Transparence
Patrick Müller
Zwei Wealth
« Élargir le cadre, aller bien au-delà de l’habituel portefeuille Balanced »
En 2024, tant le cycle de croissance que le cycle de politique monétaire des banques centrales promettent de bonnes opportunités pour les fonds obligataires des marchés émergents. C’est ce qu’il ressort de l’analyse proposée par Ray Jian.
Commençons par un bref retour en arrière : Pour renforcer leur crédibilité, de nombreuses banques centrales de pays émergents ont devancé la Fed en 2021 et ont resserré leur politique monétaire à un stade précoce. Elles ont ainsi pu maintenir l’inflation sous contrôle. Aujourd’hui, l’inflation est stable dans de nombreux pays émergents, de sorte que de nombreuses obligations de pays émergents offrent des rendements réels élevés. En 2024, il existe toujours des banques centrales dans les pays émergents qui sont prêtes à entamer leur cycle de resserrement. Toutefois, personne ne souhaite aujourd’hui commencer avant la Réserve fédérale américaine. Si la Fed baisse ses taux dans les prochains mois, le cycle de baisse des taux devrait toutefois s’accélérer dans les pays émergents également. Dans cette mesure, le plus grand risque pour les investisseurs n’est pas un éventuel atterrissage brutal, mais une accélération de la croissance aux Etats-Unis et une baisse de l’inflation plus lente que prévu.
Le Brésil et la Chine font ici figure d’exception, car ils ont déjà commencé à baisser leurs taux d’intérêt. Toutefois, le rythme du resserrement est nettement plus modéré au Brésil, tandis que la Chine agit plutôt de manière détachée du cycle mondial.
Dans l’ensemble, les pays émergents devraient à nouveau montrer leurs muscles en 2024 et atteindre des taux de croissance compris entre 3 % et 3,5 %. En comparaison, les pays industrialisés ne seront guère en mesure de suivre ce rythme. Nous pensons même que nous verrons en 2024 un pic de cinq ans dans l’écart de croissance entre les deux blocs.
Focalisation sur l’Amérique latine
L’Amérique latine reste aujourd’hui la région préférée de nombreux investisseurs. Le Mexique, le Brésil et surtout l’Argentine présentent à nos yeux les plus grandes opportunités de rendement. Les ambitions du nouveau président Javier Milei de réduire les dépenses publiques, de restreindre la politique monétaire et de relancer les ventes d’hydrocarbures plaident peut-être davantage en faveur de l’Argentine.
Avec un pays comme l’Argentine, il faut toutefois noter que le point d’entrée doit être choisi avec soin. L’obligation se négocie toujours à 35 cents par dollar et paie toujours le coupon. Le carry est donc à deux chiffres. Il est tout à fait possible que l’obligation monte à 50 cents par dollar si Milei parvient à mener à bien ses réformes et à faire passer la balance commerciale dans le vert. Toutefois, la volatilité est élevée et il existe des risques réels que les réformes ne puissent pas être mises en œuvre comme prévu.
Dans le cas du Brésil et du Mexique, des changements structurels soutiennent aussi la thèse de l’investissement. Le Brésil est devenu plus fort depuis la crise grâce aux mesures rapides prises par sa banque centrale. De plus, la croissance y dépend actuellement plus de facteurs internes qu’externes. En parallèle, la tendance des États-Unis à réorienter les chaînes d’approvisionnement et à réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine joue en faveur du Mexique.
Des élections auront lieu en 2024 dans de nombreux pays émergents. Toutefois, le résultat des élections présidentielles aux États-Unis est plus important que ces dernières. Ainsi, l’élection de Donald Trump pourrait assombrir les perspectives de nombreux marchés, à l’exception du Mexique.
Autant dire, en fin de compte, qu’il est temps de dissiper la perception négative qu’ont pu avoir les obligations émergentes ces dernières années.
