Autorité
Marianne Bourgoz Gorgé
FINMA
La phase transitoire touche à sa fin
Membre de la direction, cheffe de la division Asset Management
Avec plus de 86% des requêtes traitées à la fin juillet, le processus d’autorisation des gestionnaires de fortune et trustees arrive bientôt à son terme. La FINMA s’appuie désormais sur les organismes de surveillance pour assurer la surveillance courante.
Le processus d’autorisation pour les établissements actifs avant l’entrée en vigueur de la LEFin et bénéficiant du délai transitoire arrive bientôt à son terme. Fin juillet 2024, plus de 86% des requêtes en autorisations ont en effet pu être traitées. Ce processus a permis à la FINMA de renforcer l’organisation des gestionnaires de fortune et des trustees actifs sur le marché suisse, notamment en veillant à l’instauration ou à la formalisation de contrôles et de processus. L’autorisation délivrée par la FINMA pour les gestionnaires de fortunes et les trustees est considérée comme un gage de qualité. Ce processus d’autorisation a également contribué à assainir le marché financier suisse. En effet, certains acteurs n’ont pas été en mesure de satisfaire aux exigences légales d’autorisation, les obligeant ainsi à se réorganiser, en cessant par exemple toute activité de gestion de fortune sujette à autorisation.
Point de situation sur les requêtes d’autorisation et de modification
La FINMA avait reçu 1699 demandes d’autorisation au 31 décembre 2022. Fin juillet 2024, 86.5% des demandes d’autorisation déposées avant la fin du délai transitoire avaient été autorisées ou fait l’objet d’une décision négative voire d’un retrait de la part de l’institut. Les demandes d’autorisation des établissements restants ont été attribuées pour traitement à l’interne en 2023 déjà. Le délai de traitement des demandes d’autorisation des établissements restants s’allonge, à l’image de la complexité de leurs modèles d’affaires et à la qualité de la documentation qui accompagne le dossier. Les délais de réponse des établissements restants sont également une source de prolongation du temps de traitement d’une demande d’autorisation et ce, malgré un suivi rigoureux et la mise en place d’un processus standardisé de rappel de la part de la FINMA.
La FINMA a par ailleurs reçu plus d’une centaine de nouvelles demandes d’autorisation depuis le 1er janvier 2023. Parallèlement aux demandes d’autorisation, les gestionnaires de fortune et les trustees déjà autorisés lui soumettent également chaque mois plus d’une centaine de modifications. En effet, toute modification des conditions d’autorisation qualifiée de significative doit être signalée à l’OS et à la FINMA. Elle nécessite donc une autorisation préalable de la FINMA. Ces modifications touchent aussi bien la partie organisationnelle des établissements que leur gouvernance. Le traitement de ces modifications représente une mobilisation des ressources importante, néanmoins nécessaire dans la mesure où les conditions d’autorisation prévues par la loi doivent être respectées en permanence.
La FINMA privilégie une approche fondée sur les risques dans sa procédure d’autorisation
Dans le cadre des demandes d’autorisation, la FINMA évalue les modèles d’affaires en utilisant une approche basée sur les risques, selon le principe de proportionnalité. Plus le modèle d’affaires présente des risques importants, plus l’analyse sera approfondie. La FINMA a également identifié certains risques accrus nécessitant généralement une séparation des fonctions de contrôle (Risk & Compliance) des activités génératrices de revenus. Parmi ces risques accrus figurent notamment la gestion d’actifs de plus d’un milliard de francs suisses et la gestion de placement collectifs de capitaux de minimis ou d’institution de prévoyance.
Des risques spécifiques sont aussi associés à la réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ainsi qu’au respect des sanctions, notamment pour les modèles d’affaires avec une clientèle étrangère importante utilisant des banques dépositaires à l’étranger. De plus, les prestataires de services financiers doivent prêter une attention particulière aux risques liés aux conflits d’intérêts et à l’utilisation de procurations illimitées.
