Immobilier

Solutions Investissements

  • Daniel Vegue Dominguez
  • Fondateur et Chief Client Officer
  • ESTATING

«Avec notre place de marché, nous voulons créer une nouvelle façon d’investir dans les biens immobiliers»

ESTATING a créé une nouvelle place de marché pour les investisseurs immobiliers. Avec sa filiale suisse ESTATING Suisse, elle permet aux clients suisses d’investir dans des propriétés triées sur le volet dans le monde entier, par le biais de gestionnaires de fortune suisses. Daniel Vegue Dominguez nous en dit plus.

Francesco Mandalà

Quels ont été les principaux défis rencontrés lors de la création d’une nouvelle plateforme pour la titrisation des actifs réels et des marchés privés ?

Chaque classe d’actifs dispose d’une place de marché. Vous pouvez donc facilement acheter des actions, des obligations ou des fonds. Mais il n’est pas possible d’acheter de l’immobilier parce qu’il n’existe pas de place de marché. C’est ce que nous avons voulu changer avec ESTATING. En titrisant des actifs réels, nous jetons un pont entre le monde de l’immobilier et celui du conseil financier, en toute sécurité et en conformité avec les systèmes actuels.

Il existe de nombreuses entreprises qui rendent les actifs bancables. Pourquoi personne ne l’a fait pour l’immobilier ?

Investir dans l’immobilier est compliqué : il faut gérer les biens, les entretenir, les évaluer, produire des déclarations annuelles, se conformer au cadre juridique local… Ainsi, dans chaque juridiction où nous opérons (actuellement l’Allemagne, les États-Unis, l’Espagne, l’Uruguay et bientôt le Royaume-Uni), nous devons mettre en place tous ces éléments, car nous voulons que l’investissement se fasse sans tracas pour les investisseurs. Il s’agit d’un dispositif important que personne, jusqu’à l’arrivée d’Estating, n’était prêt à mettre en place. Désormais, si vous souhaitez acheter un terrain en Uruguay ou un appartement à Miami, vous pouvez le faire et compter sur nous pour que votre investissement se déroule sans encombre.

Que signifie exactement la création d’une place de marché ?

Nous disposons de tous les éléments d’une place de marché à part entière : nous sommes un agent de tarification, nous connectons l’offre et la demande, nous assurons la liquidité et nous soutenons les prestataires de services. Mais nous créons également les produits : nous créons une enveloppe en titrisant tout risque lié à l’immobilier (qu’il s’agisse d’un prêt, d’un appartement ou d’un terrain) au Luxembourg et lui attribuons un numéro d’identification de titre suisse (ISIN).  Ainsi, nous ne connectons pas seulement le monde de l’immobilier au monde bancaire, mais aussi les deux centres financiers les plus intéressants d’Europe.

Quel est le ticket d’entrée et comment les investisseurs peuvent-ils minimiser leurs risques ?

Notre ticket minimum est de 50 000 euros – les courtiers peuvent néanmoins offrir des opportunités de plus petite taille en fonction de leur configuration et de leur clientèle. Comme nous opérons sous différentes juridictions (et donc dans différentes devises) et que nous pouvons titriser différents types de biens immobiliers sous-jacents, les investisseurs peuvent commencer à diversifier les risques, afin de les minimiser :  vous pouvez investir à la fois dans un projet de développement immobilier à effet de levier à Orlando et dans un appartement de premier choix loué à Madrid sans effet de levier.

En quoi vos produits se distinguent-ils des fonds immobiliers ?

C’est une approche différente, et nous complétons l’univers d’investissement actuel en proposant une sélection de biens ou de projets. Emplacement, emplacement, emplacement, telle est également la devise ici. Dans le cas d’un fonds, je pense que l’immobilier n’est pas vraiment transformé en marchés de capitaux. En outre, si une partie de votre fonds est bloquée, c’est l’ensemble du fonds qui est impacté. Si vous vous concentrez sur un seul actif, votre risque est beaucoup plus faible. Chaque billet est émis non seulement avec un ISIN, mais il est également garanti par un bien immobilier ou un projet de développement unique. Vous savez exactement dans quoi vous investissez. RELINC n’est pas un fonds sans visage.

