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« Nous participons activement à la vague de consolidation dans le secteur des GFI »
Après une année 2024 marquée par « l’exceptionnalisme américain », l’année 2025 s’annonce surtout riche en incertitudes. Pour Yoann Ignatiew, associé-gérant chez Rothschild & Co Asset Management, les premières mesures de l’administration Trump seront décisives tant elles sont susceptibles d’impacter le reste du monde.
Par Jérôme Sicard
Quel est votre scénario central pour 2025 ?
Nous abordons l’année 2025 avec un positionnement résolument prudent, et nous n’avons pas l’intention de nous réexposer au risque de manière significative dans le contexte actuel. Les répercussions de l’année électorale qui vient de s’écouler, à l’échelle mondiale, associées à un second mandat de Donald Trump aux États-Unis, amplifient les incertitudes autour de l’inflation, de la croissance et des échanges commerciaux. En parallèle, les investisseurs doivent naviguer dans un environnement marqué par une nouvelle réalité géopolitique, des évolutions dans les chaînes d’approvisionnement et l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle. Dans ce contexte nous restons convaincus que des opportunités demeurent.
Où voyez-vous ces opportunités ?
Aux États-Unis, le marché actions reste attractif grâce à une croissance économique solide, des bénéfices robustes et une forte innovation. Bien que les flux restent concentrés sur les Magnificent Seven, d’autres opportunités existent, notamment dans les valeurs bancaires qui devraient bénéficier de la déréglementation promise. Au niveau des résultats des entreprises, les attentes de croissances de bénéfices extrêmement forte, autour de 15 %, sont à surveiller. Une déception des investisseurs pourrait entraîner un mouvement de vente important.
En Europe, malgré les freins liés à l’énergie, à l’instabilité politique et à une faible productivité, des opportunités se trouvent dans les secteurs de la santé, des industries et du luxe, portés par des entreprises compétitives à l’échelle mondiale. Il est difficile de considérer les pays émergents comme un bloc homogène, tant leurs particularités économiques diffèrent. Néanmoins, dans l’ensemble, la croissance a montré une résilience notable, et l’inflation s’est nettement repliée par rapport aux sommets atteints en 2022.
Et qu’en est-il de la Chine plus particulièrement dans ces marchés émergents ?
En Chine, malgré des mesures de relance importantes, le Parti peine à dynamiser sa demande intérieure. Les annonces d’assouplissement monétaire de novembre ont déçu, mais le gouvernement conserve une marge de manœuvre pour augmenter le déficit. La réélection de Donald Trump et la menace de nouveaux droits de douane pourraient accentuer cette pression, obligeant Pékin à privilégier la consommation intérieure face à un environnement exportateur plus difficile. Nous conservons notre volonté d’être exposé à la consommation locale en Chine et, plus globalement, en Asie et en Amérique Latine. En conclusion, notre scénario est celui d’un environnement incertain, où les défis liés à la géopolitique, à l’inflation et à la croissance coexistent avec des opportunités, notamment dans des secteurs spécifiques parfois délaissés et des marchés régionaux résilients.
Dans l’environnement actuel, à quels vents favorables, ou contraires, vous attendez-vous ?
En 2025, plusieurs éléments clés pourraient influencer les marchés. Parmi eux, la divergence des politiques monétaires entre la Fed et la BCE. La Fed pourrait maintenir des taux élevés pour contenir une inflation stimulée par la politique expansionniste de Donald Trump, tandis que la BCE pourrait adopter une posture plus accommodante pour soutenir une croissance morose en Europe. Les 100 premiers jours du président américain seront décisifs : ses baisses d’impôts et les déréglementations promises pourraient stimuler la croissance à court terme, mais un protectionnisme accru risque de freiner l’économie et d’exacerber l’inflation.
La perspective d’un dollar fort pourrait peser sur les exportations américaines et mettre en difficulté les économies émergentes endettées en dollars. Parallèlement, la mode de l’intelligence artificielle concentrant les flux boursiers est à surveiller. Une correction significative est à craindre en cas de déception des investisseurs quant à la capacité des entreprises à transformer concrètement cette technologie en résultats. De plus, le développement de l’IA pose des défis énergétiques de par sa forte consommation. Du côté de l’Asie, la Chine doit recentrer sa croissance sur la demande interne pour compenser un environnement commercial international plus difficile. Enfin, à l’échelle mondiale, l’augmentation des dettes publiques reste un défi majeur, avec un déficit budgétaire américain de 6,3 % du PIB en 2024 et une dette globale mondiale atteignant 93 % du PIB.
