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Solutions EAM

  • Eric Bissonnier
  • CEO
  • Performance Watcher

La mesure toute relative de l’alpha

L’alpha est très certainement le Graal de tout gestionnaire de fortune, encore faut-il savoir de quelle manière il est mesuré. A cet égard, le choix de l’indice de référence devient fondamental, et il est hautement recommandé d’éviter les benchmarks standards qui limitent les perspectives.

L’alpha indique le rendement excédentaire d’un investissement par rapport à un indice de référence. On peut aussi parler de surperformance ou de capacité à « battre le marché » – se frapper la poitrine est alors autorisé.

En finance, un alpha positif est souvent considéré comme le Saint-Graal. Les gestionnaires de portefeuille courent après ce chiffre insaisissable, dans l’espoir de démontrer leurs prouesses en matière d’investissement. Si vous avez de l’alpha, vous ne vous contentez pas de suivre la vague du marché, vous la suivez mieux, plus rapidement et avec plus de style. C’est l’équivalent, en matière d’investissement, d’une plongée notée 10/10 – exécution parfaite – tandis que le marché se prend un plat monumental.

Soyons honnêtes, d’après notre vaste expérience, la sous-performance, ou l’alpha négatif, est souvent commodément attribuée par les gestionnaires à des facteurs indépendants de leur volonté, et non à la qualité de leur travail. Les contraintes, les coûts, la malchance ou le redoutable « mauvais indice de référence » sont utilisés comme arguments, valables ou non. Toutefois, lorsque l’alpha est positif, il est souvent attribué aux décisions astucieuses et à la perspicacité du gestionnaire. N’oublions pas que l’alpha est influencé par de nombreux facteurs, dont la chance, surtout à court terme. Les marchés sont imprévisibles et même les meilleures stratégies peuvent être perturbées par des événements inattendus.

Sur le long terme – 3 à 5 ans – il est raisonnable de s’attendre à ce que votre portefeuille atteigne ou dépasse un benchmark correctement défini. Si ce n’est pas le cas, il convient de procéder à quelques réglages, ou alors de penser éventuellement à se tourner vers des fonds indiciels à moindre coût.

L’alpha étant une mesure relative, le choix d’une référence pertinente aux fins de comparaison est crucial. Toutefois, s’en tenir à un indice de marché ou à un indice composite établi sur mesure est moins opportun pour les portefeuilles de la gestion privée que pour les portefeuilles passifs. Les portefeuilles de la gestion privée ne sont pas gérés en fonction de la « tracking error » et de profils de risque relatifs. Les clients privés ne se comportent pas de manière rationnelle en cas de baisse des cours et leurs profils de risque s’apparentent davantage à des options d’achat (call) qu’à des futures « delta-one » sur indice. En d’autres termes, ils détestent perdre ne serait-ce qu’un peu d’argent mais ils adorent bien évidemment les rendements élevés.

Il est donc beaucoup plus sensé de comparer un portefeuille donné à la façon dont se comportent collectivement d’autres gestionnaires de fortune, soumis aux mêmes pressions, aux mêmes impératifs qui se résument à limiter les baisses autant que se peut et à participer aux hausses un maximum. La gestion privée implique souvent des stratégies plus personnalisées, adaptées aux besoins et aux objectifs individuels. Par conséquent, les indice de référence standards du marché ne sont pas toujours les référentiels les plus évidents. En outre, les structures de coûts des portefeuilles déposés dans les banques sont généralement plus élevées que celles des portefeuilles institutionnels et il est difficile de les ignorer.

La comparaison avec un indice de référence basé sur des portefeuilles gérés est cruciale car elle permet de se faire une idée plus précise de la qualité de la gestion par rapport à des pairs plutôt que par rapport à un indice abstrait, brut de frais ou de marché. Différents fournisseurs proposent des outils de ce type. La comparaison d’un portefeuille avec d’autres portefeuilles gérés dans des conditions semblables fournit des éléments d’appréciation autrement plus précis. Si votre portefeuille est en retard par rapport aux autres, dans des profils rendement-risque identiques, cela peut indiquer qu’il est nécessaire de réévaluer votre stratégie d’investissement. Le pilotage de la gestion devient beaucoup plus fin.