Comment votre société a-t-elle été créée ?

J’ai rencontré Martin Halblaub il y a quelques années, alors qu’il était le premier CEO de SIX Digital Exchange. Après ma carrière au Credit Suisse et chez Julius Baer, où j’ai travaillé avec des intermédiaires, j’ai appris l’importance de l’économie réelle et des actifs réels pour l’investisseur final. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que l’immobilier était quelque chose de complètement différent, qui nécessitait une configuration particulière pour que la classe d’actifs soit bancable. Nous avons alors pris le temps de bien comprendre le secteur et de créer une nouvelle place de marché internationale.

 

Daniel Vegue Dominguez

ESTATING

Daniel Vegue Dominguez est le fondateur et Chief Client Officer d’ESTATING. Avant d’entamer sa carrière d’entrepreneur, il a été Head Independent Asset Managers Latin America chez Julius Bär et Credit Suisse. Daniel Vegue Dominguez est titulaire d’un baccalauréat en Business Administration et d’un baccalauréat en sciences de l’Université Saint Louis et il est conseiller en gestion de patrimoine certifié (SWMA). Il a suivi le programme Fintech & Blockchain à la Saïd Business Scholl à Oxford, ainsi que la LSE Certification & United Kingdom CPD Certification Service grade.

Digital

Solutions Investissements

  • Marc Amyot
  • CEO
  • Trillium

«100 sociétés du S&P500 ont cité l’IA lors de la publication des résultats»

Trillium, le pôle Asset Management du groupe Citadel Finance, a produit un tracker, le Manavest Digital Futures Index, pour capter les tendances qui animent le monde du digital, en s’intéressant plutôt au segment Small & Mid Caps. Marc Amyot nous en propose un tour d’horizon.

Francesco Mandalà

A quoi ressemble le secteur de la tech aux Etats-Unis en dehors des GAFAM ?

Le Nasdaq 100 et le S&P 500 sont des indices large-cap très populaires composés de noms similaires. Toutefois, au-delà du nombre de titres qui les composent, ils sont différents dans leur allocation sectorielle et pondération. Les 5 du groupe GAFAM représentent 36% de l’indice Nasdaq 100. Les 95 autres sociétés en représentent 64% et elles sont actives dans diverses industries telles que médias, pharma et biotechnologie, transport, alimentation et services.

Quelles sont les tendances majeures qui se dégagent dans ce secteur ?

En 2023, beaucoup d’entreprises utilisent à profusion les termes Intelligence Artificielle et Apprentissage Automatique des Machines dans leur discours. Cette année, un record de 20% des sociétés du S&P 500 ont cité l’IA lors de la publication des résultats du premier trimestre, soit le double de l’année précédente. Elles sont essentiellement présentes dans le secteur des services de communication et des technologies de l’information.

Quelle place prend vraiment le digital aujourd’hui dans la transformation de ces entreprises ?

Suite au buzz autour de l’IA et de la transformation numérique que nous avons connu cette année, les entreprises ont investi massivement dans le digital, quitte à perdre des parts de marché ou à se voir reléguées pendant un temps. Cependant, il y a un grand travail d’analyse à mener pour déterminer dans quelles mesures et à quel stade elles sont réellement engagées dans des activités de transformation digitale. Cette transformation semble irrémédiable, mais il est encore tôt pour déterminer celles qui sont aujourd’hui les plus avancées. Cependant, il est certain que les grands noms traditionnels de la tech en feront partie, car ils ont la taille critique et les moyens financiers pour acquérir et intégrer de nouvelles startups dans leur modèle d’affaires.

Quels effets de la numérisation voyez-vous sur la croissance économique et le monde du travail ?