Yoann Ignatiew
Rothschild & Co Asset Management
Yoann Ignatiew est responsable du pôle de Gestion Actions Internationales et Diversifiée chez Rothschild & Co Asset Management. Il est également gérant de portefeuilles et membre du comité exécutif. Avant d’intégrer Rothschild & Co Asset Management en 2008, Yoann Ignatiew a travaillé successivement chez CCF, Morgan Stanley, Ixis AM et Banque Privée Saint Dominique d’actifs. Chez Rothschild & Co Asset Management il gère notamment R-co Valor, depuis 2008, R-co Gold Mining, depuis 2012, R-co Valor Balanced, depuis 2018 et R-co Valor 4Change Global Equity, depuis 2021. En 2023, il a été nommé associé-gérant de et il est devenu en 2024 responsable du pôle Gestion Actions Internationales et Diversifiée. Yoann Ignatiew est diplômé du master Monnaie, Finance de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
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Autorisations des ETFs au comptant, tokenisation des Real World Assets, percée de Solana, impressionnante trajectoire du bitcoin : Philippe Bekhazi passent en revue les moments clés qui ont jalonné l’univers des crypto-monnaies en 2024.
En cette fin d’année 2024, je me remémore les moments clés qui ont marqué cette année dans le domaine des crypto-monnaies. La légitimité du Bitcoin en tant qu’actif mondial n’a jamais été aussi forte. Les autorisations d’ETF au comptant aux États-Unis, combinées à l’adoption croissante par les institutions, ont consolidé la place des crypto-monnaies dans la finance traditionnelle et ouvrent la voie à de nouvelles opportunités d’investissement en 2025.
Les ETF au comptant consolident la place des crypto-monnaies dans la finance traditionnelle
L’autorisation des ETF Bitcoin et Ethereum au comptant a constitué une étape décisive, car l’arrivée de géants du secteur a encouragé une participation plus large du marché. Ces entrées record reflètent la demande croissante d’une exposition réglementée et sécurisée aux crypto-monnaies.
Le Bitcoin mène la danse dans un contexte de dynamique et d’optimisme des marchés
Le bitcoin a dominé le marché, imprimant un nouvel élan et dépassant le seuil des 100 000 dollars. Aujourd’hui, les signes d’une nouvelle saison commencent à se manifester.
Les développements politiques et les succès juridiques ont renforcé cet optimisme. L’élection du président Trump a mis à l’ordre du jour un programme favorable aux crypto-monnaies à Washington, engendrant une évolution réglementaire telle que la démission de Gary Gensler qui a été saluée par le secteur.
La tokenisation passe du concept à la réalité
L’une des évolutions les plus remarquables est l’intérêt croissant pour la tokenisation. Les jetons d’actifs issus du monde réel (RWA), incluant les bons du Trésor américain et les fonds du marché monétaire (MMF), ouvrent de nouvelles perspectives. Bien qu’elle n’en soit qu’à ses débuts, la tokenisation est en passe de devenir un moteur essentiel de l’innovation.
La robustesse des crypto-monnaies émerge face aux pressions économiques mondiales
Malgré ces avancées, 2024 a également mis en évidence la fragilité des systèmes financiers traditionnels. Les États-Unis et l’Europe sont confrontés à des niveaux d’endettement record et à des pressions inflationnistes persistantes. L’encours total de la dette mondiale a bondi de plus de 12 000 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres de 2024, pour atteindre près de 323 000 milliards de dollars. Les importants déficits budgétaires des gouvernements suggèrent que la dette souveraine pourrait augmenter d’un tiers d’ici 2028 pour approcher les 130 000 milliards de dollars, ce qui accroîtrait les risques de remboursement dans le monde entier.
Et si des défis demeurent, ce qui a été le plus frappant cette année, c’est la résistance des crypto-monnaies face à tout cela. Les investisseurs, les institutions et même les gouvernements commencent à percevoir le potentiel à long terme de cette nouvelle classe d’actifs, et 2024 a prouvé que les actifs numériques sont là pour durer.
Aller de l’avant
À l’horizon 2025, la question n’est pas de savoir si les crypto-monnaies continueront d’évoluer, mais plutôt de savoir à quelle vitesse et dans quelle direction. En nous appuyant sur cette dynamique, voici mes principales prévisions pour l’année à venir.