Ray Jian
Amundi
Ray Jian est gestionnaire de portefeuille au sein de l’équipe Emerging Market Fixed Income Il co-gère les fonds Amundi Emerging Markets Bond Fund et Emerging Markets Sovereign Bond Fund. Ray Jian a débuté sa carrière en 2007 en tant qu’analyste crédit au sein de l’équipe Fixed Income de la Bank of China, à Londres. Il y était responsable de l’analyse crédit fondamentale et de la recherche sur les valeurs financières et les entreprises en Asie, aux Etats-Unis et en Europe.
Bien décidée à développer encore son écosystème, KeeSystem s’est associée à Sopiad pour proposer à ses clients, gérants de fortune, family offices et banques privées, des outils d’analyse et de reporting ESG. Un changement de dimension expliqué par David Crépin.
En quoi consiste le partenariat que vous avez conclu avec Sopiad?
KeeSystem inclut désormais les notations ESG – centrées clients – de Sopiad, dans KeeSense, son logiciel de gestion de portefeuilles. Nous offrons ainsi des outils d’analyse, de consolidation et de reporting des investissements ESG. Nous avons en effet intégré Safir, la solution de diagnostic de Sopiad, de manière fluide et directe, dans KeeSense. Nos utilisateurs bénéficient d’une expérience simplifiée, avec un accès immédiat au service de Sopiad, sans avoir besoin d’une connectivité supplémentaire.
Quelles raisons ont mené à ce partenariat ?
Pour KeeSystem, nous voulions vraiment rendre plus facile – et plus fiable – la gestion, la consolidation et le reporting ESG pour nos clients, qu’ils soient gérants de fortune ou family offices.
Vous parlez d’expérience simplifiée. En quoi consiste-t-elle pour le gérant ?
Elle se déroule en deux temps. Tout d’abord, depuis le portefeuille du client, le gérant accède au questionnaire Sopiad ESG afin de capturer ses préférences en matière de durabilité. Le questionnaire a été conçu de manière à répondre parfaitement à la réglementation MIFID et d’augmenter la dimension client centric. Plusieurs informations sont collectées : contributions durables, principales incidences négatives, objectifs de développement durable.
Une fois le profilage ESG finalisé, un diagnostic et un rapport d’adéquation du portefeuille du client sont générés sur base de ses préférences ESG.
Avec la solution Sopiad, le gérant peut réaliser différentes simulations de réallocation du portefeuille pour améliorer l’adéquation avec ces préférences.
Tout se décide en quelques clics ! Depuis KeeSense, le gérant accède à la plateforme Sopiad grâce à 2 nouveaux onglets, l’un pour déterminer le profil ESG du portefeuille, et l’autre pour obtenir le diagnostic ESG.
Les informations sont envoyées par API vers la solution Sopiad. En retour, le gérant récupère le profil ESG de son client avec les trois critères et le rapport d’adéquation du portefeuille, sans avoir à changer d’écran ou de fenêtre. Nous avons rendu le processus très fluide.
Quels intérêts vont-y trouver les gérants vous, selon vous ?
La solution que nous avons développée avec Sopiad va leur permettre d’ajouter une nouvelle dimension à leurs travaux. Dans les analyses de portefeuilles, ils vont maintenant passer du duo habituel risque/rendement au trio plus abouti risque/rendement/durabilité. Grâce à cette évolution, ils vont pouvoir apporter une couche de personnalisation supplémentaire à leur gestion.
Et quel est l’intérêt de ce partenariat pour KeeSystem ?
Il nous permet de combiner différents savoir-faire. Le métier de KeeSystem est de consolider en matière de consolidation des données financières. Celui de Sopiad est son approche innovante et scientifique dans le domaine du profilage des préférences durables, du diagnostic et du monitoring ESG des portefeuilles. Avec ce partenariat, KeeSystem entend montrer une nouvelle que nous avons pour vocation de développer un écosystème capable de générer des solutions de pointe pour tous nos clients. Nous voulons prendre suffisamment d’envergure pour proposer des produits et services qui surpassent les attentes du marché.