Actuellement, la majorité des établissements autorisés présentent un ou plusieurs de ces risques accrus. Le processus d’autorisation permet aux établissements en collaboration avec leurs organismes de surveillance et la FINMA, de formaliser des mesures d’atténuation des risques identifiés, grâce à des mesures organisationnelles appropriées.
L’évolution de l’externalisation des tâches en matière de Risk & Compliance
Dans le cadre du processus d’autorisation, la FINMA a constaté que plus de la moitié des établissements autorisés externalisent leurs fonctions de contrôle (Risk & Compliance) à des prestataires de services externes. Par conséquent, ces prestataires font l’objet d’une attention particulière de la part de la FINMA, notamment du fait qu’ils sont responsables de la deuxième ligne de défense des établissements. Toutefois, il convient de préciser qu’il n’existe pas de base légale pour une reconnaissance ou une certification des prestataires de services actifs dans le domaine financier par la FINMA.
Tenant compte des externalisations effectuées par les établissements autorisés, qui restent responsables de leur choix quant à la délégation des fonctions de contrôles et de la qualité et de la pertinence des contrôles réalisés par les prestataires, il se dessine une tendance vers une concentration des mandats de délégation entre les mains d’une vingtaine de prestataires. Etant donné que de nombreux gestionnaires de fortune et trustees font appel à ces prestataires, il est indispensable que ceux-ci possèdent les compétences et les ressources nécessaires, notamment au niveau du risque, pour mener à bien leurs missions. Cela permet de respecter les exigences légales et de garantir l’indépendance souhaitée des fonctions de contrôle mentionnées ci-dessus.
La surveillance courante par les organismes de surveillance
Dans le cadre de leur surveillance courante (y compris l’activité d’audit), les gestionnaires de fortune et les trustees autorisés sont surveillés par les organismes de surveillance, en fonction des risques identifiés dans leur modèle d’affaire. Pour chaque entité surveillée, ils appliquent des mesures de surveillance proportionnées au niveau du risque évalué, en attribuant un rating individuel basé sur l’analyse des rapports d’audit et d’autres outils de surveillance courante. Cette évaluation des risques est dynamique, permettant aux organismes de surveillance de la modifier à tout moment si nécessaire.
La FINMA intervient en dernier recours, lorsque l’organisme de surveillance ne parvient pas à rétablir l’ordre légal ou à corriger des violations graves du droit de la surveillance et des irrégularités après avoir utilisé tous les outils de surveillance à sa disposition. Dans un tel cas, l’assujetti passe en surveillance intensive auprès de la FINMA qui imposera des mesures et sanctions d’enforcement à son encontre afin de rétablir l’ordre légal. La FINMA est également compétente pour approuver toute modification des conditions d’autorisation après l’octroi de celle-ci (comme mentionné ci-dessus) et pour l’octroi des autorisations aux organismes de surveillance, ainsi que de leur surveillance.
Ce modèle de surveillance dual exige une coordination étroite entre la FINMA et les cinq organismes de surveillance. L’échange d’information entre la FINMA et les organismes de surveillance permet à ces derniers d’exercer leur surveillance courante et de mettre en œuvre les prescriptions de la FINMA concernant la surveillance des gestionnaires de fortune et des trustees. En effet, la FINMA impose des directives uniformes aux organismes de surveillance dans le cadre de la mise en œuvre de leur activité de surveillance pour éviter un arbitrage de surveillance entre les cinq OS.
Désormais, la phase transitoire et la régularisation des instituts actifs avant l’entrée en vigueur touche à sa fin et laisse la place au modèle de surveillance à deux niveaux. La profession s’appuie alors sur les organismes de surveillance pour garantir le maintien du renforcement organisationnel, financier et personnel des gestionnaires de fortune et de trustees, conformément au cadre juridique, par une surveillance courante adéquate. Les organismes de surveillance jouent donc un rôle central dans le système de surveillance dual, ces derniers étant le premier point de contact pour les gestionnaires de fortune et trustees.
Marianne Bourgoz Gorgé
FINMA.
