Indices
Jean-Sylvain Perrig
Premyss
Les indices Performance Watcher au 2ème trimestre
L’intégration à la finance traditionnelle, la TradFi, l’exploitation des avancées technologiques et un contexte macroéconomique plus favorable pourraient continuer à porter le marché des actifs crypto en 2024. Ce sont les thèmes qui dominent dans l’Outlook 2024 de Hashdex, comme l’explique Pedro Lapenta, son responsable de la recherche.
Alors que nous entamons la nouvelle année, le segment des crypto actifs semble prêt à se fondre dans l’immensité des marchés financiers traditionnels. Cette confluence indique un changement majeur: la crypto, jugée autrefois un peu trop ésotérique, est sur le point de rejoindre les sphères plus établies de la finance mondiale.
2024 s’annonce donc pour elle comme un moment particulièrement significatif, une opportunité rare où d’importants courants séculaires convergent avec des points d’entrée cycliques, attrayants à court terme. Et les principales tendances qui ont animé le secteur fin 2023 restent plus que jamais d’actualité en ce début d’année.
Ces forces sont loin d’être des facteurs négligeables. Un nouvel ETF Bitcoin spot a le potentiel pour drainer sur les marchés des milliards de nouveaux dollars au cours des prochaines années, initiant du même coup un nouveau cycle haussier pour la crypto. De plus, une approbation par la SEC représenterait une avancée pour une industrie crypto montrant de bien plus fortes garanties sur le plan de la régulation. L’adhésion de sociétés telles que BlackRock et Fidelity au principe d’un ETF est le plus fort support institutionnel dont les cryptos puissent bénéficier. La combinaison de tous ces facteurs ouvre donc des perspectives très attrayantes pour 2024.
Sur la hausse impressionnante de 2023
Faut-il s’inquiéter d’une éventuelle surchauffe des cryptos ? La hausse impressionnante survenue fin 2023 peut résulter d’un optimisme excessif lié à l’arrivée attendue des ETFs crypto spot aux Etats-Unis. Si les marchés continuent de grimper dans les semaines à venir, une fois les cotations effectives, les acteurs ayant anticipé sur l’événement pourraient alors encaisser une partie de leurs profits. Cependant si les candidatures à la création d’ETF sont retardées – voire refusées – une certaine pression à la vente est à prévoir. Les marchés annuleront alors les gains ayant résulté des paris tenus sur la mise en œuvre de ces ETF.
Indépendamment de tout ralentissement des prix à court terme, il est clair que les cryptos s’inscrive dans une dynamique favorable. Au vu des exercices précédents, en tenant compte du niveau des flux institutionnels attendus, et en ajoutant les caractéristiques risk-on et risk-off présentées par le bitcoin en 2023, ce sont des mouvements majeurs et positifs qui s’annoncent pour l’ensemble de l’industrie crypto en 2024.
Les défis rencontrés ces deux dernières années, à commencer par l’effondrement de FTX, n’ont finalement pas porté de coup fatal aux actifs crypto. En réalité, la chute des cours n’a jamais été qu’une réaction à court terme. En revanche, le rebond qui a suivi a mis en évidence, de belle manière, la robustesse du secteur, son potentiel et sa capacité à se remettre d’incidents provoqués par de pseudo-visionnaires dont les entreprises ne dont pas faites pour résister à l’épreuve du temps. Avec une adoption de plus en plus soutenue de ses actifs, d’importantes avancées réglementaires et l’intérêt accru des principales institutions financières, le marché crypto laisse entrevoir aujourd’hui un avenir axé sur l’innovation et la croissance.
Pedro Lapenta
Hashdex
Pedro Lapenta est le responsable de la recherche de Hashdex. Il est titulaire d’une licence en administration des affaires de la Fundação Armando Alvares Penteado à São Paulo et détient un MBA en finances et investissements de la Columbia Business School à New York. Pedro compte plus de 15 ans d’expérience professionnelle, ayant travaillé pour de grandes institutions financières telles que Santander, Citigroup et JP Morgan. Pedro est un passionné de technologie et s’intéresse à la crypto et à la blockchain depuis 2018.
En 2023, le marché du private equity a été confronté à de sérieux défis, notamment dans le secteur technologique. Les investisseurs en capital-risque se sont montrés plus prudents et les startups de la tech ont souffert de la disponibilité limitée des capitaux. Néanmoins, le private equity et le capital-risque offrent toujours des opportunités d’investissement à long terme, comme l’explique Andreas Bezner.