David Crépin
KeeSystem
David Crépin est directeur du développement et des relations clients chez KeeSystem, l’éditeur de logciel qu’il a rejoint en 2011. David a passé en tout 25 ans dans l’industrie du logiciel dont 15 ans dans celui de la fintech. Il est ingénieur en informatique, diplômé de l’ISTY de Versailles.
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Le marché de la dette hybride européenne a connu une correction importante au cours des dernières années. Des politiques monétaires plus restrictives et la hausse des taux ont eu sur lui des effets négatifs. Cependant, les opportunités restent entières pour les investisseurs, car la majorité des émetteurs assureront les remboursements, comme l’explique Corrrado Varisco.
Pour rappel, les hybrides combinent les caractéristiques des obligations et des actions. Les agences de notation les considèrent comme moitié dette et moitié actions, leur appliquant le concept de « equity content ». La dette hybride peut être rappelée par l’émetteur à sa discrétion, lorsqu’un délai minimal de 5 ans s’est écoulé après son émission. L’émetteur paie un coupon fixe jusqu’à la première date de call. Si elle n’est pas remboursée par l’émetteur, le coupon est réinitialisé au taux de swap majoré du spread auquel l’hybride a été émis. L’émetteur a la possibilité de suspendre ou de différer le paiement des coupons sous certaines conditions sans déclencher d’événement de défaut. Cela dit, les coupons sont usuellement cumulatifs.
De nombreuses émissions hybrides approcheront leur date de remboursement (call) au cours des prochaines années. Plus de la moitié de la valeur notionnelle des hybrides en circulation sera rachetable jusqu’en 2026. Les émetteurs devront décider s’ils souhaitent refinancer, racheter ou prolonger ces titres. Nous pensons que la majorité des émetteurs optera pour le refinancement.
Pour l’émetteur, les avantages d’émettre des hybrides sont plutôt évidents : coûts moins élevés qu’une introduction en bourse ou une augmentation de capital, possibilité de déduire fiscalement les versements de coupons et soutien à la notation des obligations « senior », grâce au concept de « equity content ». Ce dernier facteur est essentiel pour soutenir la thèse selon laquelle la majorité des émetteurs optera pour le refinancement de leurs hybrides.
Même si d’un point de vue purement économique, il serait avantageux de ne pas refinancer cette dette hybride, nous pensons que d’autres caractéristiques clés de ce type d’instrument prévaudront et encourageront la majorité des émetteurs à suivre cette voie à la première date de call.
Tout d’abord, pour les émetteurs d’hybrides avec des solides notations investment-grade, la prolongation après la première date de rachat soulèvera probablement des inquiétudes quant à leur crédibilité, poussant à la hausse les coûts d’emprunt. Deuxièmement, refinancer la dette hybride en émettant des obligations senior, moins coûteux, pourrait paraître une stratégie judicieuse. Toutefois, cela entraînerait un ré-endettement des bilans, exerçant une pression à la hausse des coûts d’emprunt. Étant donné que les agences de notation traitent les hybrides à hauteur de 50 % en actions (equity content), les émetteurs réguliers dotés de bilans solides sont clairement incités à refinancer, même à des taux plus élevés.
L’univers des hybrides est dominé par les Utilities, pour un tiers de l’indice, suivi par l’énergie (18 %), les télécommunications (14 %), l’automobile (10 %) et l’immobilier (10 %). À l’exception de l’immobilier, les autres secteurs sont fondamentalement solides. On remarque aussi que presque tous les hybrides en circulation sont émis par des sociétés dont la dette senior est notée IG. Il convient de noter qu’en termes de valorisation, les obligations hybrides se sont fortement redressées au cours des deux derniers trimestres, mais les rendements -5,95% en EUR – et les spreads – 250 bps – restent à des niveaux historiquement intéressants. En conclusion, bien qu’il n’existe pas de solution « universelle » pour investir dans les hybrides, les valorisations actuelles montrent qu’il existe un large éventail d’opportunités attrayantes dans ce secteur.
