Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
La préservation de la biodiversité est devenue un élément fondamental dans la lutte contre le réchauffement climatique. Elle s’impose d’ailleurs comme l’une des thématiques clés pour les investisseurs engagés dans une approche à impact, notamment pour les réponses qu’elle apporte à trois des dix-sept des objectifs de développement durable des Nations Unies.
Comment définir la biodiversité, en se référant par exemple aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies ?
La biodiversité représente la richesse et la variété de la vie sur Terre, depuis les plus simples structures génétiques jusqu’aux organismes complexes tels que les humains. On associe le plus souvent la biodiversité à la Nature. Elle englobe non seulement les différentes espèces animales et végétales, mais aussi les micro-organismes, ainsi que les écosystèmes qui les soutiennent. Les contours de cette définition ont notamment été fixés par la Convention de la Diversité Biologique en 1992. Cette définition est souvent utilisée en référence aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unis. Elle en concerne trois plus particulièrement. Le 14 – conserver et exploiter durablement les océans – le 15 – protéger et restaurer l’utilisation durable des écosystèmes terrestres- et je rajouterais aussi le 12, qui vise à établir des modes de consommation et de production durables.
Quels sont pour vous les grands enjeux liés à la biodiversité ?
Après la lutte contre le réchauffement climatique, la préservation de la biodiversité représente aujourd’hui un immense défi. De multiples facteurs sont responsables de la dégradation de nos écosystèmes : les changements d’utilisation des terres et des mers, l’exploitation directe des espèces, le changement climatique, la pollution et les espèces invasives, pour citer les principaux. Par ailleurs, la perte de la biodiversité s’est accélérée – et ce à l’échelle globale. De nombreuses espèces animales et végétales disparaissent à un rythme alarmant. Or, les crises de la biodiversité et du climat sont liées dans la mesure où nos écosystèmes jouent un rôle central dans l’absorption du carbone. La dégradation de la nature induit des répercussions sanitaires, sociales mais également économiques. Heureusement, le cadre réglementaire progresse. Il encourage les investisseurs à agir. 196 pays se sont réunis lors de la COP15 sur le thème de la biodiversité et sont parvenus à un accord historique, avec un cap clair et des objectifs quantifiés pour réduire significativement sa perte.
En termes d’investissements, comment se caractérise ce thème?
Selon le World Economic Forum, les investissements relatifs à la biodiversité représentent un marché potentiel valorisé à 10’000 milliards de dollars par an, auquel s’ajoutent 395 millions d’emplois à horizon 2030. Il forme donc un important vivier d’opportunités où émergent entre autres de nouvelles solutions et de nouvelles technologies.
Pourquoi cette thématique vous semble si importante que vous décidiez de lui consacrer un fonds ?
Chez Swiss Life Asset Managers, nous sommes convaincus que le respect de la biodiversité est la nouvelle thématique prioritaire pour les investisseurs engagés. Nous avons donc été un des premiers acteurs du marché à lui consacrer un fonds. Il est possible de saisir ainsi des opportunités de croissance durable à travers des entreprises qui œuvrent contre la perte de biodiversité.
Quelle est la taille de l’univers d’investissement sur lequel vous opérez ?
Pour être prise en compte dans notre univers d’investissement, une entreprise doit démontrer une intentionnalité matérielle. Cela implique une vision claire de la part du management ainsi qu’un stade de développement avancé post Recherche et Développement. De fait, c’est un univers dynamique qui reflète le réservoir d’opportunités où nous voyons émerger les nouvelles solutions et les nouvelles technologies dont je vous parlais plus tôt. Il comprend, à date d’aujourd’hui près de 350 valeurs.
Quel est le profil des entreprises sur lesquelles vous vous concentrez ?
Le fonds présente des biais marqués sur des secteurs, des facteurs et des zones géographiques. Nos valeurs sont orientées petites et moyennes capitalisations. Elles démontrent une matérialité impact significative ainsi qu’un fort potentiel de croissance et d’innovation. Nous avons une préférence marquée pour les marchés japonais et européens, et nous avons tendance à privilégier certains secteurs clés tels que les cleantechs, les matériaux durables et la consommation de base. L’approche factorielle est stratégiquement orientée vers la croissance future, en maintenant une légère surpondération sur les valeurs dites « value ». Cette orientation reflète notre engagement en faveur de solutions innovantes et durables qui contribuent à la préservation de la biodiversité. Nous ajustons régulièrement ces biais pour nous adapter aux évolutions du marché. C’est une stratégie qui s’est avérée efficace dans le contexte des fluctuations de marché et des fluctuations environnementales que nous avons rencontrées des dernières années.
