Bilan

Solutions EAM

  • Eric Bissonnier
  • CEO
  • Performance Watcher

« Près de 10 % avec des portefeuilles diversifiés : un succès significatif »

Les indices Performance Watcher ont rendu leur verdict. En 2024, les gestionnaires suisses ont réalisé des performances très satisfaisantes, en nette hausse par rapport à l’année précédente. Ils ne rivalisent naturellement pas avec le S&P 500, pour des raisons évidentes de diversification. Eric Bissonnier en livre ici l’analyse.

Comment appréciez-vous les performances des gestionnaires de portefeuille en Suisse pour l’année 2024 ?

En 2024, les gestionnaires de portefeuilles suisses, issu des banques ou de structures indépendantes, ont globalement tiré parti des conditions de marché favorables pour améliorer leurs performances par rapport à l’année précédente. C’est ce qui ressort de l’analyse des indices Performance Watcher, où les portefeuilles en francs suisses affichent des résultats solides. Le segment Low Risk a enregistré une hausse de +4,36 %, en hausse de 1,7 % par rapport à 2023, le Mid Risk a progressé de +6,42 %, contre +3,27 % en 2023, et le High Risk atteint +9,73 %, soit une amélioration de 3,8 % par rapport à l’année précédente.

À titre de comparaison, les actions mondiales, représentées par l’indice MSCI World en CHF, ont connu un rendement exceptionnel de +26 % en 2024, contre 10 % en 2023.

Si les actions mondiales ont bénéficié de l’envolée des géants de la tech américaine, les portefeuilles diversifiés, plus prudents par nature, ont été pénalisés par leur faible exposition à ces titres. De plus, le contexte économique suisse, marqué par une faiblesse du franc en fin d’année et des taux d’intérêt durablement bas, n’a pas pleinement compensé les faibles performances des grandes entreprises locales. Le SMI, principal indice suisse, n’a progressé que de 7,5 % en 2024.

Pourtant, atteindre près de 10 % de rendement annuel avec des portefeuilles diversifiés, investis dans plusieurs classes d’actifs, reste un succès significatif, dans le cadre d’une gestion équilibrée et prudente destinée à une clientèle fortunée.

Que vous inspire l’écart entre l’indice MSCI World et les indices Performance Watcher ?

L’écart de performance entre les portefeuilles diversifiés et les indices actions met bien en lumière les limites de la diversification. Contrairement au MSCI World, dominé par les valeurs américaines, un portefeuille équilibré en franc suisse ne peut pas concentrer trois quarts de ses actifs sur le marché américain ou sur quelques titres vedettes, tels que les Magnificent Seven. Ces dernières ont généré plus de la moitié de la performance du S&P 500 en 2024, avec une capitalisation combinée représentant un tiers de l’indice. Allouer 3 ou 4% à un titre comme Nvidia dans un portefeuille diversifié en CHF n’a tout simplement aucun sens, quand bien même le potentiel d’appréciation s’en voit limité d’autant.

Dans l’analyse des indices Performance Watcher 2024, quels autres éléments retiennent plus particulièrement votre attention ?

Que ce soit en franc suisse, en dollars ou en euro, les performances des indices sont très proches les unes des autres. C’est un phénomène suffisant rare pour qu’il mérite d’être souligné. Historiquement, le portefeuille en CHF sous-performe, parfois de manière très significative. Ce n’est pas le cas cette année. L’indice High Risk en CHF s’élève à 9,73%. Il est de 9,63% en dollars et de 9,76% en euros, pour des volatilités réalisées assez similaires : 7,93% franc suisse, 8,58% en dollar et 7,07% en euros. Cette homogénéité entre devises est étonnante en raison des différences culturelles, des différences de comportement, voire même des différences de taux qui existent entre elles.

Comment est-il possible, aujourd’hui encore, d’optimiser le la construction et la gestion des portefeuilles chez les gérants indépendants comme dans les banques ?