Les technologies numériques transforment depuis de nombreuses années notre quotidien et nos entreprises. L’arrivée d’UGP superpuissantes – les unités de traitement graphique – ont permis une croissance exponentielle des rapidités de calcul et des capacités de stockage qui sont à la base du développement de l’IA et de l’AAP. Ces technologies devraient offrir un important potentiel pour améliorer la productivité des entreprises et, à terme, notre niveau de vie. Selon le Rapport sur l’avenir de l’emploi 2023 du World Economic Forum, d’ici 2027, 42% des tâches commerciales liées à l’entreprise seront effectuées par des machines et 23% des emplois subiront une mutation notable avec l’adoption des nouvelles technologies.

Comment aborder en ce moment l’univers des digital assets ?

Lorsqu’on parle des actifs digitaux, ce qui nous vient immédiatement à l’esprit, c’est le Bitcoin, l’Ethereum ou un NFT arborant une tête de singe sous dix mille formats. Or, cet univers est bien plus étendu. Nous nous positionnons en investissant dans des sociétés d’exploitation minière de crypto cotées en bourse, ainsi que dans de petites et moyennes entreprises pionnières dans différents domaines. C’est le cas par exemple de l’analyse des données de masse, de la cybersécurité, du cloud, des logiciels IA ou encore des applications IA à la robotique domestique.

Qu’en est-il est développements de la blockchain, indépendamment des crypto-monnaies ?

La technologie de la blockchain est en plein essor. Je rappelle que la blockchain est une technologie de registre numérique décentralisé et distribué, qui enregistre des transactions sur un réseau d’ordinateurs de manière ultra-sécurisée, transparente et immuable. C’est en fait une chaîne de blocs, et chaque bloc contient une liste de transactions. Une fois qu’un bloc est terminé, il est lié au bloc précédent, formant ainsi une chaîne continue. L’utilisation de la technologie blockchain élimine les intermédiaires, car les interactions ont lieu directement entre l’acheteur et le vendeur. Le processus est ainsi rendu plus efficace, ce qui permet d’économiser du temps et de l’argent. La technologie Blockchain s’étend au-delà des crypto-monnaies et trouve des applications dans divers secteurs, tels que : la gestion des chaînes d’approvisionnement, la gestion des dossiers médicaux, la programmation des contrats intelligents ou la production d’identité digitale décentralisée. De très nombreuses applications qui simplifieront notre quotidien, aussi bien sur le plan personnel que professionnel, apparaitront à terme.

 

Marc Amyot

Trillium

Fondateur de Trillium en 2002, Marc Amyot en est depuis lors l’administrateur délégué, assurant aussi la direction générale. Outre ses fonctions dirigeantes, il est membre du comité d’investissement et gestionnaire de fonds. Avant de créer Trillium, Marc a travaillé pour de grands établissements bancaires et compte ainsi plus de 25 ans d’expérience de l’investissement.
Spécialiste de l’allocation tactique d’actifs et des arbitrages de marché, Marc est diplômé de l’Université de Western Ontario au Canada. Il a été, pendant plus de 5 ans, membre de la direction de l’organisme d’autorégulation de l’Association Suisse des Gérants de Fortune (ASG) et du comité romand.

Transistor

Solutions Investissements

  • Charles Bordes
  • Analyste
  • AtonRà

Puces made in China : une réalité inéluctable

Les sanctions américaines à l’encontre de la Chine ont eu pour effet de souligner l’intérêt majeur que la Chine prête à une industrie des puces électroniques où elle n’est pas vraiment positionnée. Du moins, pour le moment. A terme, il est clair qu’elle se prépare à une percée dans ce domaine.

Francesco Mandalà

Les premières sanctions américaines visant la Chine ont été infligées sous la présidence Trump, puis ont été renforcées sous celle de Joe Biden. Ces sanctions concernent plus particulièrement l’industrie des puces électroniques. Elles veulent limiter l’accès du pays aux technologies de pointe pouvant avoir un usage militaire, le but étant de freiner les ambitions géostratégiques de Pékin – mais également, en filigrane, de protéger la domination américaine.