Corrado Varisco
bridport & cie
Corrado Varisco occupe depuis l’an passé le poste de responsable de la recherche chez bridport & cie. Corrado a plus de vingt ans d’expérience sur les marchés obligataires avec une spécialisation dans la dette à haut rendement et la dette des pays émergents. Il a débuté sa carrière professionnelle en 2021 à la banque BSI, à Lugano, en tant qu’analyste. Il est devenu ensuite co-responsable de la gestion de portefeuille décentralisée pour l’équipe Amérique latine de BSI. En 2011, Corrado a rejoint la banque CBH à Genève où il a officié en tant que responsable de l’offre et de l’analyse obligataires. Il y a également occupé les fonctions de gestionnaire de portefeuille.
Microstrategy, l’entreprise américaine de logiciels, fait apparaître de plus en plus de bitcoins dans son bilan. Géraldine Monchau en analyse la signification pour les investisseurs et les entreprises, en se demandant également si de pareils développements sont envisageables en Suisse.
En août 2020, MicroStrategy, l’éditeur américain de logiciels d’entreprise, a été la première société cotée en bourse à acquérir et à détenir des bitcoins comme réserve de liquidités. Elle continue à renforcer régulièrement ses positions au point d’être actuellement la plus grande entreprise à détenir des bitcoins. MicroStrategy a de nouveau acheté 9’245 bitcoins à la mi-mars, portant ainsi sa position totale à 214’246 bitcoins. Les achats sont financés entre autres par des obligations convertibles. MicroStrategy en a récemment émis une pour une valeur de 500 millions de dollars US, arrivant à échéance en 2031. L’entreprise avait déjà annoncé le 5 mars une offre privée d’un montant de 600 millions de dollars US.
Le bitcoin comme stratégie de réserve de liquidités
Que dit cette stratégie ? Comment le bitcoin doit-il être comptabilisé dans le bilan d’une entreprise ? Tout d’abord, on peut dire qu’il existe sur le marché une réserve de valeur alternative, le bitcoin, qui est si mature que de grandes entreprises publiques comme MicroStrategy, Tesla et Coinbase lui font confiance.
En fait, en période d’incertitude économique ou d’injections massives de liquidité de la part des banques centrales, les investisseurs se tournent vers des actifs comme l’or, car il sert de réserve de valeur. Au fil du temps, il est donc tout à fait possible que le bitcoin – l’or numérique, comme l’appelle Larry Fink – ne serve pas seulement d’opportunité d’investissement, mais aussi de réserve de valeur pour les entreprises.
A entendre Michael Saylor, ce sont les politiques expansionnistes des banques centrales qui créent de nouveaux risques pour les marchés financiers et qui, à long terme, pourraient entraîner une forte inflation, ce qui aurait un impact sur les rendements réels des investissements financiers. Il a donc décidé d’acheter des bitcoins et de recourir à l’émission d’obligations convertibles pour financer d’autres achats de bitcoins, profitant également d’un environnement de taux d’intérêt plus élevés et d’une hausse des cours des actions. En effet, l’action Microstrategy a enregistré une performance exceptionnelle de 117 % depuis le début de l’année et de plus de 480 % depuis un an, les investisseurs achetant l’action en tant que « proxi bitcoin » après le cours de clôture du 18 mars – certains analystes estiment qu’il y a encore du potentiel : Lebowitz et Roberts de RIA estiment ainsi que l’action se négocie encore à une décote de 40 %.
La comptabilisation du bitcoin en Suisse
Le bitcoin se distingue des actifs traditionnels en raison de sa forte volatilité et de son absence de forme physique. Actuellement, il n’existe pas de normes généralement reconnues pour la comptabilisation des cryptomonnaies, ce qui conduit à des approches différentes dans la pratique. En Suisse, c’est le Code des obligations qui offre un cadre aux entreprises. Le bitcoin y est principalement classé comme actif incorporel ou comme actif à court terme. « L’évaluation se fait au plus bas du coût d’acquisition ou de la valeur de marché à la date de clôture du bilan, afin de refléter la forte volatilité et le risque de marché du bitcoin », soulignent les responsables de Findea. Les directives IFRS, normes comptables internationalement reconnues, traitent également le bitcoin comme un actif incorporel. Elles exigent une publication détaillée des avoirs en bitcoin, ce qui assure la transparence et une meilleure compréhension de la situation financière. Parmi les règles de SWISS GAAP RPC, on trouve une approche pragmatique : les entreprises qui suivent cette norme peuvent développer leurs propres directives pour la classification et l’évaluation des bitcoins, en mettant l’accent sur une présentation réaliste de la situation financière.