L’une des clés aujourd’hui est de développer davantage la gestion du risque dans la gestion du portefeuille. Mais il ne s’agit pas seulement de gérer le risque aux seules fins de protéger les portefeuilles. La gestion du risque a une dimension plus étendue. Il faut l’exploiter de manière à minimiser l’impact des pertes et à maximiser dans le même temps la participation à la hausse. C’est une formule un peu passe-partout, mais elle souligne pourtant un point capital : quand le risque est bien géré, il est possible d’en assumer un peu plus.  Et de pouvoir donner par exemple davantage d’espace aux Magnificent Seven. Les gérants alternatifs excellents dans cette approche. Dans le monde de la gestion de fortune, la gestion du risque reste encore très passive, très linéaire, sans recours à des produits asymétriques bien que les gérants aient les compétences en interne, Beaucoup se montrent encore frileux dans l’usage de ces produits. Il y a encore une grande marge de progression dans ce domaine.

Eric Bissonnier

Performance Watcher

Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis l’an passé. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.

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«Il faut devenir le sparring partner des GFI dans plusieurs domaines. »

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Tactique

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    • Alexandre Ryo, responsable Alternative & Overlay Solutions, Ellipsis AM
    • Philippe Ferreira, responsable adjoint de l’équipe Economics & Cross Asset Research, Kepler Cheuvreux

En 2025, sortez couverts à bon prix !

Alors que les premières séances boursières de l’année 2025 commencent à donner le ton, la partition semble dès à présent heurtée, soulignant la pertinence de la couverture de portefeuille.

L’incertitude quant aux politiques déployées par Donald Trump et leurs effets sur l’inflation inquiètent les marchés obligataires, en raison de son caractère imprévisible et impulsif ainsi que par l’absence de conformité de son programme avec les règles de la gravité en économie. Les marchés devront probablement passer par la case « frayeur » avant que Trump ne fasse marche arrière sur certains sujets controversés.

Par ailleurs, les fondamentaux restent bons aux Etats-Unis. Une croissance réelle entre 2,5 et 3%, couplé à une inflation autour de 3%, implique une croissance des bénéfices par actions de l’ordre de 15% en 2025. Mais cette croissance est déjà dans les prix et la valorisation du marché américain est très élevée. Pour revenir vers des niveaux soutenables, il faudrait que le S&P 500 fasse une pause cette année tout en délivrant sur les attentes de croissance des bénéfices.

L’Europe reste dans la tourmente politique avec des coalitions fragiles et une croissance faible

En Europe, la croissance est plus faible, les marges de manœuvre budgétaires sont très étroites en France, Espagne, Italie et les marchés actions sont vulnérables par rapport à leur sensibilité à la Chine. Les secteurs du luxe et de la pharma pèsent beaucoup dans les indices européens et ils ont été sous pression en raison de leur exposition à la Chine et aux Etats-Unis. Ces secteurs affichent plus d’optimisme en cé début 2025, mais un certain degré de prudence reste de mise.

Comment réagir face aux anticipations de volatilité ? Un regain d’intérêt pour les stratégies de couverture

L’année 2024 s’est distinguée par une nette différence de performance entre le marché américain et les autres marchés mondiaux. Le S&P500 a progressé de plus de 20 %, tandis que le Stoxx 600 et le MSCI Emerging ont enregistré une hausse d’environ 10 %. La volatilité réalisée est pourtant restée contenue : 10,5 % en Europe et 12,8 % aux États-Unis, exception faite d’un choc estival entraînant une baisse de -6 à -8 % des marchés.

Les primes optionnelles sont restées relativement stables en 2024. Elles ont terminé l’année à des niveaux similaires à ceux de fin 2023, malgré les épisodes de volatilité de cet été. Néanmoins, nous avons observé un regain d’intérêt des investisseurs pour les stratégies de couverture depuis l’élection de Trump, entraînant une augmentation de la demande pour les primes optionnelles. Cette tendance semble logique, étant donné que les primes actuelles restent attractives, offrant des opportunités de levier intéressantes.

Enfin, la forte progression des fonds systématiques, motivée par la recherche de rendement et caractérisée par des positions souvent vendeuses d’options, a créé des opportunités de marché.