Quels sont les critères, voire les indicateurs clés utilisés dans vos analyses et vos évaluations ?
Ils reposent sur des indicateurs scientifiques et académiques. Notre rôle est d’évaluer entreprise par entreprise comment ces critères de respect de la biodiversité sont réellement intégrés. Cela passe, tout d’abord, par l’exclusion des entreprises à impact négatif, dont l’activité contribue directement à dégrader nos écosystèmes. Je rappelle que nous investissons dans des sociétés qui proposent des solutions pour protéger et/ou restaurer nos écosystèmes. Nous basons également notre analyse sur le cadre des Objectifs de Développement Durable des Nations Unis – les ODD 14 et 15, que j’ai déjà mentionnés, ainsi que l’ODD 12, davantage lié à l’économie circulaire. Pour ce qui relève de la gestion à proprement parler, elle est de type « quantamental ». Elle repose sur des inputs combinant top-down et bottom-up. Le prisme quantitatif permet de construire une structure de portefeuille solide, en maîtrisant à la fois les contraintes liées à la réglementation et au risque. Quant à l’approche fondamentale, elle est essentielle dans la sélection des entreprises en tenant compte de leurs activités et de leurs sensibilités envers la biodiversité.
Où identifiez-vous aujourd’hui les opportunités les plus évidentes ?
Nous voyons beaucoup d’opportunités dans des domaines assez diversifiés. Parmi elles, je mettrais en avant les sociétés spécialisées dans le traitement de l’eau, des déchets ou dans le recyclage des métaux pour encourager l’émergence d’une économie circulaire. On peut également retrouver bon nombre de technologies, comme des appareils de cartographie de fonds sous-marins ou encore le segment de l’agri-tech de même que celui des activités régénératrices.
Sur un plan plus géographique, le Japon, tourné vers l’océan, compte plusieurs sociétés spécialisées dans la protection de l’écosystème marin que nous trouvons très intéressantes. L’Australie, où la faune et la flore sont menacées, se distingue aussi avec ses acteurs dédiés à l’économie circulaire. En Europe et aux Etats-Unis, on trouve davantage de sociétés qui se concentrent sur la lutte contre la pollution à travers par exemple la préservation des écosystèmes, sur terre ou en eau douce.
Emmanuelle Sée
Swiss Life Asset Managers
Emmanuelle Sée est responsable du pôle Actions et de l’Impact Investing chez Swiss Life Asset Managers France depuis 2022. Elle a débuté sa carrière en banque d’investissement auprès de ICBC et Bank of China comme analyste, puis elle a rejoint le groupe Amundi, à Tokyo et à Paris. Elle y a évolué dans différents postes de gestion dédiés aux solutions ESG/Impact, de 2014 à 2021. Gérante Multi-Asset à ses débuts, Emmanuelle s’est spécialisée ensuite comme gérante Actions Globales sur la thématique Impact liée plus spécifiquement aux solutions climatiques, environnementales et sociales. Pour Swiss Life Asset Managers, elle gère notamment le fonds Equity Environment & Biodiversity Impact. Emmanuelle Sée est diplômée d’un Master en Finance de l’Institut National des Langues Orientales. Elle est également titulaire de trois licences en chinois, en japonais et en commerce international.
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En matière de transformation digitale, savoir quoi faire ne revient pas à savoir comment le faire. Le «comment», c’est la spécialité de Synpulse8. Basée à Zurich, cette boutique Conseil se propose d’intervenir pour ses clients sur toute la chaîne de valeur du wealth management.
Comment accompagnez-vous vos clients dans leur transformation technologique?