Compte tenu du succès massif des ETF crypto en 2024, nous nous attendons à une arrivée massive d’ETF Altcoin sur le marché.
Pourquoi c’est pertinent: Les Altcoins ajouteront de la diversification aux portefeuilles, en élargissant l’exposition au-delà du Bitcoin et de l’Ethereum.
Pourquoi c’est pertinent: La croissance de Solana pourrait catalyser le succès des projets au sein de son écosystème.
Pourquoi c’est pertinent: L’envolée du prix du BTC signale la prépondérance de l’actif.
La gestion active deviendra indispensable. Les investisseurs se tourneront vers des gestionnaires compétents pour gérer les actifs sous-performants et tirer parti de la dispersion croissante de l’univers des actifs numériques.
Pourquoi c’est pertinent: A mesure que les marchés arrivent à maturité, une navigation d’experts peut aider les investisseurs à identifier des rendements supérieurs, tout en minimisant les risques, garantissant ainsi une croissance stratégique du portefeuille.
Pourquoi c’est pertinent: La réglementation américaine devenant progressivement plus claire, les investisseurs pourraient se concentrer sur un positionnement en faveur d’une croissance à long terme
Pourquoi c’est pertinent: Les réserves de BTC reflètent une tendance croissante en matière de planification financière stratégique.
Pourquoi c’est pertinent: L’adoption du Bitcoin par les entreprises témoigne de son acceptation croissante.
Pourquoi c’est pertinent: Les contrats intelligents alimentés par l’IA offrent de nouvelles perspectives pour les applications de la blockchain, offrant aux investisseurs des opportunités dans des projets axés sur l’innovation et l’évolutivité.
Les memes coins auront probablement du mal à assurer leur durabilité en 2025. À mesure que le marché mûrit, les projets présentant des cas d’utilisation réels occuperont le devant de la scène, laissant derrière eux les actifs faisant l’objet d’un battage médiatique considérable.
Pourquoi c’est pertinent: Alors que les actifs spéculatifs s’essoufflent, les investisseurs pourraient avoir intérêt à se concentrer sur des projets ayant une forte utilité et des applications concrètes.
Pourquoi c’est pertinent: La consolidation du secteur crée des acteurs plus solides et plus résistants.
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Des milliers de milliards d’actifs s’apprêtent à changer de mains entre générations. Dans ce contexte, une plateforme de gestion à 360° – intégrant données, interactions client, conformité et trading dans un écosystème unique – devient essentielle pour que les gérants puissent maintenir leurs avantages concurrentiels. Sebastian Manthei s’en explique.
Les gestionnaires de fortune se trouvent à un tournant crucial. Alors que des milliers de milliards d’actifs s’apprêtent à changer de mains entre générations, les entreprises font face à une pression réglementaire croissante et à des attentes clients en constante évolution. La question n’est pas de savoir s’il faut innover, mais à quelle vitesse. Une plateforme de gestion de fortune à 360° – intégrant données, interactions client, conformité et trading dans un écosystème unique – offre l’avantage concurrentiel nécessaire pour rester en tête. Cependant, l’urgence du changement est souvent sous-estimée.
Relever les défis des systèmes hérités
Les gestionnaires de fortune subissent une pression accrue pour rationaliser leurs opérations et améliorer l’expérience client. Pourtant, les systèmes informatiques obsolètes et les processus manuels freinent la productivité. Ainsi, 60 % du temps des gestionnaires de relations est consacré à des activités non génératrices de revenus¹, en raison d’inefficacités et de données fragmentées.
Ces systèmes vieillissants entravent non seulement la rentabilité, mais conduisent également à des informations clients déconnectées. Les investisseurs réclament une vue consolidée de leurs portefeuilles, mais 44 % déclarent ne pas pouvoir visualiser tous leurs actifs au même endroit². Alors que les coûts de conformité augmentent et que les exigences réglementaires se multiplient, l’incapacité à intégrer efficacement les données aggrave les tensions opérationnelles.
Adopter une plateforme à 360° permet de simplifier les processus critiques – de l’intégration des clients au trading – améliorant ainsi l’efficacité et la rentabilité. Des solutions comme Assetmax d’Infront regroupent plus de 150 banques dépositaires, offrant des données et des insights qui fluidifient les workflows et renforcent l’engagement client.
