifs.

On parle beaucoup en ce moment de la démocratisation des marchés privés. Où pensez-vous que nous en soyons aujourd’hui dans ce processus ?

Nous n’en sommes vraiment qu’au tout début. C’est le premier jeu du premier set. Il reste beaucoup de chemin à parcourir avant d’arriver à une véritable démocratisation. A ce jour, très peu de GPS ont mis sur le marché des produits réellement destinés aux particuliers. Ces dix dernières années, des plateformes de distribution ont rendu différents produits plus accessibles mais, au final, ils étaient surtout réservés aux Ultra High Net Worth et au segment supérieur des High Net Worth. Or, le segment inférieur des High Net Worth besoin de solutions un peu plus liquides. Et c’est essentiellement l’idée derrière des stratégies comme Nexus.

Vous venez en effet de lancer EQT Nexus au printemps dernier pour jouer un rôle clé dans ce mouvement. Quelle en est plus exactement la stratégie?

Nous entretenons d’excellentes relations avec les gestionnaires de fortune. Avec le temps, beaucoup nous ont exprimé leur souhait de disposer de solutions private markets plus liquides de manière à en faire profiter un plus grand nombre de leurs clients. C’est ce qui a initié le lancement de EQT Nexus. Nous voulions répondre à cette demande. Pour ce qui est de la stratégie à proprement parler, nous allons mettre l’accent sur l’éducation et la formation, autant auprès des clients que des gérants dans la mesure où ce sont eux qui assureront les relais.

Il s’agit donc d’une stratégie B2B2C…

Oui, il très important pour nous que le produit soit consommé de la bonne façon. Les clients doivent bien en comprendre le mode d’emploi, les barrières, les contraintes et c’est là que leur gestionnaire est appelé à jouer un rôle clé.

Comment EQT se positionne en Suisse ?

Initiée par la famille Wallenberg, EQT a été créée en 1994, à Stockholm. Depuis, l’entreprise s’est énormément développée. Nous avons des bureaux dans toute l’Europe, nous sommes présents dans 24 pays à travers le monde, nous gérons plus de 200 milliards d’euros que nous avons investis dans plus de 200 entreprises.  Dans ce contexte, la Suisse est un marché essentiel pour nous. Christian Sinding , notre CEO, est d’ailleurs basé à Zurich, de même que Lennart Blecher, qui dirige chez nous le pôle Real Assets, et William Vettorato, le responsable du fonds Nexus. Leur présence ici à Zurich laisse clairement entendre que nous allons beaucoup nous investir en Suisse ces prochaines années.

Peter Beske Nielsen

EQT 

Peter Beske Nielsen a rejoint EQT Partners à Copenhague en janvier 2021 en tant qu’associé. Il travaille au sein de l’équipe chargée des relations avec les clients et de la levée des capitaux. Il dirige également les initiatives d’EQT en matière de gestion privée.

Avant de rejoindre EQT Partners, Peter a occupé le poste de managing director chez BlackRock de 2006 à 2021, où il a rempli plusieurs fonctions. Il a eu entre autres la responsabilité EMEA du programme de partenariat stratégique et celle, à l’échelle mondiale, de la distribution des produits alternatifs. Au cours des 15 années passées chez BlackRock, il s’est partagé entre New York, Londres et Copenhague.

Immobilier

Solutions Real Assets

  • Interview Roland Voegele
  • CEO
  • MV Invest

“Les investissements durables augmentent l’attractivité et le rendement d’un bien immobilier”.

Après le lancement de l’indice de durabilité pour les immeubles suisses, MV Invest a introduit en octobre le premier groupe de placement centré sur la durabilité. Alors même que les marchés sont latéraux et que les placements immobiliers indirects n’ont pas encore récupéré du choc. Roland Voegele n’y voit là aucun problème.

Francesco Mandalà

Comment les investisseurs évaluent le marché immobilier aujourd’hui ?

Actuellement, de nombreux biens sont proposés sur le marché. Ceux qui sont les mieux situés, et qui ont fait l’objet de rénovations durables, sont recherchés par les investisseurs à long terme et achetés avec de faibles décotes. A l’opposé du spectre, les biens qui nécessitent des rénovations importantes et dont l’emplacement, n’est pas forcément idéal, peinent à trouver preneurs. En outre, les investisseurs institutionnels sont devenus plus prudents, alors que les particuliers et les family offices sont désormais très actifs. Ils profitent d’opportunités devenurs attrayantes pour effectuer des investissements ciblés.

Regardons les placements immobiliers indirects. Quels changements avez-vous constatés dans ce domaine?

