Gala
Soirée ISFB
Institut Supérieur de Formation Bancaire
L’ISFB célèbre ses lauréats et l’excellence de la formation continue
Fisch Asset Management, la boutique zurichoise dédiée au fixed income, vient de célébrer son trentième anniversaire. En cadeau, une remontée des taux qui satisfait pleinement Torsten von Bartenwerffer, son CEO, qui voit notamment les convertibles – spécialité maison – revenir sur les devants de la scène.
Par Jérôme Sicard
Comment avez-vous perçu l’évolution du monde obligataire au cours de ces 5 à 10 dernières années ?
Nous avons connu deux phases bien distinctes. Il y a d’abord eu cette longue période de baisse des taux d’intérêt, qui a poussé tout le monde à rechercher des rendements supplémentaires dans différents segments du marché fixed income. Les investisseurs ont donc souvent poussé sur le risque ou la duration, et se sont même aventurés dans des stratégies plus exotiques telles que les stratégies basées sur la volatilité.
Puis, au cours des trois ou quatre dernières années, les taux d’intérêt ont effectué leur retour. L’an passé, en janvier, la dernière obligation d’État japonaise assortie d’un taux d’intérêt négatif est ainsi repassée en territoire positif. Ce changement marque clairement la fin d’une époque. Pour moi, comme pour Fisch Asset Management, je me réjouis de ce retour des taux d’intérêt, car il marque la résurgence de la classe obligataire.
Comment vous êtes-vous adapté à l’environnement très difficile de ces cinq dernières années ?
Il est vrai que ces années ont été pénibles pour les gestionnaires spécialisés fixed income. Nous avons tous souffert. Toutefois, cela nous a également incités à devenir plus efficaces dans nos processus d’investissement et dans nos modes opératoires. Nous avons renforcé nos contrôles de risque – tant en matière de conformité que de risque – et intégré différents systèmes pour rationaliser nos flux de travail.
Nous avons veillé à simplifier nos processus et à mieux les structurer pour être plus productifs et faire en sorte que notre boutique puisse s’aligner en termes de performance sur les grandes enseignes du fixed income. C’est un peu comme perdre du poids – ce n’est pas toujours un effort agréable, mais on en ressort plus mince et en meilleure santé. Nous avons d’ailleurs vu cette transformation s’opérer dans l’ensemble du secteur.
Cela dit, Fisch Asset Management reste très solide. Nous avons récemment célébré notre trentième anniversaire, ce qui témoigne de la vision à long terme de nos fondateurs. Ils ont construit la société en sachant que les marchés connaissent des hauts mais aussi des bas et ils nous ont dotés d’une forte assise financière pour passer sans encombre les moments plus difficiles.
Avez-vous modifié la façon dont vous construisez votre gamme de produits pour vous adapter aux circonstances?
Nous n’avons pas changé d’approche. Nous nous en tenons à ce que nous maîtrisons. Notre stratégie repose sur deux piliers: les stratégies classiques avec les obligations d’entreprises à haut rendement, le crédit mondial voire les marchés émergents de manière un peu plus marginale – et les obligations convertibles, qui constituent notre classe emblématique. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ces obligations convertibles reviennent en force et que nous y voyons des opportunités significatives.
Quels sont les marchés sur lesquels vous vous concentrez ?
Nous nous concentrons principalement sur les régions germanophones en Europe. Environ deux tiers de nos actifs proviennent d’Allemagne, le tiers restant de Suisse.
En termes de clients, 37% de nos actifs proviennent de fonds de pension, 17 % de banques et le reste de fondations, de compagnies d’assurance, de trésoreries d’entreprise et de family offices. Dans l’ensemble, notre clientèle est composée à 90 % d’institutionnels.
Comment vos investisseurs ont-ils ajusté leur allocation en titres à revenu fixe au cours des cinq dernières années ?
La plupart de nos investisseurs procèdent à des allocations stratégiques, de sorte que leurs pondérations sont restées en fait relativement stables. Cependant, lorsque les taux d’intérêt ont bougé, certains ont opté pour des durations plus longues, des secteurs plus risqués ou se sont même rabattus sur les marchés privés. Aujourd’hui, avec la normalisation des taux d’intérêt, nous constatons un intérêt moindre pour ce type d’ajustements.