Elles ont conduit Huawei, un des leaders mondiaux des équipements télécom, à se voir couper de facto l’accès aux marchés occidentaux, notamment ceux des nouveaux réseaux 5G. Or, ce même Huawei a surpris le monde début septembre, en lançant un téléphone équipé d’un processeur conçu, et surtout fabriqué en Chine avec un raffinement technologique qu’on pensait hors de portée. Mais en y réfléchissant bien, cette surprise n’en est pas une.

Les semiconducteurs, un enjeu éminemment stratégique

Les semiconducteurs – en réalité les transistors – constituent en effet l’élément de base des puces électroniques. On les retrouve partout aujourd’hui dans nos ordinateurs, téléphones, machines à laver, voitures, avions, satellites, réseaux téléphoniques, réseaux électriques, ou encore dispositifs médicaux. Ils règlent nos vies.

La maîtrise de leurs chaînes de fabrication est donc devenue une priorité stratégique. Cela est d’autant plus vrai que ces chaînes se sont parfaitement adaptées à la mondialisation. Il est fort probable que l’appareil sur lequel vous lisez ce texte ait vu son processeur central conçu aux Etats-Unis, mais sorte d’une usine taiwanaise équipées de machines européennes. Or, comme la crise du covid l’a illustré, tout grippage de cette chaîne peut avoir de fâcheuses conséquences pour toutes les applications qui en dépendent.

La Chine joue le long terme

Le gouvernement chinois l’a compris depuis un certain temps. Dès 2015, un plan stratégique visait à s’assurer que 70% des semiconducteurs utilisés localement seraient produits par des acteurs nationaux d’ici 2025. Un objectif ambitieux compromis du fait des sanctions. Il a cependant le mérite d’être clair : la Chine ne veut en aucun cas être dépendante de l’étranger sur ce secteur sensible. Son gouvernement est prêt à des efforts financiers se chiffrant en centaines de milliards de dollars sur la durée pour parvenir à ses fins.

Dès lors, toute mesure de rétorsion ne fait retarder l’inévitable. L’Histoire a démontré que le progrès technologique finit inévitablement par se diffuser, y compris dans des contextes bien moins favorables à la diffusion des idées, des biens et des personnes. Par ailleurs, ces sanctions sont contre-productives : elles ont aussi pour effet de renforcer la volonté d’indépendance et d’élargir le spectre des développements à des domaines qui n’étaient peut-être pas initialement prévus.

Quelles perspectives ?

Si cette volonté apparaît inébranlable, quelques zones d’ombre subsistent à court terme. La puce du dernier Huawei se veut un exploit technologique au vu du contexte, mais rien ne dit que sa fabrication sera rentable du point de vue économique, car rendue plus complexe par les sanctions. De plus, elle accuse au moins deux générations de retard sur les productions occidentales en termes de finesse de gravure, soit la capacité à réduire la taille des transistors sur la puce pour augmenter les performances. Combler ce retard impose le recours à une technologie actuellement disponible seulement chez le fabricant européen ASML.

Quoiqu’il en soit, malgré les pressions américaines, l’avenir semble plutôt radieux pour les acteurs chinois de l’industrie, en particulier les équipementiers, les fonderies et tout leur écosystème de sous-traitants. Ils bénéficient à la fois du soutien du gouvernement et de l’opinion publique, prompte à soutenir les champions nationaux. Le marché intérieur est gigantesque, permettant de justifier quantité d’investissements. Enfin, quand bien même cela passerait par l’établissement d’un système à plusieurs vitesses, le temps pourrait jouer en leur faveur. Quoi de plus normal, après tout, pour le pays qui a enfanté le sage Lao-Tseu, auquel nous devons l’illustre maxime : « si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. ». Dans le cas présent, vouloir lutter contre le courant semble surtout bien vain.