2025 : anticipation d’une augmentation de la demande en couvertures et une importante dispersion sectorielle

  1. Le retour de l’alternatif dans les portefeuilles, avec un biais short/neutre corrélation

Depuis 2022, de nombreux experts soulignent la nécessité de repenser la construction des portefeuilles 60/40, en raison d’une corrélation désormais positive entre actifs de croissance et actifs de rendement. Seule une récession sévère ou un choc exogène pourrait rétablir la décorrélation, avec une baisse simultanée des taux d’intérêt et des marchés. En attendant, les stratégies alternatives suscitent un regain d’intérêt pour réduire la volatilité et renforcer la diversification des portefeuilles : Métaux précieux, Global Macro, CTA/Trend Following, Long Vol/Long Tail, Fonds multi-stratégies.

  1. Levier des acteurs toujours présents

L’allocation financière se polarise de plus en plus entre deux approches : investissements benchmarqués et investissements alternatifs. Cette polarisation se manifeste par la forte croissance des encours aussi bien sur les produits linéaires (futures) que sur les produits convexes (options). Le coût de financement pour être acheteur de levier sur le S&P 500 à horizon 2026 a explosé en fin d’année, impacté également par des contraintes de plus en plus strictes pour les bilans bancaires.

  1. Dispersion sectorielle : des opportunités pour des stratégies de valeur relative ayant un profil rendement/risque intéressant

Les faibles niveaux de volatilité et de primes optionnelles limitent les rendements des stratégies purement vendeuses. Nous privilégions donc des approches de valeur relative :

  • Pente : financer l’achat de convexité à court terme par la vente d’options à long terme, profitant du retour de la pente de volatilité.
  • Dispersion sectorielle : acheter des options sur un secteur en vendant des options similaires sur un indice large.
  • Microstructure : exploiter les incohérences structurelles des flux des stratégies systématiques vendeuses d’options pour acquérir des primes faibles à court terme.

Cette approche permet de tirer parti des divergences sectorielles tout en optimisant le rapport risque/rendement.

Philippe Ferreira, Kepler Cheuvreux

Philippe Ferreira est responsable adjoint de l’équipe Economics & Cross Asset Research chez Kepler Cheuvreux. Philippe est en charge de l’allocation Cross Asset de Kepler Cheuvreux Solutions. Après 16 ans à la Société Générale en tant qu’économiste puis stratège, il a rejoint Kepler Cheuvreux en 2022. Il est diplômé de l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne et de l’université de Columbia. Il a obtenu un Master en économie internationale et modélisation.

Alexandre Ryo, Ellipsis AM

Diplômé de l’ESIEA et d’un Master spécialisé en Finance à l’ESSEC, il a intégré le groupe Exane en 2012 en tant qu’assistant trader sur la volatilité indicielle. Il a rejoint Ellipsis AM en 2013 en tant que gérant de fonds. A partir de 2015, il a développé l’expertise overlay à travers la mise en place de mandats de gestion pour des clients institutionnels européens. Il devient responsable du développement du pôle Alternative & Overlay Solutions en 2021.

 

Kepler Cheuvreux Solutions : Kepler Cheuvreux Solutions est le leader indépendant en Europe de la recherche, la conception et la commercialisation de solutions d’investissement structurées sur-mesure. Son appartenance au groupe Kepler Cheuvreux lui permet de placer la recherche au cœur de son offre et de bénéficier de la taille critique d’un acteur majeur dans les services financiers en Europe

Ellipsis AM : Avec plus de 20 ans d’historique de gestion et 4,4 milliards d’euros sous gestion (au 31/12/2024), Ellipsis AM est une société de gestion reconnue sur les obligations convertibles, le crédit et les stratégies alternatives liquides optionnelles, les solutions de couverture de portefeuille et l’optimisation de rendement (overlay).

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    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Modèle

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    • Interview Laurent Genoud
    • Directeur
    • Eagle Invest

    « La performance nous assure au final la confiance de nos clients »

    Si la performance n’est pas le seul critère à prendre en compte, elle joue néanmoins un rôle déterminant dans la proposition de valeur des gérants indépendants. C’est le point de vue de Laurent Genoud, qui en profite ici pour passer en revue les fonctions régaliennes des GFI.

    Par Jérôme Sicard

    Parmi tous les critères de satisfaction qui importe aux yeux de vos clients, où situez-vous plus précisément la performance des portefeuilles aujourd’hui?