En conclusion, l’alpha peut indiquer un excès d’orgueil, en particulier lorsque les gestionnaires sont prompts à s’attribuer le mérite des résultats positifs et tout aussi prompts à rejeter la responsabilité des insuffisances sur des facteurs externes. Si l’alpha est une mesure utile, il n’est pas la panacée. Il est préférable de prendre les performances à long terme, la cohérence des résultats et la manière dont votre portefeuille se compare à d’autres portefeuilles similaires. Cette vision plus large peut vous aider à prendre des décisions plus éclairées et à vous assurer que vos investissements travaillent réellement pour vous.

 

Eric Bissonnier

Performance Watcher

Eric Bissonnier est CEO de Performance Watcher depuis l’an passé. Il a commencé sa carrière en 1992 pour Chase Manhattan Private Bank à Genève et New York. En 1998, il s’est joint à la société de multi-gestion alternative EIM dont il est devenu CIO en 2002. Il est resté en poste chez Gottex et LumX Asset Management, sociétés qui ont succédé à EIM, jusqu’en 2019. Il a joué un rôle déterminant dans le développement de la fintech LumRisk, une spinoff d’EIM spécialisée dans la gestion des risques. Eric possède la certification CFA et il est titulaire d’un Mastère en économie obtenu à l’Université de Genève.

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Antoine Blouin
Banque Heritage
«Il faut devenir le sparring partner des GFI dans plusieurs domaines. »

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Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l’un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

Work in progress

  • Interview Adrian Schatzmann
  • CEO
  • Asset Management Association Switzerland

« Nos priorités sont les retraites, la durabilité et la technologie »

Aux lendemains de l’Asset Management Day, qui a réuni plus de 300 participants à Berne, l’AMAS est plus que jamais décidée à soutenir le développement de la gestion d’actifs et à la préparer aux évolutions inévitables qui s’annoncent pour elle. Adrian Schatzmann s’en explique.

Quelles sont les principales conclusions à tirer de l’Assemblée Générale de l’AMAS qui s’est tenue en juin ?

Nous avons atteint un record de participation cette année à Berne avec plus de 300 participants. L’Asset Management Day est devenu ainsi le rendez-vous annuel incontournable de de la gestion d’actifs en Suisse.

Maintenant que le Swiss Stewardship Code est opérationnel, quelles sont les questions clés sur lesquelles vous souhaitez vous concentrer à l’avenir ?

Avec le Swiss Stewardship Code, AMAS et Swiss Sustainable Finance ont fourni des lignes directrices aux gestionnaires d’actifs, aux propriétaires et aux prestataires de services financiers afin de promouvoir l’engagement des investisseurs en Suisse. Le stewardship et l’engagement reviennent de plus en plus dans les discussions, ce qui reflète bien l’importance croissante accordée à l’écologisation de l’économie réelle. Il y a un an, l’accent était mis d’abord sur les pratiques d’exclusion. Le défi consiste maintenant à traduire ces lignes directrices en mesures concrètes.

Quels sont les facteurs clés qui façonneront l’avenir de la gestion d’actifs en Suisse?

Le secteur va s’étendre, devenir plus pertinent sur le plan social, plus écologique, plus privé, moins liquide, plus réglementé et plus impacté par la technologie.

Pour exploiter pleinement le potentiel de ces évolutions, je vois plusieurs impératifs. 

. Intensifier les efforts pour que les gestionnaires d’actifs suisses aient un accès garanti et élargi aux marchés internationaux.

. Mettre en place une réglementation adéquate pour les intermédiaires financiers non bancaires. Une distinction claire entre les politiques macroprudentielles et microprudentielles doit être assurée. Le secteur des IFNB est beaucoup plus large que le celui des fonds de placement, déjà bien réglementé. Or, les sources de risques systémiques se trouvent généralement dans les secteurs moins réglementés. 

. Donner encore et toujours la priorité au développement technologique, pour améliorer l’efficacité, l’accessibilité et la durabilité de la gestion d’actifs. Le secteur doit se résoudre à une étroite collaboration pour identifier les lacunes réglementaires et éviter la fragmentation des normes.

Faire en sorte, du côté des fonds de pension, que les gestionnaires opèrent dans un environnement leur permettant – une fois le risque pris en compte – de maximiser la performance, d’où le rôle du troisième contributeur.

Enfin, renforcer l’engagement des gestionnaires en faveur de la finance durable, en s’assurant par exemple qu’ils alignent leurs stratégies sur les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique.

