L’indispensable intégration de la crypto dans une allocation de portefeuille

  • Par Florian Rais
  • Criptonite Asset Management

Ne pas inclure des cryptomonnaies dans une allocation de portefeuille aujourd’hui n’a pas plus de sens que d’exclure la technologie et en particulier les titres internet dans les années 90 ou encore pire, après le crash de 2000 – 2002.

J’ai bien mentionné des cryptomonnaies et non pas les cryptomonnaies, parce que considérer qu’il n’y a qu’un seul type de crypto est une erreur fondamentale.
La comparaison est pertinente, Il a toujours été logique de ne jamais considérer les titres technologiques comme étant que d’un seul type. Éventuellement à la fin des années 70, IBM représentait la technologie et les autres n’étaient que de possibles compétiteurs, mais aujourd’hui, c’est impensable!

Comme illustré sur ce graphique, la cryptomonnaie n’est autre que l’évolution d’internet.

Nous pouvons cependant témoigner du même phénomène avec les cryptos aujourd’hui. Les investisseurs traditionnels considèrent que les cryptos c’est bitcoin et que bitcoin c’est les cryptos! Cela n’a aucun sens, la plus grande majorité d’entre elles sont de la technologie, des tokens qui représentent des innovations créées par des prestigieux développeurs de logiciels.

Pourquoi considérions nous que les développeurs de logiciels de Microsoft ou d’Oracle étaient des génies et que ceux de la crypto sont des usurpateurs? Alors que pourtant cet écosystème a un taux de croissance d’utilisation largement supérieur à celui d’internet!

D’une manière simple, nous pourrions, at minima, partager les cryptos en deux catégories. La première serait bitcoin, réserve de valeur, or digital, dont la technologie sous jacente n’évoluera pas. La deuxième, c’est tout le reste! À savoir, des innovations technologiques, plus ou moins intéressantes et dont seules les plus performantes et les plus convoitées survivront. Cela doit nous rappeler exactement ce qui c’est passé il y a 30 ans! Mais attention, une allocation passive vous fait courir le risque de posséder des titres obsolètes d’ici quelques mois ou années. Rappelons nous de Netscape, Yahoo, AOL ou encore Altavista. Toutes ont quasiment disparues, remplacées par des concurrents bien plus performant, il faut confier la gestion de cette classe d’actif à des spécialistes.

Alors comment aborder une inclusion des « techno-cryptos » dans une allocation de portefeuille?
Et bien en procédant de la même manière que nous l’avons fait il y a 30 ans déjà. Nous nous tournions alors vers des banques d’investissements, des analystes et des maisons de recherches qui pouvaient nous éclairer et nous conseiller sur des choix intéressant. Aujourd’hui des sociétés de gestion comme Wave Digital Assets et Criptonite Asset Management remplissent ce même rôle. Bientôt, des noms biens connus viendront s’ajouter à cette liste. La première est déjà Goldman Sachs qui ne fait plus mystère de son intention de devenir un leader dans cette classe d’actif. Oui, le mot est lâché, la crypto est une classe d’actif et ce n’est pas uniquement Goldman qui le dit, la plupart des banques de Wall Street ne s’en cachent plus.

L’inclusion des cryptos dans les portefeuilles traditionnels doit suivre plusieurs règles et dogmes bien connus. Tout d’abord, il faut respecter que cette classe d’actif soit encore très volatile, puisque peu mature. Il s’agit donc d’en allouer une portion raisonnable et en ligne avec le profil de risque qualifié de chaque client. En ce qui concerne les produits utilisés, il s’agit d’être également prudent, car peu de gérants ou de sociétés possèdent une expertise suffisante pour naviguer. Comme disait Warren Buffet, c’est lorsque la marée se retire que l’on voit ceux qui n’ont pas de maillots de bains!

2022 aura donc été cette année terrible ou bien des sociétés stars pendant la précédente phase haussière du marché ont vu leurs modèles d’affaires voler en éclat. C’est certainement parce que Wave et Criptonite ont dès leurs débuts voulus être régulés (respectivement par la SEC et la FINMA) que des règles de diligences et surtout de gestion des risques ont été mises en place. Ces règles consistent à ne jamais pouvoir accepter les fonds des clients sur nos propres bilans ou encore concentrer tous les avoirs sur un même exchange, ou encore séparer les dépositaires des plateformes d’échanges.

Tous ces points mentionnés ci-dessus sonnent comme une lapalissade pour tous ceux qui, comme nous, ont été formaté par la finance traditionnelle et qui appliquent ces règles de bon sens. Oui mais voilà, la cryptomonnaie est une industrie jeune, qui est née du retail, d’un public parfois très jeune et pas du tout au fait des principes financiers institutionnels. Cependant au cours des deux dernières années des changements fondamentaux ont été apportés à cette classe d’actif. Malheureusement, cela a entrainé des chocs brutaux comme nous l’avons vu en 2022. Mais, reconnaissons le, c’est un mal pour un bien. Ce sont ces événements qui accélèreront la régulation, qui est indispensable pour ouvrir la porte de la gestion institutionnelle à cette classe d’actif.

Alors résumons.

  • Nous sommes en face d’une technologie nouvelle, connaissant une croissance jamais vue depuis l’ère d’internet.
  • Une très forte volatilité, propice à une gestion active, pour autant qu’elle soit disciplinée et appliquée par des gérants qualifiés.
  • Une structuration de l’industrie en cours, qui ouvrira ses portes, bientôt, aux fonds institutionnels.
  • Et enfin, des prix qui ont été parfois divisé par dix au cours d’une des pires années qu’à connu non seulement la crypto mais également les autres classes d’actifs.

Maintenant, faisons un devoir de mémoire et rappelons-nous ce que nous avons fait, ou aurions dû faire, à la fin de l’année 2002 et au début de l’année 2003. Investir dans les titres internet et dotcom, qui après la chute des cours ont transformé nos vies à jamais. Nous sommes exactement à ce moment là de l’histoire, cela ne s’appelle plus internet ni dotcom, mais Web 3.0, Crypto et blockchain.
Investir massivement dans cette classe d’actif est aussi déraisonnable que de l’ignorer.

 

    Vous aimerez aussi

    Sphere

    The Swiss Financial Arena

    Depuis sa création en 2016, SPHERE anime la communauté des pairs de la finance suisse. Elle leur propose en français et en allemand différents espaces d’échange avec un magazine, des hors-série réservés aux Institutionnels, un site web et des évènements organisés tout au long de l’année pour aborder de nombreuses thématiques. Toutes les parties prenantes de la finance, l'un des plus importants secteurs économiques de Suisse, ont ainsi à leur disposition une plateforme où il leur est possible d’échanger, de s’informer et de progresser.

    Rue Barton 7
    Case postale 1806
    CH-1211 Genève 1

    P +41 22 566 17 31

    © 2023 Sphere Magazine

    Site réalisé par Swiss House of Brands