Comment percevez-vous le marché dans le domaine du private equity, du point de vue des investisseurs en capital-risque ?
Après les excès de 2021, des opportunités d’investissement intéressantes réapparaissent sur les radars. Les stratégies secondaires, c’est-à-dire l’achat et la vente de placements déjà émis sur les marchés privés, ont justement pris plus de volume. Elles permettent aux investisseurs d’acquérir des actifs auparavant illiquides, d’obtenir des rendements plus rapides et d’améliorer la liquidité de leur portefeuille. Ce segment jouit actuellement d’une grande popularité auprès des investisseurs.
Quelles perspectives voyez-vous se dégager pour les entreprises de la tech, dans le non coté, en raison notamment du revirement de la politique des taux d’intérêt – qui pourraient même baisser aux États-Unis ?
Le sentiment à l’égard de ces entreprises s’est sensiblement amélioré grâce aux prévisions de baisse des taux d’intérêt et à la diminution des anticipations d’inflation. Le marché est actuellement un marché d’acheteurs, en raison du besoin de liquidités de certains acteurs.
Qu’est-ce qui caractérise le secteur technologique, en particulier lorsqu’il s’agit d’entreprises privées ?
Le marché connaît une croissance rapide et ses sociétés atteignent presque la taille des petites et moyennes entreprises cotées en bourse. Les licornes font désormais partie intégrante du quotidien des investisseurs et de leur espace médiatique. L’intérêt qu’elles suscitent est de plus en plus grand, bien que l’accès à ces entreprises reste encore assez limité à ce jour.
Quelles sont les transactions M&A que vous prévoyez dans ce domaine ?
Nous nous attendons à plusieurs introductions en bourse en 2024, ce que laisse supposer la nette tendance à la hausse des prix sur le marché secondaire. En outre, les valorisations dans la tech dans les marchés privés progressent généralement avec un décalage d’environ 9 à 12 mois, après que les entreprises cotées aient réalisé des plus-values significatives. On s’attend donc à ce que ces facteurs poussent l’indice vers de nouveaux sommets en 2024.
Que peut-on dire de l’appétit des investisseurs pour le risque sur la base de l’indice que vous avez lancé en 2023 en collaboration avec Morningstar Indexes ?
Sur la base des indices Morningstar, nous constatons que l’appétit pour le risque des investisseurs a augmenté l’an passé. Pourtant, ils sont encore trop peu nombreux à se laisser tenter par ce genre d’investissement. Il offre pourtant de nombreux avantages, notamment une liquidité bien meilleure, une grande transparence, une approche systématique qui privilégie les entreprises les mieux valorisées et, dernièrement, des frais peu élevés sans aucune commission de performance. Ce sont des facteurs clés qui ont contribué à ce que les investisseurs montrent davantage d’intérêt pour les placements sur les marchés privés.
Dans quelle direction l’indice évoluera-t-il en 2024 ? Quels sont vos prévisions et vos projets à cet égard ?
Morningstar Indexes prévoit d’améliorer considérablement l’indice Morningstar PitchBook Unicorn Select 20 en février, en supprimant les sociétés les moins liquides. Ce changement améliorera la liquidité globale et rendra l’indice plus représentatif du marché privé au sens large. En outre, l’indice représentera de nombreux nouveaux secteurs, notamment l’intelligence artificielle avec des entreprises comme OpenAI (ChatGPT), Anthropic ou Databricks.
Andreas Bezner
Stableton
Andreas Bezner est le CEO, CIO et co-fondateur de Stableton. Il a bâti son expérience en matière d’investissement grâce aux différents qu’il a tenus rôles dans les domaines du conseil M&A, de la gestion de portefeuilles tech, de la gestion de fonds spéculatifs et de plus de 70 transactions directes en capital-risque sur le marché secondaire chez Stableton. Andreas Bezner est titulaire d’un master en économie et il a obtenu la certification CFA.
Après des années de recherche et de développement, la Fondation Solar Impulse a présenté au monde financier une sélection de 1’500 innovations labellisées cleantech. Les investisseurs y ont accès au moyen de la plateforme Runway, qui les met en relation avec les innovateurs. Deux fonds d’investissement privés ont été lancés en parallèle, comme l’expliquent Willem van Hasselt et Robin Henri.
Quelle était l’idée derrière le lancement de la plateforme Runway ?