À long terme, quel type de soutien les gestionnaires d’actifs suisses devraient-ils attendre de l’AMAS ?

Nos priorités sont la prévoyance, la durabilité et la technologie. En ce qui concerne les retraites, l’AMAS défend actuellement la réforme de la LPP afin de sensibiliser davantage le public aux services fondamentaux que les gestionnaires d’actifs fournissent aux fonds de pension et, partant, à la population dans son ensemble. Nous voulons nous assurer que les avantages du troisième contributeur, c’est-à-dire les contributions au marché des capitaux, puissent pleinement profiter aux personnes assurées.

Dans le domaine de la finance durable, nous disposons désormais d’une autorégulation efficace pour prévenir l’écoblanchiment et positionner la Suisse comme une place incontournable.

Dans le domaine de la technologie, l’AMAS a défini trois thèmes majeurs pour l’avenir de la gestion d’actifs. L’un d’entre eux est la tokenisation des fonds. L’AMAS s’efforcera de veiller à ce qu’un environnement réglementaire compétitif pour les fonds tokenisés puisse être créé en Suisse. Le deuxième thème est la démocratisation de la gestion qui permettra aux particuliers, grâce à différentes applications, d’investir dans un portefeuille largement diversifié, bien que limité en termes d’encours.

Et enfin l’IA, un sujet clé pour notre industrie. Il est essentiel non seulement de comprendre où, dans la chaîne de valeur de la gestion d’actifs, l’IA offre des opportunités, mais aussi de travailler à une réglementation qui soit visionnaire dans ce domaine.

Adrian Schatzmann

Asset Management Association Switzerland

Adrian Schatzmann est CEO de l’Asset Management Association Switzerland AMAS depuis janvier 2021. Il siège par ailleurs au comité de l’European Fund and Asset Management Association et au conseil d’administration de Swiss Fund Data. Auparavant, il a occupé différentes fonctions de conseil, notamment auprès de l’Association suisse des banquiers ASB. Il a également fondé et dirigé Clear Minds Investment. Adrian Schatzmann a travaillé plus de 20 ans chez UBS en Suisse et en Asie, notamment en tant que responsable de la distribution mondiale de fonds de placement et d’ETF. Il a étudié les sciences économiques à l’université de Saint-Gall.

 

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    Tableau de bord

    Solutions d’investissement

      • Marouane Daho
      • Analyste-gérant
      • Iteram Capital

    Q3 2024 – le baromètre Hedge Funds

    Les dernières semaines ont été quelque peu mouvementées sur les marchés financiers. Les stratégies hedge funds, essentielles pour contrôler les risques dans les portefeuilles, en ont bien évidemment profité pour se rappeler au bon souvenir des investisseurs.

    Les actions et obligations ont délivré des rendements solides au premier semestre de l’année 2024, portés par des indicateurs économiques solides et des résultats d’entreprises robustes venant renforcer la crédibilité du scenario de soft landing. Cette expansion est néanmoins restée dominée par une unique thématique centrale liée au développement et déploiement de l’intelligence artificielle au travers de plusieurs secteurs (semiconducteurs, hébergements de serveurs, logiciels, etc.). En effet, d’un point de vue factoriel, les investisseurs ont très nettement favorisé les grosses capitalisations dans le secteur de la technologie aux dépens des petites capitalisations et titres value.

    Après une longue période de calme relatif sur les marchés depuis novembre 2023, la volatilité semble de retour cet été après une série de retournements sur plusieurs positions consensuelles. Ces épisodes douloureux de deleveraging sur les marchés nous rappellent la vulnérabilité des portefeuilles quand les corrélations augmentent brutalement. La diversité des stratégies hedge funds offre de nombreuses possibilités de mitiger ce risque par l’accès à une large palette d’opportunités, distinctes des marchés traditionnels.

    RV Arbitrage/Multi-Strategy – Positif

    -L’excès de liquidités a comprimé la volatilité et la dispersion dans de nombreuses classes d’actifs, limitant les opportunités de trading relative value mais offrant des points d’entrée attractifs en vue d’une potentielle augmentation de la volatilité (notamment pour l’arbitrage de volatilité).

    -Malgré une baisse attendue des taux d’intérêt, la divergence régionale entre politiques monétaires devrait être une source d’opportunités à exploiter pour les stratégies de fixed income R.