Quels leviers allez-vous activer pour renforcer votre croissance et retrouver vos niveaux de 2021 ?
Le marché des obligations convertibles s’est contracté au cours des trois dernières années, et nous avons subi comme beaucoup de nos confrères, mais nous avons aussi mis à profit cette période pour renforcer nos équipes de gestion. Dans la mesure où nous avons une structure robuste, fondée sur une vision à long terme, nous avons su convaincre plusieurs gestionnaires très confirmés de nous rejoindre, en particulier dans le domaine du high yield.
Cet environnement compliqué nous a en fait aidés à constituer une équipe plus étoffée que nous n’aurions pu le faire en des temps plus cléments. Aujourd’hui, nous comptons une vingtaine de portfolio managers, et notre objectif est de capitaliser sur leur expertise pour optimiser nos performances.
Quels sont les segments fixed income qui, selon vous, offriront les opportunités les plus intéressantes dans les années à venir ?
Comme le renouvellement des cycles nous l’enseigne, les segments qui ont historiquement bien performé, comme les obligations d’entreprises, devraient continuer à le faire. Mais je vois surtout des opportunités exceptionnelles dans les obligations convertibles. L’environnement actuel leur est très favorable et elles offrent d’énormes avantages.
Dans l’allocation d’actifs, elles se rangent dans la classe fixed income mais elles proposent aussi une exposition semblable à celle des actions. Les arbitrages qui s’en suivent son intéressants. Les convertibles deviennent par exemple très attrayantes dans les scénarios où l’inflation repart – ce qui n’est pas à exclure – car les actions ont tendance à être avantagées dans de telles conditions.
Par ailleurs, les convertibles ont prouvé à maintes reprises leur capacité à offrir sur le long terme des rendements supérieurs ajustés du risque, ce qui en fait un choix assez convaincant pour les investisseurs tournés vers l’avenir.
Torsten von Bartenwerffer
Fisch Asset Management
Torsten von Bartenwerffer est le CEO de Fisch Asset Management depuis novembre 2023. En tant que président du Portfolio Management Board, il est en outre responsable de la gestion de portefeuille au sein de la direction. Avant de rejoindre Fisch en octobre 2021, il était Head Multi Asset au bureau de Zurich du groupe FERI. Il était également membre du Steering Committee du FERI Cognitive Finance Institute à Francfort. Torsten a également occupé des postes de direction au sein du groupe Aquila (Hambourg) et a joué différents rôles auprès d’ISP Family Office, Clariden Leu et UBS. Torsten von Bartenwerffer a étudié l’économie d’entreprise et la gestion de la technologie à l’université de Saint-Gall, où il a ensuite obtenu son doctorat.
Vous aimerez aussi
Julie Guittard & Mathieu Raynot
Michael Page
« Les profils en KYC, conformité et réglementation restent très demandés »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
L’année 2024 entre dans sa dernière ligne droite, et c’est peu de dire qu’elle n’aura pas été très favorable aux actions européennes. Quand le S&P 500, l’indice phare de la bourse américaine, caracole à +27%, l’EuroStoxx 50 ne progresse que de 5%.
De l’instabilité politique française au marasme de l’activité industrielle, en passant par l’exposition de nombreuses sociétés à une économie chinoise en berne, les sous-performances des actions européennes s’expliquent facilement. C’est la question des perspectives qui se pose à présent. Si, bien entendu, le destin de la zone euro va dépendre de la capacité de la Chine à relancer son économie et des droits de douane de l’administration Trump, elle devra vivre aussi au gré des péripéties de ses deux moteurs : la France et l’Allemagne.
Côté français, c’est bien le risque d’un dérapage supplémentaire qui prédomine. L’instabilité politique perdurera certainement encore plusieurs mois. Le scénario d’une chute prochaine du gouvernement Barnier prend de l’ampleur, et s’il devait advenir, tous les scénarios seraient alors ouverts, jusqu’à une potentielle démission du président Macron. Un contexte qui ne pourrait que renforcer encore davantage la défiance des investisseurs. De plus, même un budget validé et l’absence de vote d’une motion de censure n’auraient sans doute qu’un impact marginalement positif, avec la perspective d’une nouvelle dissolution l’été prochain, et donc la persistance d’une instabilité du pouvoir.