L’objectif initial de notre fondation était d’identifier tous ceux qui innovent dans le domaine de la cleantech, à l’échelle mondiale. Nous avons alors lancé le label Solar Impulse Efficient Solution, qui se concentre sur les solutions existantes à la fois propres et rentables. Ce label est attribué aux produits, services et processus qui présentent des performances acceptables sur le plan économique tout en dépassant les standards en vigueur sur leur marché en matière de réduction de l’impact environnemental. Nous avons alors réalisé qu’il existait une forte demande de capitaux, car les startups partout dans le monde ont besoin de financements pour développer leurs solutions.
Comment fonctionne la plateforme Runway ?
Elle a donc été créée pour rapprocher innovateurs et investisseurs. Les innovateurs qui proposent des solutions labellisées et recherchent des capitaux pour avancer peuvent trouver, grâce à Runway, des investisseurs qui sont en quête de projets viables dans le domaine du développement durable. La plateforme répond à ce besoin de connexions, avec une approche pragmatique qui facilite la transition vers les technologies propres.
De quelle manière participent les investisseurs ?
Tout d’abord, en s’intéressant aux opportunités qui leur sont proposées. Ce sont plus de 1’500 solutions labellisées qui ont fait l’objet d’une évaluation rigoureuse par la Fondation Solar Impulse. Nous leur recommandons ensuite plusieurs pistes, qui correspondent à leur thèse d’investissement, et ils obtiennent un un accès direct aux dossiers de présentation pour effectuer une évaluation rapide des projets. Différents accès ont été mis en place pour les investisseurs. Les membres de l’Alliance mondiale bénéficient d’un accès privilégié ; les Change-Makers disposent de plus de capacité en termes de génération de leads et d’interaction ;et les Pionniers reçoivent un soutien personnalisé de la part de la Fondation Solar Impulse.
Mais s’agit-il d’un changement de stratégie ?
En partie, oui. Notre objectif initial en tant que fondation était d’identifier et d’évaluer les solutions cleantech existantes. Maintenant que nous y sommes parvenus, nous voulons accélérer l’évolution de ces entreprises et de leurs technologies. Le fait d’avoir réalisé qu’il existe une forte demande de capitaux et un réel intérêt des investisseurs pour les technologies propres a naturellement conduit à nos activités d’intermédiation en matière d’investissement. Même dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et de baisse des volumes d’investissement en capital-risque, nous observons toujours une bonne résilience du secteur cleantech, qui devrait se renforcer au fil du temps.
Comment vous assurez-vous que les investisseurs récupèrent les informations qualifiées dont ils ont besoin ?
Nous avons mis en place un réseau fiable grâce au processus de validation mené par des experts indépendants et à la supervision de tous les investisseurs. Les innovateurs contrôlent ce qu’ils partagent, avec la possibilité de proposer des documents de manière publique et privée. Cette approche garantit une sélection rigoureuse des innovateurs cleantech.
Quel est le lien entre la plateforme Runway et les fonds que vous avez levés ?
Nous n’avons pas seulement développé la plateforme de mise en relation. Avec BNP Paribas et Rothschild, nous avons participé à la création de deux fonds qui peuvent investir dans nos fournisseurs de solutions labellisées. C’est notre label qui fait le lien. Le BNP Paribas Solar Impulse Venture Fund est un fonds d’investissement de 150 millions d’euros qui soutient la transition écologique. Il vise à prendre des participations minoritaires dans des startups labellisées Solar Impulse, principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Israël. Avec le fonds Five Arrows Sustainable Investments de Rothschild, nous visons des encours de 250 millions d’euros. Là-aussi, les fonds investissent dans des entreprises labellisées par la Fondation Solar Impulse.
Willem van Hasselt
Fondation Solar Impulse
Le parcours professionnel de Willem van Hasselt est lié aux domaines de la communication financière pour les investisseurs institutionnels, de la planification de la communication stratégique, de la connaissance des consommateurs et de l’étude des tendances de marché. Willem est titulaire d’une maîtrise en études chinoises.
Robin Henri
Fondation Solar Impulse
Durant sa carrière, Robin Henri a rempli différents rôles dans les opérations, les relations clients et la gestion de projets, qui l’ont aidé à façonner son approche de la durabilité et de l’impact investing. Robin Henri a obtenu une maîtrise en science et ingénierie des matériaux.
Les turbulences sur les marchés et les crises mondiales ne cessent de souligner l’importance des placements en infrastructures. Le bon fonctionnement des infrastructures garantit celui de l’économie, des télécommunications, de la santé et des transports. Il est ainsi indispensable à la société.