    Commodities – Neutre

    -Nous maintenons notre préférence pour les stratégies favorisant les positions de relative value et le trading tactique.

    -Les gestionnaires spécialisés dans un secteur spécifique restent les plus aptes à tirer parti des fluctuations de l’offre et de la demande grâce à leur expertise rare

    -La recrudescence des tensions géopolitiques devrait également offrir des opportunités de trading intéressantes.

    Global Macro – Neutre

    -La volatilité des anticipations de taux (notamment aux Etats-Unis) continue de peser sur les performances des gérants Global Macro.

    -Une hausse de la volatilité, une plus grande dispersion, des corrélations changeantes et des perturbations plus fréquentes devraient créer un environnement favorable à la prise de risques macroéconomiques.

    -L’environnement reste favorable pour les traders tactiques capables de capturer de l’alpha autour des grands événements politiques et des politiques publiques.

    Fixed Income/Credit Arbitrage – Positif

    -Des spreads de crédit faibles combinés à des conditions de refinancement plus contraignantes constituent un environnement idéal pour les stratégies long/short en crédit

    -La persistance de coûts de financement accrus ainsi qu’une dispersion des spreads de crédit élevée créent également des opportunités d’arbitrage sur la structure du capital et les obligations convertibles.

    -Malgré une légère hausse des taux de défaut, nous restons neutres sur le distressed en prévision d’un meilleur point d’entrée plus tard dans le cycle.

    CTA/Managed Futures – Négatif

    -Après des rendements remarquables au premier trimestre, les modèles de trend-following sont encore plus sensibles aux reversements de tendances sur plusieurs marchés devenus très concentrés.

    -Quelques signes de dispersion régionale du point de vue de la politique monétaire peuvent favoriser les stratégies macroéconomiques systématiques non-directionnelles.

    Event-Driven – Positif

    -Une expansion significative de l’activité de fusions-acquisitions aux États-Unis et en Europe favorise les stratégies de Merger Arbitrage. Ce rebond est principalement marqué par des acquisitions stratégiques dans une large gamme de secteurs, et se distingue également par une augmentation des méga-deal.

    -Les opportunités de special situations restent sélectives mais bénéficient d’une augmentation des cas d’activisme et des activités de fusions-acquisitions.

    -Le marché reste peu porteur pour les stratégies d‘Equity Capital Markets en raison de la baisse continue du nombre d’IPO depuis 2021.

    Equity Long/Short – Positif

    -Nous continuons de privilégier les stratégies low-net et market neutral car le sentiment continue d’être influencé par l’IA et la volatilité reste à des niveaux historiquement faibles.

    -Un coût du capital plus élevé sur une période prolongée et un climat économique plus difficile devraient continuer à creuser l’écart entre les gagnants et les perdants, augmentant ainsi les opportunités de génération d’alpha des deux côtés du portefeuille.

    -Les stratégies directionnelles sont nettement plus vulnérables à un potentiel ralentissement de l’activité économique que certains résultats d’entreprises au T2 laissent craindre.

    Marouane Daho

    Iteram Capital

    Marouane est analyste/gérant chez Iteram Capital et membre du comité d’investissement. Ses principales responsabilités consistent en la recherche de gérants et la gestion de portefeuilles de hedge funds. Avant de rejoindre Iteram, il était en charge des hedge funds et des investissements sur les marchés privés au sein d’un single-family office à Genève. Il a débuté sa carrière chez Lyxor Asset Management à Paris en tant qu’analyste hedge funds. Marouane est diplômé de l’école de commerce NEOMA avec un MSc en finance.

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      Amécédaire

      Solutions d’investissement

        • Vincent Jarcsek
        • Chief Operating Officer
        • SILEX

      Actively Managed Certificate: le produit caméléon

      Nouveaux instruments dans le dispositif des gestionnaires de fortune, les Actively Managed Certificates permettent aux gestionnaires de fortune d’intégrer à leur offre une ligne asset management, avec une relative flexibilité.

      Les AMC (Actively Managed Certificates, certificats dynamiques en français) sont des produits financiers offerts principalement en Suisse. Ces produits d’investissement structurés combinent tout à la fois certaines caractéristiques de fonds gérés activement et de produits structurés, ils font actuellement l’objet d’une forte expansion.  

      Pour en expliquer l’intérêt reprenons donc leur acronyme dans l’ordre.

