Ciblage
Antoine Blouin
Société Générale Private banking
"«Répondre aux défis d’un environnement mouvant»
Richard Albrecht a pris cette année chez Reyl Intesa Sanpaolo la direction du pôle Wealth Management, cœur de métier historique du groupe, dont il entend perpétuer l’approche boutique et l’esprit entrepreneurial.
Comment vos expériences vous ont-elles préparé à remplir vos nouvelles fonctions ?
Mon expérience professionnelle s’articule autour de deux axes. Le premier est celui des grands groupes internationaux, comme UBS et Deutsche Bank, le second celui des banques privées, comme Lombard Odier. Ces deux axes m’ont préparé à mon poste actuel chez Reyl Intesa Sanpaolo, qui se situe à la frontière de ces deux mondes, entre l’entreprise familiale et l’acteur international.
J’ai toujours aimé être au cœur du changement, car comme le disait Roosevelt : « une mer calme n’a jamais fait un bon marin ». Juste avant de rejoindre la banque, j’ai eu la chance de passer six mois à l’IMD et à la Harvard Business School, deux endroits où j’ai beaucoup appris grâce à l’étude de cas pratiques poussés, souvent en dehors de mon domaine d’expertise.
Quels sont les éléments avec lesquels Reyl Intesa Sanpaolo se différencie aujourd’hui dans le monde du wealth management ?
Il y a tout d’abord la culture entrepreneuriale très marquée, avec des partenariats traduisant une forte ambition de développement, mais aussi, un service avec une approche à 360 degrés.
Ce qui différencie Reyl sont nos cinq lignes de métier fortement intégrées dans notre offre. Nous avons la ligne Entrepreneur et Family Office Services – un accès à l’ensemble des expertises du groupe –, le Corporate Finance, l’Asset Services, l’Asset Management, et finalement, le Wealth Management, dont j’ai repris la responsabilité début janvier.
La force du modèle est donc de continuer à appliquer cette approche boutique flexible et intégrée qui est l’ADN du groupe, tout en disposant de toutes les fonctionnalités que seule une grande banque comme Intesa Sanpaolo pourrait offrir.
Vous parlez de partenariats traduisant une ambition forte de développement: quels types de partenariats envisagez-vous plus précisément?
Le premier partenariat stratégique est celui que nous avons formé avec Fideuram – Intesa Sanpaolo, qui nous donne une assise financière et réglementaire de très haut niveau. Ce partenariat nous ouvre également une dimension internationale, nous permettant d’atteindre des clients partout dans le monde, et de nous positionner comme numéro deux dans l’espace bancaire européen.
Un autre partenariat important est celui que nous avons formé avec 1875 Finance, un multi-family office. Cela nous permet de jouer un rôle actif dans le processus de consolidation du secteur.
Nous comptons aussi sur Alpian, une banque privée entièrement numérique ciblant le segment « mass affluent ».
Quels grands changements voyez-vous se dessiner dans la gestion de patrimoine au cours des prochaines années ?
L’innovation au sens large a toujours été un des moteurs de croissance du métier bancaire. Deux sujets de réflexion majeurs sont la digitalisation et l’intelligence artificielle. En ce sens, Alpian est un des projets qui mobilise une grande partie de notre attention. L’ambition d’Alpian est d’offrir tous les avantages d’un service bancaire haut de gamme à partir de votre smartphone.
En ce qui concerne la gestion de fortune, j’estime que l’on se reconcentrera sur les bases du métier, c’est-à-dire l’intensité de la relation, la confiance, l’efficacité, la valeur ajoutée au-delà des seuls gains financiers, et surtout cette ressource clé que personne ne peut acheter : le temps. La rapidité de décision et d’exécution prendra ainsi toujours plus d’importance.
Finalement, j’estime que la stabilité reste un élément clef du wealth management. Nos partenariats et la structure de notre groupe nous permettent de penser notre avenir avec ambition.
