Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
Iwan Deplazes, directeur de l’Asset Management de la Zürcher Kantonalbank, évoque avec SPHERE les défis auxquels sont confrontés les investisseurs institutionnels et les caisses de pension. Il aborde la réglementation, les questions démographiques, mais également la situation générale du marché.
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Site réalisé par Swiss House of Brands
Telomere Capital a mis en ligne en début d’année son nouveau site web, un travail de fond mené avec l’agence Swiss House of Brands. Ses objectifs : donner plus de surface à la relation-client, s’ouvrir à un public large et mettre pleinement en valeur le savoir-faire développé en interne. Petra Kordosova en explique la logique plus en détails.
Quels objectifs avez-vous associés à la refonte de votre site ?
Nous voulions bien sûr qu’il soit plus performant, mais nous voulions surtout l’intégrer davantage dans notre stratégie de communication. Il était important que le site de Telomere reflète mieux notre positionnement, notre savoir-faire et qu’il mette davantage en valeur les solutions que nous proposons. Il est clair que le digital offre aujourd’hui de nombreuses possibilités dans ce domaine.
Quelle place voulez-vous alors que le site occupe dans la stratégie Marketing & Communication de Telomere ?
Une place beaucoup plus importante ! Nous rédigeons déjà beaucoup de contenus à l’attention de nos clients. Il s’agit essentiellement d’analyses de marchés, là où porte notre expertise, et d’informations sur les développements de Telomere. Nous voulons juste que ces contenus soient davantage mis en valeur sur le site.
Jusqu’à présent, nous avons toujours eu avec nos clients une communication assidue. Tel que nous l’avons envisagé, le nouveau site doit nous permettre de nous ouvrir à un public plus large, de nous adresser à nos clients, mais aussi à nos prospects et à nos pairs. Nous voulons que Telomere devienne à terme une référence sur le marché des gérants indépendants.
En interne, nous avons mis en place des processus rigoureux et nous avons développé des méthodes de travail qui nous ont valu plusieurs récompenses. Nous avons envie de faire partager cette expérience. Nous sommes convaincus qu’il y a des idées originales et intéressantes à reprendre dans la façon dont nous pratiquons notre métier. Le site doit être une plateforme pour cela, plateforme à partir de laquelle nous pourrons également assurer la diffusion de nos contenus sur les réseaux sociaux.
De quelle manière voulez-vous que les clients vous perçoivent au travers de ce nouveau site?
Nous voulons valoriser pleinement notre expertise, nos compétences dans la gestion de patrimoine et notre dimension Family Office. Il est important pour nous que les clients comprennent bien les domaines dans lesquels nous sommes capables de leur amener une forte valeur ajoutée. Il faut aussi qu’ils sachent que nous allons travailler avec eux dans la plus grande transparence, quelque soit le comportement des marchés financiers ou de l’économie en général.
Sur quels points forts souhaitez-vous insister ?
Notre professionnalisme, notre rigueur et la qualité des processus que nous avons mis en place, tant sur le plan des investissements que sur celui des opérations conçues pour nous conformer aux exigences de la FINMA. Nous nous y sommes préparés très tôt. Nous avons d’ailleurs été l’un des premiers gérants à obtenir la licence.
En ce qui concerne plus spécifiquement notre métier de gérant, nous aimerions insister sur la planification financière et la structuration du patrimoine, pris dans sa globalité, en intégrant à la fois les actifs financiers et les autres valeurs. Ce sont les axes clés sur lesquels nous avons articulé notre offre, dans une logique de family office où nous jouons le rôle de co-pilote pour nos clients.
Nous mettons aussi l’accent sur la formation, dans la mesure où nous sommes forcément sensibles au thème de la Next Generation ». Nous formons de jeunes collaborateurs en interne. Nous avons à cœur de leur transmettre notre savoir-faire de même que nos valeurs.
Et comment s’est passé la gestion du projet avec Swiss House of Brands, l’agence à qui vous aviez confié sa refonte?
Nous avons beaucoup apprécié notre collaboration. Tout s’est déroulé comme nous l’avions prévu. Nous recherchions une agence qui sache se montrer aussi rigoureuse que nous le sommes. Et nous l’avons trouvée avec Swiss House of Brands. Chantal Baer et Marine Gruaz-Rebuffat ont parfaitement géré ce projet. En plus, au-delà de la seule refonte du site, elles nous ont énormément apporté sur tous les aspects liés à notre stratégie de marque. Nous avons trouvé qu’il y avait là, dans cette approche, un caractère vraiment novateur pour des gérants indépendants comme nous.