Par ailleurs, au-delà de l’aspect purement politique, la question budgétaire restera centrale. Quand bien même le budget serait voté, cela ne ramènerait le déficit qu’à 5% du PIB, ce qui reste très élevé en absolu. De plus, ce calcul s’appuie sur l’hypothèse, consignée dans la loi de Finance, d’une croissance du PIB de 1,1% en 2025. Au regard de l’évolution récente des indicateurs économiques, ce chiffre a très peu de chance d’être atteint. Une croissance de l’ordre de 0,5 à 0,7% paraît plus crédible, avec un risque non négligeable de récession technique en cours d’année. Un budget calibré sur une hypothèse de croissance trop élevée ne peut que conduire à un nouveau dérapage. Et malheureusement, la situation française n’est ni nouvelle, ni exceptionnelle. La France est l’Etat à avoir le plus souvent dépassé le seuil de déficit excessif (3% du PIB) depuis la création de la zone euro – 20 années sur 26. De plus, elle est aujourd’hui le plus mauvais élève de l’union monétaire en termes de ratio déficit public/endettement : l’Italie et la Grèce, dont le ratio dette/PIB dépasse celui de la France, sont en 2024 quasiment à l’équilibre budgétaire pour la première, en net excédent pour la deuxième.
Malgré ce bilan peu reluisant, et bien que le taux à 10 ans français ait récemment dépassé son homologue grec, la France continue d’emprunter à des taux modestes. Mais le risque est aujourd’hui réel que la poursuite de l’incurie budgétaire, associée à l’instabilité politique, finissent par engendrer un accès défiance tel que les taux s’envolent sur les marchés, et que la France connaisse, toutes proportions gardées, une sorte de crise de la dette. C’est indubitablement là que se situe le principal risque pour la zone euro au cours des prochains trimestres.
Ce risque est toutefois contrebalancé par un espoir venu d’Allemagne, après l’éclatement de la coalition au pouvoir. Sauf retournement majeur, les élections fédérales anticipées, qui en découlent, devraient être remportées en février prochain par la CDU/CSU, menée par Friedrich Merz. Pressenti comme futur Chancelier, il fera ensuite alliance soit avec le SPD d’Olaf Scholz, soit avec les Verts, en fonction des scores de ces partis. Quelle que soit la couleur de la prochaine coalition, il semble certain que l’Allemagne, qui dispose de réelles marges de manœuvre avec seulement 59% de dette/PIB, sans aucun déficit primaire, ajuste enfin son orthodoxie budgétaire.
Trois pistes crédibles s’offrent à elle. D’abord, alléger les conditions et activer plus fréquemment la clause de sauvegarde qui permet au Bundestag de suspendre le frein à l’endettement « en cas de catastrophe naturelle ou autre situation exceptionnelle d’urgence échappant au contrôle de l’État ». Ensuite, reconduire le fonds spécial de 100 milliards d’euros créé en 2022 pour soutenir le budget de la défense, ou en créer un nouveau. Enfin, revoir la limite de déficit budgétaire comprise dans le mécanisme de frein à l’endettement. Fixée aujourd’hui à 0,35% du PIB, elle pourrait remonter à 0,5 voire 0,75%.
Ces ajustements peuvent paraître mineurs. Ils représenteraient toutefois une évolution majeure dans l’état d’esprit des dirigeants allemands, et il n’est guère crédible, pour l’instant, d’espérer davantage à court terme. En termes de perception du risque par les investisseurs, cela pourrait être une bouffée d’oxygène, la première économie de la zone euro prenant enfin la mesure d’un modèle économique déclinant depuis près d’une décennie et se montrant capable d’apporter un peu de flexibilité à son ordo-libéralisme parfois forcené. Cela pourrait également redonner de l’allant à certains secteurs cycliques boudés par les marchés, comme l’automobile ou la chimie.
De la survenance d’un péril français ou de la matérialisation du – raisonnable – espoir allemand dépendra certainement une bonne partie du sort boursier de la zone euro en 2025.