Après une année 2022 difficile, les fonds immobiliers indirects cotés n’ont pas encore enregistré de reprise. Beaucoup de ces fonds se négocient actuellement en dessous de leur valeur intrinsèque. De nombreux investisseurs s’attendent à des valorisations plus faibles, même si cela ne se produira pas nécessairement. En ce qui concerne les actions immobilières, les portefeuilles investis dans des immeubles résidentiels sont moins chers que les investissements directs sur le marché. L’incertitude actuelle se reflète toutefois déjà dans les prix. Les signaux rassurants des banques centrales pourraient entraîner une reprise des fonds immobiliers et des actions d’ici la fin de l’année ou au printemps. Actuellement, les signes ne laissent pas présager de nouvelles hausses des taux d’intérêt. De nombreux investisseurs n’ont pas encore acquis de nouveaux produits immobiliers en 2023, ce qui pourrait éventuellement entraîner une ruée des acheteurs d’ici la fin de l’année. 

Qu’est-ce que cela signifie de votre point de vue ?

Depuis le mois d’octobre, les loyers des biens immobiliers résidentiels ont été augmentés de 4% à 8% en Suisse. Dans le même temps, les taux hypothécaires sont restés inchangés ou ont même eu tendance à baisser, en particulier pour les hypothèques d’une durée de 2 à 3 ans. Comparés aux obligations, les placements immobiliers restent très attractifs et doivent être considérés à moyen terme comme une protection contre l’inflation. Les défis supplémentaires découlant de la situation du Credit Suisse sont désormais en grande partie surmontés. En termes de stratégie, une réorientation progressive de la gestion d’actifs immobiliers par UBS, est attendue.

En raison de la forte immigration et de la réduction importante dans les activités de construction, les appartements et les immeubles collectifs seront extrêmement rares et plus chers d’ici 1 à 2 ans. Dans de nombreuses communes, le taux de vacance est déjà inférieur à 1%. Cela laisse présager une crise du logement. Les politiques sont confrontés à un dilemme et n’ont malheureusement pas de solutions globales. Tous ces facteurs plaident en faveur d’une reprise du marché de l’immobilier indirect, et nos clients profitent de cette occasion pour augmenter leurs positions.

Malgré les incertitudes, vous lancez un nouveau groupe de placement, MV Swiiterra. Quelle en est la logique ?

Nous constatons que les investisseurs professionnels recherchent toujours des placements intéressants dans le domaine de l’immobilier indirect. Et ils misent clairement sur la durabilité. Nous voulons en tenir compte. Après le lancement du SSREI, le premier indice de durabilité indépendant pour les immeubles suisses en portefeuille, nous misons à nouveau sur ce thème. Avec ce groupe de placement, nous sommes en mesure de refléter l’évolution de la durabilité des fonds immobiliers. Les investisseurs disposent ainsi d’un instrument de diversification innovant.

Durabilité et placements immobiliers – quel impact pour le rendement ?

Je connais le reproche : la durabilité coûte cher. Ce n’est pas vrai. Bien sûr, le propriétaire immobilier doit d’abord investir, mais s’il a intégré les coûts dans son évaluation à long terme, cela n’entraîne pas de frais supplémentaires importants. D’autre part, si un immeuble répond aux critères de durabilité actuels, sa valeur et ses revenus ne seront pas réduits. Notre avis est clair : cela s’avère payant à long terme, tant en ce qui concerne l’attrait de la propriété que le rendement lui-même.

Roland Vögele

MV Invest

Roland Vögele est le fondateur et propriétaire de MV Invest, une société de conseil indépendante dont le siège se trouve à Zurich. Avec son équipe, ce romand d’origine conseille les investisseurs professionnels dans la mise en place et l’optimisation de stratégies d’investissement dans l’immobilier suisse. En tant qu’initiateur et co-organisateur du Salon suisse de l’immobilier pour les investisseurs, il met depuis plus de dix ans déjà à la disposition de la branche une plateforme d’échanges, qui permet aux professionnels de renforcer leur réseau. Roland Vögele est membre du comité de placement de la fondation de placement AXA, président de la DUFOUR Investment Foundation et président du conseil d’administration de SSREI, l’organisme de vérification du Swiss Sustainable Real Estate Index.

Marketplace

Solutions Real Assets

  • Interview Anthony Touboul
  • Co-fondateur et COO 
  • Smat

« Permettre à tous les acteurs des marchés privés d’interagir plus facilement »

Fintech lancée en 2020, Smat facilite la distribution d’instruments financiers non cotés tels que private equity, dette privée et actifs réels auprès d’investisseurs professionnels comme les gérants indépendants, les family offices et les banques privées. Un concept de marketplace d’autant plus pertinent dans des marchés qui prennent de plus en plus d’ampleur. Anthony Touboul en livre son analyse.

Francesco Mandalà

Comment les investisseurs professionnels  appréhendent aujourd’hui les marchés privés et les actifs alternatifs ?