Nous avons d’ailleurs l’intention de poursuivre notre collaboration avec l’agence, pour d’autres projets liés au digital. Nous avons développé ensemble un beau partenariat.
Petra Kordosova
Telomere Capital
Petra Kordosova est directrice financière et responsable de la gestion des risques chez Telomere Capital, société de gestion indépendante avec une forte dimension family office. Elle en est d’ailleurs la co-fondatrice. La création de Telomere Capital remonte en 2015. Avant de se lancer dans ce projet d’entreprise, Petra a travaillé pendant près de dix ans pour UBS Wealth Management à Genève, dans un rôle de conseillère à la clientèle, dédiée au marché suisse. Elle est diplômée de l’Institut Supérieur de Gestion et de Communication de Genève et a suivi par ailleurs de nombreuses formations dans des domaines comme la compliance, la gestion financière et le management bancaire.
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La culture de l’innovation, moteur de l’économie américaine
Les performances des marchés américains répondent à plusieurs variables, mais il est certains facteurs plus structurels qui s’avèrent décisifs sur le long terme. Pour Aman Kamel, il faut commencer par l’entrepreneuriat, la prise de risques et plus encore le goût prononcé pour l’innovation.
Avec une performance annualisée sur 10 ans de près de 11% pour le S&P 500, à la fin décembre, et de près de 18% pour le Nasdaq-100, le marché américain reste incontournable. L’écosystème qu’il a développé – modèle de performance et d’efficience – a fait des Etats-Unis l’un des pays les plus innovants qui soient. Les Etats-Unis demeurent d’ailleurs à ce jour la première puissance scientifique et technologique à l’échelle planétaire. La culture américaine qui encourage l’entrepreneuriat et l’engagement des universités dans la recherche appliquée a su créer au final un cercle vertueux. En outre, la proximité qui s’est établie avec le temps entre les entreprises et le monde universitaire facilite les interactions et facilite transferts technologiques. Tout au long de leur cursus, les étudiants sont incités à conduire leurs travaux dans une logique entrepreneuriale. La Silicon Valley est la parfaite illustration de cet état d’esprit. Pour s’en persuader, il suffit de regarder du côté de Stanford. Plusieurs géants de la tech ont été lancés sur son campus, à l’image de Google ou de HP. Bien évidemment, le MIT et Harvard ne sont pas en reste.
Pour ajouter à ce socle, le financement de projets est devenu aussi l’une des principales lignes de force de cette économie. Les Etats-Unis peuvent ainsi produire des startups en masse, dans la mesure où des fonds spécialisés sont passés maîtres dans l’art d’en financer le lancement, puis le développement. En 2022, ces startups – présentes essentiellement sur le segment Small & Mid – ont capté plus de 200 milliards de dollars, un montant très largement supérieur à celui qui est octroyé en Asie et en Europe.
Une partie des capitaux ainsi alloués proviennent de plus en plus de grands groupes mondiaux, qui veulent garder le contrôle sur les technologies émergentes, créatrices de valeur à long terme. Nombre d’entre eux se sont aussi renforcés ces dernières années par la voie de la croissance externe en rachetant un nombre record d’entreprises moyennes en pleine croissance sur de nouveaux créneaux. De belles opérations ont ainsi eu lieu en 2023. Amazon s’est emparé de de One Medical pour 3,8 milliards de dollars. IBM, avec le rachat d’Apptio pour 4,6 milliards entend pousser son développement dans le cloud hybride et l’IA. Quant à Cisco, qui veut se renforcer dans la cybersécurité, elle a déboursé pas moins de 28 milliards pour l’acquisition de la Splunk pour 28 milliards. Au passage, tous ces géants mettent la main sur d’importants réservoirs de talent.
Créateurs de valeur sur la durée, les entreprises américaines savent depuis toujours que l’innovation est un formidable levier de croissance et justifie à ce titre des investissements conséquents. En 2022 aux Etats-Unis, le budget alloué au secteur de recherche et développement avoisinait ainsi les 600 milliards de dollars ! Si le R&D était une discipline olympique, les Etats-Unis collectionneraient les médailles. Et près de 70’000 brevets ont été déposés dans le pays cette même année. L’essor de l’Intelligence Artificielle est un parfait exemple de l’évolution que les Américains ont appris à donner chez eux aux nouvelles technologies.