 Charles Bordes

AtonRà

Charles Bordes est membre de l’équipe d’investissement d’AtonRâ Partners, spécialiste de l’investissement thématique à Genève. Il couvre notamment les stratégies liées à la technologie (intelligence artificielle, robotique, cybersécurité et spatial). Charles a précédemment travaillé comme analyste sell-side pendant six ans, d’abord chez AlphaValue, où il avait la charge du secteur IT Hardware & Technology, puis chez Kepler Cheuvreux, où il couvrait les valeurs Small & Midcap, toujours avec un accent sur les entreprises technologiques. Charles est titulaire d’un master en finance de Kedge Business School (Bordeaux, France).

Agriculture 3.0

 

  • Solutions Real Assets
  • Interview Lionel Aeschlimann
  • CEO
  • Mirabaud Asset Management

«Nous élargissons aujourd’hui nos thématiques à l’agritech et à la foodtech »

En partenariat avec Zebra Impact Ventures, Mirabaud Asset Management vient de lancer un nouveau fonds private equity dédié à la transformation des modèles alimentaires mondiaux et à l’émergence de l’agriculture 3.0. Lionel Aeschlimann revient ici sur les grandes lignes du projet.

Dans quel cadre stratégique s’inscrit le partenariat conclu avec Zebra Impact Ventures ?

Depuis cinq ans, Mirabaud Asset Management développe des solutions innovantes et différenciées en matière d’actifs privés. Notre stratégie est de lancer des fonds de private equity sur des thématiques séculaires. Cela nous permet d’investir en direct dans des entreprises souvent inaccessibles autrement, et d’appliquer une approche similaire à celle qui prévaut au sein-même de Mirabaud : la conviction, la responsabilité et l’engagement entrepreneurial sur le long terme.

Nous avons ainsi lancé deux premières stratégies dédiées aux entreprises du luxe puis au monde du lifestyle, ainsi qu’une troisième sur la thématique de la ville durable et de la décarbonation des bâtiments. Via ce nouveau partenariat avec Zebra Impact Ventures, nous élargissons aujourd’hui nos thématiques à l’agritech et à la foodtech. En termes de vision, positionnement stratégique et valeurs, les équipes de Zebra Impact Ventures s’inscrivent parfaitement dans le cadre stratégique que nous nous sommes fixés. Notre rencontre et notre décision de former ensemble un nouveau collectif d’investissement d’impact nous est apparu à tous comme une évidence naturelle.

Quelles solutions voulez-vous proposer avec Zebra au travers de ce partenariat ?

La stratégie d’investissement de ce premier véhicule private equity consacré à l’agritech et à la foodtech traite de thématiques essentielles puisqu’elles visent à accélérer la transformation des modèles alimentaires mondiaux.  Il s’agit en quelque sorte d’agriculture 3.0. Nous voulons investir dans des sociétés, actives dans les services aux entreprises et aux fermiers, qui se concentrent sur l’agriculture de précision, la capture de carbone, la nutrition alternative (particulièrement pour l’élevage) et la gestion des déchets agricoles ou d’économie circulaire. Le maître-mot sera celui d’agriculture régénérative. Notre objectif, au moyen d’une stratégie d’impact – qui sera catégorisée en article 9 SFDR – est de délivrer un IRR de l’ordre de 25%. Nous investirons essentiellement en Europe et aux Etats-Unis.

Comment a évolué le pôle Private markets de Mirabaud Asset Management ces dernières années ?

Nous proposons des stratégies thématiques dirigées et gérées par des spécialistes des industries concernées, et non des banquiers ou des financiers. Cette stratégie s’avère très différenciante et convaincante. Nos équipes connaissent en profondeur les secteurs, enjeux et problématiques des entreprises dans lesquelles ils investissent. Elles sont également perçues par nos sociétés cibles comme des alliés à haute valeur ajoutée qui les aident à se développer, à affiner leur stratégie, à améliorer leur qualité d’exécution et à accélérer leur croissance grâce aux connaissances et aux réseaux qu’elles possèdent. Entre ces stratégies et les club deals – en co-investissement ou en direct – que nous proposons depuis cinq ans, nous gérons aujourd’hui environ un milliard en actifs privés.