Certains clients désireux d’accroître leur efficacité opérationnelle et la qualité de leurs propres services, viennent nous voir pour que nous les aidions à installer un programme ou une application qu’ils ont obtenu auprès de fournisseurs tels qu’Avaloq, Temenos ou ESI. Nous travaillons également avec notre partenaire Asset Max/Infront pour tout ce qui touche aux logiciels de gestion des données, de relations clients ou de reporting pour les gérants indépendants, les family offices et les banques.
Globalement, notre tâche ne consiste pas à recréer des solutions qui existent déjà sur le marché, mais à imbriquer des composantes innovantes sur une plateforme ou une infrastructure existante. Synpulse 8 intervient également au stade conceptuel d’un projet, comme lors de la création d’une infrastructure technologique pour une néo-banque, par exemple.
Synpulse 8 entretient-elle un lien direct avec les gérants de fortune indépendants ou préférez-vous passer par des partenaires ayant ces gérants de fortune comme clients?
Historiquement, nous tendions plutôt à travailler directement avec des partenaires tels que des wealthtechs et des banques dépositaires qui, eux, s’adressent directement aux gérants. Cela a toutefois évolué depuis trois ou quatre ans, c’est-à-dire depuis la création de l’OpenWealth Association, dont je suis également membre, et qui rassemble des acteurs variés dont les gérants de fortune indépendants.
C’est un segment de plus en plus intéressant pour nous, compte tenu de la petite taille de la plupart de ces gérants. Ils ont pourtant un besoin croissant de solutions digitales efficaces, avec des coûts abordables, s’ils entendent survivre à la transformation technologique. C’est surtout le besoin de solutions standardisées qui alimente la demande des gérants indépendants, segment dans lequel nous nous renforçons graduellement.
Quels sont vos principaux axes de développement?
Nous avons par exemple conçu l’adaptateur OpenWealth pour la communauté Avaloq, dans le cadre de l’OpenWealth Association. Cet outil sert de standard pour l’intégration d’applications diverses pour les gérants de fortune, les wealthtech, les banques dépositaires et d’autres intermédiaires financiers. L’objectif y est de renforcer la connectivité entre l’ensemble des acteurs de l’industrie des services financiers. Il vaut également la peine de mentionner nos solutions basées sur l’automatisation robotisée des processus), dont un robot advisor. Nous sommes également investis dans l’intelligence artificielle afin de répondre aux problématiques legal & compliance-
Cela veut-il dire que vos ressources humaines sont composées à la fois de collaborateurs spécialisés dans la finance et d’autres dans les nouvelles technologies?
Absolument. Les banques et les gérants de fortune sont nos principaux marchés. Par conséquent, nos collaborateurs doivent être familiers avec les activités de cette industrie, mais également avec les technologies qui doivent être intégrées au sein des diverses institutions financières. Ce qui ne veut pas dire qu’un spécialiste en informatique doive posséder les mêmes connaissances que le banquier ou vice-versa, mais chacun doit nécessairement entretenir une certaine affinité avec les services financiers et les nouvelles technologies.
Raphaël Bianchi
SynPulse8
Raphaël Bianchi est Senior Partner chez Synpulse Management Consulting et CEO de Synpulse 8, qu’il a rejoint en 2008. Il tire parti son expérience de plus de vingt ans au sein de l’industrie bancaire pour se focaliser sur l’innovation dans le cadre d’un environnement de finance ouverte et embarquée. En plus de sa fonction de CEO de Synpulse, Raphaël Bianchi est également membre du conseil de direction de Tenity et Billte et sert en tant que président de l’OpenWealth Association.
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Par Levi-Sergio Mutemba
Le Zurichois CAT Financial Products est donc devenu depuis cet été Maverix Securities, un rebranding complet pour bien souligner sa volonté de croissance dans le prolongement des développements déjà réalisés.
Que représentent les gérants de fortune indépendants pour Maverix?
Les gestionnaires de fortune indépendants sont des partenaires clés pour Maverix. Nous avons une compréhension à long terme de leurs besoins, tant en Suisse qu’à l’étranger, et offrons une plateforme sophistiquée et facilement adaptable qui leur permet de prendre de meilleures décisions d’investissement. Dans l’environnement financier complexe d’aujourd’hui, notre infrastructure technologique robuste et nos outils de pointe sont conçus pour les aider à garder une longueur d’avance. Tous nos clients cherchent à générer des performances pour leurs clients ou à atténuer les risques de leurs portefeuilles. Ils sont donc à l’affût des prochaines tendances et des prochains thèmes d’investissement.