De nombreuses infrastructures dans les domaines des transports, de l’énergie, des réseaux, de l’approvisionnement en eau, de l’élimination des déchets ainsi que des infrastructures sociales telles que les écoles et hôpitaux nécessitent d’être modernisées ou agrandies. Un besoin qui émane de l’usure des installations, de la croissance démographique continue, de l’urbanisation, des changements de comportement en matière de mobilité ainsi que de la décarbonation et de la décentralisation de la production d’énergie. La digitalisation croissante et l’augmentation inexorable du volume de données nécessitent également de meilleurs réseaux. Le développement des placements en infrastructures implique à son tour des investissements élevés.
Stabilité pour le portefeuille
Les placements en infrastructures se caractérisent généralement par des investissements initiaux élevés, en plus de durées de détention longues, d’une concurrence limitée, de barrières élevées à l’entrée, d’économies d’échelle importantes et d’une certaine illiquidité. En tant que classe d’actifs, les infrastructures sont surtout attrayantes pour les investisseurs ayant un horizon de placement à long terme, car elles peuvent apporter de la stabilité dans un portefeuille grâce à leur caractère défensif. Avec un risque mesuré, il est possible d’obtenir des rendements attrayants à long terme, les prestataires accordant la plupart du temps une attention particulière à des rendements de dividendes élevés.
La diversification est essentielle
Le marché étant hétérogène, une sélection minutieuse des projets est importante afin de tirer parti des caractéristiques positives des infrastructures en tant que thème d’investissement. Ainsi, ce sont généralement les placements réglementés ou dans le cadre desquels les prix et/ou les volumes sont fixés par des contrats à long terme qui génèrent des rendements de dividendes stables. Toutefois, la diversification est également clé pour les placements en infrastructures. La pandémie de Covid-19 a montré qu’en raison de la réduction de l’activité de déplacement, les installations telles que les aéroports ou les routes à péage étaient plus touchées que les réseaux de fibre optique, soumis à la demande, ou les réseaux électriques, essentiels à la société moderne.
Les fournisseurs réglementés, par exemple dans le domaine de l’énergie, se caractérisent par une protection particulièrement bonne contre l’inflation et une transparence des prix élevée. L’évolution des prix est liée à un indice d’inflation généralement accepté ainsi qu’aux prix des biens et matières premières. Pour certains fournisseurs d’importance systémique, il existe en outre des modèles tarifaires fixés par l’Etat qui définissent un bénéfice théorique ou permettent de couvrir intégralement les coûts de revient au moyen de prix fixés en conséquence.
Les participations dans des placements en infrastructures non cotées
A long terme, les infrastructures génèrent un rendement nettement supérieur au taux d’inflation. Même en l’absence de clauses d’ajustement des prix explicites ou garanties contractuellement, les exploitants de certains placements en infrastructures bénéficient d’une demande à tendance non élastique. Cette demande s’appuie sur des produits et prestations d’importance généralement systémique, pour lesquels des hausses de prix conséquentes n’entraînent donc que rarement des baisses de la demande basées sur le volume. En outre, les participations dans des sociétés opérant dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures sont des valeurs réelles. Ces valeurs présentent, par rapport aux valeurs nominales telles que les obligations ou emprunts, en particulier dans un contexte inflationniste, l’avantage de pouvoir ajuster non seulement les prix des facteurs de production, mais aussi les prix de vente. Cela a un effet positif sur les flux de trésorerie futurs et aide à préserver le pouvoir d’achat.
Expertise de longue date en tant que spécialiste des infrastructures
Depuis de nombreuses années, Swiss Life Asset Managers investit dans des infrastructures mondiales pour les sociétés d’assurance du groupe Swiss Life et la clientèle tierce. Ses spécialistes en infrastructures gèrent des actifs d’un montant au-delà de 10 milliards de francs suisses. Plus de 75 investissements ont été réalisés à ce jour pour les 14 fonds et mandats de Swiss Life Asset Managers. Le portefeuille comprend, outre des participations dans des entreprises européennes et nord-américaines, de nombreuses participations dans des entreprises suisses d’infrastructures du secteur des télécommunications et de l’énergie.