Quels développements entendez-vous lui donner au cours de ces prochaines années ?

Notre souhait est de poursuivre le développement de cette franchise. Nous lançons en cette fin d’année le deuxième millésime de notre stratégie de promotion immobilière dédiée à la ville durable. L’an prochain, nous envisageons de proposer un second millésime de nos stratégies consacrées à la consommation responsable dans les secteurs premium. Nous allons également continuer à développer notre offre d’investissement direct, en renforçant notamment nos synergies avec notre banque privée, qui a également fortement augmenté ses investissements en actifs privés ces dernières années.

Quelles sont à ce jour les attentes de vos clients dans ce domaine ?

Près des deux tiers de l’économie mondiale est aujourd’hui « logée » dans des entreprises non cotées. Les sociétés attendent de plus en plus avant de lancer leur IPO. Beaucoup de ces sociétés privées connaissent, logiquement, des taux de croissance supérieur à ceux des entreprises cotées. Nos clients attendent de nous que nous leur donnions accès à cet énorme pan de l’économie mondiale, qui non seulement leur offre des rendements à long terme supérieurs, mais également une certaine diversification. Par ailleurs, nos clients sont à la recherche d’investissements qui non seulement génèrent de bonnes performances financières, mais participent aussi à l’économie réelle. En investissant dans des entreprises qui seront les « étoiles » de demain, aux côtés d’entrepreneurs engagés, ils contribueront à accélérer la transition vers une économie plus respectueuse de la planète et de la société.

Lionel Aeschlimann

Mirabaud Asset Management

Avocat au barreau de Genève depuis 1994, Lionel Aeschlimann  a rejoint la banque Mirabaud en 2010, en qualité de membre du comité exécutif. Il est associé gérant depuis janvier 2011 et il est devenu responsable de la ligne de métier Asset Management. Avant de rejoindre Mirabaud, il a execrcé en tant qu’ avocat au sein de l’Etude Brunschwig Wittmer à Genève de 1994 à 1999, puis associé à l’Etude Schellenberg Wittmer, Genève et Zürich.

Lionel Aeschlimann est également membre de la Commission Suisse des OPA, ainsi que du conseil de Fondation d’Avenir Suisse. Enfin, il est engagé dans l’animation de la collection d’art contemporain de Mirabaud.

Lionel Aeschlimann

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    Food for thought

    Solutions Investissements

    • Luca Carrozzo
    • Chief Investment Officer
    • Banque CIC Suisse

    L’industrie alimentaire, un secteur dynamique, en croissance 

    L’industrie alimentaire est en pleine mutation. Avec une offre qui s’étend, pour répondre aux nouvelles habitudes de consommation. De jeunes entreprises innovantes prennent désornais place à côté d’acteurs plus établis. Cette mutation, explique Luca Carrozzo, doit aussi faire réfléchir à la manière de structurer un portefeuille d’investissement dans ce secteur. 

    Francesco Mandalà

    Avec la multiplication de nouvelles habitudes alimentaires, l’industrie alimentaire est redevenue intéressante pour les investisseurs. Comment résumer ce qui se passe actuellement dans ce secteur ? 

    En fait, il se passe pas mal de choses en ce moment et, effectivement, il y a un potentiel pour les investisseurs. Dans la production alimentaire, nous constatons que l’accent est mis sur les produits locaux, et sur plus d’efficience. Parallèlement, la population mondiale augmente. Par conséquent, la consommation de protéines va croître. Répondre à cette demande tout en préservant les ressources sera un grand défi. Nous voyons également un énorme potentiel dans le transport. En effet, pour diminuer le gaspillage alimentaire, il faudra s’y intéresser tout au long de la chaîne de livraison. Enfin, il faut également mentionner les nouvelles habitudes de consommation. En Suisse comme ailleurs, on trouve désormais de plus en plus de produits de substitution au lait et à la viande, jusque dans les rayons des grands distributeurs. 