Richard Albrecht
Reyl Intesa Sanpaolo
Richard Albrecht a débuté sa carrière en 1997 chez UBS Warburg Dillon Read à Zurich, puis chez Lombard Odier à Genève en tant que banquier privé, spécialisé sur le marché suisse et européen. Il a rejoint Deutsche Bank en 2012, pour diriger le marché Suisse de l’Ouest en tant que membre du Wealth Management European Committee, supervisant le développement Suisse et international des clients UHNWI, Family Offices, EAM et institutionnels. En 2020, il est nommé membre de la direction et responsable Wealth Management pour la Suisse Romande chez BNP Paribas. Il est arrivé chez Reyl Intesa Sanpaolo en 2023 pour y prendre en charge l’activité Wealth Management, ligne de métier placée sous la supervision de Lorenzo Rocco di Torrepadula, Associé.
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Dans un environnement empreint d’incertitude, la recherche de rendement reste d’actualité. L’inversion des courbes de taux est un élément de support aux maturités courtes. Bien que la volatilité du marché reste élevée, les investisseurs avec une vision à long terme peuvent aujourd’hui obtenir des rendements attrayants sur des émetteurs non financiers solides au travers de la dette dite hybride, à mi-chemin des actions et des obligations.
Les hybrides corporate sont des titres subordonnés émis par des entreprises non-financières. Leur structure combine des caractéristiques propres aux obligations – le coupon – et aux actions – maturité très longue voire perpétuelle, et coupon discrétionnaire. Point de comparaisons avec le récent épisode de Crédit Suisse, ce ne sont pas des instruments règlementaires: elles n’ont pas de rôle d’absorption des pertes. Il s’agit avant tout d’un instrument de gestion du bilan: les agences de notation les considèrent à 50% comme de la dette, l’autre moitié étant des fonds propres. C’est la notion d’equity content, ou EC. Une perpétuité qui n’en est pas une puisque des options de remboursement anticipée (call) sont prévues, dont la première en moyenne 5 ans après la date d’émission est, dans les faits, presque toujours exercées. Dans le cas contraire, l’investisseur reçoit une rémunération supplémentaire pour conserver l’instrument plus longtemps (step-up).
Comprendre leur risque pour mieux les maitriser
Elles présentent une valorisation similaire à celui des crédits à haut rendement les mieux notés, mais avec une composition du risque différente. En effet, au-delà du risque crédit et du risque de taux, cet instrument a un taux de recouvrement faible en cas de défaut. Cependant, le risque de défaut est plus faible car l’exposition sous-jacente est un crédit de notation investment grade dans la majorité des cas. Son risque d’extension en cas de non-paiement à la première date de remboursement créera un choc important sur la valorisation, sans compter un risque de non-paiement du coupon, et le risque de remboursement anticipé en cas de changement de méthodologie de la part des agences ou d’évènements spécifiques.
Les hybrides comportent des clauses sur les coupons leur permettant d’en reporter le versement si l’émetteur n’est pas en mesure de verser son dividende. Ce risque est néanmoins très faible pour les émetteurs de qualité et l’impact en termes de réputation serait très important. A noter que le coupon est en général cumulatif.
Le risque d’extension est le plus important car souvent le moins bien compris. Il s’agit du risque de non remboursement à la première date de call. En période de stress économique ou en cas de renchérissement des couts de financement, l’inquiétude des investisseurs augmente ce qui les conduit à appliquer une prime de risque additionnelle, les obligations traitant avec une décote.
La méthode S&P assure la certitude du call
Au-delà de la première date de call, l’agence de rating S&P ne prend plus en compte ces obligations hybrides dans le calcul de fonds propres, ce qui en réduit l’intérêt pour l’émetteur. Dès lors, une notation S&P réduit de facto le risque d’extension. A ce titre il est donc primordial de comprendre comment les agences de notation traitent ce type d’instrument.