Olivier de Berranger
La Financière de l’Echiquier
Olivier de Berranger est le directeur général et le co-CIO de La Financière de l’Echiquier. Il a occupé depuis 1990 des postes de trader, ainsi que de responsable de desk de trading sur les produits de taux d’intérêt, cash et dérivés au Crédit Lyonnais puis chez Calyon. Il a ensuite été responsable du pôle Capital Markets chez First Finance. Olivier de Berranger rejoint La Financière de l’Échiquier en mars 2007 en qualité de gérant obligataire. Après être devenu directeur de la gestion taux, crédit et diversifié, il est nommé en 2017 directeur de la gestion d’actifs et entre au comité de direction. En décembre 2023, il en devient directeur général de LFDE. Olivier de Berranger est diplômé d’HEC.
Vous aimerez aussi
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Pour Marc Briol, les gérants indépendants n’ont pas été impactés outre mesure par la mise en application de la LSFin/LEFin. Ils étaient prêts, mais ils n’échapperont pas ces prochaines aux profondes transformations que leur imposeront des banques dépositaires soucieuses d’établir à terme des standards plus élevés.
Par Jérôme Sicard
Dans la façon dont ils s’organisent, où pensez-vous que la LSFin/LEFIn a le plus d’impact sur les gérants indépendants depuis sa mise en application ?
Nous constatons que l’impact a finalement été assez marginal. Bien que les gérants aient probablement fourni un immense effort d’un point de vue administratif pour préparer leur dossier, documenter leurs modes opératoires, formaliser leurs procédures et se soient soumis à des audits, ils n’ont pas changé pour autant leur manière d’agir. Je ne les trouve donc pas excessivement alourdis par cette charge réglementaire.
En réalité j’estime que la répercussion de cette réglementation sera plus marquée dans un deuxième temps. Les gérants indépendants vont être soumis aux règles ou aux impératifs des banques de manière plus forte. Je pense par exemple aux marchés cibles sur lesquels ils se positionnent. Les banques voudront s’assurer que leurs gérants maîtrisent parfaitement les juridictions sur lesquelles ils opèrent. Ces prochaines années, ils auront donc à formaliser davantage leurs schémas opérationnels. Ces transformations profondes n’ont pas encore vraiment commencé.
La LSFin et la LEFin ont-elles poussé les gérants à initier ce processus de transformation ?
Non, dans la mesure où les autorisations délivrées par la Finma s’inscrivent en réalité dans la continuité des travaux que les gérants ont dû entreprendre pour obtenir leur licence. Ils remplissaient donc déjà certaines exigences en termes d’organisation, de transparence, de stabilité ou d’appropriation. Mais il leur faudra en remplir certainement plus ces prochaines années.
A ce jour, la Finma a délivré près de 1’500 autorisations. Quel regard portez-vous sur ce marché ?
C’est un marché important, qui jouit manifestement d’une belle dynamique. Je m’attends cependant à voir une certaine sélection s’effectuer à l’avenir. Beaucoup d’autorisations ont été délivrées de manière rigoureuse, d’autres l’ont peut-être été un peu moins. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure la Finma mettra en place une jurisprudence avec des niveaux de qualité ou de contrôle différents, aussi bien pour les banques dépositaires que pour les gérants indépendants.
Pour vous, les banques doivent donc jouer un rôle dans cette rationalisation ?
Les banques dépositaires doivent se situer aux avant-postes et assumer davantage leurs responsabilités dans la définition et la mise en place de standards. Nous sommes aussi très attentifs aux changements en cours à la Finma. Ce que nous souhaitons – et ce qui a toujours été la force de la place financière suisse – c’est d’évoluer dans un environnement « pinciple-based » plutôt que « rule-based ». On a besoin d’un régulateur qui veille à l’application des lois mais contribue aussi à la compétitivité de la place financière. C’est le mandat souvent donné aux régulateurs anglo-saxons. L’approche n’est pas forcément la même en Suisse ou en Europe.
Comment définiriez-vous la proposition de valeur de gérants indépendants tels qu’ils se présentent en ce moment sur le marché ?