Historiquement, le gouvernement américain a toujours soutenu d’importants programmes de politique industrielle par le biais d’investissements sur le modèle public-privé. Ils ont été essentiels pour asseoir la compétitivité des Etats-Unis au siècle dernier. Aujourd’hui, l’IIJA – 550 milliards sur dix ans, CHIPS – 200 milliards sur cinq ans et l’IRA – 369 milliards sur dix ans – poursuivent cette mission. Ils sont conçus pour attirer et accélérer les investissements privés afin de renforcer la capacité de l’économie américaine, tant au niveau global que dans quelques secteurs clés. Il en va ainsi des semi-conducteurs et des énergies renouvelables. De facto, ces apports ont contribué à augmenter les dépenses en formation afin de s’assurer une main-d’œuvre qualifiée dans des industries en mutation. Il est clair que les valorisations actuelles sur les marchés US peuvent sembler élevées pour certaines sociétés. C’est le cas notamment d’Apple, Amazon et Tesla. Mais il ne faut jamais perdre de vue que le dynamisme et la création de valeur s’accompagnent forcément d’un « premium », d’un coût sur lequel se déterminent les bénéfices futurs.
AMAN KAMEL
Trillium
Aman Kamel a rejoint l’équipe de gestion de Trillium en 2022 pour prendre notamment sous sa responsabilité le fonds Manavest Swiss Equity. Auparavant, il a passé plus de 13 ans en tant qu’analyste et gestionnaire de fonds sur le marché suisse et US, au sein de la BCGE, pour la gamme Synchrony. Aman est titulaire d’un diplôme de gestion de fortune et d’une certification en finance durable de l’Institut Supérieur de Formation Bancaire (ISFB).
Cette année, les stratégies alternatives devraient encore bénéficier de l’environnement actuel, dominé par des taux d’intérêts élevés et une inflation persistante. D’autant que la déglobalisation, la transition énergétique et la perspective des élections américaines ajoutent à la dispersion sur les marchés actions, comme le soulignent Cédric Dingens et Alexis Sautereau.
Dans les grandes lignes, à quoi devrait ressembler 2024 pour la gestion alternative ?
Avec la hausse des taux d’intérêt, les inquiétudes macroéconomiques et le retour de la volatilité sur les marchés, les stratégies long/short devraient à nouveau pouvoir démontrer leur intérêt. De même, des opportunités et des inefficiences semblent émerger dans les thèmes de la transition énergétique et dans le monde des matières premières.
Les données historiques montrent que les gérants de hedge funds obtiennent leurs meilleurs résultats en période de taux d’intérêt élevés, comme ce fut le cas entre 1990 et 2007. Avec des rendements à 5% pour les emprunts à 10 ans, une inflation qui devrait perdurer et des déficits importants, on se trouve donc dans une situation plutôt favorable aux stratégies alternatives. Elles devraient profiter également des tendances majeures que sont la déglobalisation, la transition énergétique et les élections américaines car leurs performances dépendent aussi de la dispersion sur les marchés actions
Dans quelle mesure le nouvel environnement macro profite-t-il le plus aux fonds alternatifs ?
Certaines stratégies, notamment dans le domaine du crédit, trouvent désormais un environnement plus discriminant, qui profite en effet aux gérants alternatifs. La bonne tenue et / ou la faiblesse de certains bilans d’émetteurs se voient prises en compte de manière plus marquée que lorsque les taux persistent à des niveaux très faibles. Les opportunités se développent donc favorablement tant pour les positions longues que pour les positions shorts.
Quelles stratégies alternatives devraient le mieux performer ?
Après avoir affiché de très belles performances sur la période 2020-2022, les fonds global macro ont marqué le pas en 2023. Nous restons persuadé que l’environnement de marché reste favorable à ces stratégies qui présentent l’avantage d’être décorrélées des marchés actions et obligataires. Même si la baisse des taux a été conséquente ces dernières semaines, nous restons dans une situation de normalisation qui devrait bénéficier aux bons gérants long/short qui investissement sur les actions et le crédit.
Quels sont les facteurs clés qui favorisent aujourd’hui la génération d’alpha dans les fonds alternatifs ?
De nombreux éléments influent à divers degrés sur la génération d’alpha mais le plus importe d’entre eux reste la dispersion des prix ou des rendements, selon les actifs concernés.
La difficulté, liée au contexte de ces dernières années engendré par des taux faibles, persistants, a sans doute réduit le spectre de dispersion. Par conséquent, il est devenu moins évident pour les fonds alternatifs de valoriser leurs deux pôles, long et short. Il est clair par exemple que les stratégies long/short equity n’ont pu générer les performances auxquelles elles auraient pu prétendre dans un environnement moins ordonné, moins soumis à des facteurs exogènes comme les politiques des banques centrales.