Le bitcoin est-il la « stratégie de sortie » ?
Compte tenu de la dette record de nombreux pays et de l’incertitude quant aux décisions concernant l’évolution des taux d’intérêt, les investisseurs agissent avec une certaine méfiance à l’égard des marchés financiers traditionnels. À l’avenir, les investisseurs privés et institutionnels pourraient être plus enclins à utiliser le bitcoin comme valeur refuge et comme moyen de diversification. En marge de sa conférence annuelle à Las Vegas en mai prochain, Microstrategy a organisé le « World 2024 Bitcoin for corporations ». Une occasion pour Michael Saylor d’expliquer pourquoi le bitcoin est techniquement plus performant face à des investissements plus traditionnels comme l’or, l’immobilier et les actions, et de présenter dans la foulée son « exit strategy ».
Géraldine Monchau
Sphere
Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
La digitalisation des activités des gestionnaires de fortune indépendants est en plein essor. Ce qui pose de nombreuses questions juridiques, notamment lorsque des fonctions centrales sont externalisées. Ceci dit, pour Nicolas Ramelet, les intéressés devraient avant tout être guidés par leurs besoins opérationnels, pas par les problématiques juridiques, lors du choix d’une stratégie numérique.
Quelles questions relatives à la surveillance un gestionnaire de fortune doit-il se poser, lorsqu’il opère son virage vers la digitalisation?
Même si la grande majorité des gestionnaires de fortune ont intégré des solutions informatiques pointues dans leurs processus opérationnels, il n’existe pas de contraintes spécifiques dans ce domaine. D’ailleurs, en règle générale, cette digitalisation des processus de travail ne soulève pas trop de problème, du point de vue du droit de la surveillance, lors d’une demande d’autorisation, ou lorsqu’une autorisation a déjà été accordée. S’il s’agit de la délégation de tâches essentielles, la problématique doit être expressément prise en compte dans le cadre du système de contrôle interne et des différents processus de contrôle, et certaines conditions doivent être fixées par contrat avec le prestataire de services. En outre, il est plus facile de faire appel à un partenaire basé en Suisse qu’à un partenaire étranger. Car, lors de la digitalisation, apparaissent aussi des questions dans le domaine de la protection des données, qui est devenu un autre thème prioritaire pour les établissements financiers depuis le renforcement drastique de la loi sur la protection des données à l’automne 2023.
De quelle liberté dispose un gestionnaire de fortune indépendant lorsqu’il s’agit de choisir ses partenaires digitaux ?
Il est assez libre dans ce domaine. Mais il ne doit pas oublier les conséquences en termes de contrôle, qui varient selon la solution utilisée ou le prestataire auquel il fait appel. Ceci dit, en règle générale, n’importe quelle solution peut être intégrée dans les activités opérationnelles. Bien entendu, il vaut la peine de procéder au préalable à une due diligence et vérifier minutieusement les références. Faire appel à une « Bad Apple » ne coûte pas seulement du temps et de l’argent, mais peut aussi nuire à la réputation, entraîner une perte de confiance et des mesures de surveillance supplémentaires.
D’un point de vue juridique, quelles sont les plus grandes difficultés lors d’un processus d’externalisation ?
Souvent, les gestionnaires de fortune concentrent l’essentiel de leur attention sur les problématiques liées au droit de la surveillance. Toutefois, il ne faut pas négliger le contrat de base qui vous lie au partenaire informatique, ce qui est du droit civil. Il arrive en effet que des solutions déjà commercialisées se révèlent finalement incomplètes, mais qu’il soit difficile d’en sortir, ou que l’exécution des clauses de garantie soit problématique, à cause d’un contrat mal établi.
