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« Le marché est toujours aussi diversifié et vivant »

SwissComply a été impliquée, et l’est toujours, dans quelques 150 processus d’autorisation. Certains de ses clients sont déjà engagés dans les premières révisions prudentielles. Stefan Baumann en profite pour revenir sur quelques-unes des surprises que réserve le nouveau régime ainsi que sur la tendance accrue à l’externalisation du contrôle des risques et de la compliance.

Comment avez-vous vécu cette “première année” placée sous le nouveau régime de la FINMA?
Très difficile. SwissComply a été et est toujours impliquée dans environ 150 demandes d’autorisation. C’est un défi de taille pour une entreprise d’à peine 30 collaborateurs. De plus, 200 gestionnaires suisses externalisent la conformité et la gestion des risques auprès de SwissComply. Une cinquantaine de ces gestionnaires sont encore en cours de procédure d’autorisation et n’ont pas encore commencé à externaliser la fonction de conformité et de gestion des risques. Sur ce point également, notre entreprise attend encore beaucoup de travail dans les prochains mois.

Où voyez-vous les plus grands challenges ?
Pour les nombreux gérants de fortune déjà autorisés selon l’art. 17 LFIN, que nous pouvons compter parmi nos clients externalisés, les premières révisions prudentielles ont certainement constitué un vrai défi. Les clients de SwissComply travaillent avec une vingtaine d’organes de révision différents et avec les cinq organisations de surveillance – bien que la FINMA prescrive le programme de contrôle, les différentes organisations de surveillance et les réviseurs mettent l’accent sur des points différents. Le travail de préparation s’avère donc difficile. Bien sûr, nous essayons d’utiliser au mieux nos économies d’échelle lors de la préparation de la révision et nous sommes également prêts à défendre les intérêts de nos clients auprès des organes de surveillance si nous estimons que ces intérêts sont justifiés.

Quelle a été, selon vous, la grande surprise que ce nouveau régime a pu réserver?
Alors que l’on a régulièrement prédit la disparition du marché des gestionnaires de fortune au cours des dix dernières années, je suis agréablement surpris et heureux de voir à quel point ce marché est toujours aussi diversifié et vivant. En 2024, nous pouvons déjà accompagner plusieurs startups sur la voie de l’indépendance. Le marché des EAM est très animé! Beaucoup de gérants déjà autorisés ont une taille assez réduite – la médiane en termes d’encours est de 60 millions de francs. Ce qui est devenu clair après l’étude de la LSFin/LEFIn, du moins en théorie, se vérifie : la nouvelle réglementation n’est pas un obstacle pour les micro-entreprises avec un bon modèle d’affaires et des risques gérables. J’ai en outre été agréablement surpris de voir à quel point le processus d’autorisation est bien rodé: les gestionnaires de fortune disposant d’un modèle d’affaires ciblé et d’une substance suffisante parviennent en général à passer le processus d’autorisation en deux étapes, de manière efficace et pragmatique.

Pour de nombreux gérants de fortune, l’importance accordée à la gestion des risques dans le processus d’autorisation et dans le cadre de l’audit réglementaire devrait être inhabituelle. Est-ce aussi votre avis ?
Oui, le régulateur exige des gestionnaires de fortune qu’ils mettent en place un système de contrôle interne dit efficace. Efficace signifie que les contrôles ont un effet modérateur sur les domaines à risque d’une entreprise, qui sont gérés par la fonction de gestion des risques. En outre, l’accent sera mis à l’avenir sur la gestion des risques de marché, de crédit et de liquidité, notamment dans le cadre de la gestion de fonds d’investissement propres. Dans ce contexte, le marché de la gestion de fortune devra attirer davantage de risk managers expérimentés.

La séparation des fonctions, c’est-à-dire le renforcement du contrôle des risques et de la compliance à partir d’une certaine taille, est un grand sujet pour de nombreux gestionnaires de fortune. Comment envisagez-vous cette gageure ? Où l’externalisation de ces fonctions est-elle judicieuse ?
Une grande majorité des quelques 1000 gestionnaires de fortune autorisés jusqu’à présent ont dû, en raison de la taille de l’entreprise ou des risques liés au modèle d’affaires, séparer sur le plan organisationnel la fonction de contrôle des risques et de compliance des fonctions orientées vers le rendement. Environ la moitié de ces gestionnaires de fortune ont entre-temps externalisé ces fonctions de gestion des risques et de compliance. Je pense que cette tendance à l’externalisation va encore se renforcer. En effet, les exigences posées à la fonction de contrôle des risques et de compliance sont très élevées et de nombreux gérants de fortune ont du mal à nommer une personne adéquate en interne. En outre, la décision d’externaliser est souvent liée à des considérations économiques – une externalisation est souvent nettement plus avantageuse qu’une personne dédiée en interne. Mais il y a bien sûr aussi des raisons d’internaliser la conformité et le contrôle des risques – c’est en général le cas pour les très grands gestionnaires de fortune.

Biographie

Stefan Baumann

Stefan Baumann est CEO chez SwissComply, une entreprise de conseil et de services pour les gestionnaires de fortune indépendants. Auparavant, il a travaillé pour la société de conseil suisse Geissbühler Weber & Partner, où il était responsable du business development ainsi que du secteur d’activité “Gestionnaires de fortune externes”. Il a passé également douze ans au Credit Suisse, principalement dans le domaine des gérants de fortune indépendants. Stefan Baumann est titulaire d’une licence en sciences économiques de l’Université de Zurich et il a obtenu la certification Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA).

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