Une base d’investisseur plus stable
La majorité du marché est représenté par des émetteurs de notation Investment Grade avec un profil financier solide et un rating peu volatile, à l’exception du secteur immobilier, lourdement affecté par la hausse des taux (risque idiosyncratique). Leur présence dans les indices crédit (à l’inverse des AT1) implique une base de clientèle différente et plus stable, ce qui les rend de facto moins volatiles que les subordonnées bancaires AT1s.
Une alternative à l’augmentation de capital
La grande majorité des émetteurs provient de secteurs très lourds en dépenses d’investissement (Utilities, énergie, télécoms), qui utilisent l’instrument pour améliorer leurs ratios de crédit et éviter une baisse de leur rating tout en évitant de diluer les actionnaires. Plus de 90% des émetteurs sont de qualité Investment Grade et affichent des profils financiers solides avec une visibilité sur les flux de trésorerie. C’est une différence notable avec des émetteurs notés dans la catégorie High Yield.
Des valorisations attrayantes pour des émetteurs de qualité
Leur caractère subordonné conduit les agences de notation à leur assigner un rating inférieur à leur dette Senior. Bien que le taux de recouvrement soit faible pour les porteurs de dettes subordonnées, le risque de défaut est très limité chez les émetteurs Investment Grade. La majorité des émetteurs non actifs dans le secteur immobilier continueront de refinancer leurs obligations et la notation S&P garantit l’exercice du call. Ces investissements offrent un rendement supérieur à ceux du segment Investment grade sans pour autant avoir le même risque de défaut que le segment High Yield, aux prix certes d’une plus grande volatilité. A noter que la remontée des taux de défaut favorise le risque de subordination au détriment du High Yield. Il existe aujourd’hui des dettes hybrides «vertes» dont le développement devrait se poursuivre.
Gaëlle Boucher
bridport & cie
Gaëlle Boucher dirige la recherche chez bridport depuis 2020. Elle a occupé auparavant différents postes de gérant obligataire chez CCBP, CCR Gestion, AXA et Pictet Asset Management. Elle a été également responsable du Fixed Income Advisory chez Lombard Odier. Gaëlle est titulaire d’un Master II en Finance de l’Université Paris-Dauphine, de la certification Wealth Management Advisor CWMA, du certificat du CFA Institute en investissement ESG et de deux Certificats Executive en Corporate Finance d’HEC Paris.
Les banques centrales ont réagi à la hausse de l’inflation par de fortes augmentations des taux directeurs. Entre-temps, l’inflation a sensiblement baissé, mais le chemin pour revenir sur les niveaux d’avant la crise du Corona est encore long. Des opportunités de placement intéressantes s’ouvrent dans l’intervalle.
La baisse des taux d’inflation devrait se poursuivre dans les mois à venir, mais à un rythme modéré. L’inflation sous-jacente se maintient assez fermement. Trois facteurs assurent actuellement une baisse continue de la pression sur les prix. Premièrement, l’offre macroéconomique se normalise, car les goulets d’étranglement au niveau des intrants, de la logistique et de la production se résorbent progressivement. Deuxièmement, la poussée de la demande de biens et de services depuis la fin de la pandémie Corona touche à sa fin. Et troisièmement, la pression dans le pipeline diminue également, car les hausses de prix des biens intermédiaires ont déjà été en grande partie répercutées sur les biens de consommation et donc sur les consommateurs.
Le pouvoir de fixation des prix diminue
Dans ce contexte, les différents groupes de biens et de services sont touchés à des degrés divers par les moteurs susmentionnés. Les prix de l’énergie ont d’abord connu une très forte hausse avant de retomber. Actuellement, ils ne comptent plus que pour une part minime dans l’inflation. Ils ont d’ailleurs parfois un effet désinflationniste. Viennent ensuite les prix des denrées alimentaires, des biens de base et des loyers, qui ont déjà dépassé les sommets.