Le transfert intergénérationnel de richesse
Le secteur est au bord d’un transfert massif de richesse. Au cours des dix prochaines années, des milliards d’euros changeront de mains en Europe. Ce passage représente un risque pour la fidélité des clients, avec 90 % des héritiers changeant de conseiller après une succession³.
Les nouvelles générations attendent une expérience différente de leurs gestionnaires de fortune. Les plateformes intuitives et orientées digital ne sont plus un luxe, mais une nécessité. Nombreux sont les jeunes clients qui privilégient des services intégrés et conviviaux.
Les gestionnaires de fortune qui adoptent des solutions à 360° seront mieux placés pour répondre à ces attentes. Des outils comme le Wealth Portal d’Infront offrent aux clients finaux une visibilité sur leurs portefeuilles via des interfaces web et mobiles. En améliorant les expériences numériques, les entreprises peuvent préserver les relations intergénérationnelles et limiter la perte de clients.
Les avantages d’une plateforme à 360°
Mettre en place une plateforme intégrée procure des bénéfices mesurables en matière de productivité, de revenus et de satisfaction client. Les gestionnaires de fortune qui ont adopté une technologie de pointe constatent⁴ :
Une plateforme à 360° offre des outils qui non seulement s’intègrent parfaitement, mais créent de la valeur en synergie. Par exemple, les capacités combinées d’Assetmax, de l’Investment Manager et des API de données de marché permettent d’accéder en temps réel à des données directement disponibles dans l’outil Wealth Portal.
En outre, une approche intégrée consolide la gestion des risques, l’évaluation et le trading dans un écosystème unique, augmentant ainsi l’efficacité opérationnelle.
Une conformité simplifiée
Avec le durcissement des cadres réglementaires, la conformité est devenue un défi majeur. Des exigences telles que les licences FINMA ont conduit à une réduction du nombre de gestionnaires de fortune ces dernières années, les petites entreprises ayant du mal à absorber les coûts croissants de conformité.
Une plateforme à 360° facilite la gestion des obligations réglementaires en intégrant ces exigences tout au long du workflow. Par exemple, Assetmax propose des processus KYC automatisés qui standardisent l’intégration des clients. Conforme à FIDLEG et MiFID II, Assetmax garantit une conformité sans faille à chaque étape du cycle de vie client.
Pourquoi agir maintenant
Comme dans tout secteur, l’avenir de la gestion de fortune dépend de la capacité d’adaptation. Les entreprises qui tardent risquent l’obsolescence, tandis que celles qui investissent dans la transformation numérique gagnent des avantages concurrentiels.
Avec l’accélération des transferts de richesse et l’intensification des pressions réglementaires, des solutions évolutives, efficaces et centrées sur le client deviennent essentielles.
Les gestionnaires de fortune doivent agir de manière décisive pour pérenniser leurs opérations. En investissant dans des plateformes complètes comme les solutions WealthTech d’Infront, ils peuvent assurer une croissance durable, fidéliser plusieurs générations et relever les défis de la gestion de fortune moderne avec sérénité.
¹ McKinsey, Analytics transformation in wealth management
² ThoughtLab, Wealth and asset management 4.0
³ WealthBriefing, The Great Wealth Transfer: Three Trends Reshaping Wealth Management
⁴ Liferay, The State of Digital Transformation in Wealth Management
Sebastian Manthei
Sebastian est un leader des ventes reconnu, fort de plus d’une décennie d’expérience dans la croissance commerciale et l’innovation technologique en gestion de fortune. En tant que directeur des ventes, il dirige l’équipe commerciale d’Assetmax avec pour mission d’étendre la présence de l’entreprise dans la gestion de fortune et la banque privée. Auparavant, il était vice-président des ventes pour l’Europe du Nord chez FactSet et responsable des ventes pour la banque d’entreprise au sein du groupe CREALOGIX. Il a débuté sa carrière dans diverses fonctions en gestion d’actifs chez Privatbank Reichmuth et Bank Vontobel.
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WHVP, le gérant indépendant zurichois, a recours depuis maintenant plus de deux ans à l’intelligence artificielle pour optimiser certains de ses process, notamment dans le cadre de ses efforts Marketing & Sales. Et, de plus en plus, pour des tâches secondaires liées à la gestion de portefeuille. Jamie Vrijhof-Droese en précise ici la portée.