    Au vu des relations très proches que nous établissons dans le temps avec nos clients, il est certain que notre apport ne peut pas se limiter à la seule performance de leurs portefeuilles. Nous réussissons à créer avec eux des liens forts. Dans la plupart des cas, ils nous perçoivent comme des professionnels capables de résoudre les différents problèmes qu’ils rencontrent dans la construction et la gestion de leur patrimoine. Nous sommes présents à leurs côtés pour les accompagner aussi dans des domaines clés comme la prévoyance, la fiscalité, les crédits hypothécaires, la gestion des biens immobiliers, et des sujets hautement sensibles comme la succession familiale. Nous travaillons à 360 degrés.

    En revanche, il me semble évident que la performance occupe un rang élevé dans notre proposition de valeur. Elle est au cœur même de notre modèle d’affaires. Elle valide dans une certaine mesure nos compétences et elle nous assure au final la confiance que nous porte nos clients. En ce sens, elle est forcément déterminante !

    Techniquement, où faut-il aller chercher de l’alpha aujourd’hui dans les stratégies d’allocation ?

    L’alpha, pour moi, relève beaucoup du concept marketing. En réalité, je pense que l’alpha se trouve d’abord dans la personne, à savoir dans le gestionnaire et dans la différence qu’il fait par rapport à ses pairs. L’alpha, c’est avant tout le résultat d’une stratégie élaborée en étroite collaboration avec chacun de nos client et pilotés sur le long terme en ajustant certains paramètres au fil du temps. J’aurais donc plutôt tendance à me méfier de l’alpha quand il implique une approche un peu trop mathématique du portfolio management.

    Comment vous y prenez-vous pour optimiser la diversification des différentes poches qui composent vos portefeuilles?

    Il ne faut pas perdre de vue que la diversification dépend aussi beaucoup des aspirations et des attentes de nos clients. En ce qui concerne mes portefeuilles, j’ai construit  ma réputation sur la cote suisse. Je me suis spécialisé sur les valeurs pour une clientèle suisse dont les portefeuilles sont libellés en francs suisses. C’est mon ADN. Il n’a pas généré beaucoup de valeur en 2024, une année marquée par la domination des Magnificent Seven et de la tech US, mais c’est une approche qui se valide sur le long terme et elle correspond à la volonté de mes clients. Ils apprécient le biais défensif des actions suisses ainsi que leur belle exposition sur la scène internationale. Si mes clients souhaitent davantage de diversification sur un échelle plus mondiale, je me sens capable de les orienter vers un autre gestionnaire d’Eagle Invest, plus à même de satisfaire leur demande.

    Comment avez-vous fait évoluer la construction et la gestion de vos portefeuilles ces dernières années?

    Nous n’avons pas mis en place de processus systématiques dans la construction et la gestion de nos portefeuilles, parce que nous voulons rester connectés avec la réalité. Le monde change, de plus en plus vite d’ailleurs, de grandes tendances se dessinent, et nous devons pouvoir intégrer ces grandes orientations dans nos portefeuilles. L’enjeu est là : avoir une vision claire sur les marchés et leur évolution. Pour ce qui relève ensuite du choix des titres, ce sont toujours les mêmes fondamentaux que nous employons.

    Ces cinq dernières années, qu’avez-vous changé dans vos méthodes ?

    Nous essayons de conserver la même politique de placement, puisqu’elle nous a valu de bons résultats jusqu’à présent. Nous restons concentrés sur les valeurs suisses et les portefeuilles en franc suisse. Nous faisons peu de market timing et nous ne partons pas sur les produits exotiques.

    En revanche, pour certaines classes d’actifs de plus en plus complexes, nous n’hésitons plus à déléguer la gestion à des spécialistes qui maîtrisent parfaitement leur domaine.

    Je dirais enfin que nous prêtons beaucoup plus d’attention aux coûts, quelle que soit leur nature, car les clients y sont bien évidemment de plus en plus sensibles. Pour les dépôts de leurs avoirs, ils sont devenus plus flexibles et la réputation de la banque dépositaire ne suffit plus à les convaincre. Nous intégrons aussi davantage de produits indiciels, des ETF, meilleur marché, pour couvrir certaines régions ou certains thèmes – plutôt plain vanilla – où il est illusoire de penser à surperformer le marché sur le long terme.