Leur indépendance, pour commencer, puisque c’est l’adjectif qui les qualifie en tout premier lieu. Les gérants indépendants ont cette capacité à travailler en architecture ouverte et à pouvoir sélectionner les meilleurs produits dans le seul intérêt de leurs clients. Leur proposition de valeur tient aussi pour beaucoup à leur flexibilité et leur proximité vis à vis de la clientèle. Leur corpus administratif s’est peut-être alourdi, mais ils disposent encore de grandes plages de temps à consacrer à leurs clients.
Et puis j’élargirais le champ. Les gérants indépendants bénéficient d’un contexte assez extraordinaire, celui de la place financière suisse, de sa grande stabilité, de sa vigueur et de la richesse de son écosystème, autant d’éléments qui se reflètent également dans la proposition de valeur des GFI.
Ont-ils encore la bande passante aujourd’hui pour assurer une gestion de portefeuille optimale ?
Oui, pour autant qu’ils s’organisent de manière adéquate, et prennent en considération leur valeur ajoutée et leurs capacités, par exemple dans le cas d’une allocation tactique. Doivent-ils s’occuper de tout ou déléguer ? Nous voyons émerger aujourd’hui une prise de conscience autour de la génération d’alpha. Elle concerne d’ailleurs autant les banques que les gérants. Pour les unes comme pour les autres, il s’agit de mieux intégrer des actifs non cotés dans les portefeuilles et d’optimiser la diversification dans les classes traditionnelles comme les actions ou les obligations.
Nous nous dirigeons à mon avis vers un monde où les gérants trouveront des relais pour la gestion de certaines poches et se transformeront progressivement en « trusted advisors », dans des structures multi-gérées plus ouvertes.
En dehors de la réglementation, quelles autres pressions voyez-vous s’exercer sur les gérants indépendants ?
La première, c’est la génération d’alpha que je viens d’évoquer. Les gérants ont aujourd’hui des impératifs de performance, couplés à une forte pression sur les marges, due en grande partie à un environnement de plus en plus compétitif, en Suisse comme à l’international.
Le passage au digital et l’adoption de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle pèsera aussi beaucoup sur eux. Dans la façon dont ils gèrent leurs portefeuilles de même que dans la manière dont ils interagissent avec leurs clients. Sur ce point, les attentes et les comportements futurs de la NextGen restent encore quelque peu indéterminés.
De votre côté, comment avez-vous fait évoluer vos services aux tiers gérants?
Nous les aidons à optimiser l’allocation de leurs portefeuilles en leur donnant accès à des actifs plus sophistiquées de type private markets ou hedge funds. Nous sommes capables de leur proposer une large gamme de produits, ou de créer pour eux, selon leurs besoins spécifiques, des fonds dédiés, en marque blanche.
Nous avons également développé nos services de Global Custody, en offrant aux individus fortunés ainsi qu’aux single et multi-family offices la possibilité de rassembler plusieurs gestionnaires sur un seul et même compte. Ce modèle repose sur une gestion en architecture ouverte, tandis que la partie asset servicing, simplifiée pour plus d’efficacité, est entièrement prise en charge par Pictet Asset Services. De plus, les gérants indépendants et leurs grands clients bénéficient désormais de solutions historiquement réservées aux asset managers ou aux clients institutionnels. Cette convergence se manifeste très clairement depuis quelque temps.
Marc Briol
Pictet Asset Services
Entré chez Pictet en 1995, Marc Briol exerce les fonctions de CEO de Pictet Asset Services, qui fournit des services de banque dépositaire ainsi que d’administration et de gouvernance de fonds à une clientèle composée de gérants indépendants, de gestionnaires de fonds et d’institutionnels.
Au sein de Pictet, Marc Briol a précédemment occupé le poste de COO de la division Technology & Operations. Avant cela, il a exercé les mêmes fonctions au sein de Pictet Asset Management de 1997 à 2008 à Londres.
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Mercury Metrics propose aux banques privées et aux sociétés de gestion des solutions analytiques pour mieux évaluer les performances et les compétences de leurs relationship managers. Un exercice complexe, devenu essentiel dans le développement d’une stratégie commerciale.
Par Jérôme Sicard
Comment définiriez-vous aujourd’hui le poste ou la fonction de relationship manager?