Ce secteur connaît-il une tendance quelconque qui retient votre attention plus particulièrement?
Avec les récentes lois LSFIN/LEFin, les prochains défis seront les premiers audits réglementaires. Les gestionnaires de fortune s’adaptent, recherchent la croissance tout en gérant les défis liés à la planification de la succession. Il est de fait intéressant d’observer les différentes approches des stratégies de croissance. Nous constatons que la croissance la plus importante vient toujours des banquiers privés qui quittent leur banque pour devenir indépendants. Ce qui renforce l’idée selon laquelle l’indépendance et l’accès à l’ensemble du marché figurent parmi les facteurs les plus importants. Il semble qu’il y ait un désir clair d’accéder à une gamme illimitée de services tout en bénéficiant d’un certain niveau de flexibilité et d’autonomie.
Comment s’intègre l’intelligence artificielle au sein d’une maison de titres comme Maverix?
Au-delà de nos offres de produits, nous utilisons des applications d’intelligence artificielle principalement dans les domaines de la vente, de la communication, du marketing, au sein de notre département informatique et nous explorons continuellement de nouvelles manières d’intégrer l’IA dans nos opérations. Nous avons lancé un programme de formation pour tous les employés, les encourageant à explorer les outils qui améliorent l’efficacité et la créativité.
Et qu’en est-il des registres distribués?
D’une part, le potentiel de la blockchain pour accélérer les règlements, les paiements transfrontaliers, la tokenisation des actifs et la gestion de l’identité numérique est immense. Maverix est prêt pour l’adoption massive de ces technologies, en s’assurant que nos clients bénéficient de solutions sécurisées et innovantes, aujourd’hui et dans le futur.
D’autre part, en termes d’offres, celles-ci sont polyvalentes, qu’il s’agisse d’émettre des produits avec des droits de valeur traditionnels ou sous forme de jetons sur une blockchain. Nous sommes très engagés dans les crypto-monnaies, offrant l’une des plateformes AMC les plus complètes qui comprend le trading au comptant, le staking et les produits dérivés sur toutes sortes d’actifs crypto.
Comment la fintech affecte-t-elle votre activité, au-delà des enjeux liés à la DLT et à l’IA?
Chez Maverix, nous avons toujours été à la pointe du développement technologique dans le domaine des produits structurés. Nous avons lancé le premier outil de reporting pour les produits structurés en 2009 et introduit des solutions en marque blanche pour les banques et les gestionnaires de fortune en 2014. Notre technologie est conçue pour être agnostique, s’intégrant harmonieusement aux environnements d’actifs traditionnels et numériques, permettant à nos clients de naviguer en toute confiance dans le futur de la finance.
Giuliano Glocker
Maverix
Giuliano Glocker est CEO et co-fondateur de Maverix (ex-CAT Financial Products), maison de titres régulée par la FINMA. En 2008, Giuliano Glocker a quitté le Credit Suisse pour créer un département dédié aux produits structurés au sein d’un groupe financier, offrant des services de négoce et de tenue de marché pour des produits structurés émis par des tiers. Groupe qu’il a par la suite racheté. Il a obtenu son diplôme bancaire alors qu’il collabore au Credit Suisse, puis une licence de trading auprès de la SIX Swiss Exchange.
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Les stablecoins ont su s’imposer malgré des cadres réglementaires souvent flous. En offrant une passerelle entre le monde traditionnel et l’univers décentralisé des crypto-actifs, les stablecoins ont bouleversé les pratiques financières. Pourtant, leur développement rapide soulève une question cruciale : ces innovations se déploient-elles plus vite que la capacité des gouvernements à les réguler ?
Les stablecoins sont un type de cryptomonnaie qui cherche à maintenir une valeur stable en adossant leur valeur marchande à une référence externe, tels que le dollar américain ou des matières premières comme l’or. En s’arrimant ainsi, elles visent à offrir le meilleur des deux mondes : la liquidité et l’accessibilité des crypto-monnaies avec la stabilité des monnaies traditionnelles.