    Est-il encore possible aujourd’hui pour un gérant indépendant d’assumer à la fois les fonctions de relationship manager et de portfolio manager ?

    Il faut aussi ajouter le rôle d’analyste ! Relationship manager, portfolio manager et analyste. Ce sont les trois fonctions régaliennes du gérant indépendant. Pour moi, nous devons absolument remplir ces trois rôles et justifier ainsi notre proposition de valeur, bien que le régulateur semble vouloir nous compliquer un peu la tâche. Si nous ne jouons pas ces trois rôles nous risquons de passer dans un mode private banking avec davantage de silos, de verticalité et le risque à terme de nous déconnecter de la réalité. Il se peut que la fonction de relationship manager prenne chez les gérants indépendants un peu plus d’importance mais le travail de portfolio manager et d’analyste assure la complétude de notre mission. C’est ce que nos clients attendent de nous. Ils veulent avoir en face des professionnels qui savent de quoi ils parlent et en qui ils peuvent avoir confiance. C’est donc indispensable. Essentiel !

    Laurent Genoud

    Eagle Invest

    Laurent Genoud a entamé son parcours professionnel chez SBC Warburg dans le négoce de devises puis chez Credit Suisse dans le private banking. En 2007, il a rejoint Genoud Asset Management, société créée par son père, jusqu’à la fusion en 2014 avec Eagle Invest, dont il est aujourd’hui directeur.  

    Laurent a effectué des études des études d’économie politique à Zurich. Il a terminé en 2006 la formation AZEK d’expert fédéral en finance et investissements et a également obtenu le diplôme de Certified International Wealth Manager. Il est membre par ailleurs de la Swiss Financial Analyst Association et a enseigné pendant 3 ans à la Hochschule für Banken und Finanzen de l’AKAD Business School, Zurich-Oerlikon.

     

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    Formation continue

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      • Alexandre Caboussat
      • Responsable de la formation continue
      • HEG-Genève

    HEG-Genève et l’ISFB forment à la banque d’aujourd’hui

    Un an après avoir entamé leur collaboration et délivré leurs premiers certificats de formation, la HEG-Genève et l’ISFB renforcent leur partenariat avec un nouveau programme de formation axé sur le marketing et la communication dans les services financiers. Présentation d’Alexandre Caboussat.

    La HEG-Genève, acteur incontournable dans le management appliqué, et l’ISFB, le centre de compétences et de carrière pour les banques de Suisse romande, forment un véritable pôle de compétences et de formation continue sur tous les aspects de la banque d’aujourd’hui.

    Ils proposent depuis une année un programme de formation complet destiné aux banques de la place financière. Ce programme incorpore aujourd’hui 4 CAS, traitant de toutes les dimensions des métiers de la finance.

    Une année après son lancement, les CAS se focalisant sur les aspects d’opérations et de stratégie ont été dispensés, et le programme s’ouvre en hiver 2025 sur les aspects de marketing et communication dans les services financiers.

    Alexandre Caboussat, responsable de la formation continue de la HEG-Genève, précise que ces programmes sont uniques en Suisse : la HEG-Genève offre des programmes de formation continue orientés sur la pratique, qui répondent aux besoins du marché de la région. Tandis que l’ISFB apporte l’expertise terrain des professionnels de premier plan dans leurs spécialités, qui amènent leurs expériences concrètes et actuelles du métier. Ainsi l’association entre nos deux entités permet à l’écosystème bancaire de bénéficier d’une vision globale et intégrée des outils et des compétences pour affronter les défis de demain.

    Les programmes sont focalisés sur les thématiques clefs et les variables pivots qui influencent et façonnent l’industrie et assurent aux participants de garder le leadership sur un secteur dynamique et concurrentiel, ajoute Frédéric Ruiz, maître d’enseignement à la HEG-Genève et co-directeur du programme. Fort d’une longue expérience dans l’industrie, la direction du programme maintient une interaction en continu avec un réseau professionnel dense émanant de divers milieux du secteur bancaire.