    Comment expliquer ces nouvelles tendances ? 

    Il y a bien sûr, d’abord, le changement climatique et la croissance démographique. Par ailleurs, la guerre en Ukraine nous a montré à quel point une grande partie du monde dépend de la Russie et de l’Ukraine pour les denrées alimentaires de base comme le blé. Ce qui va entraîner un profond réexamen de la chaîne d’approvisionnement mondiale.  

    Quelles en seront les conséquences pour l’investisseur ? 

    Il faut ici faire la distinction entre l’évolution fondamentale et les valorisations du marché. Les deux cheminent souvent en parallèle, mais, parfois, elles divergent. L’évolution fondamentale est structurelle et prend énormément d’ampleur. Les chiffres d’affaires et les bénéfices de ceux que l’on appelle les « pure players » de l’industrie alimentaire sont en croissance constante et, surtout, ils résistent à la crise.

    D’un autre côté, les valorisations du marché évoluent de manière très volatile. Il y a deux ans encore, nombre de ces entreprises se négociaient sur des multiples très élevés et, dans certains domaines, on pouvait clairement parler de « hype ». Cette situation a changé de manière significative suite à la correction des 18 derniers mois, qui a surtout touché les petites capitalisations. Les valorisations ont presque diminué de moitié depuis le pic de 2021 et un assainissement du marché a eu lieu. Pour les investisseurs, cela signifie qu’il y a désormais des points d’entrée intéressants. 

    À quoi ressemblerait un portefeuille qui voudrait parier sur la croissance ? 

    Il faudrait y intégrer, dans un portefeuille diversifié, les pure players des secteurs de croissance, auxquels l’industrie alimentaire appartient. Mais attention, il est important d’analyser attentivement ces entreprises et de toujours garder un œil sur leurs valorisations.  

    Les innovations ont désormais lieu autant dans les startups que dans les grands groupes. Quel en est l’impact sur la stratégie d’investissement ?

    Ce qui se passe dans le secteur de l’alimentation est assez similaire à ce qui s’est passé dans l’industrie pharmaceutique. Pour simplifier, l’innovation a lieu dans les petites entreprises et les grands groupes sont responsables du développement et de la mise à l’échelle de ces innovations. Le changement structurel que vit le secteur a donc besoin des deux types d’acteurs. Du point de vue de l’investisseur, il est donc nécessaire de les considérer tous les deux. Par ailleurs, pour des questions de risques, nous ne recommandons pas d’investir uniquement dans des pure players, même si ces derniers doivent bien entendu faire partie d’un portefeuille diversifié. 

    Y a-t-il des entreprises particulièrement intéressantes dans ce secteur de l’industrie alimentaire ? 

    Avec Nestlé et les grands producteurs pharmaceutiques, la Suisse serait prédestinée à devenir un hub dans le domaine de la foodtech/agritech. Pour les investisseurs, c’est un excellent point de départ. Ceci dit, nous sommes d’abord intéressés par des investissements aux États-Unis. On peut citer John Deere dans le domaine de la gestion des terres et Ecolab dans celui de la gestion de l’eau. Dans le domaine des protéines alternatives, Benson Hill nous semble bien placé. Et pour finir, je citerai quand même un nom suisse que nous connaissons tous mais dont on ignore parfois qu’il joue un rôle important dans l’industrie mondiale de l’emballage : SIG Group.

    Luca Carrozzo

    Banque CIC (Suisse)

    Luca Carrozzo est responsable de la politique d’investissement de la Banque CIC, dont il est Chief Investment Officer. Cet analyste ESG diplômé est titulaire d’un brevet fédéral en Wealth Management (CFPI). Il travaille depuis 2009 pour la banque CIC, notamment dans la gestion de portefeuille et le conseil. Depuis 2017, Luca Carrozzo fait également partie du comité d’investissement de la banque. Sur mandat de la Banque CIC, il a en outre travaillé de 2019 à 2021 pour l’Investment Advisory de la Banque Transatlantique à Londres.