Au cours des dernières années, le marché s’est accéléré et la classe d’actifs a suscité de plus en plus de convoitises. Beaucoup d’acteurs de la gestion privée ont fait face à une demande croissante de leurs clients, en particulier en ce qui concerne le private equity et la dette privée.

Bien qu’il s’agisse de belles sources d’opportunités, les tiers-gérants et les multi family offices restent toutefois prudents et leur exposition demeure limitée. La conjoncture actuelle y est pour beaucoup : les investisseurs redoutent les placements illiquides dans cette période trouble. Mais nous avons relevé d’autres obstacles qui expliquent leurs réticences, et notamment le fait que le marché soit très fragmenté et nécessite une grande technicité. Les tiers-gérants se retrouvent ainsi sur-sollicités avec des produits de qualité inégale, qu’ils ont du mal à analyser et à intégrer dans les portefeuilles de leurs clients.

Comment proposez-vous de résoudre cette problématique avec Smat?

Nous avons une offre globale orientée sur plusieurs axes. Elle se fonde sur une plateforme digitale sur laquelle sont listées plusieurs opportunités sélectionnées par notre comité d’investissement. Nous proposons en moyenne 2 à 3 opportunités par mois, fonds thématiques ou club deals.

La plateforme évolue constamment. Nous y intégrons de nouvelles fonctionnalités et bientôt un PMS dédié sera accessible grâce à notre partenariat avec Keesystem. En parallèle, nous organisons aussi plusieurs évènements physiques dans l’année qui rassemblent wealth managers et asset managers.

Quels sont les critères de sélection de votre comité?

Depuis la création de Smat, nous avons toujours travaillé “main dans la main” avec nos clients pour leur construire des solutions dédiées. Ils ont joué un rôle déterminant dans notre développement. Lorsqu’il a fallu sélectionner les premiers produits de la plateforme, nous nous sommes naturellement tournés vers eux pour avoir leur ressenti. C’est ainsi qu’ils ont rejoint ce comité. Ils sont tous spécialisés dans différents domaines – private equitz, private debt, immobilier – et leur rôle est de nous valider l’intérêt des produits proposés pour un tiers-gérant.

Les critères de sélection sont classiques, ils varient selon les produits mais comprennent la structuration, le profil de risque, le potentiel de rendement, les garanties, les hypothèses de sorties, la structure de frais, la performance ESG, etc.

Il ne s’agit pas d’une due diligence mais d’un sentiment de marché. En ce qui concerne la due diligence, nous avons établi un partenariat avec Grant Thornton qui propose des missions spécifiques à ce sujet.

Quels sont les derniers développements en cours chez Smat?

Nous sommes convaincus que les marchés privés ne sont pas un “effet de mode” mais un relais de croissance et une source de création de valeur à long terme. Nous mobilisons donc nos efforts sur le développement d’une large gamme de services personnalisés pour permettre à tous les acteurs de l’industrie d’interagir plus facilement. Nous proposons par exemple aux asset managers, qui référencent des produits sur la plateforme, d’augmenter leur capacité de distribution et de renforcer leur force commerciale grâce à une offre de third-party marketing. Nous avons constitué une équipe de spécialistes de la vente, qui assistent les asset managers dans le cadre de missions de commercialisation.

Par ailleurs, nous aidons également nos clients investisseurs à construire une stratégie d’allocation personnalisée afin d’améliorer leur exposition aux marchés privés. C’est notre offre “CIO as-a-service”. Elle permet à nos clients de s’adjoindre les services de professionnels reconnus ayant une expérience significative en banques privées ou family offices pour intégrer de manière optimale la classe d’actifs dans leur stratégie de gestion. Nous proposons également une offre de “Wealth Planner as-a-service” pour traiter les problématiques fiscales et juridiques.  Notre objectif est d’élargir progressivement cette gamme.

 Anthony Touboul

Smat

Anthony a débuté une carrière de fiscaliste en 2008 chez EY à Genève. En 2012 il a rejoint l’équipe fiscale de l’Etude d’avocats Schellenberg Wittmer puis Julius Baer en 2017 en qualité de directeur du wealth planning. Il est expert dans le domaine de la fiscalité suisse et internationale et a eu l’opportunité de conseiller une importante clientèle composée notamment de GFI, de banques privées, sur leurs enjeux – et ceux de leurs clients – en matière de planification fiscale ou patrimoniale. Fin 2019, Anthony a co-créé Smat où il est responsable du développement et de l’offre pour la communauté des gestionnaires de fortune.

Evergreen

Solutions Real Assets

  • Interview Fabrice Zosso
  • Co-fondateur et CEO 
  • SWISE

“Les marchés privés sont en croissance et au rattrapage, en Suisse comme en Europe”.