Comment a évolué cet alpha depuis la crise des subprimes ?
Depuis 2010 et la mise en œuvre de « l’assouplissement monétaire » orchestrée par les banques centrales à l’échelle planétaire, l’abondance de liquidité a prévalue sur les autres critères capables d’imprimer leur rythme aux mouvements des marchés et les valorisations des actifs. Ces injections massives de liquidités – proches des 9’000 milliards de dollars aux Etats-Unis – a eu tendance, de manière générale, à neutraliser la génération d’alpha, dans la mesure où l’univers d’investissement a fini par se présenter sous un jour moins discriminant. Il est devenu plus délicat d’arbitrer entre les actifs, et de distinguer les bons des mauvais. A l’inverse, la remontée des taux, décidée par les banques centrales pour contrer les pressions inflationnistes, a conduit au rétablissement de critères d’investissement plus sélectifs, historiquement plus favorables à la génération d’alpha. C’est notamment le cas de cette dispersion dont je parlais plus tôt.
Comment les hedge funds exploitent-ils concrètement les hausses prononcées de la volatilité ?
La manière la plus évidente, à défaut d’être la plus simple, c’est d’exploiter une stratégie d’options qui, bien construite, peut offrir des rendements très intéressant dans les phases de dislocation de marché. Cette stratégie peut être isolée, ou bien se retrouver au sein d’un portefeuille long/short equity afin d’augmenter le biais de protection du reste du portefeuille. C’est un exemple parmi d’autres. Ce type de stratégie a cependant un revers à ne pas négliger. Elle peut s’avérer improductive voire légèrement coûteuse dans les phases de prolongées de faible volatilité.
Comment expliquez-vous l’essor des plateformes multi-gérants ces dernières années ?
Les plateformes multi-gérants ont principalement gagné des parts de marché dans l’industrie des hedge funds grâce à leurs bonnes performances ajustées au risque durant les 5 dernières années. Dans un contexte d’augmentation des coûts et de consolidation de l’activité d’asset management elles ont réussi à attirer les meilleurs traders qui ont pu négocier des bonnes conditions de rémunération.
Comment les voyez-vous évoluer ces prochaines années ?
Nous assistons aujourd’hui à une phase de digestion des actifs levés ces 3 dernières années avec une performance en 2023 qui est peut-être un peu en deçà des attentes, notamment lorsque le taux sans risque est de plus de 5% en USD. Certaines vont continuer à dominer tandis que d’autres vont probablement stagner et chercher à se rapprocher d’autres acteurs.
Cédric Dingens
Cédric Dingens dirige le pôle « Investment Solutions & Institutional Clients » de NS Partners. Cédric a débuté sa carrière à la Banque du Luxembourg en 2001. L’année suivante, il a rejoint Notz Stucki à Luxembourg en tant que gestionnaire de portefeuille. Il a développé le cadre interne de gestion des risques quantitatifs avant d’être nommé responsable de la gestion des risques à Genève en 2010, puis d’être promu à son poste actuel en 2016. Il est titulaire d’un diplôme en finance quantitative de l’École nationale supérieure des mines de Nancy (France) et détient la certification Chartered Alternative Investment Analyst.
Alexis Sautereau
Alexis Sautereau a rejoint NS Partners en 2020. Il a plus de 20 ans d’expérience dans divers secteurs financiers. Il a commencé par travailler dans le trading d’options et d’actions avant de s’orienter vers le conseil en technologie puis la finance d’entreprise. En 1999, il rejoint Unigestion, l’un des leaders européens de la gestion alternative, dont il devient directeur exécutif, avant de le quitter en 2002 pour fonder Jam Research.
Les private markets sont devenus une classe d’actifs à part entière. Leur démocratisation, de même que la hausse des taux d’intérêt, transforment le secteur en profondeur et soulignent la grande disparité entre les gérants.
L’année 2023 a constitué un tournant pour les Private Markets avec la persistance de l’inflation et la perspective de taux d’intérêt durablement élevés jetant les bases de la « nouvelle normalité » de l’environnement macroéconomique. À plus long terme, ce nouvel environnement pourrait profiter aux investisseurs des Private Markets, car il distinguera les gérants sur leur capacité à générer de la valeur via des améliorations opérationnelles plutôt qu’à travers de l’ingénierie financière. La sélectivité s’avère donc plus importante. Les actifs non cotés étant confrontés à un nombre croissant de défis de transformation, notamment dans les domaines du numérique et de l’environnement, seuls les gérants profondément impliqués sur le plan opérationnel continueront à dégager d’excellentes performances.