Le relationship manager d’aujourd’hui est bien plus qu’un simple banquier: il est l’épine dorsale de la stratégie client et un acteur clé de la réussite commerciale pour les banques privées et les sociétés de gestion. Aujourd’hui, il évolue dans un cadre rigoureusement structuré. Sa mission principale n’est plus de sélectionner des produits financiers ou de suivre les marchés, mais d’intervenir comme pivot central de la relation client. Il doit coordonner des solutions complexes, traduire des besoins parfois implicites en opportunités concrètes, et maximiser la valeur ajoutée pour chaque client.
Comment ce rôle a-t-il évolué au fil du temps?
Autrefois, les relationship managers étaient avant tout des experts des marchés financiers. Ils passaient une grande partie de leur temps à analyser des opportunités d’investissement et à convaincre leurs clients de suivre leurs recommandations. Cette époque a laissé place à une réalité beaucoup plus complexe. En raison des changements réglementaires introduits dans le sillage de la crise financière de 2008, les relationship managers doivent composer avec une charge administrative croissante et des processus standardisés. Leur capacité à personnaliser leurs approches et à se consacrer pleinement à la relation client s’en trouve restreinte.
Quels sont les grands défis auxquels les RM sont confrontés aujourd’hui?
Les relationship managers jouent un rôle stratégique pour les banques et les sociétés de gestion, mais ils évoluent dans un environnement de plus en plus exigeant. Trois défis majeurs compliquent leur quotidien.
Le premier défi, probablement le plus frustrant, porte sur la gestion du temps. Entre les obligations administratives, les exigences réglementaires et les processus de conformité, une part significative de leur journée est consacrée à des tâches à faible valeur ajoutée pour les clients. Cette situation les empêche souvent de se concentrer pleinement sur la relation client, qui devrait pourtant rester au cœur de leur mission.
Ensuite, la pression concurrentielle et la saturation du marché compliquent leur capacité à se différencier. Les clients sont aujourd’hui sur-sollicités par une multitude d’acteurs offrant des solutions proches les unes des autres. Pour convaincre, un RM doit non seulement comprendre parfaitement les besoins spécifiques de ses clients, mais aussi être capable de démontrer une valeur tangible et différenciée.
Enfin, il y a l’érosion de la rentabilité, un problème particulièrement aigu en Suisse. Les marges diminuent sous l’effet combiné des taux d’intérêt bas et des contraintes réglementaires croissantes. Dans ce contexte, chaque interaction client doit être optimisée non seulement pour maintenir la performance actuelle, mais aussi pour préserver la pérennité des relations à long terme.
Sur quels critères les RM devraient-ils être évalués aujourd’hui?
Les critères traditionnels comme les revenus générés ou le volume des actifs sous gestion ne suffisent plus pour mesurer la véritable valeur d’un relationship manager. Ces indicateurs, bien qu’utiles, ne capturent pas la complexité et l’impact stratégique de leur rôle.
Aujourd’hui, il est crucial d’évaluer les RMs en se concentrant sur leur capacité à établir des relations solides et durables avec leurs clients. Il faut aller au-delà des chiffres pour comprendre la qualité de ces relations et la profondeur de la confiance qu’ils parviennent à créer.
Un autre aspect essentiel est la satisfaction et la fidélité des clients. La fidélité, en particulier, est un indicateur clé, car elle reflète la capacité du RM à transformer une interaction commerciale en un partenariat de long terme.
Enfin, leur aptitude à travailler en équipe ou à collaborer avec d’autres spécialistes est déterminante. Dans un monde où les solutions sont de plus en plus complexes, un relationship manager doit être capable de mobiliser des ressources variées pour offrir un service intégré et cohérent.
Quelle est l’approche de Mercury Metrics pour évaluer l’efficacité des relationship managers?
Chez Mercury Metrics, nous avons totalement repensé la manière de mesurer la performance des relationship managers, grâce à une méthode fondée sur les données. Notre démarche repose sur plus de 50 indicateurs clés, qui offrent une vue à 360° des forces et des axes d’amélioration des relationship managers. Ces indicateurs couvrent aussi bien des dimensions quantitatives, comme la rentabilité, que qualitatives, telles que la profondeur et la qualité des relations clients.