    Les thématiques du marketing et de la communication sont d’une importance clé pour l’industrie financière aujourd’hui. Selon Christophe Nicod, responsable de la formation continue de l’ISFB, le marketing et la communication sont de tous temps indissociables de l’industrie financière ; toutefois les enjeux actuels sont énormes avec le développement de l’offre digitale et les importants changements en termes d’attentes et de comportements des clients. L’industrie financière est en pleine mutation et l’équilibre entre tradition et innovation, en tenant compte de l’impact de l’image, est essentiel.

    Frédéric Ruiz insiste sur le fait que la digitalisation amène un degré de standardisation (des prix, produits, ou services) accru dans lequel la différenciation et la mise en avant d’une proposition de valeur distincte devient de plus en plus difficile. Le marketing et la communication, principalement interpersonnelle, deviennent alors un axe essentiel de croissance et de positionnement stratégique de l’entreprise, ce d’autant plus que ce type d’interaction devient moins fréquent et se doit alors d’être plus impactant.

    Maîtriser le langage du marketing et la communication, est-ce l’affaire de tous ?

    Frédéric Ruiz souligne que, dès 1990, Nike disait « image is everything » ; 30 ans plus tard, General Electrics a résumé le nouveau paradigme par ces mots” you cannot sell anything if you cannot tell”. Par ses interactions avec le client, chaque membre de l’entreprise contribue à la création de valeur, à sa distinction et à sa propagation. Les réseaux sociaux ont atomisé la communication, ce qui se propage aujourd’hui dans le monde de l’entreprise où chacun, selon ses possibilités de contribution, est un porteur de message de son entreprise comme de son propre dispositif.

    Par conséquent, comprendre les défis, acquérir une vision tactique et stratégique des outils et des méthodologies qui permettent aux établissements financiers de communiquer avec leurs parties prenantes sont des compétences essentielles selon Christophe Nicod.

    Alexandre Caboussat développe : le CAS en Marketing et Communication dans les Services Financiers se décline en 4 modules d’apprentissage axés sur le transfert de “best pratices”, des échanges d’expérience et l’acquisition d’outils concrets et de pistes de réflexion immédiatement applicables. Ce CAS apporte à un participant les compétences pour mettre en place et exécuter une stratégie marketing, pour maîtriser les aspects clés du marketing digital, ainsi que pour gérer la relation client et communiquer avec impact.

    Ces fondamentaux du marketing et de la communication de la finance sont complétés par l’impact des externalités positives et négatives des transformations digitales sur la relation clientèle, ajoute Christophe Nicod. Avec son angle sociétal, il ouvre aussi aux évolutions culturelles et aux attentes des nouvelles générations, qui ont des langages de communication propres et distincts.

    Ce CAS peut se combiner avec le CAS Financements et Investissements (qui a lieu en automne 2025) pour obtenir un diplôme DAS Conseil et distribution dans les services financiers.

     Plus d’informations:

    www.hesge.ch/heg/mcsf

     

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      Approche

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      • Interview Pierre-Yves Formaz
      • Chief Investment Officer
      • Forminvest

      « Les gérants indépendants doivent mettre l’accent sur la transparence »

      Pour Pierre-Yves Formaz, le travail en profondeur réalisé par les gérants sur les portefeuilles de leurs clients doit impérativement s’accompagner d’un engagement accru en matière de transparence. Elle est devenue ces dernières années un élément fondamental de la relation client.

      Par Jérôme Sicard

      Vous avez créé FormInvest voilà maintenant 12 ans. Au cours de ces douze dernières années, comment avez-vous fait évoluer la construction de vos portefeuilles?

      La structure de base des portefeuilles est restée la même depuis le début. Nous privilégions en effet des portefeuilles simples, faciles à mettre en œuvre, à gérer, à comprendre et à expliquer. 

      Dans la façon dont vous gérez vos portefeuilles, que faites-vous aujourd’hui que vous ne faisiez pas en 2013?

      Aujourd’hui, nous investissons les nouvelles entrées d’argent immédiatement. Il y a 12 ans, j’avais tendance à étaler les investissements sur plusieurs semaines, voire quelques mois. Essayer d’anticiper le marché s’est avéré être un exercice futile et, la plupart du temps, coûteux en termes de performance. 

      Comment votre sélection de produits a-t-elle évolué dans le temps?