Marianne Bourgoz Gorgé a rejoint la FINMA en septembre 2022 en tant que cheffe de la division Asset Management et membre de la direction de la FINMA. Elle a commencé sa carrière en 1999 dans la division Risk Management de Credit Suisse First Boston à Zurich. En 2002, elle a rejoint UBS à Zurich où, après deux ans au sein de l’équipe Group Issuer Risk, elle a passé plusieurs années en charge du contrôle des risques de UBS Group Treasury en tant que directrice exécutive et cheffe d’équipe. Elle a ensuite occupé pendant huit ans le poste de Group Chief Risk Officer à la Banque Cantonale de Genève. Marianne Bourgoz Gorgé est titulaire d’un Master en mathématiques de l’EPFL.
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1254 autorisations délivrées à des gestionnaires de fortune et des trustees.
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1699 demandes d’autorisation ont été déposées en 2022, auxquelles se sont ajoutées 78 demandes en 2023. A la fin du mois de février, 1254 autorisations ont été accordées, 1246 pour des gestionnaires de fortune, 76 pour des trustees, et 8 pour des sociétés mixtes.
Les derniers chiffres relatifs à la procédure d’autorisation pour les gestionnaires de fortune et les trustees permettent de dresser un nouveau bilan, un an après la mise en application de la LSFin/LEFin. Fin 2022, les institutions concernées étaient tenues de s’enregistrer conformément aux nouvelles lois. 1699 demandes d’autorisation pour les gestionnaires de fortune et les trustees avaient alors été déposées. En 2023, 78 demandes supplémentaires sont venues s’y ajouter. Fin 2023, 1149 établissements étaient autorisés selon la Finma. D’après les derniers chiffres, ils étaient 1254 à la fin février – dont 1246 gérants de fortune, 76 trustees et 7 établissements actifs à la fois comme gérants de fortune et comme trustees. Au 31 décembre 2023, 63 des 1699 demandes d’autorisation reçues en 2022 ont été retirées.
Les explications de la Finma dans son communiqué de surveillance paru début février sont intéressantes. Elles portent sur la taille des entreprises autorisées et leur structure. La majorité des gestionnaires de fortune et des trustees autorisés sont des micro-entreprises ayant la forme juridique d’une société anonyme et employant moins de trois personnes à plein temps. Au total, ces établissements gèrent un montant total de 216 milliards de francs. En outre, plus de la moitié des gestionnaires de fortune et des trustees ont externalisé des fonctions de compliance et de gestion des risques. La Finma précise que les prestataires en charge de ces fonctions ne sont pas directement surveillés. Elle considère toutefois qu’il est de son devoir d’évaluer l’organisation des établissements soumis à autorisation. Et cela comprend à la fois t l’externalisation et la délégation à des partenaires.
Il existe des chiffres sur les coûts de la procédure, qui doivent être supportés par les établissements : En moyenne, la FINMA a facturé des frais de 6’411 francs par procédure d’autorisation.
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Cédric Roland-Gosselin a quitté le costume de banquier, qu’il portait chez Degroof Petercam, pour endosser celui de gérant indépendant. Avec ses associés, Carine Arieh et Jasper de Raadt, il a choisi cette voie pour mieux répondre aux attentes de ses clients.
Que regrettez-vous de vos années de banquier ?
Je ne suis pas nostalgique de caractère. « C’était mieux avant » n’est pas le genre d’appréciation qui me correspond. Je dirais juste qu’il fut un temps où les choses étaient différentes, moins normées, moins pointues. Aujourd’hui, les éléments – régulatoires, concurrentiels, technologiques – nous obligent à répondre de manière plus agile à des demandes toujours plus exigeantes.
Si vous ne vous y adaptez, vous allez regarder passer le train. Mais ce n’est pas nécessairement propre à notre métier. Les clients s’engagent dans des interactions plus rapides, ils sont mieux informés et ils comparent davantage. Ils attendent de nous des échanges plus conséquents, des performances plus élevées et de la transparence. Nous sommes-là pour répondre à leurs attentes tout en maintenant le fond au-delà de la forme. Il faut que nous conservions l’humain et la confiance sur la durée. C’est l’essence même de notre métier.