Par Jérôme Sicard
Quelles ont été vos premières initiatives dans le cadre du recours à l’IA?
Nous avons commencé à la fin de l’année 2022, lorsque OpenAI a lancé ChatGPT. Comme beaucoup d’autres sociétés, nous avons commencé par des tâches relativement simples. Au départ, nous nous sommes concentrés sur les contenus marketing. La toute première chose que nous avons faite en recourant à l’IA a été d’améliorer nos articles de blog. Nous avons utilisé des articles existants que nous avions déjà rédigés et avons utilisé l’outil pour les réécrire afin de les rendre plus concis ou mieux adaptés à l’optimisation pour les moteurs de recherche.
Ensuite, nous avons expérimenté la création d’ébauches de nouveaux articles, puis nous sommes passés à la création d’articles entiers à partir d’une page blanche. Nous avons également commencé à l’utiliser pour nos publications sur LinkedIn et pour d’autres contenus destinés aux médias sociaux. Mais de prime abord, notre objectif principal était de générer du texte à des fins de marketing.
Depuis lors, comment avez-vous étendu son utilisation? A quelles fins y recourez-vous aujourd’hui?
Nous utilisons encore l’IA principalement pour des fonctions de support – elle ne joue pas encore un rôle important dans notre cœur de métier. Elle s’est toutefois avérée incroyablement utile pour établir une stratégie de contenua. Nous l’avons également exploitée pour étendre notre réseau en générant des listes de partenaires commerciaux potentiels aux États-Unis à des fins de démarchage téléphonique ou électronique.
En plus de la mise en réseau, l’IA nous a également aidés à améliorer le travail de conception et de présentation de l’entreprise. Elle nous a permis d’affiner les mises en page et le design. Même les présentations PowerPoint ont désormais un aspect plus abouti.
De même, nous avons amélioré nos market reports. Ils sont maintenant plus clairs et plus concis. Par ailleurs, nous utilisons bien sûr l’IA pour les traductions et les synthèses. Comme nous travaillons dans un contexte transfrontalier, elle est incroyablement efficace pour la traduction entre l’allemand et l’anglais.
Nous nous intéressons actuellement à l’acquisition de clients. Outre-Atlantique, nous avons vu les premiers gestionnaires acquérir des clients directement par l’intermédiaire de ChatGPT, et nous sommes optimistes quant à l’arrivée prochaine de cette tendance dans notre secteur. Nous nous préparons à l’étape suivante en rédigeant nos contenus de manière à ce qu’ils soient non seulement optimisés pour les moteurs de recherche, mais aussi pour l’IA générative.
Plus précisément, comment l’utilisez-vous dans la gestion de portefeuille?
Nous en sommes encore à la phase d’expérimentation. Comme je l’ai mentionné précédemment, l’IA n’est pas encore un outil indispensable pour nous, mais elle s’est avérée utile pour les fonctions de support. Par exemple, les états financiers peuvent être synthétisés rapidement et efficacement grâce à l’IA. Avec les portefeuilles anonymisés, vous pouvez également configurer des paramètres et demander au système de vérifier si le portefeuille s’écarte de ces références. Cela est également utile pour réfléchir à des idées d’investissement. Si vous avez une stratégie de portefeuille ou pensez à un investissement en particulier, vous pouvez utiliser l’IA comme une sorte de partenaire de brainstorming pour identifier les angles morts ou évaluer les risques potentiels.
Pour nous, il est essentiel que les décisions d’investissement soient prises en interne par des professionnels expérimentés qui ont une connaissance approfondie et complète des marchés financiers et de la sélection de titres. Cependant, utiliser un outil comme ChatGPT comme deuxième avis, uniquement à des fins de double contrôle, et s’assurer que rien n’a été négligé, peut s’avérer très utile.
Comment évalueriez-vous les avantages que vous tirez de l’utilisation de l’IA?
L’effet le plus notable est certainement l’amélioration de l’efficacité, en particulier dans le domaine du marketing et de la communication, où nous avons probablement réduit de moitié le temps nécessaire à l’élaboration de ce genre de tâches.
A ce jour, dans quel domaine l’IA vous a-t-elle donné le plus de satisfaction?
Pour l’heure, sans doute dans le Marketing & Sales. Je ne pense pas que nous serons bientôt en mesure de compter sur l’IA comme un outil fiable pour la gestion de portefeuille. Cependant, pour des tâches telles que la création de documents marketing, l’amélioration de la communication par courrier électronique ainsi que celle des rapports de marché ou même la génération d’images – pour ne plus dépendre des banques de photos – cette technologie s’avère déjà très efficace.