Du côté des coûts, c’est le pouvoir de fixation des prix des entreprises qui joue le rôle le plus important dans les anticipations inflationnistes. Entre 2021 et 2022, une hausse exceptionnellement forte des marges bénéficiaires a tiré l’inflation vers le haut. En comparaison historique, les marges ont augmenté encore plus fortement que les coûts salariaux. Les goulots d’étranglement de l’offre combinés à une forte demande ont profité aux entreprises. Toutefois, avec le ralentissement actuel de la dynamique de la demande et la diminution des pénuries d’offre, le pouvoir de fixation des prix des entreprises devrait s’affaiblir davantage que la possibilité pour les travailleurs de faire valoir leurs revendications salariales. C’est déjà le cas dans la plupart des pays.
Politique monétaire : le sommet des taux d’intérêt est proche
La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) sont proches de la fin de leur cycle de resserrement monétaire, qui a été de loin le plus agressif qu’elles aient mené depuis plusieurs décennies. Les derniers pas vers le sommet sont laborieux, révélant le risque lié à un resserrement monétaire d’une telle ampleur.
En juillet, la Fed devrait donner un dernier tour de vis et relever son taux directeur de 25 points de base pour atteindre une fourchette de 5,25 % à 5,5 % pour le taux des fonds fédéraux. La BCE devrait encore procéder à deux autres hausses de taux de 25 points de base en juillet et en septembre, ainsi qu’à un pic du taux de dépôt à 4,0 %.
Une baisse prochaine des taux est loin
La durée pendant laquelle les taux d’intérêt resteront à ce niveau sera déterminante pour les marchés des capitaux. Il faut s’attendre à ce que la Fed et la BCE ne baissent les taux d’intérêt que lorsque l’inflation se sera non seulement détendue durablement, mais que l’écart par rapport à l’objectif de stabilité des prix aura nettement diminué – ou lorsque l’environnement fondamental se dégradera de manière si massive qu’une intervention de soutien des banques centrales sera nécessaire. Dans ce scénario, les pressions inflationnistes diminueraient de toute façon de manière significative.
Dans ce contexte, une baisse prochaine des taux d’intérêt par les deux banques centrales est quasiment exclue. Une première baisse des taux de la Fed est attendue au plus tôt fin 2023. Quant à la BCE, les premières baisses de taux ne devraient intervenir que plus tard dans le courant de l’année 2024.
Les obligations en profitent
Dans un contexte de ralentissement de l’inflation combiné à une faible croissance, les placements en obligations d’État sont particulièrement intéressants. Les obligations d’entreprises peuvent également en profiter, tandis que nous déconseillons plutôt les placements en matières premières à court terme. La baisse des taux d’inflation entraîne une baisse du niveau des taux d’intérêt et des rendements obligataires. La baisse des rendements entraîne des gains de cours sur les marchés obligataires. Les obligations d’entreprise profitent en outre d’un éventuel resserrement des spreads en période de légère croissance.
Après les nombreuses hausses de taux d’intérêt des banques centrales, les rendements obligataires ont retrouvé un niveau attractif, l’intérêt est de retour. En conséquence, les investisseurs qui achètent des obligations aux niveaux de rendement actuels peuvent, en cas de nouvelle baisse des taux d’intérêt, réaliser des gains de cours supplémentaires à moyen terme, en plus d’un coupon suffisant. En revanche, si le niveau des taux d’intérêt se stabilise au niveau actuel, les obligations méritent en tout cas le rendement offert au moment de l’achat.
Stefan Kipar
Union Investment
Stefan Kipar a rejoint Union Investment en 2021 en tant que Head of Macro & Economics. Auparavant, il était responsable depuis 2012 de l’analyse de l’économie en Allemagne au sein du département de recherche de la BayernLB. De 2008 à 2012, il a travaillé comme collaborateur scientifique à l’Institut de recherche économique ifo. Il a obtenu son doctorat en 2012 à l’université Ludwig-Maximilian de Munich sur le thème de l’économie de l’innovation et a auparavant étudié l’économie politique à Paderborn, Amsterdam et Munich.