En 2014, des sociétés comme Tether et Circle ont commencé à émettre des stablecoins adossés à des actifs réels tels que dépôts bancaires et billets à court terme. Ces pièces ont contribué à instaurer la confiance dans un marché numérique émergent. Cependant, toutes les stablecoins ne sont pas égales Certaines sont entièrement adossées à des actifs tangibles, tandis que d’autres, comme les stablecoins algorithmiques, s’appuient sur le code et la dynamique du marché pour maintenir leur peg.
L’importance du maintien de la parité
La véritable valeur d’un stablecoin réside dans sa capacité à maintenir sa paritié même pendant les périodes de volatilité du marché. L’effondrement tristement célèbre de Luna et de TerraUSD en 2022, est un exemple édifiant de ce qui se passe lorsque cette stabilité est compromise. Lorsque TerraUSD a perdu son peg , la panique générale déclenchée sur le marché a entraîné des milliards de dollars de pertes et l’effondrement du marché crytpo.
Lily Liu, une éminente entrepreneuse du secteur des crypto-monnaies, décrit avec justesse le rôle des stablecoins dans la finance décentralisée : « Les stablecoins sont absolument essentiels pour la finance” on-chain”. Ils vous donnent une souveraineté digitale et économique grâce au “self-custody” ». Ce point souligne la façon dont les stablecoins permettent aux individus de gérer leurs propres actifs financiers sans dépendre d’intermédiaires.
La croissance des stablecoins en 2024
Les stablecoins ont continué à se développer, malgré l’incertitude réglementaire et les corrections du marché. Selon le rapport 2024 de CoinGecko, les stablecoins adossés à des fiats ont bondi pour atteindre une capitalisation boursière de 161,2 milliards de dollars en 2024, même si elle reste inférieure au pic de 181,7 milliards de dollars atteint en 2021. Tether), le leader du marché, en représente 70,3 %.
Les stablecoins adossés à des matières premières ont également connu une croissance significative, augmentant de 18,1 % pour atteindre 1,3 milliard de dollars en 2024. Ils ne représentent cependant que 0,8 % du marché des stablecoins adossés à des fiats.
Dans l’ensemble, les stablecoins représentent aujourd’hui 8,2 % de la capitalisation du marché mondial des crypto-monnaies et leur domination augmentent pendant les périodes d’instabilité du marché.
Ces chiffres indiquent cependant que les stablecoins constituent une infrastructure financière parallèle sérieuse, ayant démarré à un niveau proche de zéro il y a seulement cinq ans.
Tether et l’approbation implicite
Tether, le plus grand stablecoin du monde, est sur le point de fêter son 10e anniversaire. Avec des actifs sous gestion atteignant un niveau record de 119 milliards de dollars et un bénéfice d’exploitation de 1,3 milliard de dollars pour le deuxième trimestre 2024, Tether a de nombreuses raisons de se réjouir. Ses avoirs en dette américaine s’élèvent à eux seuls à 97,6 milliards de dollars, ce qui la placerait au 18e rang des pays détenteurs, dépassant la dette détenue par l’Allemagne, les Émirats arabes unis et l’Australie.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que Tether semble avoir obtenu l’approbation implicite des régulateurs américains. En se conformant aux demandes de mise sur liste noire des adresses signalées par les forces de l’ordre, Tether semble avoir acquis une position d’acceptation tacite au sein du système financier américain.
L’adoption grâce à une utilité croissante
L’utilité des stablecoins continue de s’étendre à mesure que les entreprises et les institutions financières internationales les intègrent à leurs services. BBVA a intégré l’USDC dans ses services de crypto-actifs en Suisse. Comme le souligne la banque: “Les clients institutionnels et privés de BBVA en Suisse, ainsi que ceux qui possèdent un compte NewGen, peuvent désormais gérer leurs fonds USDC sur la même plateforme que celle où ils gèrent leurs investissements traditionnels”.
Au Japon, Sony Bank s’apprête à lancer un stablecoin indexé sur le yen, tandis que les trois plus grandes banques du pays – MUFG, SMBC et Mizuho- étudient des systèmes basés sur des stablecoins pour les paiements transfrontaliers.