Au cours des deux années à venir, ces domaines deviendront probablement un axe majeur d’intégration de l’IA. Mais si l’on considère le potentiel à long terme de ces outils, il est vraiment infini.
Selon vous, dans quel domaine l’IA vous sera-t-elle plus utile à l’avenir?
Les limites sont en fait liées aux risques encourus. Par exemple, la protection de la vie privée et le respect des lois sur le secret bancaire sont essentiels. Le respect des règles et réglementations en matière de confidentialité est, bien entendu, une priorité absolue.
Les modèles que nous utilisons aujourd’hui sont encore relativement primitifs par rapport à ce que nous observerons probablement à l’avenir. Cependant, le rythme du changement est si rapide qu’il est essentiel que les gens continuent à expérimenter, à tester différentes approches, à trouver ce qui leur convient le mieux et à comprendre leurs propres limites en essayant et en voyant ce qui marche ou non.
Combien d’employés à temps plein l’intelligence artificielle remplace-t-elle en réalité?
L’IA ne remplacera pas le personnel hautement qualifié dont nous disposons. Au contraire, chaque employé intégrera probablement l’IA dans son travail quotidien. Je ne pense pas que l’IA deviendra une fonction à part entière, mais plutôt un outil ou un système utilisé par tous les membres de l’entreprise.
La plupart des employés, même dans le domaine de la gestion de fortune, ont probablement déjà recours à une forme d’assistance par l’IA au quotidien. Il est donc essentiel que les entreprises établissent des lignes directrices claires sur l’utilisation de l’IA, en déterminant ce qui est autorisé et ce qui est interdit, et en veillant à ce que les employés soient bien informés de ces politiques.
Par exemple, le respect des lois relatives à la protection de la vie privée et au secret bancaire n’est pas négociable lors de l’utilisation de l’IA. Il est important que les entreprises informent de manière proactive leurs équipes des limites et des méthodes approuvées pour l’utilisation des outils d’IA. Tôt ou tard, tout le monde les adoptera d’une manière ou d’une autre.
Jamie Vrijhof-Droese
WHVP
Jamie Vrijhof-Droese est managing partner de WHVP, la société de gestion zurichoise, et dispose d’une longue expérience dans le secteur financier. Elle s’est spécialisée dans le suivi de clients américains et siège par ailleurs au comité de l’ASG, l’Association suisse des gérants de fortune. Jamie a commencé sa carrière dans la banque en 2009 chez Credit Suisse, avant de travailler pendant plusieurs années dans la planification financière. Elle a co-signé l’ouvrage «Swiss Money Secrets» chez Banyan Hill Publishing, en 2018. Elle est titulaire d’un Bachelor en banque et finance, ainsi que d’un MBA obtenu à l’Université de Saint-Gall.
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Après avoir dressé la semaine passée le bilan des hedge funds pour 2024, Cédric Dingens présente ici ses perspectives pour 2025 et détaille les stratégies qui affichent les meilleurs potentiels dans un secteur en plein évolution.
Par Jérôme Sicard
Pour l’année qui vient, où pensez-vous qu’il soit envisageable d’aller chercher de l’alpha ?
Les stratégies global macro vont continuer à tirer leur épingle du jeu même si cela ne va pas être un long fleuve tranquille. Les stratégies « relative value » sur les taux n’ont pas bien fonctionné cette année et je pense qu’elles devraient reprendre des couleurs en 2025. La combinaison endettement élevé + incertitudes politiques dans certains pays est propice à des mouvements de taux abruptes. En outre, les spreads de crédits ayant atteint des niveaux proches des plus bas historiques dans un contexte de ralentissement économique en Europe, les stratégies « credit long/short » devraient offrir des performances ajustées au risque intéressantes. De manière générale, les ingrédients sont réunis pour que les hedge funds continuent à bien performer : des taux d’intérêts normalisés, une forte dispersion sectorielle et géographique et une volatilité soutenue des différentes classes d’actifs.
A quoi ressemble aujourd’hui l’univers des hedge funds ?