Notre méthode ne se limite pas à une évaluation statique. Elle intègre des outils prédictifs qui aident les banques et les sociétés de gestion à anticiper les trajectoires futures des RMs, qu’il s’agisse de l’évolution de leurs portefeuilles ou de leurs contributions à la stratégie globale. En traduisant ces analyses en business plans et en plans d’action personnalisés, nous apportons aux institutions la clarté nécessaire pour prendre des décisions concernant le recrutement, la gestion et le développement de leurs RMs.
Qu’espérez-vous accomplir avec Mercury Metrics?
Nous voulons aider les banques et les gérants indépendants à mieux comprendre et gérer leurs relationship managers. Grâce à des business plans étayés par des données précises, nous leur permettons de de mieux anticiper les besoins futurs et de structurer des stratégies claires pour maximiser les contributions de leurs RMs.
En complément, nous élaborons des plans d’action concrets, directement alignés sur les priorités stratégiques de chaque institution. Ces plans traduisent les objectifs des business plans en mesures pratiques et applicables, aidant les relationship managers à renforcer leurs relations clients, et à développer de nouvelles opportunités pour maximiser leur impact.
Au final, nous fournissons une méthode structurée, pragmatique, pour aider les institutions à gérer efficacement leurs talents et à prospérer dans un environnement de plus en plus compétitif.
Iavor Tzolov
Mercury Metrics
Iavor Tzolov est le fondateur de Mercury Metrics, une solution analytique permettant aux banques privées et aux sociétés de gestion d’évaluer et de comparer les compétences de leurs relationship managers en matière de gestion des relations. Après avoir occupé le poste de responsable de la stratégie et du développement chez Piguet Galland à Genève, il a créé Ortogon, une structure dédiée à l’accompagnement de décideurs et d’entrepreneurs face à des défis stratégiques et opérationnels complexes. Iavor est également cofondateur de Venture Mills, une initiative soutenant des startups dans la fintech et la transformation numérique.
Fanny Eyraud
Jema
« Nous voulions pouvoir travailler sur la diversité des patrimoines contemporains. »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands
Swissquote arrive en bonne place, au quatrième rang, dans la récente étude de Colombus Consulting sur la digitalisation de l’expérience client. Des clients, du reste, de plus en plus jeunes, de plus en plus riches et de plus en plus institutionnels, comme le constate Simon Morgenthaler depuis Zurich.
Par Levi-Sergio Mutemba
Comment la clientèle individuelle a-t-elle évolué au cours des dernières années, et plus particulièrement depuis le covid?
La première évolution à relever, plus structurelle, est de nature démographique. Les investisseurs de plus en plus jeunes forment une clientèle de plus en plus importante, bien que les senior ou les clients retail de plus de cinquante ans prédominent. Cette clientèle émergente est la raison du partenariat noué en 2021 avec PostFinance, via la plateforme YUH, qui s’adresse à de jeunes investisseurs, très mobiles et qui n’ont probablement jamais investi auparavant. La pandémie a, pour ainsi dire, accéléré cet afflux de clients privés n’ayant jamais investi. Les actifs numériques et les cryptomonnaies en ont été les principaux bénéficiaires.
Et qu’en est-il de la clientèle fortunée?
En 2003, lorsque j’ai rejoint Swissquote, notre réputation n’était pas suffisamment développée pour attirer cette clientèle. Aujourd’hui, elle a largement accepté et intégré les banques numériques. Rappelons également que la fortune moyenne de nos clients est supérieure à 100’000 francs, mais que ce chiffre est peu révélateur de la multiplicité des profils. Nous avons des clients riches en dizaines de millions de francs et d’autres qui détiennent moins de 5’000 francs.
La clientèle institutionnelle semble également avoir beaucoup évolué. Que représente-t-elle aujourd’hui pour Swissquote?
Nous avons constaté une évolution significative de cette clientèle, qui représente actuellement 30% environ des revenus. Il peut s’agir d’une relation institutionnelle, d’une relation B2B classique ou d’une relation B2B2C par laquelle nos clients institutionnels combinent leurs solutions aux nôtres, pour leurs propres clients. Il peut être utile de rappeler que notre bureau basé à Singapour s’adresse exclusivement à une clientèle institutionnelle, tandis que notre représentation à Malte se concentre sur les fonds de placement et les placements collectifs.