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Alors que les taux d’intérêt augmentent après de nombreuses années de politique monétaire accommodante et de taux négatifs, le regain d’intérêt des investisseurs institutionnels envers les obligations est évident.
De nombreux investisseurs pensent même qu’il pourrait être plus rentable d’investir directement dans des obligations, en particulier les obligations d’État, ce qui permettrait de réduire les frais et de générer de meilleures performances à long terme. Mais ce n’est pas toujours le cas, les obligations peuvent être encore plus volatiles que les actions, comme les deux dernières années nous l’ont rappelé : le prix des « Bunds » à 30 ans a perdu plus de 50% au cours des 18 derniers mois.
Les obligations offrent une diversification et un risque plus faible, s’alignant sur les stratégies de portefeuille. Cependant, il est essentiel de les analyser minutieusement, en tenant compte de leur durée de vie, de la qualité du crédit, de la liquidité, des pressions inflationnistes et des politiques des banques centrales. Les investisseurs institutionnels se doivent de relever ces défis afin d’optimiser leurs portefeuilles sur un marché obligataire en pleine évolution.
Dans le contexte d’inflation actuel, quelles sont les perspectives pour l’obligataire ?
La prudence et les ajustements stratégiques seront essentiels pour évoluer sur le marché obligataire dans les mois à venir. Dans le contexte actuel, les positions sur les pays les plus importants ont offert une bonne couverture aux investisseurs lorsque l’aversion au risque a augmenté dernièrement. Tout en étant protégés contre de fortes pertes dans un contexte négatif, les investisseurs obligataires devraient s’attendre à des rendements totaux positifs, selon notre scénario de base, car nous anticipons une accalmie du cycle de hausse des taux d’intérêt de la Fed au cours du second semestre de l’année et éventuellement des baisses au cours des trimestres suivants.
Les pressions inflationnistes resteront l’un des principaux risques pour le marché obligataire au second semestre, obligeant les banques centrales à poursuivre leur politique de resserrement. Si l’inflation demeure élevée, avec des taux et des rendements sous pression, nous pourrions être confrontés au risque d’un « atterrissage brutal », ce qui n’est certainement pas un scénario favorable pour les investisseurs obligataires : l’inflation érode les rendements obligataires, tandis que les actions des banques centrales et les événements géopolitiques attisent la volatilité du marché. En revanche, si les effets retardés des actions passées des banques centrales conduisent à une détérioration des perspectives économiques, nous pourrions connaître une sorte d' »atterrissage brutal », avec une détérioration de la qualité du crédit, une augmentation des défauts et un élargissement des spreads, ainsi qu’un risque pour la stabilité financière. Le risque de crédit et les préoccupations liées aux défauts persistent, et les fluctuations des taux d’intérêt affectent les prix des obligations. Dans ce deuxième scénario de risque, les investisseurs devraient accorder une grande attention à la qualité du crédit des émetteurs.
Avec une inflation encore élevée mais au début d’un lent déclin, les actions des banques centrales deviennent cruciales. Elles doivent évaluer soigneusement la situation afin de déterminer les réponses politiques adéquates, en équilibrant la nécessité de soutenir la croissance économique et le risque de laisser l’inflation perdurer. Aux États-Unis, le marché du travail en surchauffe préoccupe la Fed, et il est nécessaire d’atteindre un meilleur équilibre entre la demande et l’offre de main-d’œuvre pour contrôler l’inflation. Les taux aux États-Unis sont probablement déjà suffisamment élevés, en tenant compte également du resserrement du bilan de la Fed et de ses effets sur l’économie, même si la Fed devrait probablement effectuer une dernière hausse. Dans la zone euro, le processus de resserrement monétaire est déjà bien avancé, et nous aurons probablement au moins une ou deux hausses supplémentaires.
Quel impact sur nos portefeuilles ?