Les gérants les plus expérimentés et sophistiqués, dotés d’une expertise opérationnelle avérée, bénéficieront de manière disproportionnée du nouveau paradigme, en concentrant à la fois un pouvoir d’attraction en termes de levée de fonds et un accès privilégié aux transactions. Une solide équipe d’investissement ne suffit plus. Elle doit désormais être complétée par des professionnels exclusivement dédiés à l’accompagnement des entreprises en portefeuille afin de les soutenir dans la mise en œuvre des plans de création de valeur. Par conséquent, nous anticipons une accélération du mouvement de consolidation au sein de l’industrie, susceptible de renforcer les acteurs en position dominante. Les rachats de gérants par des concurrents plus importants ont déjà commencé, plusieurs transactions significatives ayant eu lieu en 2023. La tendance à la consolidation est néanmoins encore dans sa phase initiale, car la classe d’actifs va continuer à se développer, alimentée par de nouveaux types d’investisseurs – notamment les particuliers fortunés.
Nouvelles opportunités en 2024
Du côté du Private Equity, nous observons des signes encourageants sur le marché des fusions et acquisitions, la dynamique des transactions s’étant légèrement redressée au troisième trimestre 2023. Nous anticipons une reprise progressive de l’activité en 2024, susceptible d’entraîner un rebond du volume des distributions aux investisseurs. L’ajustement à la baisse des valorisations à l’entrée pourrait s’accélérer tout au long de l’année 2024. Les cessions initialement prévues en 2022 ou 2023 et retardées du fait de l’environnement macroéconomique devront finir par se concrétiser, les gérants de fonds étant sous pression pour restituer du capital à leurs investisseurs. Les fonds de Private Equity bénéficieront dès lors en 2024 de prix d’entrée attractifs dans ce qui sera, selon nous, un marché d’acheteurs. L’important réservoir de petites et moyennes entreprises restera un segment très pertinent.
En ce qui concerne la dette privée, une forte accélération des capitaux levés a eu lieu ces 18 derniers mois sur fond de hausse des taux d’intérêt. Les investisseurs devront toutefois rester prudents et sélectifs, car les taux de défaut pourraient augmenter significativement dans les deux prochaines années en raison des pressions liées aux ratios de couverture des intérêts. En complément des stratégies directes traditionnelles, les investissements en dette distressed et en capital structuré seront des sous-segments attractifs pour prendre position sur le marché de la dette privée qui devraient bénéficier du contexte actuel. Enfin, les investissements dans les actifs d’infrastructure devraient continuer à bénéficier du déficit structurel de capitaux visant à financer la transition énergétique et la numérisation de pans entiers de la société.
La persistance de l’inflation sera incontestablement un moteur de la performance dans les années à venir, notamment pour les actifs réels. Après plus de quinze ans de taux bas et d’inflation négligeable, les private markets entrent dans une nouvelle phase. Forte d’une vision à long terme, à l’écart de la volatilité des marchés publics, la classe d’actifs des Private Markets dispose des outils nécessaires pour continuer à générer de la surperformance.
Point sur l’immobilier
Des corrections de 10 % à 20 % en moyenne sont à l’œuvre depuis plus de 12 mois maintenant, ayant impacté les volumes d’investissement de près de 40 % en 2023. La croissance des loyers liée à l’inflation en 2023 devrait se poursuivre en 2024. Le resserrement des conditions de crédit et l’augmentation du coût de la dette ont accéléré la tendance baissière qui pourrait se poursuivre jusqu’à mi-2024, ouvrant ainsi des opportunités attractives. À noter que certains secteurs affichent une relative résilience.
Les hôtels et les actifs d’exploitation ont retrouvé, voire dans certains cas dépassé, leurs performances pré-COVID et sont tirés par un fort déséquilibre demande/offre en Europe. Le commerce de détail continue à générer de solides rendements. Et l’immobilier de luxe est pour l’essentiel peu impacté par les mouvements des taux d’intérêt qui semblent approcher un point haut. Une reprise progressive de certains segments pourrait donc se matérialiser. En particulier sur les actifs de logistique et sur les meilleurs actifs de bureaux offrant de bonnes performances environnementales situés dans les zones QCA à faibles taux de vacance. Par ailleurs les actifs résidentiels continuent à bénéficier de fondamentaux robustes.