Pour en savoir plus : Paco Baldauff, Senior Relationship Manager, Swiss Life Asset Managers, paco.baldauff@swisslife-am.com
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Après des années avec des coûts de financement au plus bas, et peu d’alternatives de placement pour les investisseurs, le contexte est devenu moins favorable pour l’immobilier. Toutefois, les perspectives d’évolution pour le marché résidentiel restent solides pour 2024. La demande demeure importante et le risque de vacance est faible, ce qui assure des revenus stables aux investisseurs, comme le précise Corinne Dubois, économiste senior chez Wüest Partner.
Quels facteurs impacteront le marché immobilier suisse en 2024 ?
Cette année, on s’attend à une performance économique robuste, bien qu’inférieure à la moyenne des dernières années, avec une croissance de l’emploi de 1%, contre 2,2% en 2023. L’immigration devrait ainsi diminuer, tandis que la croissance démographique devait progresser de +0,7% l’année prochaine. Et si l’inflation a nettement diminué au cours des derniers mois, quelques facteurs de risque persistent. Les prix de l’électricité augmenteront en 2024, ainsi que les loyers. L’inflation pourrait ainsi atteindre 1,9% en 2024. Au vu des risques d’inflation persistants, il est d’ailleurs peu probable que la Banque Nationale Suisse abaisse à nouveau ses taux avant le deuxième semestre.
Le secteur de la construction, qui a stagné en 2023, va-t-il se reprendre ?
On ne voit pour le moment que peu de signaux positifs dans le secteur de la construction. Les prix restent élevés, les contraintes réglementaires et les oppositions sont nombreuses. Les salaires devraient en outre augmenter, ce qui alourdira les charges des entreprises. Les investissements dans la construction neuve devraient continuer à se replier, avec -0,8% pour les immeubles multifamiliaux et -1,0% pour les commerciaux.
Dans le secteur résidentiel collectif, peut-on s’attendre à une détente par rapport à 2023 ?
Les impulsions du côté de la construction neuve sont faibles, tandis que la population s’accroît. Une détente à court terme sur le marché locatif semble donc improbable. On observe d’ailleurs que le nombre de logements vacants baisse de façon continue depuis 2020. Leur taux est aujourd’hui trop faible, au niveau national, mais aussi dans la majorité des cantons, ce qui laisse présager une hausse continue des loyers. Pour les investisseurs, la forte demande et le faible risque de vacance démontrent la solidité et stabilité du marché immobilier résidentiel.
Quid du secteur de la propriété individuelle ?
Début 2023, les taux hypothécaire fixes à long terme se sont stabilisé et sont actuellement même légèrement en baisse. S’ils restent élevés par rapport à la situation de 2021, le pic a désormais été dépassé. Certes, la demande pour du logement en propriété a clairement diminué suite à la hausse des taux d’intérêt, mais il existe des facteurs positifs : la population s’accroît, les alternatives sur le secteur locatif se font rares, l’emploi est stable et le risque de chômage faible. Pour 2024, on s’attend à ce que les prix des appartements en PPE augmentent de 1,2% et ceux des maisons individuelles de 0,3%.
L’immobilier administratif et commercial verra-t-il la fin du tunnel ?
Le secteur des bureaux subit actuellement des influences contraires. D’une part, les créations d’emploi stimulent la demande : on estime qu’elles ont entraîné des besoins supplémentaires de 210’000 m2 d’espaces de bureaux. D’autre part, le recours de plus en plus fréquent au télétravail et au desk-sharing permet aux entreprises d’économiser de l’espace. De manière générale, la demande dans les meilleurs emplacements, notamment en centre-ville, reste élevée, tandis que les emplacements périphériques souffrent davantage.
Compte tenu de ces évolutions, les fonds immobiliers restent-ils des placements sûrs ?
Si les sociétés anonymes immobilières ont renoué avec des performances positives en 2023, ce n’est pas le cas des fonds immobiliers, dont les rendements continuent d’être négatifs. Les agios ont toutefois beaucoup baissé dernièrement, et se situent en dessous de leur moyenne à long terme. Il est de plus en plus probable que les fonds immobiliers évoluent positivement à l’avenir, mais il n’est pas encore possible de déterminer le moment exact de ce redressement.
Corinne Dubois
Wüest Partner
Corinne Dubois a rejoint Wüest Partner en 2022 en tant qu’économiste senior. Elle mène pour le cabinet différentes recherches et contribue aux publications sur l’économie et les marchés immobiliers. Macroéconomiste de formation, Corinne est titulaire d’un doctorat ès Sciences de l’EPFL. Pendant près de dix ans, elle a également enseigné l’économie dans plusieurs universités suisses telles que l’EPFL et l’Université de Fribourg.