Nous pensons que le marché obligataire offre un bon point d’entrée dans l’environnement actuel, car la courbe des rendements présente des niveaux très intéressants. L’effet de portage est important, notamment sur les échéances à court terme de la courbe, car les taux d’intérêt sont proches du taux final attendu de la politique monétaire.
Graphique : Rendements des obligations d’État sur les principaux marchés au cours des 15 dernières années
Source : Analyse interne des données Refinitiv Eikon
Bien que les rendements obligataires soient historiquement élevés, ils présentent également des niveaux élevés de volatilité qui pourraient entraîner des pertes dans une approche de mark-to-market. Les niveaux d’écart de crédit pour les obligations périphériques européennes semblent sous contrôle pour le moment, mais nous ne pouvons pas exclure une augmentation de la volatilité sur ces titres. Géographiquement, nous préférons les investissements dans les pays phares tels que l’Allemagne et les États-Unis avec une approche sélective en termes de qualité et de notation des obligations d’État. Nous apprécions également les pays périphériques, en particulier ceux qui connaissent une meilleure dynamique économique et des écarts plus importants, comme par exemple l’Italie.
Un raisonnement similaire peut être appliqué au secteur des entreprises, où nous voyons une valeur dans les obligations investment grade. Nous sommes moins optimistes sur les obligations high yield, car il pourrait être encore un peu trop tôt pour commencer à ajouter ces émetteurs compte tenu de l’incertitude qui règne sur le marché.
Cette approche sélective a été décisive pour le fonds Epsilon Euro Bond qui lui a permis de surperformer l’indice de référence (JPM EMU GBI Index®) depuis sa création en 2007 jusqu’à présent (fin juin 2023) avec une performance cumulée remarquable de 20%. La stabilité de l’équipe de gestion, un processus d’investissement cohérent et l’analyse des risques ex ante et ex post sont les trois éléments clés qui expliquent les performances des années passées. Ces trois facteurs continueront à influencer les années à venir. Ces dernières années, les performances ont été favorisées par une gestion active de la duration, une gestion active de la répartition entre les pays de la zone euro, un aplatissement de la courbe des taux et une surpondération des obligations liées à l’inflation. Aujourd’hui, le fonds privilégie une surpondération sur les obligations gouvernementales de la zone euro par rapport à l’indice de référence, en tenant toujours compte d’une approche de gestion des risques.
Paolo Bernardelli
Eurizon Capital SGR
Paolo Bernardelli est responsable de la gestion obligataire et des opérations de change chez Eurizon Capital SGR. Il a rejoint la société en 1995 comme responsable des fonds obligataires domestiques. Auparavant, il a été analyste et trader financier pour Sanpaolo Finance Merchant Bank, puis responsable de l’arbitrage et responsable du trading pour Sanpaolo Finance Promotio Sim. Il a démarré sa carrière chez Banca Commerciale Italiana, où il a travaillé sur le budget et l’analyse financière, collaborant également avec ABI et avec la Centrale dei Bilanci de Turin. Paolo est diplômé de l’Université Bocconi en économie d’entreprise avec une spécialisation en administration et contrôle.
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Swiss Finance & Property Group (groupe SFP) est un prestataire de services financiers basé à Zurich, qui possède une gestion de fonds indépendante et une maison de titres. Depuis la fondation, il y a plus de 20 ans, nous nous spécialisons dans la chaîne de création de valeur des placements immobiliers de bout en bout. Nous proposons ainsi la possibilité d’investir dans des placements immobiliers tant directs qu’indirects, par exemple. Dans nos rangs, plus d’une centaine de personnes allient leurs compétences immobilières et spécialisées pour générer une valeur durable. Nous offrons une large gamme de prestations et produits immobiliers, mais aussi des solutions d’infrastructures et des transactions sur les marchés des capitaux. Les Assets under Management du groupe SFP s’élèvent à plus de CHF 8.7 milliards.