      Les critères de sélection ont été affinés et les moyens techniques mis en place pour la recherche des produits ont été professionnalisés. 

      Aujourd’hui, nous ne nous contentons plus d’évaluer les performances passées et les mesures statistiques. Nous adoptons en plus une approche qualitative approfondie, qui passe notamment par l’examen de l’expérience professionnelle, des antécédents et de l’expertise des gestionnaires de fonds responsables des produits considérés. Ce processus méticuleux garantit que chaque instrument sélectionné entre en adéquation avec nos objectifs stratégiques et répond à des critères rigoureux. C’est ainsi que nous générons de la valeur à long terme à nos clients. 

      A quelles techniques avez-vous recours pour optimiser la diversification de vos portefeuilles?

       La diversification est la pierre angulaire de notre philosophie d’investissement. Nous visons à construire des « portefeuilles mondiaux » avec une diversification étendue à travers et au sein des classes d’actifs, traditionnelles comme alternatives. Nous utilisons donc des fonds communs de placement et des trackers indiciels qui nous permettent de nous exposer à la plupart des marchés dans le monde entier. 

      Quels facteurs vous semblent primordiaux aujourd’hui dans la façon dont vous décidez de vos stratégies d’allocation?

        La diversification, bien évidemment. Je viens d’en parler. Il faut être aussi largement diversifié que possible et pertinent afin de réduire sans frais le risque du portefeuille et débloquer des sources de rendement multiples.

        Il faut aussi intégrer les conditions macroéconomiques en tenant compte d’indicateurs tels que les prévisions de croissance, ou les tendances en matière d’inflation et de taux d’intérêt.

        Je mentionnerais aussi les niveaux de prix et la dynamique des marchés. Il s’agit d’orienter les portefeuilles vers les marchés qui présentent les perspectives risque/rendement les plus favorables, tout en maintenant bien-sûr une large diversification.

        Dans leur proposition de valeur, sur quels éléments les gérants indépendants doivent-ils impérativement se concentrer aujourd’hui?

        Nous sommes convaincus que les gérants indépendants doivent mettre l’accent sur la transparence. Elle peut leur conférer des avantages distincts dans un secteur hautement concurrentiel et souvent opaque. 

        La transparence favorise l’ouverture. Elle permet d’aligner les objectifs de l’entreprise sur ceux de ses clients. En fait, elle contribue à créer de la confiance, et à donner au client un sentiment de sécurité dans la relation. Les investisseurs modernes exigent souvent de savoir comment leurs actifs sont gérés.  Les rapports doivent donc apporter de la clarté sur les frais, les performances et les risques. Le fait de fournir au client une compréhension claire de son portefeuille lui permet de prendre des décisions en connaissance de cause, ce qui réduit d’autant les risques juridiques ou d’éventuelles pénalités. Il se développe alors un sentiment de partenariat plutôt qu’une relation transactionnelle, ce qui a pour effet de favoriser la loyauté.

        L’accent mis sur la transparence peut transformer un gestionnaire de patrimoine privé en conseiller privilégié plutôt qu’en simple prestataire de services. La transparence en appelle aux besoins émotionnels et rationnels des clients. Elle les amène à se sentir en confiance et à se voir valorisés dans un domaine où la confiance est souvent le facteur décisif.

        Pierre-Yves Formaz

        Forminvest

        Pierre-Yves Formaz est le fondateur et le CIO de Forminvest. Il gère des solutions discrétionnaires pour le compte des clients de la société depuis 2013. Auparavant, il a travaillé pendant plus de 20 ans à l’UBS en tant que conseiller en investissement pour les clientèles HNWI et UHNWI du Moyen-Orient, de Suisse et d’Europe. Pierre-Yves est titulaire de la certification CFA et d’un certificat d’expert bancaire suisse.

         

        SOLUTIONS EAM
        Roots

        Roots

        Antoine Blouin
        Banque Heritage
        «Il faut devenir le sparring partner des GFI dans plusieurs domaines. »

        SOLUTIONS EAM
        Roots

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        Antoine Blouin
        Banque Heritage
        «Il faut devenir le sparring partner des GFI dans plusieurs domaines. »

        Sphere

        The Swiss Financial Arena

        Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.