Jeremy Allaire, PDG de Circle, a récemment laissé entendre que la dernière mise à jour NFC (Near-field communication) d’Apple pourrait ouvrir la voie à des paiements instantanés utilisant l’USDC. Ce type d’adoption par le grand public pourrait faire entrer davantage les stablecoins dans la vie quotidienne des consommateurs et des entreprises.
L’avenir : une voie vers l’acceptation universelle.
Alors que les gouvernements du monde entier se débattent avec les implications liées à l’utilisation des stablecoins, une chose est claire : les stablecoins ont eu suffisamment de temps pour s’ancrer dans l’écosystème financier, de sorte que les gouvernements sont plus enclins à s’en accommoder qu’à les interdire purement et simplement. Dans un monde où les stablecoins ont déjà fait leurs preuves, l’acceptation plutôt que la permission semble donc avoir été la bonne approche!
Géraldine Monchau
SPHERE
Géraldine Monchau dirige les développements de SPHERE. Elle a débuté son parcours professionnel dans la finance traditionnelle où elle a occupé des postes à responsabilité liés à la gestion de portefeuille discrétionnaire et à l’advisory. Elle a ensuite rejoint l’industrie de la technologie blockchain et des actifs numériques. Géraldine est diplômée de l’IUHEI, du CFPI et du CAIA. Co-fondatrice de Women in Web3 Switzerland, elle est membre du comité scientifique du CAS Blockchain HEG.
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Les risques liés aux externalisations retiennent aujourd’hui toute l’attention de la Finma. Sous-traiter la conformité ou la gestion des risques peut ainsi devenir une source de complications pour les gérants indépendants. Il vaut donc mieux se montrer pragmatique.
La LEFin impose aux gérants indépendants une gestion des risques et compliance indépendantes, à partir d’un certain niveau de risques. Cette exigence, strictement appliquée lors des autorisations, a conduit à de nombreuses externalisations. Dans son Monitorage sur les risques 2023 et sa Communication 2024 sur les risques opérationnels, la FINMA insiste sur des exigences accrues concernant ces externalisations.
Focus sur les risques opérationnels
La Communication 2024, bien que formellement adressée aux gestionnaires de fortune collective, mentionne la gestion individuelle en ce qui concerne les risques juridiques et compliance. Selon l’autorité, trop peu d’importance a été accordée aux connaissances et à l’expérience des prestataires dans la gestion des risques opérationnels. Plus particulièrement, les activités externalisées ne seraient pas suffisamment prises en compte dans la gestion de ces risques.
Cette préoccupation se reflète dans le Monitorage 2023, qui présente l’externalisation comme un risque additionnel. La FINMA surveille ces risques par des contrôles sur place et l’analyse des données de surveillance et d’audit.
Absence de guidelines
Ni la circulaire sur les risques 2017, en date du 17 janvier, ni celle de 2023, parue le 23 janvier, limitée aux risques opérationnels, ne visent directement les GFI. Il en va de même de la Communication sur les risques de blanchiment de mai 2023. Au niveau des prestataires qui servent les gérants indépendants, un concept de gestion des risques est généralement attendu. Autre nouveauté : la FINMA semble vouloir systématiquement une approche en risques cyber.
Avantages et risques de l’externalisation
La FINMA reconnait les avantages de l’externalisation. Flexibilité, innovation et meilleure résilience opérationnelle sont mentionnés, entre autres. Elle estime néanmoins que les défaillances de prestataires essentiels sont indissociables de risques importants. Elle ajoute que la surveillance des prestataires et des risques qu’ils représentent sont indispensables au bon fonctionnement opérationnel.
Pour les gérants indépendants, il est évident que cette surveillance étroite est difficile à mettre en œuvre, sauf à désigner un COO en charge des externalisations.
Reste la préférence donnée à l’internalisation des fonctions chez le GFI. A cet égard, la résilience opérationnelle est loin d’être totale, dès lors qu’elle est soumise aux aléas du droit du travail. Une approche comparative entre l’internalisation et l’externalisation des fonctions de compliance et de gestion des risques pour des GFI comparables fait défaut. Autant rappeler ici l’exigence d’indépendance par rapport aux fonctions génératrices de revenus.
Quelle approche en risques pour les GFI ?