      A … comme « Actively »

      Un élément clé de l’AMC est avant tout le caractère dynamique des actifs sous-jacents qui peuvent être rebalancés facilement dans un cadre défini au préalable. Ce caractère dynamique permet aux AMC de pouvoir s’adapter aux différents évènements de marché. Ils prennent ainsi en compte le nécessaire besoin des gérants de déployer une vision évolutive du marché.

      A noter toutefois que les AMC peuvent également servir à implémenter des stratégies passives peu susceptible de générer de la tracking error par rapport aux grands indices.

      M … comme « Managed »

      Le mot « Managed », que l’on traduirait en français par « géré », fait couler beaucoup d’encre chez les juristes dans le domaine financier. S’il est communément admis en Suisse que les AMC ne se qualifient pas comme Placements Collectif de Capitaux, il demeure notamment en zone européenne une certaine tentation de les considérer de fait comme des fonds alternatifs.

      Il n’en reste pas moins que leur caractère dynamique est fondamentalement lié à l’intervention humaine. Les AMC commercialisés en Suisse relèvent majoritairement de stratégies non quantitatives et militent dans le camp de la gestion active qui s’oppose à la gestion passive et au règne des ETF, sur le marché américain notamment. Il permet ainsi au gérant d’exprimer pleinement ses propres convictions et/ou celles de ses clients.

      C … comme « Certificate »

      Nous revenons ici à la forme. Les AMC sont bien des certificats c’est-à-dire des titres de créance dont la formule de remboursement n’est pas monétaire mais indexée à la performance d’un ensemble d’actifs. Comme tout titre financier l’AMC présente donc un risque de défaut de l’émetteur sur l’entier de son nominal. Le porteur est ainsi un simple créancier chirographaire, c’est-à-dire non privilégié. Certains AMC prévoient en complément la constitution d’une sureté adossée aux actifs répliqués- ou des actifs équivalents.

      Contrairement à un titre de capital le porteur d’AMC n’a pas de droit de vote ni plus généralement de droit de gouvernance. Il n’a pas non plus de droit à la distribution du résultat, à savoir un dividende. Certains AMC peuvent cependant intégrer des mécanismes synthétiques leur permettant de décrocher un revenu fixe ou variable.

      A contrario, les fonds sont bien des actions de société, en général de SICAV et donnent ainsi directement accès à la valeur des actifs via la fameuse Valeur Liquidative – ou NAV, pour Net Asset Value.

      En conclusion, les AMC sont des instruments remarquables et hybrides présentant des caractéristiques uniques qui leur permettent de s’adapter à des cas d’usage très particuliers. L’AMC peut donc adresser avec une grande pertinence une thématique d’investissement dans un portefeuille plus global ou incarner lui-même une grande partie du portefeuille lorsqu’il est utilisé à des fins de rationalisation opérationnelle.

      Vincent Jarcsek

      Silex

      Vincent Jarcsek a rejoint SILEX en 2021 comme COO du groupe et membre de la direction. Il était préalablement responsable de la structuration et du marketing chez Exane BNPP après avoir eu la charge de la plateforme de trading électronique et lui-même été trader de produits dérivés chez Oddo BHF et Société Générale. Il est diplômé de l’école polytechnique et de l’ENSAE en France.

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        Représentation

        Solutions EAM

        • Michel Tröhler
        • Président
        • Société coopérative suisse des gestionnaires de fortune

        « La SGVV va s’impliquer de plus en plus comme association sectorielle »

        Passé par l’ASG, Michel Tröhler a créé l’été dernier la Société coopérative suisse pour les gestionnaires de fortune. Un an plus tard, alors que la SGVV compte déjà plus de cinquante membres, il entend lui donner encore plus d’élan en la positionnant davantage comme association faîtière.

        Depuis maintenant un an que la SGVV existe, comment vous êtes-vous développés ?

        La Société coopérative suisse pour les gestionnaires de fortune ne fêtera en fait on premier anniversaire qu’à la fin du mois d’août ; mais nous avons déjà eu le plaisir d’accueillir notre 50e membre en mars 2024 et nous continuons à accueillir de nouveaux coopérateurs. La coopérative a été initiée par des professionnels pour offrir un soutien efficace aux gestionnaires de fortune indépendants dans les domaines de la compliance et de la gestion des risques. Par ailleurs, la SGVV assure la formation continue de ses membres, exigée par la loi en matière de droit des marchés financiers. Elle organise à cet effet des congrès annuels pour les directeurs qualifiés de gestionnaires de fortune, qui sont également suivis par d’autres spécialistes tels que les conseillers à la clientèle et les Compliance & Risk Officers.