Quelles étaient vos priorités au lancement d’Arode ?
Nous voulions mettre en place une organisation conforme aux besoins exprimés par certains de nos clients. Eux comme nous ont pu profiter de l’équipe formée au lancement d’Arode. Carine Arieh, Jasper de Raadt et moi-même avons travaillé ensemble chez Degroof Petercam en Suisse. Nous nous connaissons très bien et nos complémentarités sont pour Arode une vraie force. J’ai deux passions sportives : la voile et le rugby. Ce sont deux sports où réunir des athlètes de bon niveau est moins important que de faire travailler ensemble des profils très différents, des avants et des trois-quarts ou des skippers et des winchers.
Il y a aussi le temps, la durée, le long terme sur lesquels nous voulons nous inscrire pour grandir harmonieusement. Le mot harmonie inclut pour moi les notions de cohérence, de confiance et d’esprit d’équipe. Je vous donne un exemple. Nous avons regardé plusieurs dossiers pour d’éventuelles acquisitions ou associations parce que le marché se consolide, mais nous n’avons pas donné suite, car nous n’avons pas vocation à devenir une plateforme de gérants.
Arode est formée aujourd’hui par une équipe qui se connait bien et qui sait travailler ensemble. Nous avons une gestion cohérente et une ligne directrice claire.
Du temps de Degroof Petercam, quel regard portiez-vous sur le métier de GFI ?
Je ne voyais pas forcément leur utilité en raison de la manière dont nous servions déjà nos clients à l’époque. Je ne pensais pas que ce métier allait durer. C’est d’ailleurs ce qui était annoncé depuis dix ans, avec la consolidation ou la disparition des indépendants.
En quoi ce regard a-t-il changé aujourd’hui ?
Nous avons vu les choses évoluer du côté des gérants comme du côté des banques. Les GFI sont désormais régulés par la FINMA et l’offre bancaire a changé. Ces deux développements se sont produits en même temps et ils ont modifié l’offre pour les clients.
Pour des raisons que je comprends, même si je le regrette, les banques se concentrent davantage sur leurs Produits que sur leurs services. Elles ont la pression du résultat trimestre après trimestre, de la simplification à outrance et du soin attentif à éviter toute dérogation au cadre général.
Ces transformations ont eu lieu aussi en France et en Belgique, deux marchés où les gérants indépendants se sont fait leur place.
Finalement, notre rôle est de donner du sens à la relation entre le client et son patrimoine, de les guider dans sa gestion, de l’orienter dans les relais de génération, de le conseiller dans la cession de leur entreprise. Ce sont des tâches que les banquiers assumaient par le passé. C’est moins facile pour eux aujourd’hui dans la mesure où leur activité est devenue plus compartimentée et limitée.
En revanche, en tant que gérant, nous pouvons trouver des solutions parce que nous fonctionnons en architecture ouverte avec un plus grand nombre de prestataires.
Où avez-vous porté plus particulièrement votre attention lorsque vous avez lancé Arode ?
Le lancement d’Arode en 2020, au moment du covid, qui plus est après 25 ans de parcours dans de groupes internationaux, était tout sauf simple. Mais les évènements nous sont parfois imposés et nous avons su gérer. Nous avons pu mettre en place une organisation solide pour nos clients, avec des partenaires fiables et réactifs, « aussi vite que possible et aussi lentement que nécessaire », comme l’a dit un jour Alain Berset !
Cédric Roland-Gosselin
Arode
Cédric Roland-Gosselin a été le CEO de Banque Degroof Petercam Suisse de 2011 à 2020, ainsi que membre du conseil d’administration de Banque Degroof Petercam France et Banque Degroof Petercam Espagne. Il a acquis une expertise bancaire complète au sein du groupe ING en France, Belgique et Luxembourg de 1998 à 2010. Il détient le diplôme d’ingénieur commercial de l’Université Catholique de Louvain.
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Associé, Global Head of EAM
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