Mais qu’attend cette clientèle d’une banque numérique qui doit pourtant son essor aux investisseurs individuels?
Les attentes des institutionnels se concentrent principalement sur l’efficience technologique de notre plateforme dans son ensemble. Ils recherchent une plateforme de trading sophistiquée, comme l’illustre notre interface, ainsi qu’une infrastructure très moderne. C’est une clientèle qui souhaite également avoir accès à pratiquement toute la gamme des classes d’actifs et des produits financiers, réunis en un seul point. Or notre plateforme donne accès à plus de trois millions d’actifs ou de produits financiers. Cet aspect est particulièrement important, dans la mesure où les clients ne veulent pas multiplier les fournisseurs selon les classes d’actifs ou les produits recherchés. Bien sûr, c’est sans parler de la liquidité, qui est fondamentale, pour un pricing aussi compétitif que possible.
S’agissant des nouvelles technologies, comment l’intelligence artificielle s’intègre-t-elle dans vos opérations?
Elle est particulièrement importante pour la prise en charge et le support client. Tout est fait pour que nos employés se concentrent sur les questions ou les problèmes les plus complexes que les clients pourraient soulever. Nos systèmes automatisés, en revanche, sont en mesure de répondre aux requêtes relativement simples. La permanence des services d’appui et de soutien au client est tout aussi cruciale.
Nous nous dirigeons assez rapidement, je pense, vers une société où les entreprises maintiendront le support et la prise en charge client vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Il y a encore moins de dix ans, un client pouvait légitimement s’attendre à devoir patienter plusieurs jours avant de recevoir un retour suite à une question soulevée ou un problème rencontré. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le client s’attend à une réponse immédiate, en temps réel, compte tenu de ce qu’a permis l’IA en termes d’améliorations des processus.
Sachant que votre coeur de métier est le courtage, cela change-t-il quoi que ce soit en termes d’exposition à la réglementation par rapport à une banque traditionnelle?
Le fait que nous ayons une licence FINMA nous expose aux mêmes exigences réglementaires que celles auxquelles sont soumises toutes les autres banques. Pour vous donner une illustration de l’impact de la refonte réglementaire entourant l’industrie des services financiers, rappelons que lorsque je suis arrivé à Swissquote il y a un peu plus de vingt ans, moins de dix personnes étaient en charge des aspects réglementaires et conformité. Aujourd’hui, il s’agit pratiquement d’une armée de spécialistes que Swissquote emploie pour assurer une entière conformité.
De plus, les clients, et pas seulement les clients institutionnels, attendent de nous que nous les maintentions à jour dans les évolutions réglementaires. L’onboarding des nouveaux clients est certainement l’un des aspects les plus importants. Pour nous, il est donc impératif de procéder à de nombreuses vérifications et à d’intenses contrôles. Un exercice rendu toutefois relativement fluide grâce à une infrastructure technologique de pointe, mais qui, j’insiste, reste néanmoins complexe.
Simon Morgenthaler
Swissquote
Simon Morgenthaler a rejoint Swissquote en mars 2003 avec pour mission initiale de créer une offre de services pour les gestionnaires de fortune indépendants. Il a conceptualisé et mené avec succès plusieurs projets d’envergure dans différents domaines d’activité, tels que le traitement OTC de produits dérivés, des partenariats white label et l’offre de crypto-monnaies. Aujourd’hui, en tant que directeur général du bureau de Zurich, il est responsable des ventes pour les clients retail et institutionnels dans la zone Allemagne-Autriche-Suisse. Il supervise également les relations clients et les unités de soutien à la clientèle. Il est également membre du conseil d’administration de Swissquote Financial Services (Malta).
Vous aimerez aussi
Julie Guittard & Mathieu Raynot
Michael Page
« Les profils en KYC, conformité et réglementation restent très demandés »
RÉDACTION
redaction[at]sphere.swiss
PUBLICITÉ
advertise[at]sphere.swiss
ABONNEMENT
contact[at]sphere.swiss
ÉVÉNEMENTS
events[at]sphere.swiss
Case postale 1806
CH-1211 Genève 1
© 2023 Sphere Magazine
Site réalisé par Swiss House of Brands