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« Des performances positives et rassurantes pour les gérants suisses en 2023 »

En 2023, les gestionnaires de portefeuille suisses ont réussi à obtenir des résultats qui se veulent dans l’ensemble satisfaisants. C’est ce qu’il ressort de l’analyse des indices Performance Watcher, ainsi que le souligne Nicholas Hochstadter. Les portefeuilles libellés en franc suisse ont toutefois marqué le pas vis-à-vis de l’euro et du dollar.

Sur la base des indices Performance watcher, comment se sont comportés les gérants suisses en 2023 ?

A fin décembre, L’indice Low Risk en CHF affichait un rendement de +2,70%, avec une volatilité de 4,00 %. Le Mid Risk en CHF s’élevait pour sa part à +3,27% pour une volatilité de 5,73 %. Enfin, le High Risk en CHF a terminé avec un rendement de +3,80% pour une volatilité de 7,87 %. Je rappelle que les calculs des indices Performance Watcher se basent sur les données quotidiennes provenant de plus de 15’000 portefeuilles, avec des encours qui approchent les 50 milliards de francs.

Ces performances positives sont rassurantes, car elles se situent au-dessus du taux sans risque, ce qui n’était pas gagné d’avance. Les turbulences qui ont secoué les marchés pendant l’été, jusqu’à la mi-octobre, ont pu être canalisées dans une direction positive grâce à l’impressionnant rallye de fin d’année. Dans les autres monnaies de référence, les performances par rapport au franc suisse sont assez remarquables.

Dans quelle mesure ?

Je prends l’exemple du Mid Risk. Il s’agit d’un portefeuille dit « équilibré », composé en général de 50 % d’actions et de 50 % d’obligations. En CHF, il a donc généré +3,27%. Un profil similaire en euros a généré un rendement de 8,16 % et, en dollars, il a poussé à + 10,7 %. Les performances en CHF sont plus modestes pour plusieurs raisons. Tout d’abord le franc suisse s’est fortement apprécié contre le dollar, de +9.8%, le yen, de +18.3%, et l’euro, de +6.5%, ce qui a réduit la performance des actifs dans ces devises, qui ne sont que partiellement couvertes. Le marché suisse a terminé 2023 en retrait par rapport aux principales bourses européennes, le SMI n’a progressé que de 3,8 %. En revanche, le Nasdaq américain a gagné 44,5 % en dollar l’année dernière et le S&P 500 près de 25 %. En Europe, de nombreuses places ont bouclé l’année avec des gains compris entre 15 % et 30 %.

Quels sont les points qui vous paraissent les plus marquants dans l’analyse que vous faites de ces indices ?

Il faut bien évidemment souligner la réduction importante de la volatilité en 2023, par rapport à 2022, qui est due autant à une compression de la volatilité des marchés qu’à une normalisation de la diversification dans les portefeuilles.

Il est également intéressant de constater que les rendements des différents indices Performance ne diffèrent pas entre eux de manière significative. Le risque plus élevé qui accompagne d’ordinaire une stratégie davantage orientée sur les actions n’a généré finalement qu’une prime assez limitée, de juste 1 % en CHF par exemple.

Pour s’en tenir aux investissements à proprement parler, un thème a émergé avec force : l’intelligence artificielle. Les gérants qui ont ignoré ce thème se sont privés d’importantes contributions au rendement. L’an passé, les performances se sont concentrées sur les Magnificent Seven – Alphabet, Amazon, Apple, Microsoft, Meta, Tesla et Nvidia – qui représentent désormais près de 15 % du MSCI World, et ont généré en moyenne une performance de +107%. A elles sept, ces entreprises ont assuré les deux tiers des gains du S&P 500. Cela dit, beaucoup de gérants, en même temps que leurs clients, trouvent que le poids de ces actions dans l’indice est trop élevé pour votre leur portefeuille et sont donc sous-pondérés. Rien d’étonnant donc à ce que la fin 2023 se soit à nouveau distinguée par un écart énorme dans les rendements sectoriels, de l’ordre de 50 %, avec la technologie très au-dessus du lot.

Je terminerai avec un point rapide sur la Suisse.  Le « home bias », autrefois tant vanté, qui protégeait les investisseurs grâce au caractère défensif de ses trois valeurs phares, n’a rien produit l’an passé. Les secteurs défensifs largement représentés dans les larges caps suisses ont dû céder le pas aux techs américaines.

Nicholas Hochstadter

Performance Watcher

Avant de créer Performance Watcher en 2005, Nicholas Hochtadter a travaillé au Credit Suisse comme portfolio manager puis à la banque Ferrier Lullin où il dirigeait le portfolio management discrétionnaire. Au Credit Suisse, il a eu sous sa responsabilité le projet PMnet qui consistait à créer et à mettre en oeuvre un système totalement automatisé pour le processus d’implémentation du portfolio management. Avec Performance Watcher, il a voulu replacer ces modèles d’évaluation de la gestion de portefeuille dans une configuration plus accessible pour les clients.

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