        Qu’envisagez-vous pour la suite ?

        L’entraide coopérative est et reste un élément important. Dans ce contexte, des documents modèles ont déjà été livrés aux membres pour qu’ils puissent les utiliser librement, comme un modèle d’analyse des risques LBA. La Coopérative commence également à s’impliquer de plus en plus en tant qu’association sectorielle. D’ici la mi-juillet 2024, nous formulerons à la FINMA, par le biais d’une prise de position dans l’esprit de nos coopérateurs, certains souhaits de modification de la circulaire FINMA prévue sur les obligations de comportement selon LSFin/LEFin.

        Quel doit être aujourd’hui le rôle d’une association faîtière pour les gérants indépendants ?

        En Suisse, nous avons plusieurs associations professionnelles qui défendent les intérêts des gestionnaires de fortune indépendants auprès des autorités et du Parlement. Il va de soi qu’une association professionnelle devrait protéger ses membres contre la surrèglementation souvent redoutée, mais cela ne peut se faire que de manière relative. La Suisse évolue en Europe dans un environnement réglementaire plus vaste et certains thèmes comme l’ESG ne peuvent pas tout simplement pas être ignorés. Notre objectif devrait donc être une mise en œuvre aussi pragmatique que possible de telles normes.

        Outre la réglementation, il existe toutefois d’autres thèmes importants comme la professionnalisation du secteur au moyen de solutions informatiques. Avec nos partenaires, nous disposons déjà d’un réseau dans les domaines de la regtech, des PMS et des CRM. Nous allons initier des coopérations dans d’autres domaines avec des prestataires que nous aurons contrôlés au préalable, afin que les gérants puissent par exemple lancer efficacement leurs propres produits ou obtenir un soutien optimal dans la recherche.

        Il y a une place pour les associations sectorielles ou professionnelles à l’échelle de la Suisse, mais aussi au niveau régional. C’est là que nous nous concentrerons dans un premier temps. Il y a plus qu’assez à faire pour nous en Suisse alémanique.

        Sur quel type de services voulez-vous vous vous concentrer ?

        Notre administration organisera mi-juillet un atelier stratégique hors site avec nos collègues du conseil consultatif, qui sera animé par deux conseillers expérimentés d’Advea et de FinCom. Je peux déjà vous dire que la formation va prendre une grande importance chez nous.

        Où pensez-vous que les gérants ont le plus besoin d’accompagnement aujourd’hui ?

        Sur les quelque 1’500 gestionnaires de fortune qui obtiendront la licence FINMA d’ici fin 2024, plus de la moitié n’ont probablement pas encore d’outil spécifique pour gérer efficacement leur portefeuille. Dans l’optique d’une gestion consciente des risques et pour satisfaire aux exigences réglementaires, SGVV recommande à ses membres de s’éloigner des tableurs Exce et de migrer des solutions logicielles de type PMS.

        Qu’anticipez-vous sur le plan réglementaire ?

        De nombreux thèmes de la réglementation ne sont pas fondamentalement nouveaux, mais il s’agit de questions existantes pour lesquelles de nouveaux points de vue apparaissent en permanence. Par exemple, le thème des « rétrocessions » n’a cessé d’être développé depuis 2006 par une casuistique d’arrêts du Tribunal fédéral et du Tribunal de commerce. Ce droit judiciaire sera tôt ou tard transposé dans la loi. Le registre de transparence prévu représente certainement un chantier plus important, mais en ce qui concerne la LSFin et la LEFin, nous voyons plutôt des changements graduels.

        Michel Tröhler

        SGVV

        Michel Tröhler est juriste et spécialiste en réglementation. Il est le président de la SGVV, la Coopérative suisse pour les gestionnaires de fortune. Il est par ailleurs employé à temps partiel auprès de différents GFI dans le domaine compliance et gestion des risques. Michel a fait partie, jusqu’à fin 2021 de la direction de l’Association Suisse des Gestionnaires de fortune – l’ASG- pour ses quelque 400 membres en Suisse alémanique. Il a travaillé au préalable durant de nombreuses années au sein de l’industrie des fonds de placement.

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