En février, la Finma a clairement indiqué qu’elle allait être plus attentive aux situations d’externalisation des activités de gestion des risques et de compliance. Comment interprétez-vous cette décision ?
Après la première vague d’autorisations accordées aux gérants de fortune, de nombreux prestataires ont proposé leurs services comme partenaires externes, pour s’occuper des risques et de la compliance. Mais tous ne bénéficiaient pas d’une expérience solide suffisante, ce qui était difficile à vérifier en amont, tout comme la qualité des prestations promises. Dans ce contexte, les premiers audits ont souvent été impitoyables, y compris pour ces partenaires externes. Avec comme conséquence, pour les gestionnaires de fortune, dans de nombreux cas, des enchaînements de problèmes, ce qui a même, parfois, nécessité des restructurations. Ce qui a fait prendre conscience à la Finma qu’il fallait être plus attentif à cette problématique de l’externalisation de la compliance et de la gestion des risques.
Le fait que la FINMA s’intéresse désormais de plus près aux prestataires externes est donc en soi une bonne chose ?
Oui, mais il est particulièrement difficile de séparer le bon grain de l’ivraie avant que les problèmes surviennent. En effet, comment savoir quel partenaire externe va réaliser un bon travail de compliance et de gestion des risques? Il n’existe guère de formations reconnues dans ce domaine.
Les questions touchant à la digitalisation et à l’externalisation de certaines tâches, de la collaboration avec les fournisseurs digitaux, n’étaient pas centrales pour l’octroi des autorisation. Vont-elles le devenir après les audits ?
Ces problématique était déjà importante au moment des autorisations, où l’existence d’accords avec les partenaires externes et les processus de contrôle étaient soigneusement examinés. Mais, au final, seule l’épreuve du feu permet de savoir si ces accords sont vraiment efficaces, et s’ils sont suffisants quand des problèmes concrets arrivent. Quoi qu’il en soit, ces questions conserveront toute leur importance dans un avenir proche car le nombre de solutions IT qui débarquent dans ce marché en pleine croissance ne cesse d’augmenter. Bref, cette problématique restera centrale pendant toute la durée des activités d’un établissement financier.
Certains gestionnaires de fortune ont assuré que leur processus d’autorisation avait été facilité parce qu’ils utilisaient des solutions informatiques similaires à celle des banques, du moins en ce qui concerne la LBA. C’est une rumeur ou c’est la vérité ?
L’utilisation de solutions informatiques établies pour tout ce qui touche au KYC/AML/Risk Management permet en effet d’aborder la problématique avec un certain degré de confiance. A un bémol près quand même, c’est que le système doit être utilisé correctement, et par les bonnes personnes. Des paramètres mal définis, de la négligence, voire, dans le pire des cas, une volonté criminelle de la part de l’utilisateur, pourront facilement saboter même le meilleur des logiciels. Ce qui ne va apparaître que lors de l’audit. Ceci dit, l’utilisation de tels logiciels est, à mon avis, un avantage non négligeable lors de la demande d’autorisation. En effet, pour la Finma, les processus utilisés par le gestionnaire de fortune sont un des points essentiels. Ils doivent correspondre au business case. Mais n’oublions pas non plus que l’utilisation de tels logiciels est également gage d’efficacité accrue, d’autant plus si vos d’activité exigent un nombre élevé et une fréquence importante de contrôles.
Nicolas Ramelet
Ramelet Legal
Depuis 2019, Nicolas Ramelet est Partner chez Ramelet.Legal. Après des études de droit à Berne, et plusieurs diplômes internationaux, il a, dès 2009, travaillé pour la Finma en tant que collaborateur juridique puis pour le cabinet d’avocats Bär & Karrer à Zurich. De 2014 à 2018, il a également été le CEO de VQF.
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