Fondés par Fabrice Zosso et Boris Cont, deux anciens de Partners Group, Swise se fond dans la mouvance des boutiques private markets qui veulent étendre la portée de ces classes d’actifs. Les fonds evergreen sont pour eux une solution idéale pour rendre le marché plus accessible.

Francesco Mandalà

Comment voyez-vous l’environnement actuel dans le domaine des marchés privés ?

Il offre de bonnes opportunités d’entrée sur le marché secondaire, avec des réductions de prix allant jusqu’à 20% pour les portefeuilles de haute qualité, ainsi que dans le domaine du crédit. Les taux d’intérêt variables sous-jacents en sont en grande partie la raison. Pour les transactions individuelles, tout dépend fortement du secteur et de la région concernés. Il vaut mieux préférer les entreprises ayant des cash-flows stables à long terme aux jeunes entreprises en croissance.

Avec quels gestionnaires travaillez-vous pour Swise ?

Nous travaillons seulement avec des gestionnaires qui ont une longue expérience dans la création et le développement d’entreprises. L’accent est mis sur la protection contre d’éventuelles pertes. La plupart des entreprises ciblées sont de taille moyenne à grande, avec une valorisation généralement comprise entre 1 et 5 milliards de dollars, des flux de trésorerie stables à long terme et des marges EBITDA élevées, supérieures à 15% (- au moins sur les cinq dernières années. Les secteurs résistants au stress comme la santé, les logiciels (SAAS) et les services sont actuellement surpondérés dans le portefeuille.

Par rapport aux États-Unis, le segment des marchés privés est moins développé en Suisse et en Europe. Voyez-vous ici un renversement de tendance ?

Les marchés privés en Suisse et en Europe prennent moins d’espace qu’aux États-Unis, mais ils sont en forte croissance et en train de rattraper leur retard. Si l’on considère qu’environ 90% des entreprises mondiales sont détenues par des particuliers, qu’il y a de moins en moins d’IPO rentables et que le S&P500 est dominé par sept entreprises, il n’y a plus d’autre alternative que d’intégrer les marchés privés dans toute allocation standard. Outre le private equity, les secteurs de l’infrastructure et du crédit privé connaissent une forte croissance et offrent une bonne protection contre l’inflation.

Pourquoi la demande de fonds evergreen augmente-t-elle ?

Les fonds evergreen rendent les placements sur le marché privé accessibles à davantage d’investisseurs professionnels et permettent d’augmenter encore l’allocation en private equity. Cela s’explique par les avantages qu’ils présentent lorsqu’on les compare aux produits classiques du marché privé. C’est le cas notamment de la liquidité et du dépôt. Dès le premier jour, les investisseurs sont investis à 100% dans un portefeuille global largement diversifié et le restent jusqu’à la décision de vente. Atteindre et maintenir un tel niveau d’investissement avec des fonds fermés traditionnels est un processus exigeant, que de nombreux investisseurs ne peuvent pas gérer eux-mêmes. Les autres avantages d’un fonds evergreen sont, outre le confort d’investissement, le steering régulier du portefeuille. Il est possible d’investir les nouveaux fonds ainsi que les distributions des placements sous-jacents dans d’autres secteurs ou entreprises en fonction de la situation actuelle du marché ou de les réaffecter afin de profiter des évolutions du marché.

Quelle est l’histoire de Swise?

Swise est un regroupement d’anciens collègues de Partners Group qui ont travaillé dans les secteurs de l’investissement, de la gestion de portefeuille ainsi que de la gestion privée. Voilà quelques années, lorsque Boris Cont et moi-même avons travaillé ensemble chez Partners Group puis dans un family office zurichois spécialisé private equity & dette, nous avons été confrontés à différents problèmes. Les principaux tenaient d’une part à des processus obsolètes qui nécessitaient beaucoup de papier et, d’autre part, au fait que les solutions d’investissement traditionnelles étaient souvent trop lourdes et complexes pour les clients institutionnels ou ceux de la gestion privée. Sur la base de la précieuse expérience que nous avons acquise auprès de nos employeurs et des solutions que nous avons nous-mêmes développées pour surmonter ces problèmes, nous avons décidé de créer notre propre société de gestion de fortune. De cette façon, nous pouvons proposer une solution d’investissement simple, accessible et avantageuse pour tous les types d’investisseurs. L’équipe se compose actuellement de sept personnes et en comptera dix d’ici la fin de l’année.

 

Fabrice Zosso

SWISE

Fabrice Zosso a dirigé diverses stratégies de produits et de développement commercial chez Partners Group. Il a ensuite rejoint l’équipe d’investissement de Petiole Asset Management à Zurich, où il était responsable de l’établissement des relations avec les principaux gestionnaires, avant de cofonder Swise en 2022 en tant que CEO. Fabrice Zosso est titulaire d’un Master en Banque et Finance de l’Université de Zurich et d’un Executive MBA de HEC Paris.