C’est précisément parce que notre univers de placement est si diversifié que nous pouvons intégrer la durabilité sous tous les angles possibles au sein du groupe SFP. Vu l’étendue de nos prestations, cet engagement est loin d’être vain.
Il y a quelques années à peine, la durabilité était entièrement régie par les acteurs de l’offre. Une poignée de fonds seulement utilisaient cette caractéristique pour se distinguer, comme le SF Sustainable Property Fund, qui dès son lancement en 2011, a mis l’accent sur l’amélioration de l’efficacité énergétique des biens immobiliers existants. Les prestataires décidaient à leur discrétion des aspects de la durabilité qu’ils prenaient en compte et de leur pondération. Depuis quelques années, toutefois, le cercle s’est ouvert et les acteurs de la demande contribuent aujourd’hui à façonner les concepts et les exigences applicables. Ce n’est d’ailleurs que normal, car s’ils réclament un développement durable, ils doivent également pouvoir participer aux discussions et à la recherche de solutions éclairées. Mais quels sont les critères pertinents et comment les progrès peuvent-ils être mesurés dans ce domaine ?
Nous sommes extrêmement attentifs à la mesurabilité, à la valeur informative des données et aux conséquences en termes de coûts. En effet, même sélectionnés avec le plus grand soin, les chiffres clés ne nous servent à rien s’ils n’ont aucune influence sur les décisions d’investissement dans un immeuble ou sur le choix de fonds immobiliers ou de sociétés immobilières. Un franc investi correctement (ou autrement dit, durablement) aboutit à un gain mesurable pour l’environnement, à un avantage pour le bien immobilier et pour ses usagers actuels et futurs et à un rendement attrayant du portefeuille dans l’esprit d’une démarche approchant l’optimum de Pareto. L’adéquation satisfaisante pour les usagers, il faut l’admettre, ne peut se mesurer qu’à l’aune d’une sélection de critères qualitatifs, comme l’accessibilité, par exemple, ou encore l’innovation, ainsi que le montre le développement d’un bien pour le SF Sustainable Property Fund à Saint-Gall. Ce bien idéalement situé à la Brauerstrasse 21/23 est une construction en éléments de bois. Il est remarquable non seulement pour son recours à ce matériau de construction durable en conjonction avec le béton recyclé, mais aussi pour sa certification selon le standard Construction durable Suisse (SNBS). Cette certification était une première sous cette forme, qui doit sa réussite à une franche collaboration entre les concepteurs, l’organisme de certification et le fonds en tant qu’investisseur.
Nous sommes conscients de notre devoir d’assurer la transparence. Ce faisant, nous mettons également un point d’honneur à favoriser l’honnêteté dans les relations. Dans nos mandats indirects, nous exigeons des chiffres clés mesurables et comparables, tels que nos équipes les utilisent également dans les placements immobiliers directs. Même si la méthode de calcul soulève à présent certaines questions quant à la comparabilité, nous affinons les critères que nous appliquons pour les premières comparaisons à l’image des initiatives correspondantes déployées en Suisse. Il peut ainsi être constaté qu’une meilleure qualité des données procure une plus-value. Dans cette optique, nous mettons à disposition, pour les produits directs, un récapitulatif transparent des paramètres fondé sur les chiffres clés. Un enjeu fondamental pour le groupe SFP est de contribuer à une définition claire des données.
À travers notre participation active et le plaisir de nos échanges, nous prenons sciemment les thèmes d’avenir à bras-le-corps et nous agissons pour la conception de solutions. Nous nous préparons à nous attaquer à l’énergie grise des nouveaux bâtiments et des rénovations complètes, et nous étudions dans nos projets si et dans quelle mesure nous pouvons réellement atteindre la neutralité carbone dans notre portefeuille actuel. En nous focalisant sur les solutions, nous cherchons expressément à donner les moyens à tous les acteurs du marché de réussir à réaliser leurs objectifs de durabilité.
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