Avec plus de 4’500 milliards de dollars d’actifs, l’univers des hedge funds est dense, varié et intéressant. Les plateformes multi-gérants ont attiré beaucoup d’actifs ces trois à quatre dernières années pour représenter aujourd’hui plus de 20% de l’industrie. Elles allouent de plus en plus de capital à des gérants externes, avec une force de frappe qui n’a jamais été aussi grande dans l’histoire. En témoignent les termes de liquidité plus restrictifs imposés aux investisseurs – on peut y voir ici une forme de convergence entre le monde des hedge funds et le private equity – et les structures de frais « pass-through expenses ». Sur ce dernier point, les investisseurs remboursent directement certaines dépenses spécifiques liées à la gestion et au fonctionnement du fonds, en plus des frais traditionnels de gestion et de performance. La raison est simple : attirer les meilleurs traders. Au final, l’objectif est de bien évaluer si le jeu en vaut la chandelle.
Mais ne nous y trompons pas, nous trouvons des gérants de grande qualité à forte valeur ajoutée dans tout type de stratégie – global macro, equity long/short, event-driven, credit long/short, systematic – avec des tailles diverses. La culture d’entreprise est importante pour que les traders puissent s’épanouir. La connaissance de l’écosystème et la recherche demeurent des éléments clés pour construire un portefeuille de qualité.
Comment voyez-vous évoluer cet univers?
L’industrie des hedge funds est relativement mature mais en constante évolution. Je la vois évoluer favorablement pour plusieurs raisons.
D’abord, nous avons beau constater l’inexorable ascension de la gestion passive et qui se justifie à bien des égards, la demande pour des stratégies plus sophistiquées, génératrice d’alpha et offrant un « confort psychologique » plus grand va continuer à croître. Les clients privés d’une certaine taille ont en général une allocation en gestion alternative.
Deuxièmement, sans préjuger de l’évolution des marchés actions, nous sommes désormais dans un « bull market » qui dure depuis plus de 10 ans. L’histoire nous a montré que des cycles existaient et que nous ne sommes pas à l’abri d’une période plus compliquée. De plus, une bonne partie des stratégies ont un profil qui représente une alternative intéressante à une allocation obligataire et les taux courts sont plutôt sur la pente descendante.
Enfin, la réglementation a été une crainte plus prégnante ces dernières années. Néanmoins, l’élection de Trump aux États-Unis et la nomination au poste de secrétaire du Trésor américain de Scott Bessent – un hedge fund manager qui a fait une bonne partie de sa carrière chez George Soros et que nous connaissons bien – va dans le bon sens.
En fin de compte, c’est une question de philosophie d’investissement et de savoir si nous souhaitons avoir un portefeuille activement géré en termes de risque ou pas. Par ailleurs, l’alignement d’intérêt reste la pierre angulaire de tout investissement en hedge funds.
Comment les gérants alternatifs cherchent-ils à innover aujourd’hui pour conserver leur dimension « high tech » ?
Ils n’hésitent pas à se doter des meilleures infrastructures IT/Cloud pour leur environnement de travail. Posséder un système IT performant donne un accès aux données en temps réel, une capacité de modélisation, d’exécution et de gestion du risque optimal.
Les hedge funds ont été parmi les précurseurs de l’exploitation des Big Data et notamment de données alternatives innovantes afin de pouvoir identifier des tendances avant les autres dans le marché. C’est une course contre la montre et la recherche permet de faire la différence. Alors qu’ils ont subi une concurrence farouche de la part des sociétés tech pour attirer les meilleurs talents – les geeks d’entre les geeks ! – la tendance est désormais plus à la collaboration.
Enfin, l’émergence de l’IA permet un gain de temps et donne une capacité d’analyse supérieure dans des ensembles de données complexes. Les algorithmes d’apprentissage automatique aident à modéliser et tester différentes stratégies en temps réel, améliorant la prédictibilité des mouvements de marché.
Cédric Dingens
NS Partners
Cédric Dingens dirige le pôle « Investment Solutions & Institutional Clients » de NS Partners. Cédric a débuté sa carrière à la Banque du Luxembourg en 2001. L’année suivante, il a rejoint Notz Stucki à Luxembourg en tant que gestionnaire de portefeuille. Il a développé le cadre interne de gestion des risques quantitatifs avant d’être nommé responsable de la gestion des risques à Genève en 2010, puis d’être promu à son poste actuel en 2016. Il est titulaire d’un diplôme en finance quantitative de l’École nationale supérieure des mines de Nancy (France) et détient la certification Chartered Alternative Investment Analyst.
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