Lors des audits, les organismes de surveillance se concentrent sur les risques LBA, LSFin et LEFin, adoptant une approche réglementaire envers les GFI. Certains facteurs, qui aggravent ou atténuent, les risques sont encore analysés.
Les GFI doivent soumettre une matrice de risques avant l’autorisation, servant souvent de base aux plans de contrôle. Trop standardisées, ces matrices ne coïncident souvent pas avec les activités du GFI. Trop spécifiques, elles ne permettent pas d’appréhender les points attendus dans l’audit aux titres des risques LBA, LSFin et LEFin. Elles reprennent souvent, de manière assez équipondérée, les risques réglementaires, opérationnels et financiers.
Un focus sur les risques opérationnels, accompagnés des risques réglementaires et cyber qui y sont associés, permettrait de mieux cerner les attentes relatives à leur gestion. La FINMA l’exprime clairement dans sa Communication de 2024 : « trop peu d’importance a été accordée à la connaissance et à l’expérience des prestataires en question dans le domaine de la gestion des risques opérationnels ».
Il est, par exemple, reproché à certains établissements de ne pas avoir pris conscience qu’il leur fallait annoncer les cyberattaques dont ils auraient pu être victimes. Une mauvaise appréhension et une absence de contrôle des problématiques crossborder sont également citées. Autant d’éléments qui relèvent des risques opérationnels.
La LBA comme base de la compliance et gestion des risques
Une analyse des risques de blanchiment est exigée lors de l’autorisation. Dans sa Communication 2023, la FINMA attend des indicateurs chiffrés, limités à des ratios. Aux termes de la Circulaire sur les risques de 2017, la limitation des risques de blanchiment suppose une définition adéquate de la tolérance au risque par l’établissement. Au vu des normes pénales, il est difficilement envisageable que ce seuil puisse être autre que bas. Enfin, la FINMA précise que les observations et expériences de la Communication de 2023 peuvent être utilisées par analogie pour les GFI.
Règles de comportement LSFin
Le projet de Circulaire de mai 2024 traite de certains risques financiers et de risques de marché, comme la concentration. Cependant, les conflits d’intérêts et rétrocessions relèvent avant tout des risque opérationnels et réglementaires.
Le gérant ne peut mettre sur pied d’égalité la maîtrise des risques opérationnels avec une approche quantitative, voire statistique, des risques, notamment financiers, à l’instar d’une banque. Scinder risques et compliance est parfois compliqué à mettre en œuvre. Enfin, des attentes trop grandes et surtout trop larges en matière de gestion des risques sont indissociables d’un rendu médiocre. C’est dès lors également le concept assez fou de gestion des risques chez le GFI qui peut être à l’origine de défaillances. Ces dernières sont susceptibles d’intervenir, que la compliance et gestion des risques soit scindée ou unitaire, externalisée ou non.
Les attentes en matière de gestion des risques pour les gérants indépendants doivent être réalistes et adaptées, afin de garantir un rendu efficace. Un concept de gestion des risques légitime et adapté aux gérants est dès lors nécessaire.
Assouplir les exigences en matière d’indépendance de la gestion des risques et de la compliance supposerait un changement législatif. Dans cette configuration, l’externalisation de ces fonctions demeurera incontournable pour de nombreux gérants, qu’elle soit qualifiée en risque ou non.
Henri Corboz
PBM Avocats
Henri Corboz est avocat, responsable Règlementation et Conformité auprès de PBM Avocats. Il intervient sur des sujets réglementaires, de compliance et dans des contentieux connexes. Il intervient encore dans la structuration de fonds d’investissement, ainsi que dans le domaine des trusts.
Henri a été responsable Suisse romande de l’OS – AOOS durant la phasé clé des autorisations entre 2021 et 2023. Précédemment, il a pratiqué au barreau avant de rejoindre, en 2011, le pôle Marché des Capitaux de Crédit Agricole (Suisse). En 2014, il devient Head Legal & Compliance d’un gestionnaire de placements collectifs, avant de rejoindre un cabinet implanté à Genève, Paris et Luxembourg en 2015. En 2017, il retrouve CA Indosuez (Switzerland) où il a mis en œuvre l’EAI, l’entraide FATCA et la conformité QI.
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